ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"384"> portion, & qui marchent, cheminent, & reviennent sans cesse dans le lieu du passage ménagé derriere les chevaux. Quels que soient ces avantages, M. Soufflot n'imagine pas que son projet soit à l'abri des contradictions; aussi propose - t - il dans le cas où la dépense des corridors pourroit effrayer, & où l'on seroit obligé de préférer les incommodités auxquelles ils remédient aux facilités qu'ils procurent, de les retrancher entierement: mais il conseille du moins de pratiquer, ainsi qu'on l'a déjà fait en quelques endroits, vis - à - vis de chaque cheval, dans l'épaisseur du mur, un renfoncement en niche, lequel seroit plus haut que le ratelier, & descendroit derriere l'auge jusque sur le sol. Ce renfoncement seroit fermé par le ratelier qu'on appliqueroit contre ses montans, & supérieurement ouvert pour laisser passer le fourrage que l'on donneroit alors selon l'usage ordinaire, & qui seroit pareillement soûtenu par un grillage placé au niveau de la partie la plus élevée de la paroi postérieure de la mangeoire. Ce grillage permettroit un libre passage aux ordures & à la poussiere, qui dès - lors tomberoient sur le terrein en - arriere du ratelier même.

Quant à la distribution de l'avoine, il eût été facile à M. Soufflot de l'introduire du corridor dans l'auge. Il a craint cependant que des animaux que l'homme n'apprivoise & ne rend familiers qu'autant qu'il leur fait sentir le besoin qu'ils ont de lui, & qu'il les habitue à recevoir leur nourriture de sa main, ne devinssent en quelque façon sauvages & séroces dès qu'elle leur seroit donnée de maniere qu'il n'en seroit point apperçu: ainsi cette partie des alimens qu'ils préferent à toute autre, sera servie dans l'écurie même d'autant plus facilement qu'on pourra passer des corridors inférieurs aux extrémités, & même dans le milieu de l'édifice, par les portes de communication qu'on aura menagées à cet effet.

Du reste, M. Soufflot ne présente ici qu'un fragment, & non un bâtiment entier & complet. Il pourroit décorer son écurie par trois avant - corps, dont l'un la diviseroit en deux portions égales, & dont les deux autres la termineroient. Ces avant - corps auroient différens étages, dans lesquels on pratiqueroit des logemens convenables aux écuyers, aux commandans de l'écurie, aux maîtres palefreniers, aux piqueurs, aux personnes chargées de délivrer le fourrage, aux maîtres des gardes - meubles, aux cochers, & aux palefreniers, & il en mesureroit les dispositions relativement à l'utilité & à la commodité du service. Outre ceux qu'il construiroit & qu'il ajusteroit dans les rez - de - chaussée, il y établiroit des gardes - meubles & des selleries, dans lesquels il placeroit des cheminées nécessaires pour garantir les selles & les harnois de l'humidité qui leur nuit. Dans l'intérieur de ces vestibules qui formeroient dès - lors les différentes entrées de l'écurie, il pourroit encore sceller des chevalets rangés en échiquiers, pour y poser les selles dont on fait le plus d'usage; & au - dessus de ces chevalets seroient des médaillons, dans lesquels seroient repétés les noms des chevaux auxquels ces mêmes selles seroient appropriées, comme il en est vis - à - vis chaque cheval, supérieurement à chaque niche & à chaque ratelier.

Dans quelques écuries l'équipage de chaque cheval est situé directement au - dessus de sa tête, contre le mur, & à côté de l'inscription qu'on y remarque. Nous ne saurions approuver un semblable arrangement; premierement, ce même équipage est exposé à la poussiere du fourrage, & les siéges des selles sont toûjours garnis d'une multitude de brins de foin: secondement, les palefreniers ne pouvant atteindre à la hauteur des chevalets, sont obligés de monter sur la paroi antérieure de l'auge, & de s'ai<cb-> der de la main avec laquelle ils saisissent les suseaux du ratelier qu'ils ébranlent; & soit qu'il faille prendre la selle ou la replacer, le service est très - lent, très - peu sûr, & très - difficile. Il arrive même fréquemment que des chevaux en sont effrayés, surtout lorsque des palefreniers naturellement maladroits laissent tomber l'équipage sur la tête ou sur le corps de ces animaux qui s'aculent, tirent sur leurs licous, en rompent les cuirs ou les longes, & s'ils ne sont pas dans un très - grand danger de s'estropier, du moins ces sortes d'accidens occasionnent-ils toûjours des desordres. Il est vrai qu'on pourroit pratiquer entre les cloisons dont j'ai parlé, une autre cloison qui offriroit un chemin d'environ un pié & demi de large, dans lequel on éléveroit un escalier pour monter aisément jusqu'à ces chevalets; mais en obviant à une difficulté, nous ne parerions pas aux autres; d'ailleurs l'espace d'un pié & demi de terrain que nous serions contraints de prendre en pareil cas, retrancheroit dans un vaisseau d'une certaine longueur une quantité considérable de places; les chevaux seroient les uns & les autres dans un trop grand éloignement, & M. Soufflot contrediroit une des principales vûes qu'il a eu dans la construction dont il s'agit, puisqu'en rassemblant, pour ainsi dire, aux environs de chaque cheval une foule de petits objets, son idée a été de ne rien faire perdre à l'oeil du volume, de la masse, & de la taille de chaque animal, taille qui, quelque colossale qu'elle soit & qu'elle puisse être, paroît reduite à celle d'un bidet, dans de vastes édifices que l'on n'admire sans doute que parce que leur étendue en impose.

Je disposerois encore dans des cours attenantes à celles - ci des auges en pierre, dont les unes seroient placées très - près des portes par lesquelles on communiqueroit des gardes - meubles & des selleries avec ces cours, tandis que les autres seroient sous des hangars destinés à panser les chevaux, à les desseler, à leur abattre la sueur, &c. par ce moyen les palefreniers & les maîtres du garde - meuble joüiroient facilement du lieu & de l'eau nécessaire pour laver d'une part les crins & les extrémités de l'animal, & pour nettoyer de l'autre tous les harnois & tous les équipages. On pourroit de plus construire dans ces mêmes cours des remises, des retraites pour le fumier; il seroit très - important d'y bâtir des especes d'infirmeries pour les chevaux malades, & de les distribuer de maniere qu'ils pussent être totalement séparés des autres dans le cas où ils seroient affectés de maladies contagieuses. D'un côté de cette infirmerie seroit une pharmacie garnie de tous les fourneaux, de tous les ustensiles, de tous les médicamens convenables, &c. de l'autre seroient une ou deux forges & des travails de toute espece, qui se roient recouverts & à l'abri des injures du tems: enfin on n'omettroit aucune des constructions indispensables, pour faciliter le traitement de l'animal sain & malade, & même pour l'exercer & pour le travailler, puisqu'on pourroit encore élever un manége, qui, dans l'autre face de l'édifice, répondroit à ces cours supposées. Voyez Manége, (Architec<-> ture.) Voyez aussi Maréchal.

Les instrumens en usage dans une écurie de cette sorte sont 1°. tous ceux dont le palefrenier se sert pour panser un cheval, tels sont l'étrille (voyez Etrille), l'époussette (voyez Epoussette), la brosse ronde, la brosse longue, le peigne, l'éponge, le bouchon de foin. Voyez Panser. Il doit être muni encore de plusieurs paires de ciseaux ou de rasoirs; d'une pince à poil, d'un cure - pié, (voyez Panser), d'un couteau de chaleur (voyez Sueur); en un mot elle seroit pourvûe de plusieurs torchenés (voyez Tor chené), de plusieurs pelles, de plusieurs balais, de plusieurs fourches de bois, & non de fer, [p. 385] car les palefreniers pourroient blesser les chevaux s'ils s'en servoient pour l'arrangement de la litiere, de plusieurs cribles, de plusieurs mesures (voyez Nourriture), de plusieurs civieres ou broüettes, de plusieurs lunettes, filets, mastigadours (voyez Lunettes, Embouchures), de plusieurs chapelets (voyez Farcin), de plusieurs hachoirs (voyez Hachoirs), &c.

Tel est le plan que M. Soufflot a conçu d'après les foibles lumieres que je lui ai communiquées. Nous n'avons garde d'en proposer les différens points, comme des lois auxquelles on ne peut se dispenser de se conformer; & nous serons assez récompensés de nos soins, si notre exemple peut du moins engager d'autres artistes & d'autres écuyers à se concilier relativement aux détails & aux observations qu'exige un édifice, dont l'ordonnance ne peut être parsuite qu'autant que l'architecte & l'écuyer réuniront leurs connoissances & seront éclairés l'un par l'autre. (e)

ECUSSON (Page 5:385)

ECUSSON, s. m. (Pharm.) l'écusson est une espece d'épitheme (V. Epitheme), fait ordinairement avec de la thériaque, dans laquelle on ajoûte encore des poudres aromatiques, des huiles essentielles, & qu'on étend sur de la peau, à laquelle on donne ordinairement la forme d'un coeur ou d'un ovale, ce qui lui a fait donner le nom de scutum, écu, bouclier.

L'écusson s'applique principalement sur l'estomac, dans l'intention de le fortifier, d'exciter la digestion, d'arrêter un vomissement. Voyez ce qu'on peut raisonnablement espérer de ces applications fort peu usitées dans la medecine moderne, au mot Topique. (b)

Ecusson (Page 5:385)

Ecusson, (Marine.) écu d'armes; c'est un ornement qu'on met à l'arriere des vaisseaux, à la partie de la dunette qui regarde la mer, & qui pour l'ordinaire sert à placer des figures ou des armes qui indiquent le nom du vaisseau (voyez Mar. Planc. III. fig. 1.) la vûe de la poupe d'un vaisseau du premier rang, où l'on voit derriere la dunette une figure de Jupiter en relief lançant le tonnerre, & au - dessous l'écu des armes de France, & plus - bas le nom de tonnant que ce vaisseau porte. Plusieurs donnent à cette partie le nom de miroir ou de fronteau. Voyez Miroir. (Z)

Ecusson (Page 5:385)

Ecusson, à la Monnoie, est le revers ou côté opposé à celui d'effigie. En France, les loüis, écus, &c. ont pour écusson les armes de France. On appelloit autrefois pile ce côté; voyez Pile.

Sur l'écusson on trouve le millésime & la marque du graveur, & au - dessous de l'écusson, celle de l'hôtel où la piece de monnoie a été fabriquée.

Ecusson (Page 5:385)

Ecusson, en terme de Blason, se dit d'un petit écu dont on charge un plus grand. Voyez Ecu.

Ecusson (Page 5:385)

Ecusson (greffe en), Voyez Greffer.

ECUSSONNER (Page 5:385)

ECUSSONNER, est le même que greffer en écus<-> son. Voyez Greffer.

ECUSSONOIR (Page 5:385)

ECUSSONOIR, s. m. (Jardinage.) petit instrument tranchant & pointu, qui a la forme d'un couteau, & qui porte à l'autre bout du manche une espece de spatule propre à l'opération de la greffe en écusson.

ECUYERS (Page 5:385)

ECUYERS, s. m. pl. (Belles - Lett.) on appelloit ainsi, dans l'ancienne Milice, des gentilshommes qui faisoient le service militaire à la suite des chevaliers, avant que de parvenir à la dignité de chevalier.

Leurs fonctions étoient d'être assidus auprès des chevaliers, & de leur rendre certains services à l'armée & dans les tournois.

Ils portoient les armes du chevalier, jusqu'à ce qu'il voulût s'en servir. Ils étoient à pié ou à cheval, selon que les chevaliers alloient eux - mêmes. Ils n'avoient pas le droit de se vêtir aussi magnifi<cb-> quement que les chevaliers; & de quelque haute naissance qu'ils fussent, quand ils se trouvoient en compagnie avec les chevaliers, ils avoient des siéges plus bas qu'eux & un peu écartés en - arriere. Ils ne s'asséoient pas même à table avec les chevaliers, fussent - ils comtes ou ducs. Un écuyer qui auroit frappé un chevalier, si ce n'étoit en se défendant, étoit condamné à avoir le poing coupé.

Il y avoit une autre espece d'écuyers, sur - tout dans les états des rois d'Angleterre, qui portoient ce nom à cause de la qualité de leurs fiefs.

Ecuage, est appellé en latin scutagium, c'est - à - dire servitium scuti. Voyez l'article suivant Ecuyer (Jurisprud.) (Q)

M. de la Curne de Sainte - Palaye nous a donné, sur la chevalerie dont il s'agit ici, cinq excellens mémoires, qui forment une partie considérable du volume XX. de l'académie des Belles - Lettres. Nous regrettons beaucoup que la nature & les bornes de cet ouvrage ne nous permettent pas d'en donner un extrait détaillé; mais nous ne pouvons du moins nous dispenser de rendre justice aux savantes & curieuses recherches de l'auteur, & de réparer l'omission qui a été faite à ce sujet dans le troisieme volume de l'Encyclopédie à l'article Chevalier.

Dès qu'un jeune gentilhomme avoit atteint l'âge de sept ans, on le faisoit d'abord page. On lui donnoit des leçons sur l'amour de Dieu, sur les devoirs qu'il faut rendre aux dames, & sur le respect dû à la chevalerie; on le formoit à toutes sortes d'exercices. Delà il passoit au titre d'écuyer, qu'on lui donnoit avec certaines cérémonies, & dans lequel il y avoit différens grades successifs, dont les fonctions sont aujourd'hui abandonnées aux domestiques. A l'âge de 21 ans, il pouvoit être reçu chevalier. On peut voir dans l'excellent ouvrage de M. de Sainte - Palaye, la maniere dont se pratiquoit cette corémonie, les devoirs que la qualité de chevalier imposoit, les occasions principales où l'on créoit des chevaliers, la description & les particularités des tournois qu'ils donnoient, les récompenses par lesquelles la politique encourageoit les chevaliers à remplir avec honneur leurs engagemens, enfin les abus que la chevalerie entraînoit, & qui ont été cause de sa chûte. Nous renvoyons nos lecteurs, sur tous ces points purement historiques, aux cinq mémoires de M. de Sainte - Palaye; ils perdroient trop d'ailleurs à être présentés ici dans un raccourci qui leur feroit tort. (O)

Ecuyer (Page 5:385)

Ecuyer, eques, (Jurisprudence.) titre d'honneur & qualité que les simples nobles & gentilshommes ajoûtent après leurs noms & surnoms pour marque de leur noblesse, à la différence de la haute noblesse, qui porte le titre de chevalier, pour marquer l'ancienneté de son extraction, & qu'elle descend de personnes qui avoient été faits chevaliers.

Quelques - uns prétendent que le terme d'écuyer vient du latin equus, & que l'on a dit escuyer, quasi equiarius; mais en ce cas on auroit dû écrire équier, c'est le titre que devroient prendre ceux qui ont l'inspection des écuries des princes & autres grands seigneurs, & non pas comme ils l'écrivent écuyer; mais cette étymologie ne peut convenir aux écuyers militaires ou nobles, lesquels sont nommés en latin scu<-> tarü, ou scutiferi, scutati, scutatores.

M. de Boullainvilliers, dans ses lettres sur les parlemens, tome I. page 109, tient que le mot latin scu<-> tarius, vient de l'allemand shutter, qui signifie tireur de fleches, & conclut de - là, que dès - que l'usage des armures de fer a commencé, les hommes d'armes étoient accompagnés d'archérs comme ils l'ont été dans les derniers tems.

On tient communément qu'escuyer vient du latin scutum, d'où l'on a fait scutarius ou scutifer; que les écuyers furent ainsi nommés, parce qu'ils portoient

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