ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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FIGURÉES (Page 6:782)

FIGURÉES, (Pierres.) Hist. nat. Minéralogie. on donne ce nom dans l'Histoire naturelle aux pierres dans lesquelles on remarque une conformation singuliere, inusitée & tout - à - fait étrangere au regne minéral, quoiqu'on les trouve répandues dans le sein de la terre & à sa surface, & quoique la substance dont elles sont composées soit de la même nature que celle des autres pierres.

On peut distinguer deux especes de pierres figurées, 1°. il y en a qui ne doivent leur figure qu'à de purs effets du hasard, c'est ce qu'on appelle communément des jeux de la nature. Des circonstances toutes naturelles, & qui ont pû varier à l'infini, paroissent avoir concouru pour faire prendre à la matiere lapidifique molle dans son origine, des figures singulieres parfaitement étrangeres au regne minéral, que cette matiere a conservées après avoir acquis un plus grand degré de dureté. Ces pierres figurées sont en très grand nombre; la nature en les formant a agi sans conséquence, & sans suivre de regles constantes; elles ne sont donc redevables qu'à de purs accidens de la figure qu'on y remarque, ou pour mieux dire, que croit souvent y remarquer l'oeil préoccupé d'un curieux qui forme un cabinet, ou d'un naturaliste enthousiaste, qui souvent apperçoit dans des pierres des choses qu'on n'y trouveroit pas en les examinant de sang - froid. On peut regarder comme des pierres figurées de cette premiere espece, les marbres de Florence sur lesquels on voit ou l'on croit voir des ruines de villes & de châteaux; les cailloux d'Egypte, qui nous présentent comme des paysages, des grottes, &c. un grand nombre d'agates, les dendrites, les pierres herborisées, quelques pierres qui ressemblent à des fruits, à des os, ou à quelques autres substances végétales ou animales.

2°. Il y a des pierres figurées qui sont réellement redevables de leurs figures à des corps étrangers au regne minéral, qui ont servi comme de moules, dans lesquels la matiere lapidifique encore molle, ayant été reçûe peu - à - peu, s'est durcie après avoir pris la figure du corps dans lequel elle a été moulée, tandis que le moule a été souvent entierement détruit; cependant on en trouve quelquefois encore une partie qui est restée attachée à la pierre à qui il a fait prendre sa figure. Ces pierres sont de différentes natures, suivant la matiere lapidifique qui est venue remplir les moules qui lui étoient présentés. Dans ce cas il ne reste souvent du corps qui a servi de moule, que la figure. On doit regarder comme des pierres figurées de cette seconde espece, un grand nombre de pierres qui ressemblent à des coquilles, des madrépores, du bois, des poissons, des animaux, &c. ou qui portent des empreintes de ces substances. Voyez l'article Pétrification.

Il paroît que les deux especes de pierres dont nous venons de parler, méritent seules d'être appellées pierres figurées. Cependant quelques naturalistes n'ont point fait difficulté de donner ce nom à un grand [p. 783] nombre de substances qui n'ont rien de commun avec les pierres, que de se rencontrer dans le sein de la terre; c'est ainsi qu'ils confondent mal - à - propos quelquefois avec les pierres figurées, des coquilles, des madrépores, des ossemens de poissons & de quadrupedes, &c. qui n'ont souffert aucune altération dans l'intérieur de la terre. On sent aisément que ces corps n'appartiennent point au regne minéral, & qu'ils ne s'y trouvent qu'accidentellement. Voy. l'article Fossiles.

C'est avec aussi peu de raison que l'on a placé parmi les pierres figurées des pierres qui ne sont redevables qu'à l'art des hommes de la figure qu'on y remarque: telles sont les prétendues pierres de foudre, qui ont ordinairement la forme d'un dard, celles qui sont taillées en coins ou en haches, celles qui sont trouées, &c. Il paroît que ces pierres sont des armes & ustensiles dont anciennement les hommes, & surtout les sauvages, se servoient, soit à la guerre, soit pour d'autres usages, avant que de savoir traiter le fer.

On pourroit peut - être encore avec plus de raison, donner le nom de pierres figurées à celles qui affectent constamment une forme réguliere & déterminée, telles que les différentes crystallisations, mais comme leur figure est de leur essence, & appartient au regne minéral, il paroît qu'on ne doit point les placer ici, où il n'est question que des pierres qui se font remarquer par une figure extraordinaire & étrangere au regne minéral. Voyez Crystallisations. ( - )

Figuré (Page 6:783)

Figuré, (sens.) Théolog. se dit en parlant de l'Ecriture sainte. Le sens figuré est celui qui est caché sous l'écorce du sens littéral. Un passage a un sens figuré, quand son sens litteral cache une peinture mysterieuse & quelqu'évenement futur, ou ce qui revient au même, quand son sens littéral présente à l'esprit quelqu'autre chose que ce qu'il offre d'abord de lui même. Ainsi le serpent d'airain, elevé dans le desert par Moyse pour guérir les Israëlites de la morsure des serpens, étoit une figure de Jesus - Christ, élevé en croix pour sauver les hommes de l'esclavage du péché & de la tyrannie du démon. Jesus - Christ étoit donc figuré par le serpent d'airain. V. Figure. (G)

Figuré (Page 6:783)

Figuré, adj. (Littér.) exprimé en figure. On dit un ballet figuré, qui représente ou qu'on croit representer une action, une passion, une saison, ou qui simplement forme des figures par l'arrangement des danseurs deux à deux, quatre à quatre: copie figurée, parce qu'elle exprime précisément l'ordre & la disposition de l'original: vérité figurée par une fable, par une parabole: l'Eglise figurée par la jeune épouse du cantique des cantiques: l'ancienne Rome figurée par Babylone: style figuré par les expressions métaphoriques qui figurent les choses dont on parle, & qui les défigurent quand les métaphores ne sont pas justes.

L'imagination ardente, la passion, le desir souvent trompé de plaire par des images surprenantes, produisent le style figuré. Nous ne l'admettons point dans l'histoire, car trop de métaphores nuisent à la clarté; elles nuisent même à la vérité, en disant plus ou moins que la chose même. Les ouvrages didactiques reprouvent ce style. Il est bien moins à sa place dans un sermon, que dans une oraison funebre; parce que le sermon est une instruction dans laquelle on annonce la vérité, l'oraison funebre une déclamation dans laquelle on exagere. La Poésie d'enthousiasme, comme l'épopée, l'ode, est le genre qui reçoit le plus ce style. On le prodigue moins dans la tragédie, où le dialogue doit être aussi naturel qu'élevé: encore moins dans la comédie, dont le style doit être plus simple.

C'est le goût qui fixe les bornes qu'on doit donner au style figuré dans chaque genre. Balthasar Gra<cb-> tian dit, que les pensées partent des vastes côtes de la mémoire, s'embarquent sur la mer de l'imagination, arrivent au port de l'esprit pour être enregistrées à la doüane de l'entendement.

Un autre défaut du style figuré est l'entassement des figures incohérentes: un poëte, en parlant de quelques philosophes, les a appellés d'ambitieux pigmées, qui sur leurs piés vainement redressés, & sur des monts d'argumens entassés, &c. Quand on écrit contre les Philosophes, il faudroit mieux écrire. Les Orientaux employent presque toûjours le style figuré, même dans l'histoire: ces peuples connoissant peu la société, ont rarement eu le bon goût que la société donne, & que la critique éclairée épure.

L'allégorie dont ils ont été les inventeurs, n'est pas le style figuré. On peut dans une allégorie ne point employer les figures, les métaphores, & dire avec simplicité ce qu'on a inventé avec imagination. Platon a plus d'allégories encore que de figures; il les exprime élégamment, mais sans faste.

Presque toutes les maximes des anciens Orienta x & des Grecs, sont dans un style figuré. Toutes ces sentences sont des métaphores, de courtes allégories; & c'est - là que le style figuré fait un tres - grand effet en ébranlant l'imagination, & en se gravant dans la mémoire. Pythagore dit, dans la tempéte adorez l'écho, pour signifier, dans les troubles civils retirez - vous a la campagne. N'attisez pas le seu avec l'épée, pour dire, n'irritez pas les esprits échauffés. Il y a dans toutes les langues beaucoup de proverbes communs qui sont dans le style figuré. Article de M. de Voltaire.

Figuré (Page 6:783)

Figuré, (Jurispr.) se dit de ce qui représente la figure de quelque chose. On dit un plan figuré ou figuratif, voyez Figuratif & Plan: une copie figurée. Voyez Copie. (A)

Figuré (Page 6:783)

Figuré, se dit en Musique ou des notes, ou de l'harmenie: des notes, comme dans ce mot basse figurée, pour exprimer une basse dont les notes sont subdivisées en plusieurs autres de moindre valeur, pour animer le mouvement ou diversifier le chant; voyez Basse figurée: de l'harmonie, quand on employe par supposition & dans une marche diatoninique, d'autres notes que celles qui forment l'accord. Voy. Harmonie figurée & Supposition. (S)

Figuré (Page 6:783)

Figuré, terme de Blason, se dit non - seulement du soleil sur lequel on exprime l'image du visage humain, mais encore des tourteaux, besans, & autres choles, sur lesquelles paroît la même figure.

Gaucin, de gueules à trois besans d'or, figurés d'un visage humain d'or.

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