ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"773"> greques, qui certainement, comme M. Spon le remarque, ne sont pas capables d'entendre les épîtres que S. Paul leur a écrites.

Nous avons peu de villes dont il reste autant de médailles; les unes nous apprennent qu'elle fut une fois néocore de Diane, & trois fois néocore des Césars; les autres, qu'elle fut bâtie à l'occasion d'un sanglier; la plûpart représentent Diane, ou chasseresse, ou à plusieurs mammelles, ou parée de ses attributs.

L'origine de cette ville, ses anciens noms, & ceux de ses fondateurs, ne nous intéressent guere aujourd'hui; mais il n'est pas inutile de dire que pendant les guerres des Athéniens & des Lacédémoniens, Ephèse avoit la sagesse de vivre en bon accord avec les deux partis, & que le jour de la naissance d'Alexandre les devins de la cité se mirent à crier que le destructeur de l'Asie étoit venu au monde.

On n'oublie point que ce destructeur se rendit à Ephèse après la bataille du Granique, & qu'il y rétablit la démocratie; que la place fut prise par Lysimachus, l'un de ses successeurs; qu'ensuite Antigonus eut l'adresse de s'en emparer, & qu'il y pilla les thrésors de Polysperchon.

On ne sauroit encore oublier qu'Annibal vint s'aboucher à Ephèse avec Antiochus, pour y prendre ensemble des mesures contre les Romains; que ce fut dans cet endroit que se commit le massacre effroyable des mêmes Romains, par les ordres de Mithridate; & que Scipion, beau - pere de Pompée, s'empara des thrésors du temple, sans crainte & sans scrupuie.

Personne n'ignore aussi quelle fut la magnificence des fêtes que Lucullus y donna; le voyage exprès d'Auguste, de Pompée & de Cicéron dans cette ville; sur - tout celui de Cicéron, qui mandoit à ses amis qu'il ne faisoit aucun pas dans la Grece sans y trouver de nouveaux sujets d'admiration.

Enfin l'on sait que Tibere, pendant son regne, fit rebâtir cette métropole, & qu'avant lui on y avoit dressé des temples à Jules - César & à la ville de Rome; tous ces évenemens renouvellent les grandes idées qu'on a sucées dans sa jeunesse de l'histoire ancienne: mais rien n'est si consolant pour ceux qui sont chrétiens, que de suivre S. Paul & S. Jean à Ephèse, d'y voir ce premier fonder l'église d'Ephèse, & y étàblir Timothée pour évêque: il est vrai que cet établissement ne fut pas de longue durée; les persécutions succéderent, les Perses pillerent cette ville dans le troisieme siecle, & les Scythes ne l'épargnerent pas quelque tems après.

Enfin au bout d'un grand nombre de révolutions, Ephèse s'est vû tomber entre les mains de Mahomet I. & elle est restée depuis ce tems - là soûmise à l'empire ottoman. Son port, au sujet duquel on avoit autrefois frappé tant de médailles, n'est à présent qu'une rade découverte que personne ne fréquente: tout son commerce a passé tant à Smyrne qu'à Scalanova. Plus de vestiges de cette ville & de son temple; l'église de S. Jean a été convertie en mosquée, & les blocs de marbre qui restoient des ruines d'Ephèse, ont été transportés à Constantinople pour servir à la construction des mosquées royales. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Ephèse (Page 5:773)

Ephèse (Temple d') Hist. anc. temple superbe à l'honneur de Diane, bâti près d'Ephèse, & qui a été plusieurs fois détruit & réédifié. Traçons - en succinctement l'histoire, dont la plûpart des écrivains modernes ont confondu les faits.

Le premier temple que les Ephésiens dresserent à l'honneur de Diane, n'étoit qu'une espece de niche creusée dans le tronc d'un ormeau, où apparemment la figure de la déesse étoit placée. Ce n'est pas sans doute de cet ouvrage qu'entend parler Pindare, lorsqu'il avance que les Amazones firent édifier le temple d'Ephèse dans le tems qu'elles faisoient la guerre à Thésée.

Le temple de Pindare n'étoit pas non plus cette merveille du monde, ce superbe édifice dont Chersiphron fut l'architecte, & qui fut construit aux dépens des plus puissantes villes d'Asie: Pline remarque que la premiere invention de mettre des colonnes sur un pié d'estal, & de les orner de chapiteaux & de vases, fut pratiquée dans ce temple.

Il avoit 425 piés de long sur 220 piés de large: on y voyoit 127 colonnes, dont les rois d'Asie avoient fait la dépense, & ces colonnes portoient chacune 60 piés de haut: il y en avoit trente - six couvertes de bas - reliefs, & parmi celles - ci il s'en trouvoit une de la main de Scopas. Les portes étoient de cyprès toûjours luisant & poli; la charpente étoit de cedre, & la statue de Diane étoit d'or, si l'on en croit Xénophon. Les richesses & les ornemens de ce magnifique édifice étoient sans nombre: on le venoit voir de fort loin, & les étrangers tâchoient à l'envi d'en emporter des modeles.

Voilà le temple d'Ephèse ou de Diane, car c'est la même chose, qui fut brûlé par l'insensé Erostrate, le jour de la naissance d'Alexandre, l'an du monde 3648. Ce grand prince, comme on sait, fit dire aux Ephésiens, qu'il feroit volontiers la dépense de sa réconstruction, pourvû qu'on mît son nom sur le frontispice; mais ils répondirent avec beaucoup de sagesse, « qu'il ne convenoit pas à un dieu de dresser des temples à d'autres divinités ».

Avides de rebâtir eux - mêmes leur temple, si malheureusement consumé, ils en vendirent les colonnes, convertirent en argent tous les bijoux des dames de la ville, rassemblerent des fonds de toutes parts, & employerent toutes ces sommes à faire, s'il étoit possible, un édifice aussi magnifique que celui qui avoit péri par les flammes. Cheiromocrate en fut l'architecte: les plus fameux sculpteurs de Grece l'ornerent de leurs ouvrages: l'autel étoit presque tout de la main de Praxitele. Outre les basreliefs & les statues des plus grands maîtres, ce temple fut, selon les apparences, embelli des tableaux admirables de la main de Parrhasius & de plusieurs autres illustres artistes. Strabon en parle pour l'avoir vû du tems d'Auguste: ainsi le temple que Pline a décrit étoit le même que celui que Strabon avoit vû.

Nous avons plusieurs médailles, sur le revers desquelles il est représenté avec un frontispice, tantôt à deux colonnes, à quatre, à six, & même jusque à huit, aux têtes des empereurs Domitien, Adrien, Antonin Pie, Marc - Aurele, Lucius Verus, Septime Severe, Caracalla, Macrin, Eliogabale, Alexandre Severe, Maximin.

Neron, qui étoit né pour desoler le monde, en emporta les plus grandes richesses; les Scythès le dépouillerent ensuite, & le brûlerent en 263; les Goths en pillerert les restes sous l'Empereur Galien: enfin il est vraissemblable qu'il fut entierement démoli sous Constantin, en conséquence de l'édit par lequel il ordonna de renverser tous les temples du paganisme. Quoi qu'il en soit, ce dernier temple de Diane a disparu comme les autres, de maniere qu'il ne reste autour de ses ruines que des débris de maisons, jadis bâties de briques, dans lesquelles logeoient peut - être les prêtres de Diane, ou les vierges prêtresses confiées à leurs soins. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPHESIES (Page 5:773)

* EPHESIES, adj. pris subst. (Hist. anc.) fêtes qu'on célébroit à Ephèse en l'honneur de Diane. De toutes les circonstances de cette solennité, il ne nous en reste que celle - ci; c'est que les hommes s'en<pb-> [p. 774] ivroient pieusement, & passoient la nuit à mettre la ville, & sur - tout les marchés, en tumulte.

EPHESTIES (Page 5:774)

* EPHESTIES, adj. pris subst. (Myth.) fêtes instituées en l'honneur de Vulcain, dans lesquelles trois jeunes garçons se disputoient le prix de la course: ce prix étoit accordé à celui qui atteignoit le premier le but, sans que le flambeau allumé qu'il portoit à la main s'éteignît.

EPHESTRIDE (Page 5:774)

* EPHESTRIDE. Voyez Chlamide; c'est la même chose, selon Artemidore.

EPHESTRIES (Page 5:774)

* EPHESTRIES, adj. pris subst. (Myth.) fêtes que l'on célébroit à Thebes en l'honneur de Tyrésias. On habilloit la statue du devin en femme; & après qu'on l'avoit bien promenée sous ce vêtement, on la deshabilloit, & on lui mettoit un habit d'homme; c'est ce qui est désigné par le mot éphestrie, qui signifie une sorte de vêtement.

EPHETE (Page 5:774)

EPHETE, s. m. (Hist. anc.) magistrat chez les Athéniens, dont le nombre varia de même que le district. Voyez M. Samuël Petit, dans ses commentaires latins sur les lois d'Athenes, liv. VIII. ouvrage plein de savoir.

Le roi Démophon créa les éphetes, pour connoître seulement des meurtres; ensuite Dracon étendit leur pouvoir & leur nombre pour en former un tribunal suprème, tant criminel que civil. Il le composa de cinquante - un juges, tirés de ce que la république d'Athenes avoit de meilleur dans son sein: il falloit, pour y être admis, avoir, outre l'âge de 50 ans, de la naissance, une fortune au - dessus de la médiocre, & sur toutes choses une vertu épurée, trois qualités si rarement réunies. On appelloit à cet auguste tribunal des décisions de tous les autres, & il jugeoit de toutes les affaires en dernier ressort. Mais il arriva que l'Aréopage, humilié par Dracon, reprit sous Solon toute sa splendeur, & anéantit celle des éphetes: cependant ce célebre Aréopage lui - même, après s'être attiré pendant quelque tems le respect des peuples, vit à son tour ses beaux jours s'évanoüir, & tout son lustre se ternir par les vices & la corruption. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPHIALTES, COCHEMAR, INCUBE (Page 5:774)

EPHIALTES, COCHEMAR, INCUBE, sorte de maladie. Voyez Incube.

EPHOD (Page 5:774)

EPHOD, s. m. (Histoire sacrée.) ornement sacerdotal en usage chez les Juifs. C'étoit une espece de tunique fort riche, à l'usage du grand - prêtre; mais il y en avoit de plus simples pour les ministres inférieurs.

Ce mot est hébreu, & il vient de aphael, qui signifie habiller. Les commentateurs & les interpretes sont fort partagés sur la forme de l'éphod; voici ce que dit Josephe de celui du grand - prêtre: « L'éphod étoit une espece de tunique raccourcie, & il avoit des manches: il étoit tissu, teint de diverses couleurs & mêlangé d'or, & laissoit sur l'estomac une ouverture de quatre doigts en quarré, qui étoit couverte du rational. Deux sardoines enchâssées dans de l'or, & attachées sur les deux épaules, servoient comme d'agraphes pour fermer l'éphod: les noms des douze fils de Jacob étoient gravés sur ces sardoines en lettres hébraïques; savoir, sur celle de l'épaule droite les noms des six plus âgés, & ceux des six puînés sur celle de l'épaule gauche ». Philon le compare à une cuirasse, & S. Jerôme dit que c'étoit une espece de tunique semblable aux habits appellés caracalle; d'autres prétendent qu'il n'avoit point de manches, & que parderriere il descendoit jusqu'aux talons.

Il y avoit deux sortes d'éphod; l'un étoit commun à tous ceux qui servoient au temple, & étoit fait seulement de lin; c'est celui dont il est fait mention au premier livre des rois: l'autre fait d'or, d'hia<cb-> cynthe, de pourpre, de cramoisi & de fin lin retors, étoit uniquement à l'usage du grand - prêtre, qui ne pouvoit faire aucune des fonctions attachées à sa dignité, sans être revêtu de cet ornement. On voit dans le II. livre des Rois, chap. vj. vers. 14, que David marchoit devant l'arche revêtu d'un éphod de lin; d'où quelques auteurs ont conclu que l'éphod étoit aussi un habillement des rois dans les cérémonies solennelles.

On trouve dans le livre des Juges, chap. viij. vers. 26, que Gédéon, des dépouilles des Madianites, fit faire un éphod magnifique qu'il déposa à Ephra, lieu de sa résidence; que les enfans d'Israël en abuserent jusqu'à le faire servir d'ornement aux prêtres des idoles, & que ce fut la cause de la ruine de Gédéon & de toute sa maison. Les sentimens sont partagés sur cet éphod: les uns veulent que Gédéon ne l'ait fait faire que pour être toûjours en état de recevoir, même chez lui, les ordres de Dieu par l'organe du grand - prêtre; ce qui n'étoit - pas défendu par la loi: d'antres prétendent que cet éphod n'avoit rien de sacré, mais que c'étoit un vêtement de distinction dont Gédéon, en qualité de juge & de premier magistrat de la nation, avoit dessein de se servir dans les assemblées & les cérémonies publiques. Ses descendans n'eurent pas les mêmes idées: ils en abuserent par des pratiques idolatres; car l'éphod n'étoit pas inconnu parmi les payens. Il paroît par - Isaïe qu'on revêtoit les faux - dieux d'éphods, peut - être lorsqu'on vouloit consulter leurs oracles. (G)

EPHORE (Page 5:774)

EPHORE, s. m. (Hist. anc.) magistrat de Lacédémone. Ce mot vient de E)FORA=N, veiller, formé de la préposition E)PI, sur, & du verbe O)RA=N, vair: E)FOROS2 signifie donc proprement un surveillant, un inspecteur; aussi les éphores étoient les inspecteurs de toute la république; ils parvenoient à cette dignité par la nomination du peuple, mais leur charge ne duroit qu'un an.

Ils étoient au nombre de cinq, & quelques uns ont écrit que les Romains réglerent sur les éphores de Sparte, l'autorité des tribuns du peuple. Xénophon représente leur pouvoir en peu de mots; ils abolissoient la puissance des autres magistrats; pouvoient appeller chacun d'eux en justice, les mettre en prison si bon leur sembloit, & leur faire rendre compte de leurs moeurs & de leurs actions.

Ils eurent l'administration des deniers de l'état, lorsque pour le malheur de la république, Lysander y apporta les thrésors qu'il avoit tirés de ses conquêtes. On avoit bâti près de la salle où ils rendoient leurs jugemens, une chapelle dédiée à la Peur, pour montrer qu'il falloit les craindre & les respecter à l'égal des rois. En effet, leur pouvoir s'étendoit d'un côté à tout ce qui concernoit la religion; de l'autre, ils présidoient aux jeux publics, avoient inspection sur tous les magistrats, & prononçoient sur des tribunaux qu'Elien nomme des thrones: enfin ils étoient si absolus, qu'Aristote compare leur gouvernement à la tyrannie, c'est - à - dire à la royauté. Ils ne contrebalançoient pas seulement l'autorité du sénat; mais ils faisoient à Sparte ce que les rois pouvoient faire ailleurs, régloient les délibérations du peuple, les déclarations de guerre, les traités de paix, l'emploi des troupes, les alliances étrangeres, & les récompenses, aussi bien que les châtimens.

Les armées des Lacédémoniens prenoient leur nom du principal des cinq éphores, comme celles des Athéniens le prenoient de leur premier archonte. L'élection des éphores se faisoit vers le solstice d'hyver, & c'étoit alors que commençoit l'année des Spartiates.

Hérodote & Xénophon attribuent leur institution à Lycurgue, qui imagina ce moyen pour maintenir la juste balance d'autorité dans le gouvernement.

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