ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"248"> dre Militaire; ainsi appellé d'une ville d'Espagne de même nom, dans l'Estramadoure. Voyez Chevalier, Ordre, &c.

En 1212, Alphonse IX. Roi de Castille, ayant repris Alcantara sur les Mores, en confia la garde & la défense, d'abord aux Chevaliers de Calatrava, & deux ans après aux Chevaliers du Poirier, autre Ordre Militaire institué en 1170 par Gomez Fernand, & approuvé par le Pape Alexandre III. sous la regle de S. Benoît. Ce fut à cette occasion, qu'ils quitterent leur ancien nom, pour prendre celui de Chevaliers d'Alcantara.

Après l'expulsion des Mores, & la prise de Grenade, la Maîtrise de l'Ordre d'Alcantara, & celle de l'Ordre de Calatrava, furent unies à la Couronne de Castille, par Ferdinand & Isabelle. Voyez Calatrava.

En 1540, les Chevaliers d'Alcantara demanderent la permission de se marier, & elle leur fut accordée. Ils portent la Croix verte ou de sinople fleurdelysée, & ont en Espagne plusieurs riches Commanderies, dont le Roi dispose en qualité de Grand - Maître de l'Ordre. (G)

ALCARAZ (Page 1:248)

* ALCARAZ, (Géog.) ville d'Espagne, dans la Manche, sur la Guardamena. Long. 15. 42. lat. 38. 28.

ALCATHÉES (Page 1:248)

* ALCATHÉES, fêtes qu'on célebroit à Micènes en l'honneur d'Alcathoüs, fils de Pelops, celui qui soupçonné d'avoir fait assassiner son frere Chrysippe, chercha un asyle à la cour du roi de Megare, dont il épousa la fille, après avoir délivré le pays d'un lion furieux qui le ravageoit. Il succéda à son beau - pere, fut bon Souverain, & mérita de l'amour de ses peuples les fêtes annuelles, appellées Aleathées.

ALCATRACE (Page 1:248)

* ALCATRACE, s. m. petit oiseau que l'on chercheroit envain sur l'Océan des Indes aux environs du seizieme degré de latitude & sur les côtes d'Arabie, où Wicquefort dit qu'il se trouve; car pour le reconnoître, il en faudroit une autre description, & sur cette description peut - être s'appercevroit - on que c'est un oiseau déjà connu sous un autre nom. Nous invitons les Voyageurs d'être meilleurs observateurs, s'ils prétendent que l'Histoire naturelle s'enrichisse de leurs observations. Tant qu'ils ne nous rapporteront que des noms, nous n'en serons guere plus avancés.

ALCAVALA (Page 1:248)

* ALCAVALA, droit de douanne de cinq pour cent du prix des marchandises, qu'on paye en Espagne & dans l'Amérique Espagnole.

ALCE (Page 1:248)

ALCE, s. m. animal quadrupede. On ne sait pas bien quel est l'animal auquel ce nom doit appartenir, parce que les descriptions qu'on a faites de l'alcé sont différentes les unes des autres. Si on consulte les Naturalistes anciens & modernes, on trouvera par rapport à cet animal des faits qui paroissent absolument contraires; par exemple, qu'il a le poil de diverses couleurs, & qu'il est semblable au chameau dont le poil n'est que d'une seule couleur; qu'il a des cornes, & qu'il n'en n'a point; qu'il n'a point de jointures aux jambes, & qu'il a des jointures, & que c'est ce qui le distingue d'un autre animal appellé machlis; qu'il a le pié fourchu, & qu'il a le pié solide comme le cheval. Cependant on croit qu'il y a beaucoup d'apparence que l'alcé n'est point différent de l'animal que nous appellons élan, parce que la plûpart des Autcurs conviennent que l'alcé est à peu près de la taille du cerf; qu'il a les oreilles & les piés comme le cerf, & qu'il lui ressemble encore par la petitesse de sa queue & par ses cornes; qu'il est différent du cerf par la couleur & la longueur de son poil, par la petitesse de son cou & par la roideur de ses jambes. On a remarqué qu'il a la levre supérieure fort grande. Il est certain que tous ces caracteres conviennent à l'élan. On pourroit aus<cb-> si concilier les contrariétés qui se trouvent dans les descriptions de l'alcé; car quoique le poil de l'élan ne soit que d'une couleur, cependant cette couleur change dans les différentes saisons de l'année, si l'on en croit les Historiens septentrionaux; elle devient plus pâle en été qu'elle ne l'est en hyver. Les élans mâles ont des cornes, les femelles n'en n'ont point; & lorsqu'on a dit que l'alcé n'avoit point de jointures, on a peut - être voulu faire entendre seulement, qn'il a les jambes presqu'aussi roides que s'il n'avoit point de jointures; en effet cet animal a la jambe très - ferme. Mém. de l'Acad. royale des Sc. tom. III. p. prem. pag. 179. Voyez Élan. (I)

ALCÉE (Page 1:248)

ALCÉE, en latin Alcea, s. f. herbe à fleur monopetale en forme de cloche ouverte & découpée; il y a au milieu de la fleur un tuyau pyramidal, chargé le plus souvent d'étamines, & il sort du calice un pistil qui passe par le fond de la fleur, & qui s'emboîte dans le tuyau. Ce pistil devient dans la suite un fruit applati & arrondi, quelquefois pointu, & enveloppé pour l'ordinaire par le calice. Ce fruit est composé de plusieurs capsules qui tiennent à un axe cannelé, dont chaque cannelure reçoit une capsule qui renferme un fruit fait ordinairement en forme de rein. L'alcée ne differe de la mauve & de la guimauve qu'en ce que fes feuilles sont découpées. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

ALCHIMELECH, ou MELILOT EGYPTIEN (Page 1:248)

* ALCHIMELECH, ou MELILOT EGYPTIEN, plante qui croît & s'étend à terre, petite, serpentant lentement, ne s'élevant presque jamais; ayant la feuille du trefle, seulement un peu moins grande; les fleurs petites, en grand nombre, oblongues, placées les unes à côté des autres, de la couleur du safran, & d'une odeur fort douce; il succede à ces fleurs des gousses obliques, qui contiennent une très petite semence ronde, d'un rouge noirâtre, d'une saveur amere & astringente, & qui n'est pas sans odeur. Ray.

ALCHIMIE (Page 1:248)

ALCHIMIE, s. f. est la chimie la plus subtile par laquelle on fait des opérations de chimie extraordinaires, qui exécutent plus promptement les mêmes choses que la nature est long - tems à produire; comme lorsqu'avec du mercure & du soufre seulement, on fait en peu d'heures une matiere solide & rouge, qu'on nomme cinabre, & qui est toute semblable au cinabre natif, que la nature met des années & même des siecles à produire.

Les opérations de l'alchimie ont quelque chose d'admirable & de mystérieux; il faut remarquer que lorsque ces opérations sont devenues plus connues, elles pcrdent leur merveilleux, & elles sont mises au nombre des opérations de la chimie ordinaire, comme y ont été mises celles du lilium, de la panacée, du kermès, de l'émétique, de la teinture de l'écarlate, &c. & suivant la façon, dont sont ordinairement traitées les choses humaines, la chimie use avec ingratitude des avantages qu'elle a reçûs de l'alchimie: l'alchimie est maltraitée dans la plûpart des livres de chimie. Voyez Alchimistes.

Le mot alchimie est composé de la préposition al qui est Arabe, & qui exprime sublime ou par excellence, & de chimie, dont nous donnerons la définition en son lieu. Voyez Chimie. De sorte que alchimie, suivant la force du mot, signifie la chimie subli me, la chimie par excellence.

Les antiquaires ne conviennent pas entre eux de l'origine, ni de l'ancienneté de l'alchimie: si on en croit quelques histoires fabuleuses, elle étoit dès le tems de Noé. Il y en a même eu qui ont prétendu qu'Adam savoit de l'alchimie.

Pour ce qui regarde l'antiquité de cette science; on n'en trouve aucune apparence dans les anciens auteurs, soit Medecins, soit Philosophes, soit Poëtes, depuis Homere, jusqu'à quatre cens ans après [p. 249] Jesus - Christ. Le premier auteur qui parle de faire de l'or est Zozime, qui vivoit vers le commencement du cinquieme siècle. Il a composé en Grec un Livre sur l'art divin de faire de l'or & de l'argent. C'est un Manuscrit qui est à la Bibliotheque du Roi. Cet ouvrage donne lieu de juger que lorsqu'il a été écrit, il y avoit déjà long - tems que la chimie étoit cultivée; puisqu'elle avoit déjà fait ce progrès.

Il n'est point parlé du remede universel, qui est l'objet principal de l'Alchimie, avant Geher, aureur Arabe, qui vivoit dans le septieme siecle.

Suidas prétend que si on ne trouve point de monument plus ancien de l'Alchimie, c'est que l'Empereur Dioclétien fit brûler tous les Livres des anciens Egyptiens; & que c'étoient ces Livres qui contenoient les mysteres de l'Alchimie.

Kirker assûre que la théorie de la Pierre - philosophale est expliquée au long dans la table d'Hermès, & que les anciens Egyptiens n'ignoroient point cet art.

On sait que l'Empereur Caligula fit des essais, pour tirer de l'or de l'orpiment. Ce fait est rapporté par Pline, Hist. nat. ch. iv. liv. XXXIII. Cette opération n'a pû se faire sans des connoissances de Chimie, supérieures à celles qui suffisent dans la plûpart des arts & des expériences pour lesquelles on employe le feu.

Au reste, le monde est si ancien, & il s'y est fait tant de révolutions, qu'il ne reste point de monumens certains de l'état où étoient les sciences dans les tems qui ont précedé les vingt derniers siecles; je n'en rapporterai qu'un exemple: la Musique a été portée, dans un certain tems chez les Grecs, à un haut point de perfection; elle étoit si fort au - dessus de la nôtre, à en juger par ses effets, que nous avons peine à le comprendre; & on ne manqueroit pas de le révoquer en doute, si cela n'étoit bien prouvé par l'attention singuliere qu'on sait que le gouvernement des Grecs y donnoit, & par le témoignage de plusieurs auteurs contemporains & dignes de foi. Voyez An ad sanitatem musice, de M. Malouin. A Paris, chez Quillau, rue Galande.

Il se peut aussi que la Chimie ait de même été portée à un si haut point de perfection, qu'elle ait pû faire des choses que nous ne pouvons faire aujourd'hui, & que nous ne comprenons pas comment il seroit possible que l'on exécutât. C'est la Chimie ainsi perfectionnée qu'on a nommée Alchimie. Cette science, comme toutes les autres, a péri dans certains tems, & il n'en est resté que le nom. Dans la suite, ceux qui ont eu du goût pour l'Alchimie, se sont tout d'un coup mis à faire les opérations, dans lesquelles la renommée apprend que l'Alchimie réussissoit; ils ont ainsi cherché l'inconnu sans passer par le connu: ils n'ont point commencé par la Chimie, sans laquelle on ne peut devenir Alchimiste que par hasard.

Ce qui s'oppose encore fort au progrès de cette science, c'est que les Chimistes, c'est - à - dire, ceux qui travaillent par principes, croient que l'Alchimie est une science imaginaire, à laquelle ils ne doivent pas s'appliquer; & les Alchimistes au contraire croient que la chimie n'est pas la route qu'ils doivent tenir.

La vie d'un homme, un siecle même, n'est pas suffisant pour perfectionner la Chimie; on peut dire que le tems où a vécu Beker, est celui où a commencé notre Chimie. Elle s'est ensuite perfectionnée du tems de Stahl, & on y a encore bien ajoûté depuis; cependant elle est vraissemblablement fort éloignée du terme où elle a été autrefois.

Les principaux auteurs d'Alchimie sont Geber, le Moine, Bacon, Ripley, Lulle, Jean le Hollandois, & Isaac le Hollandois, Basile Valentin, Paracelse, Van Zuchten, Sendigovius, &c. (M)

ALCHIMISTE (Page 1:249)

ALCHIMISTE, s. m. celui qui travaille à l'Alchimie. Voyez Alchimie. Quelques anciens Auteurs Grecs se sont servis du mot XRUSOPOIHTH\, qui signifie faiseur d'or, pour dire Alchimiste, & de XRUSOPOIHTIXH\, l'art de faire de l'or, en parlant de l'Alchimie. On lit dans d'autres Livres Grecs, POIHTH\, fictor, faiseur, Alchimiste, qui signifie aussi Auteur de vers, Poëte. En effet, la Chimie & la Poësie ont quelque conformité entr'elles. M. Diderot dit, pag. 8 du Prospectus de ce Dictionnaire: la Chümie est imitatrice & rivale de la nature; son objet est presqu'aussi étendu que celui de la nature même: cette partie de la Physique est entre les autres, ce que la Poësie est entre les autres genres de littérature; ou elle décompose les êtres, ou elie les revivifie, ou elle les transforme, &c.

On doit distinguer les Alchimistes en vrais & en faux, ou fous. Les Alchimistes vrais sont ceux qui, après avoir travaillé à la Chimie ordinaire en Physiciens, poussent plus loin leurs recherches, en travaillant par principes & méthodiquement à des combinaisons curieuses & utiles, par lesquelles on imite les ouvrages de la nature, ou qui les rendent plus propres à l'usage des hommes, soit en leur donnant une perfection particuliere, soit en y ajoûtant des agrémens qui, quoique artificiels, sont dans certains cas plus beaux que ceux qui viennent de la simple nature dénuée de tout art, pourvû que ces agrémens artificiels soient fondés sur la nature même, & l'imitent dans son beau.

Ceux au contraire qui sans savoir bien la Chimie ordinaire, ou qui même sans en avoir de teinture, se jettent dans l'Alchimie sans méthode & sans principes, ne lisant que des Livres énigmatiques qu'ils estiment d'autant plus qu'ils les comprennent moins, sont de faux Alchimistes, qui perdent leur tems & leur bien, parce que travaillant sans connoissance, ils ne trouvent point ce qu'ils cherchent, & font plus de dépense que s'ils étoient instruits, parce qu'ils employent souvent des choses inutiles, & qu'ils ne savent pas sauver certaines matieres qu'on peut retirer des opérations manquées.

D'ailleurs, ils ont pour les charlatans autant de goût que pour les Livres énigmatiques: ils ne se soucient pas d'un bon Livre qui parle clairement, mais ne flate point leur cupidité comme font les Livres énigmatiques auxquels on ne comprend rien, & auxquels les gens entêtés du fabuleux, ou du moins du mystérieux, donnent le sens qu'ils veulent y trouver, & qui est plus suivant leur imagination; aussi ces faux Alchimistes s'ennuieront aux discours d'un homme instruit de cette science, qui la dévoile, & qui réduit ses opérations à leur juste valeur: ils écouteront plus volontiers des hommes à secrets aussi ignorans qu'eux, mais qui font profession d'exciter leur curiosité.

Il faut dans toute chose, & surtout dans celles de cette nature, éviter les extrémités: on doit éviter également d'être superstitieux, ou incrédule. Dire que l'Alchimie n'est qu'une science de visionnaires, & que tous les Alchimistes sont des fous ou des imposteurs, c'est porter un jugement injuste d'une science réelle à laquelle des gens sensés & de probité peuvent s'appliquer: mais aussi il faut se garantir d'une espece de fanatisme dont sont particulierement susceptibles ceux qui s'y livrent sans discernement, sans conseil & sans connoissances préliminaires, en un mot sans principes. Or les principes des sciences sont des choses connues; on y doit passer du connu à l'inconnu: si en Alchimie, comme dans les autres sciences, on passe du connu à l'inconnu, on pourra en tirer autant & plus d'utilité que de certaines autres sciences ordinaires. (M)

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