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Lorsque les pointus sont bien pris, on retourne
de dedans en - dehors les pointus, on les frotte en
rond avec la paume de la main, pour en ôter la
bourre ou le jarre qui peut s'y trouver; on examine
s'il n'y a plus d'endroits à étouper; s'il y en a,
on étoupe; puis on prend un travers qu'on place à
un doigt du bord de l'arrête, & qui monte delà à la
hauteur de huit doigts, ne laissant à découvert que
le bout de la tête, ou la portion qui fera le dedans
de la forme quand le chapeau sera achevé: on asperge
ce travers, on le tape; on décroise sur les côtés
l'un après l'autre; on abat l'excédent du travers
avec la brosse, & on tape cette espece de rebord;
on retourne le tout sens - dessus - dessous; on met
l'autre travers comme on a mis le premier; on retourne
ensuite le chapeau de dedans en - dehors, de
sorte que les pointus soient en - dehors, & les travers
en - dedans, & on foule une croisée complete
depuis la
Lorsque le chapeau est basti à la foule, alors on
prend la manique, pour fouler plus chaud & plus
clos. Cet instrument qu'on voit
Le nombre des croisées completes qu'on est obligé de donner successivement, est plus ou moins grand, selon la nature de l'étoffe, ou la difficulté qu'elle a à rentrer: on en donne au moins quatre ou cinq, bien chaud & bien clos. Les maniques servent dans ces croisées à garantir les mains de l'action de l'eau bouillante, & à pouvoir fouler avec plus de hardiesse & de force. Après ces croisées, on brosse son chapeau avec la brosse qu'òn trempe dans l'eau, & on le porte sur une table dans un endroit clair, pour voir s'il n'y a point d'ordure; si on en apperçoit, on prend des pinces aiguës & courbes, & on arrache les ordures, ce qui s'appelle épinceter à l'endroit. Quand le chapeau est épinceté à l'endroit, on
Quand on a conduit le chapeau à ce point, on le décroise en tout sens, pour s'assûrer s'il est à - peu - près rond, & s'il n'y a point de lippes. Les lippes, ce sont les excédens des plus longs bords sur les plus petits: quand il y en a, on trempe la lippe dans l'eau bouillante, on met le roulet sur cet endroit excédent de l'arrête, & on le foule jusqu'à ce qu'à force de rentrer, la lippe ait disparu; cela s'appelle arranger le chapeau: en l'arrangeant, on tâche de l'égoutter d'eau & de lie; pour cet effet on le foule à sec, une demi - croisée sur l'arrête; alors les croisées ont cessé d'être reglées; on suit les plis qu'on croit nécessaires. Quand le chapeau est bien égoutté, on examine si les plis des croisées n'y sont point marqués; si on les y apperçoit, on les efface en frappant un peu dessus avec le roulet.
C'est alors qu'on torque le chapeau, ou qu'on le met en coquille: il est au moins diminué des trois quarts de la grandeur qu'il avoit quand il a été basti. Pour le torquer, on l'ouvre bien; on enfonce la tête jusqu'à l'arrête & fort au - delà, puis on la repousse en sens contraire, & ainsi de suite, jusqu'à ce que toute la hauteur du chapeau ait été employée à former dans un même plan des plis en ondes & concentriques à l'arrête, dont la pointe de la tête occupe le centre.
Quand le chapeau est en coquilles ou torqué, on
le trempe dans la chaudiere, puis sur le banc de la
foule on affaisse, on détire avec le pouce de la main
droite, & on fait disparoître, en poussant & élargissant en tout sens, la pointe de la tête, ce qui s'appelle
pousser. Lorsque la pointe est étendue, on détorque
un pli qu'on pousse, qu'on étend, & qu'on
élargit comme la pointe. On continue à détorquer, à
pousser, à élargir, & à étendre, jusqu'à ce qu'il y
ait assez d'espace étendu pour pouvoir travailler du
poignet en entier; alors on se l'enveloppe d'un
mauvais bas de laine qu'on appelle un poussoir: ce
bas garantit la main de l'eau bouillante dans laquelle
on trempe le chapeau durant tout le cours de
cette manoeuvre; & on pousse le chapeau, étendant,
élargissant, & approfondissant jusqu'à ce qu'on ait
pratiqué un espace capable de recevoir la forme
Quand le chapeau est poussé, on le dresse: dresser, c'est mettre sur la forme; alors il ressemble parfaitement à un bonnet de laine retroussé; alors les ailes sont presque appliquées contre la forme; les pointus sont en - dessus, les travers sont devant, & se présentent tout autour à la surface du chapeau opposée à celle des pointus, sans quoi le chapeau ne paroîtroit pas doré par - tout.
Quand le chapeau est sur la forme, on prend le
choc,
On abat ensuite le chapeau: pour cet effet on porte le chapeau en forme sur le banc de la foule, on le trempe; on pose la forme à plat sur le bord extérieur du banc; de la main gauche on fixe le bord du chapeau de maniere que le pouce embrasse le bord du banc, & serre le bord du chapeau; de la main droite on empoigne une partie du bord qui est étendu sur le banc, on la tient bien serrée, on la tire, & on tâche de l'étendre: on fait cette opération tout au tour du chapeau, dont on fait tourner la forme sur elle - même. Lorsque le bord du chapeau est à - peu - près plat, on piece: pour cet effet on le trempe, & avec la piece qu'on appuie de son plat sur les bords du chapeau, on la presse d'une main, tandis qu'on fait tourner la forme de l'autre: c'est ainsi qu'on efface les plis faits en abattant; ces plis s'appellent tirasses. Cette opération ne rend cependant pas encore les ailes tout - à - fait plates; pour les achever, on les détire une seconde fois, précisément comme la premiere, puis on prend la jatte, on les arrose & la tête de deux jattes d'eau de la chaudiere; ensuite on passe la piece sur la tête pour l'unir & l'égoutter, & on en conduit le côté, de dessus la tête, tout autour de la forme: alors on quitte cet instrument, on prend le choc avec lequel on acheve d'abaisser entierement la ficelle; après quoi avec la piece dont on applique le plat sur les bords du chapeau, & qu'on conduit tout autour, le côté tranchant du côté de la chaudiere, comme pour y diriger l'eau qui sort du chapeau, on l'unit & on l'égoutte. Quand le chapeau est bien égoutté, on le frotte par - tout légerement avec les mains; & prenant entre le pouce en - dessus, & l'index en - dessous, l'extrémité de l'arrête, on la releve un peu, & on l'arrondit en gouttiere dont la concavité regarde la tête.
Voilà le chapeau sorti de la foule, & prêt à entrer
dans l'étuve pour y être seché. On le laisse sur la
forme: elle est percée en - dessous de deux trous; les
murs de l'étuve sont parsemés de clous qui y sont fichés: on place un de ces clous dans un des trous
de la forme, & elle y reste suspendue: on laisse passer
la nuit au chapeau dans l'étuve; les compagnons
en s'en allant, quand il n'y a plus de bois sous la
chaudiere, ni par conséquent de fumée à craindre,
ferment la tuile, dont on voit l'ouverture en 1, 2,
Lorsque le chapeau est sec, on le tire des étuves; mais chaque ouvrier marque son ouvrage pour le reconnoître, l'un avec du blanc, l'autre avec le doigt. Le chapeau étant mouillé, le doigt couche le poil selon une certaine direction qu'il garde, & la trace se reconnoît. Au sortir de l'étuve, on délie la ficelle, on chasse la forme en la pressant par le haut, puis on ponce: pour cet effet on remet la petite gouttiere qu'on avoit formée à l'arrête de dessus en - dessous; on a une petite ponce légere; on pose l'aîle du chapeau sur le banc de la foule, la concavité de la for<cb->
Lorsque le chapeau est pelotonné, on marque avec de la craie son poids, & s'il est doré ou non. On se sert de chiffres pour le poids, & de lettres pour le reste. L'ouvrier a aussi sa marque, qu'il fait avec des ciseaux au bord de l'arrête; c'est une hoche, un croissant, ou une autre figure: puis il rend son chapeau au maître, qui l'examine avant que de l'envoyer à la teinture, où nous le suivrions sans interruption, si nous n'avions à reprendre de plus haut l'opération que nous venons de décrire, & que nous avons poussée jusqu'ici, pour ne pas couper le fil de la manoeuvre principale par l'explication d'une opération accidentelle, je veux dire celle du plumet. Nous allons maintenant dire comment on fait au chapeau un plumet, quand on y en veut un.
Quand on a foulé au roulet & à la main, au point que le chapeau n'a plus qu'un pouce à rentrer, alors on l'égoutte au roulet comme s'il étoit achevé, & on le flambe du côté du plumet ou à l'endroit: pour cet effet, on a un morceau de bois sec, ou un peu de paille allumée, au - dessus de laquelle on passe la partie qu'on veut flamber; cette flamme brûle un peu le poil.
Pour former le plumet, on choisit de l'anglois non
secrété, le plus long qu'on peut trouver; on l'arçonne
comme le reste; on en fait à l'arçon les uns huit
pieces, les autres douze. Ces pieces ont la même
hauteur que les travers, & se placent au côté opposé,
comme il est évident, mais elles n'ont pas la même
forme; ce sont des ovales formées de deux portions
d'un cercle qui excéderoit d'un bon pouce la
circonférence du chapeau, & elles sont chacune la
huitieme ou la douzieme partie de cette circonférence.
Il est à observer qu'elles sont toutes plus minces
à la partie qui doit toucher la tête, qu'à celle qui
doit déborder l'arrête; on voit le jour à - travers de
l'une, & non à - travers de l'autre. En effet, il importe
beaucoup davantage que le plumet soit fourni
au bord du chapeau, qu au fond vers la tête; elles
sont aussi plus fortes au centre qu'au bout des aîles:
on en verra la raison plus bas. Voyez,
Les pieces se marchent seulement à la carte; pour
les faire prendre au chapeau, préparé comme nous
venons de dire, on a un grand chapeau de vigogne
commun, qui n'a été que basti à la foule, ou un sac
de toile neuve fait à - peu - près en cone, mais beaucoup
plus grand que le chapeau qu'on travaille; que
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