ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"248 - 4B"> le charbon se porte en - haut pendant que l'ignition prend le bas; ensorte que si on répete l'expérience même dans un petit fourneau bien fait, le fond en est plûtôt rouge que le corps qu'on mettra dessus. Il faut donc qu'un fourneau ne s'allume bien que quand la partie inférieure, & sans doute les parois, en sont bien échauffées: & en effet qu'on allume du feu dans une cheminée qu'on n'a chauffée depuis quelque tems, le bois ne brûlera jamais bien qu'elle ne soit échauffée. Il est vrai que l'humidité y contribue; mais la chose est la même sans humidité. Qu'on jette un tas de charbons embrasés dans un coin très - sec; comme ils ont beaucoup à échauffer, ils s'éteindront, non pas faute d'air, mais parce qu'ils ne sont pas en assez grande quantité pour échauffer l'endroit qu'ils occupent, & pour se consumer ensuite. Il résulte delà que la matiere des fourneaux est d'un choix plus important qu'on ne pense communément; son épaisseur aussi doit être considérée: il s'ensuit encore que là structure y doit entrer pour beaucoup, & que les fourneaux en tôle avec un garni, méritent peut - être la préférence sur les autres: nous examinerons cela bien - tôt. Qu'on se rappelle ici ce que nous avons dit, article Essai, que des charbons noirs mis à l'entrée de la moufle du fourneau de coupelle, s'allumolent d'eux - mêmes; que Glauber a dit qu'ils s'allumoient aussi d'eux - mêmes dans son fourneau ou notre fig. 67. que Beccher a dit que la chaleur se conservoit très - long - tems dans le sien, ou notre fig. 71. Non - seulement la construction des fourneaux épargne le charbon, mais encore on peut conserver le feu avec peu d'aliment, quand le fourneau & les vaisseaux sont échauffés; mais il faut avoir eu soin pour cela de fournir du charbon: car si l'on n'en a mis que peu - à - peu, il brûle de même, & fait peu d'effet, en sorte qu'il ne faut presque plus compter que sur la chaleur qu'on en tire. Il suit conséquemment que, si l'on vouloit manier le feu à volonté, & être maître de passer tout - à - coup d'un extrème à l'autre, il ne faudroit pas employer des fourneaux épais; ils conserveroient leur chaleur trop long - tems. Il seroit à - propos qu'en pareil cas ils fussent minces & métalliques. Les vases de metal ne conservent pas long - tems leur chaleur, & l'ébullition, p. ex. cesse si - tôt qu'ils sont hors du feu; au lieu que les vaisseaux de terre non - seulement la conservent long tems, mais encore en donnent une plus considérable, le moment d'après qu'ils sont ôtés de dessus le feu. Une pareille espece de fourneau peut être nécessaire en certains cas. On aura beau fermer tous les regîtres du fourneau massis qui sera bien échauffé, le feu s'y éteindra à la vérité; mais il n'en est pas de même de l'embrasement des briques, &c. le concours de l'air ne lui est pas nécessaire pour subsister.

On conçoit aisément comment le charbon brûle dans le foyer d'un athanor; il se trouve placé, ainsi qu'on l'a déjà dit, comme dans un canal placé dans un courant d'air qui s'étend depuis la porte du cendrier jusqu'à l'extrémité des regîtres: plus ces regîtres seront élevés, & mieux l'athanor ira. Aussi le grand art de M. Cramer est - il d'avoir élevé ses regîtres par les petites cheminées qu'il y a faites; sans compter qu'il a encore disposé sa porte de communication entre la tour & la premiere chambre, dans les mêmes vûes, c'est - à - dire selon l'idée qu'il avoit qu'il étoit de la nature du feu de monter & de ne pas descendre.

On peut encore croire que l'air monte & descend dans la tour de l'athanor fermée & allumée, comme il fait dans un tuyau d'orgue à vent fermé, quoique par une cause différente: car il est très - certain que l'air qui remplit les interstices du charbon, est raréfié par la chaleur, comme on a dû le conjecturer par le conseil de Glaser & le Fêvre, &c. de mettre un bain sur le haut de la tour; que l'air du dehors doit se mettre en équilibre avec lui, & conséquemment le chasser & s'introduire à sa place; ensorte qu'il y aura une colonne d'air nouveau qui montera continuellement & fera descendre une autre colonne d'air raréfié.

D'ailleurs on peut encore penser que le feu descend dans la tour ouverte d'un athanor, comme celui de notre fig. 61. parce que la partie inférieure de cette tour & le corps de l'athanor font ensemble un canal dans lequel l'air est raréfié comme s'il étoit dessus, ou, comme il arrive au poêle sans fumée, dans lequel le feu ne peut pas être déterminé à passer par son canal, quoique plus long, qu'il n'ait une cause, qui est la raréfaction de l'air dans ce canal qu'il doit conséquemment échauffer avant: ensorte que l'air tendant à se mettre en équilibre avec lui - même, il ne pourra manquer de descendre, au moins en partie. Il est vrai qu'un tuyau qu'on chauffe au milieu à - peu - près, peut donner l'air chaud constamment à sa partie supérieure; mais si on le chauffoit à cette extrémité supérieure, même ouverte, nécessairement l'air chaud devroit passer par le bas. Dans les réchaux où le feu n'a de tuyau ni par le haut, ni par le bas, il est long - tems à s'allumer, parce qu'il ne peut presque se déterminer d'aucun côté; & il faut qu'il ait rougi sa grille pour être agité par l'air: & cela est si vrai, que si on le comble de charbon, ce qui en excede les bords, & même un peu au - dessous, ne s'allume jamais qu'après la sougeur de la grille, & même n'est jamais parfaitement allumé. On m'objectera peut - être que du moment que je mets des charbons allumés dans le haut de la tour, sa partie inférieure n'est pas plus échauffée que la supérieure; mais il est aisé de voir que la chaleur se répandant de toutes parts, raréfiera plus la colonne d'air inférieure que la supérieure; par la raison que celle - là est renfermée: ce qui, je crois, n'a pas besoin de preuves. Ainsi donc l'air pourra tendre à se mettre en équilibre en allant de haut en - bas. C'est sans doute par la même raison en partie qu'une trompe qui communique avec un cendrier, augmente la rapidité de l'air & la vivacité du feu. Car non - seulement on tire de l'air frais du dehors par son moyen, mais encore on en accélere la vîtesse, parce qu'il y est certainement raréfié.

Il y a des bains - marie faits d'un grand chauderon, au milieu duquel passe une tour de fonte qui contient le feu comme une sour d'athanor. On en a une image en petit dans les bouilloires en cuivre qui servent ordinairement au thé, ou dans ces appareils destinés aux bains, à laver la vaisselle. Si la grille est de même niveau que le fond du chauderon, il faut que le haut de la tour soit ouvert, ou ait un tuyau de poêle, voyez the art of distillation & Leutmann; mais on peut le fermer si la tour est prolongée, & même un peu enflée en - dessous; car alors on y fait des regitres qui, non - seulement font brûler l'aliment du feu jusqu'à l'endroit où ils sont ouverts, mais qui échauffent encore le fond du chauderon; & on a par ce moyen un vrai athanor. La tour peut encore être fermée, la grille étant de niveau avec le fond du chauderon, si on éleve à fleur - d'eau de petits tuyaux servant de regîtres, qu'on sera de la longueur qu'on voudra, & qu'on détournera à sa commodité; & pour lors l'aliment du feu ne brûlera que de la hauteur des regîtres, & ce sera encore un athanor. Il est aisé de concevoir que les tours qui ont un tuyau de poêle, doivent ressembler à un poêle à cloche.

En Pharmacie, on est dans l'usage de sécher les plantes, & de tenir seches les drogues qui ne doivent point prendre d'humidité, avec un athanor, notre fig. 61. par exemple, dont le bain de sable est dans la petite chambre servant d'étuve, & la tour est dehors au moyen d'une petite cloison de planches, [p. 248 - 5] ou d'un petit mur de briques bâti entre la tour & le bain de sable. Par cette précaution on a pour but de garentir ce qui est dans l'étuve, de la poussiere du charbon, qui gâte & noircit tout. Mais si on n'a pas la commodité d'y introduire un tuyau de cheminée comme ceux de Gauger, il vaut mieux se servir du poele à l'italienne, qui peut aussi servir d'athanor.

Ce poêle communiqué à M. Duhamel par M. Maréchal, se trouve dans le traité de la conservation des grains du premier, pag. 173. On en peut prendre une bonne idee en suivant ce que nous allons changer à la coupe de celui de la calcination de la potasse, fig. 15. de nos Planches. La cavité insérieure a, où le foyer en est plus élevé, c'est - à dire qu'il y a plus de distance entre le sol & le plancher intermédiaire, à - peu - près autant que dans un poéle ordinaire. Le sol en est fait d'une plaque de fonte sous laquelle il y a une petite chambre de même largeur, & de quelques pouces de haut seulement. Cette petite chambre a en devant une ouverture qu'on peut fermer avec une porte de fer; & en - arriere elle communique avec le trou inférieur d'un autre petit poêle de fonte en cloche, dont la porte ordinaire est fermée & lutée, lequel occupe précisément la place du mur de derriere de notre fourneau, & ferme une partie du fond. Au - dessus de ce sol est une voûte qui, comme le plancher de notre fig. 15. laisse un passage à la flamme par - derriere en d: ensorte qu'elle est obligée de revenir en - devant où elle ensile un tuyau place comme la cheminée c de notre fourneau. Le reste de la partie posterieure du poêle est fermé par un mur, qui met par ce moyen presque tout le petit poêle de sonte en - dedans, & ne laisse paroître que son tuyau, qui passe à - travers. Ce tuyau est alongé de quelques pouces, & est ouvert dans l'etuve pour lui donner sa chaleur. Cette chaleur y est determinée d'abord par son propre mouvement; mais on y joint encote l'air. C'est à son acces & pour l'echauffer, qu'est destinée la chambre située sous le foyer. Le grand poêle est terminé superieurement par une atre plaque de fonte garuie de sable, pour donner une chaleur plus douce, & il a son ouverture hors de l'etuve. Les murs des cotés son en b<-> ques; & quand le feu est tombé, les différens massifs qui le constituent donnent encore de la chaleur pendant long - tems. Telle est cette mchune ingenieuse. Nous omettons bien des particularités qui ne sont pas de notre objet; mais nous y reconnoissons un mérite réel, qu oiqu'il eût été à souhaiter qu'il s'y fût trouvé un peu plus de simplicite, & que nous y voyions de la resblance avec les chenunées de Gauger, qui existoient même avant cet auteur, comme on le voit par l'architecture de Savot, qui dit qu'il y avoit au Louvre une cavité sous l'atre & derriere le contre - coeur de la cheminee du cabinet des livres.

On croira peut être qu'un poéle ordinaire peut revenir au même pour les petites étuves; il se trouve tout fait à la verité, mais il era plus dispendieux; & il n'aura pas l'avantage qui se trouve dans le poêle italien, ou les ventouses de Gauger. Dans le poêle à l'italienne, les surfaces se trouvent multipliées; l'étuve n'en reçoit que de la chaleur, & point de fumée, ni de vapeurs; & ce qui est capital, c'est que l'air y est renouvellé continuellement, & comme il est très - chaud, il en desseche d'autant plus vîte. D'ailleurs la flamme y fait un trajet qu'elle devroit faire dans tous les poêles, pour donner plus de chaleur avec moins de bois. Pour cela il ne seroi: question que d'une plaque de fer de plus, & de mettre le tuyau sur la porte directement. Par - là on auroit moins de fumée, parce que le feu en consumeroit plus: & il saudroit nettoyer le tuyau plas rarement. Il est encore d'autres moyens de corriger les poêles, & de les appliquer aux étuves. Mais cette correction peut être appliquée aux poêles simples dont M. Duhamel propose l'usage pour les petites étuves à sécher le blé.

Un pareil poêle sera préférable aux athanors servant à l'étuve des apothicaires, par la raison qu'il renouvelle l'air & ne porte point dans l'etuve la vapeur charbonneuse qui sort des quatre regitres de l'athanor; vapeur qui peut changer la couleur & la saveur de bon nombre de plantes, quoiqu'elle ne fasse point de tort au blé, selon M. Duhamel. On peut donc renvoyer les regîtres, même dans l'athanor, au moyen d'une plaque de fonte qui fera circuler la flamme ou la chaleur comme dans le poêle, à un tuyau commun, ou à plusieurs qui monteroient le long de la paroi interne du mur de séparation, & serviroient encore par là à l'étuve.

Une chose digne de curiosité, ce seroit de savoir si on a imaginé les poêles d'après les fourneaux, ou ceux - ci d'après les poêles; ou peut - être encore les premiers indépendamment des seconds, & réciproquement. Ce qu'il y a de vrai, c'est qu'on y trouve le même méchanisme. L'observation du feu de la cheminée, & peut - être de la lumiere de la chandelle, a pû donner lieu à ce méchanisme. Peut - être aussi l'idée refléchie n'en est - elle venue que d'après quelques ébauches de l'ustensile en question, employé peut - être par hasard. Quoi qu'il en soit, on a vû, soit dans les premiers fourneaux, soit dans les premiers vasseaux qui pouvoient en approcher, ou dans la cheminée, & la chandelle, qu'un corps embrasé étoit un fluide qui tendoit de bas en - haut; que ce fluide étoit moins actif quand il ne recevoit pas d'air par ses parties inférure ou supérieure. C'est d'après ces connoisiances reflexives qu'on a vû qu'il falloit toujours construire les fourneaux de façon que l'air pûtavoir acces à la partie inférieure de l'aliment embrase, & suivre son trajet. Mais on a encore remarqué qu'il falloit qu'il y eût une proportion entre la grandeur du fourneau, la quantite de la pâture du feu, & ses ouvertures inférieures & supérieures. C'est ce qui a fourni les principes généraux ou les réflexions ultérieures qui ont éclairé la pratique des artistes déjà instruits des particularités qui concernent la même matiere.

On voit de l'analogie entre nos fourneaux & les ventouses, les tambours physiques, & le poêle sans fumée. C'est peut - être dans les fourneaux qu'on a puisé l'idee de construire un grenier à - travers le blé duquel il se fait un courant d'air, au moyen d'une espece de pavillon ou trémie, exposée au nord, & d'une issue au midi; celle d'allumer du feu à une ouverture pratiquée dans le plafond des salles d'un hôpital, &c. pour renouveller l'air aux malades; celle d'allumer du feu dans les mines, ou auprès d'un de leurs puits, pour en changer aussi l'air. Voyez Agricola. Mais les ventouses de Gauger valent mieux, pour renouveller l'air, au - moins en hyver; elles le donnent chaud; au lieu que ce foyer allumé sur un plafond donne du froid, qui peut incommoder les malades.

Au reste, il poutroit bien se faire que l'économie domestique eût aussi fourni à la Chimie. Au - moins est - il vrai que c'est d'elle que cette science a tiré ou pû tirer la meilleure construction de ses fourneaux; car les poêles de Keslar ont paru 30 ou 40 ans avant le fourneau de fusion de Glauber. Le fourneau de Beccher est pris d'ouvriers qui s'en servoient pour remettre des piés de sonte à des marmites de fer. Ils mettoient un manche au pié - d'estal D 1, au moyen d'un crampon dont ce pié - d'estal étoit muni, à - peu - pres comme certaines caffetieres, sans doute; & ils s'en servoient comme d'un vase avec lequel ils aureient puise. Ne pourroit - on pas ajuster ce fourneau

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