ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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GALBANUM (Page 7:429)

GALBANUM, s. m. (Hist. des drogues, Mat. méd. Pharm.) suc résineux & gommeux, fort connu des anciens, & qui distille d'une plante sérulacée. C'est le chêne des Arabes, le XAL*BANH\ de Dioscoride, le , chalbane des Hébreux, mot tiré de chalbanah, qui signifie gras, onctueux, gommeux; & c'est aussi bien clairement du mot grec ou hebraique latinisé, que le terme françois prend son origine.

Cette gomme - résine entroit dans la composition du parfum qui devoit être brûlé sur l'autel d'or. Le Seigneur dit à Moyse, prenez des partums, du stacte, de l'onix, du galbanum odoriférant, avec de l'en<cb-> cens le plus pur, & que tout soit du même poids; vous ferez un parfum composé avec soin du mélange de toutes ces choses. Exod. ch. xxx. vers. 34. Ce parfum ne déplairoit point aujour d'hui à nos femmes hystériques, & à nos hommes hypochondriaques; peut - être ne seroit - il pas difficile de trouver les mêmes causes analogiques qui le rendoient autrefois agréable ou nécessaire au peuple juif, par son influence sur leur genre nerveux, également affoibli comme le nôtre: mais cette discussion me meneroit trop loin.

Le galbanum est une substance grasse, ductile comme de la cire, à demi - transparente, brillante, dont la nature tient en quelque maniere le nulieu entre la gomme & la résine; car elle s'allume au feu comme la resine, se dissout dans l'eau, le vin, le vinaigre, comme les gommes, & point ou difficilement dans les huiles; sa couleur est blanchâtre & presque transparente lorsqu'elle est récente, ensuite jaunâtre ou rousse, d'un goût amer, acre, d'une odeur forte.

On trouve deux especes de galbanum chez les droguistes & dans les boutiques d'apothicaires; l'un est en larmes, & l'autre en pains ou en masse.

Le premier est le meilleur; on l'estime quand il est récent, pur, gras, médiocrement visqueux, inflammable, formé de grumeaux blanchâtres & brillans, d'un goût amer & d'une odeur forte. Le galbanum en masse doit être choisi le plus net qu'il sera possible, sec, & d'une odeur forte. On jette celui qui est brun, fordide, mêlé de matieres etrangeres, de sable, de terre, de bois, ou autres parties de la plante qui le produit. Il paroit cependant ne differer du galbanum en larmes, qu'à cause de la négligence & du peu de soin qu'on a eu à le recueillir. Pour le nettoyer, on le met dans l'eau bouillante; & quand il est fondu. on en ôte facilement les ordures qui surnagent. On l'adultere quelquefois avec de la résine, des feves blanches concassées, & de la gomme ammoniaque. Le meilleur moyen d'éviter cette sofistiquerie est de le tirer de bonne main.

Les anciens Grecs ont connu cette larme. Dioscoride dit qu'elle découle d'une certaine fétule, qui s'appelloit métopion. En effet elle découle d'elle - même ou par incision, d'une plante férulacée ou ombellifere que M. de Tournefort a rapportée au genre d'oreoselinum, par la structure de son fruit, & dont voici les synony mes:

Oreoselinum asricanum galbaniferum, frutescens, anisi folio, I. R. H. 319. Ferula africana, galbaniferoe, ligustici foliis, & facie, Par. Bat. 163. Raii, hist. 3. 252. Boerh. Ind. alt. 65. Till. Hort. pis. 61. Anisum africanum frutescens, folio & caule colore coeruleo tinctis, Pluk. Phytog. 12. f. 12. Anisum fruticosum africanum, galbaniferum, hist. oxon. 3. 297. Oreoselinum anisoides, arborescens, ligustici foliis & facie, flore luteo, capitis Bonoe - spei, Breyn. prod. 2. 79. Ferula galbanisera syriaca, offic.

Cette plante est toûjours verte. Sa racine est grosse, ligneuse, pâle, partagée en quelques branches ou fibres. Les tiges sont de la grosseur d'un pouce; elles s'élevent à la hauteur de plus de deux ou trois coudées; elles subsistent & sont ligneuses, rondes, genouillées, remplies d'une moelle blanchâtre un peu dure, & partagees en quelques rameaux. Chaque espace entre les noeuds des tiges & des rameaux, est couvert d'un feuillet membraneux, d'où sortent les feuilles semblables à celles de l'anis, mais plus amples, plus fermes, & découpées plus aigu, de couleur de verd de mer, d'une saveur & d'une odeur acres. Les tiges, les rameaux & les feuilles sont couverts d'une rosee de la même couleur.

Les fleurs naissent au sommet destiges, disposées en parasol; elles sont petites, à cinq petales, en rose de couleur jaune. Quand elles sont tombées, il leur suc<pb-> [p. 430] cede des graines presque rondes, applaties, d'un brun roussâtre, cannelées & bordées tout - autour d'une aile mince & membraneuse; elles ont un goût acre, aromatique & piquant; elles ressemblent aux graines de la livêche, hormis qu'elles ne sont pas sillonnées si profondément, & qu'elles ont une bordure membraneuse que n'ont point les graines de livêche.

Toute cette plante est remplie d'un suc visqueux, laiteux, clair, qui se condense en une larme, qui répond au galbanum par tous ces caracteres; il découle de cette plante en petite quantité par incision, & que lquefois de lui - même, des noeuds des tiges qui ont trois ou quatre ans: mais on a coûtume de couper la tige à deux ou trois travers de doigt de la racine, & le suc découle goutte - à - goutte; quelques heures après il s'épaissit, se durcit, & on le recueille.

Cette plante croît en Arabie, en Syrie, dans la Perse, & dans différens pays de l'Afrique, sur - tout dans la Mauritanie.

Quelques curieux la font venir aussi dans des serres, & elle a poussé heureusement durant quelques années dans le jardin royal de Paris. Pour réussir dans sa culture, il faut semer sa graine d'abord après qu'elle est mûre, dans un pot de bonne terre, qu'on placera dans un lit chaud durant l'hyver pour la préserver du froid. On transportera ensuite la plante dans de plus grands pots, à mesure qu'elle s'élevera, ce qu'on exécutera dans le mois de Septembre. On la tiendra toûjours en hyver dans une serre; on l'arrosera fréquemment en été, & alors on lui procurera de l'air autant qu'il sera possible. Au reste tous ces soins ne sont que pour la curiosité, car cette férule ne donne de larme que dans les lieux de sa naissance.

La plante que Lobel appelle ferula galbanisera, Lob. icon. 779. est bien différente de celle dont il s'agit ici; car la férule de Lobel, malgré le nom qu'il lui a imposé, ne produit point le galbanum, comme M. de Tournefort l'a observé, mais une autre sorte de gomme fort rouge, & dont l'odeur n'est point forte.

Le galbanum se dissout dans le vin, le vinaigre & dans l'eau chaude; mais difficilement dans l'huile, ou l'esprit - de - vin. Il abonde en sel tartareux, & en une huile épaisse, fétide, que l'esprit - de - vin, comme trop délié, n'extrait qu'à peine, tandis qu'elle s'enleve & se dégage avec le vinaigre, le vin, & l'eau chaude.

Les auteurs modernes n'ont fait que copier ce que Dioscoride a dit de ses vertus, dont il a parlé fort au long & en général assez bien contre son ordinaire. Sa saveur est acre, amere, nauséabonde; son odeur forte & desagréable, dépendantes de son huile & de son sel tartareux, indiquent que ses propriétés sont analogues à celles des autres gommes de son espece, le bdellium, l'opopanax, le sagapenum, l'assa foetida & la gomme ammoniaque, qui sont échauffantes, pénétrantes, stimulantes, résolutives, propres pour les maladies froides du genre nerveux. Cependant le galbanum est plus foible que la gomme ammoniaque pour purger; mais il resserre ensuite un peu davantage.

On l'employe intérieurement & extérieurement. Il faut en user avec reserve pour l'intérieur. Sa dose en substance est depuis un scrupule jusqu'à demi dragme: on le méle comme on veut avec les autres gommes & purgatifs, & on en fait des pilules, dont je donnerai tout - à - l'heure des exemples.

Le galbanum est un très - bon médicament en qualité d'anti - hystérique, d'emmenagogue & de fondant, quand il n'y a point d'inflammation, & qu'il est besoin d'échauffer, de stimuler, de dissoudre une pituite tenace, glutineuse, abondante, qui cause des obstructions dans les intestins, dans l'utérus, & dans les autres parties du corps; ce qui est sort commun dans les pays septentrionaux.

En ce cas on peut prendre galbanum, gomme ammoniaque, de chacun deux onces; vitriol de mars de riviere demi - once; diagrede trente grains; du sirop de nerprun, s. q. faire d'abord une masse de pilules dont la dose sera depuis cinq grains jusqu'à vingt, quand il s'agira de fondre des humeurs, de desobstruer, d'exciter les regles, &c. Ou bien alors dans les mêmes cas, prenez galbanum, assa foetida, myrrhe, de chacun une dragme; camphre, sel de succin, de chacun demi - scrupule; borax deux scrupules; sirop d'armoise s. q. faire d'abord une masse de pilules, dont la dose sera d'un scrupule. S'il est besoin d'agir plus puissamment, prenez galbanum un scrupule; succin pulvérisé douze grains; scammonée dix grains; formez - en un bol avec conserve de fleurs de chicorée, s. q. En un mot on peut diversifier le mélange du galbanum avec les autres gommes & purgatifs à l'infini, suivant les vûes qu'on se propose.

Le galbanum s'employe extérieurement sans danger & sans limites; il incise, il attire puissamment, il amollit, & fait mûrir: c'est pour cela qu'on le mêle dans la plûpart des emplâtres émolliens, digestifs & résolutifs. Appliqué sur la région du bas - ventre en maniere d'emplâtre, il adoucit quelquefois les maladies hystériques, & les mouvemens spasmodiques des intestins. C'est dans la même intention qu'on prend parties égales de galbanum, d'assa foetida, de castoreum, dont on forme des trochisques, pour en faire des fumigations dans les accès hystériques.

On peut aussi dissoudre le galbanum dans l'huile d'aspic, & en faire un liniment nervin. On se sert aussi beaucoup de l'emplâtre de galbanum dans plusieurs cas, & du galbanum de Paracelse dans des commencemens de paralysie. Or voici comme on prépare le galbanetum de Paracelse, qui passe pour un bon remede externe dans la contraction des nerfs & la suspension de leur action. prenez une livre de galbanum, demi - livre d'huile de térébenthine, deux onces d'huile d'aspic; digérez le tout pendant deux ou trois jours; distillez - le ensuite dans la cornue, & gardez la liqueur distillée dans un vase bien bouché pour l'usage.

On employe le galbanum dans la thériaque, le mithridat, le diascordium, l'onguent des apôtres, l'onguent d'althaea, le diachylon avec les gommes, l'emplâtre de mucilage, le manus - Dei, le divin, l'oxicroceon, le diabotanum & autres; car cette larme gommeuse n'est d'usage qu'en Medecine. Il en arrive du Levant chaque année trente ou quarante quintaux, par la voie de Marseille en France, dont elle fait en partie la consommation, & en partie la vente dans les pays étrangers. (D. J.)

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