ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"164"> cordes font tour de la perche, & sont bandées par les petits tarauts a, a, qui les tordent & les bandent comme les Memuisiers la lame d'une scie. La corde à boyau se fixe par un noeud coulant à l'extrémité 4 de la perche; de - là elle se rend sur le cuiret; on la conduit dans la rainure du bec de corbin, d'où on la fait passer par la fente pratiquée à l'extrémité B de la perche aux chevilles i, i, i, où elle doit être fixée & suffisamment tendue. On met ensuite une petite piece de bois b d'une ligne ou environ d'épaisseur, qu'on appelle chanterelle, pour éloigner le cuiret du panneau, & y laisser un vuide qui permet à la corde de resonner. Sur le milieu de la perche en O, il y a une courroie de cuir qui sert de poignée, & qui entoure en - dessus la main gauche de l'arçonneur.

On voit, fig. 1. Pl. de Chapel, un ouvrier occupé à arçonner. L L, L L, sont deux treteaux qui portent une claie d'osier W, qui est assemblée avec deux autres H K, H K, placées à ses extrémités, & concave en - dedans, qu'on appelle dossiers; elles servent à retenir les matieres qu'on arçonne; deux pieces de peau M, M qui ferment les angles de la claie & des dossiers ont le même usage. L'arçonneur A tient de la main gauche, & le bras étendu, la perche de l'arçon qui est suspendue horisontalement par la corde D E qui tient au plancher; de la main droite, il prend la coche F, représentée séparément, fig. 10. c'est une espece de fuseau tronqué & terminé à chaque bout par un bouton plat & arrondi; il accroche la corde de l'arçon avec le bouton de la coche; la corde glisse sur la rondeur du bouton, & va frapper l'étoffe qui lui est exposée en G, ce qui la divise, & la fait aller de la gauche à la droite de l'arçonneur.

L'arçonneur commence par exposer à l'action de la corde, sur la claie, la quatrieme partie de l'étoffe; & il en forme en arçonnant, comme nous l'expliquerons tout - à - l'heure, une capade; puis il en forme une seconde, une troisieme, & une quatrieme. Un bon ouvrier arçonne ses quatre capades, avec l'étoupage & les dorures, c'est - à - dire les travers & les pointus, à - peu - près en une heure. On entend par l'étoupage, de petites portions d'étoffes qu'on détache en égale quantité de ce qui doit faire les capades, pour fortifier les endroits foibles du chapeau, quand on le bastit au bassin & à la foule. On verra plus bas ce que c'est que bastir. Ces endroits foibles qu'on étoupe s'appellent des molieres.

Dans la manoeuvre de l'arçon, après qu'on a placé l'étoffe sur la claie, on commence par la bien battre. Pour cet effet, on place la perche dans l'étoffe; on y chasse la corde de maniere qu'elle y entre & en ressorte; on continue jusqu'à ce que l'étoffe soit bien ouverte, & que les cardées soient bien effacées; pendant cette premiere manoeuvre, l'ouvrier fait tourner un peu la perche de l'arçon sur elle - même, par un mouvement du poignet de la main gauche, ensorte que la corde frappe bas & haut, & que l'étoffe soit éparpillée en tout sens, tant devant que derriere l'arçon. Alors il prend l'outil qu'on voit fig. 7. & qu'on appelle le clayon; c'est un quarré d'ofier dont le côté a un peu plus d'un pié; & qui a deux poignées; il s'en sert pour ramasser dans le milieu de la claie l'étoffe éparse. Quand elle y est, il la rebat encore un peu, & tâche en ne décochant que des coups modérés, de ne l'éparpiller que le moins qu'il peut. C'est ainsi qu'il la dispose à être voguée. Elle est prête à être voguée, lorsque ce n'est plus qu'un amas de poils si rompus & si fins que le souffie les feroit voler de tous côtés. Pour voguer, il place sa perche à - peu - près dans le milieu de l'étoffe, mais de maniere qu'il y en ait toutefois plus derriere que devant, sans que la corde soit dans l'étoffe; alors il tire la corde avec la coche dru & doux, & forme l'aîle de la capade, en donnant à l'étoffe la figure d'une pointe peu épaisse & peu large, telle qu'on la voit en a, bout de l'aîle, fig. 23. A mesure qu'il vogue, il rend les coups d'arçon plus forts, & l'étoffe en s'avançant d'a vers b, augmente en largeur & en épaisseur jusque sur la ligne c d alors l'ouvrier arçonnant moins fort, & diminuant de force depuis la ligne c d jusqu'au point b, dans la même proportion qu'il l'avoit augmentée depuis le point a jusqu'à la ligne c d, la capade diminue de largeur & de force, de maniere que la portion c a d est tout - à - fait semblable à la portion c b d. Il ne faut pas imaginer pour cela qu'elle soit de même épaisseur sur sa largeur entiere; son épaisseur va en diminuant depuis e jusqu'à c, & depuis e jusqu'à d; mais sa diminution en épaisseur est beaucoup moindre depuis e jusqu'à d, que depuis e jusqu'à c. Tout l'espace A B C D e est d'ailleurs assez épais pour qu'on ne voye point le jour à - travers, au lieu qu'on voit tout le jour dans tout l'espace a b c d A B C D. a, b s'appellent les ailes de la capade, c la tête, d l'arrête, A B C D, le lien, a b c d A B C D, le clair.

On travaille ainsi à l'arçon les capades; c'est a vec le clayon qu'on leur donne la forme précise qu'on voit fig. 23. car elles ne la prennent pas exactement à l'arçon: pour cet effet, on approche le clayon de l'étoffe, on en presse légerement les bords, on l'applique aussi. doucement dessus, on l'affaisse, observant de laisser toûjours le fort dans le milieu, & de réduire l'épaisseur d'un demi - pié qu'elle a prise à la vogue, à celle de deux doigts dans le milieu, au centre du lien; c'est alors que les parties commen, cent à s'unir un peu. Cela fait, on prend la peau de parchemin qu'on voit fig 8. & qu'on appelle la car; on la place sur la capade déjà abaissée par le clayon; on applique ses deux mains sur la carte, & on marche la capade. Marcher, c'est presser par petites secousses d'une main, de l'autre, parcourant ainsi en pressant des deux mains alternativement & légerement toute la surface de la carte, qu'on tient toùjours en respect avec les mains qu'on ne leve point; mais qu'on ne fait que glisser per - tout, en donnant les petites fecousses, afin d'approcher les parties sans s'exposer à aucun accident. On marche ou sur une des faces de la capade seulement, ou sur les deux; quand on a marché, on ôte la carte, on plie la capade en deux, ensorte que le bout d'une aîle tombe juste sur le bout de l'autre aîle, puis on l'arrondit. L'arrondir, c'est enlever avec les doigts ce qui déborde d'une des moitiés sur l'autre moitié, tant du côté de la tête que du côté de l'arrête. Ce qui provient d'étoffe dans cette opération, joint à ce qui en reste de la capade sur la claie, servira à l'étoupage. Ce que je viens de dire sur une des capades se fait de même sur routes les trois autres.

Quand les capades sont finies, on prend l'once de dorure, & on l'arçonne, c'est - à - dire qu'on la bat, rebat, & vogue; après quoi on la partage à la ba<-> nce en deux parties égales, de chacune desquelles on fait deux petites capades. Ces petites capades ont la forme des grandes; quant à leur consistence, elle est à - peu - près uniforme. On laisse de l'étosse de chaque petite capade une portion légere qui servira à faire les trevers, ou manchettes, ou bandes. Les capades & les travers sont figurés sous l'arçon & au clayon, & marchés comme les grandes; quand les travers ont été marchés, ils ont la forme d'un parallélogramme: alors on en prend un; on le plie sur sa longueur par plis égaux; puis on le plie en deux seulement sur sa hauteur, & onle rompt suivant cette derniere dimension, dans le pli; ce qui donne deux autres parallélogrammes de même longueur que le premier, & de la moitié de sa hauteur; ce sont les deux travers, on les a pliés pour pouvoir les diviser en deux parties égales, sans les déchirer. [p. 165]

Cela fait, on marchs les capades eu bassin; pour cet effet, on a une feutriere. La feutriere qu'on voit fig. 9. est un morceau de bonne toile de ménage, d'environ cinq piés de long, sur trois & demi à quatre de large; on la mouille uniment avec un goupillon, après l'avoir étendue sur le bassin, afin de la rendre molle & douce; mais il ne faut pas qu'elle soit trop humectée, sans quoi l'étoffe des capades prendroit à la feutriere, & seroit déchirée; on pose la capade sur la feutriere, la tête vers le bord supérieur; on la couvre exactement d'un papier un peu humecté & non ferme; on met une autre capade sur ce papier qui la sépare de la premiere; ces deux capades sont tête sur tête, arrête sur arrête. On ramene ensuite le bas de la feutriere sur les deux capades; on la plie en trois plis égaux selon sa hauteur; on la plie encore en trois plis égaux selon sa largeur, & l'on marche les capades renfermées dans la feutriere ainsi pliées; c'est - à - dire qu'on applique les mains dessus, & qu'on les presse par - tout par petites secousses: après quoi, des trois derniers plis, on met en - dehors celui qui étoit en - dedans, & en - dedans celui qui étoit en - dehors, on acheve de replier, & on remarche. Toutes ces opérations tendent à augmenter peu - à - peu la consistence; ce marcher des capa des est le commencement de ce qu'on appelle le bastissage. Le bassin sur lequel cela se fait est une grande table de bois qu'on voit fig. 2. autrefois concave dans le milieu, maintenant tout - à - fait plane; cette cavité étoit enduite de plâtre, on y metroit du feu, on la couvroit d'une plaque de fer, & l'on marchoit sur la plaque; mais on ne marche plus guere à feu. Ce que nous venons de dire des deux capades se pratique exactement sur les deux autres; on les enferme de même dans la feutriere séparées par un papier, & on les marche de même.

Après que les capades ont été marchées deux à deux, comme nous venons de le prescrire, on ouvre la feutriere, on enleve une des capades avec le papier qui la séparoit de l'autre qu'on laisse sur la feutriere, & qu'on couvre d'un papier gris qui a à - peu - près la forme d'une hyperbole quin'auroit pas tout - à - fait tant d'amplitude que la capade sur la même hauteur. On pose le sommet de ce papier hyperbolique, qu'on appelle un lambeau, à deux bons doigts de la tête de la capade qui est sur la feutriere; on mouille un peu le sommet du lambeau & la tête de la capade, & on couche sur le lambeau l'excédent de la tête de la capade sur le sommet de ce papier; on couche pareillement l'excédent des deux aîles de la capade sur les côtés du lambeau, d'où il s'ensuit évidemment qu'il s'est formé deux plis au moins à la capade en quelqu'endroit, l'un à droite & l'autre à gauche du sommet du lambeau. Il faut effacer ces plis, & faire ensorte que le lambeau soit embrassé exactement sur toute sa circonférence, par l'excédent de la capade sur lui, sans qu'il y ait de plis nulle part: pour cet effet, on pose le dessous des doigts de la main gauche sur le bord gauche de la capade, en appuyant un peu, pour tenir tout en respect, & l'on détire doucement le pli de ce côté, avec les doigts de la droite, jusqu'à ce qu'on l'ait fait évanouir; on en fait autant au pli du côté droit, en tenant tout en respect avec le dessous du bout des doigts dela droite, & détirant l'étoffe qui prête, avec les doigts de la gauche. Quand ces plis sont bien effacés, on prend l'autre capade, que j'appellerai b, & on la pose sur le lambeau que la premiere, que j'appellerai a, tient embrassé; on retourne tout cet appareil; on couche les bords excédens de la capade b, sur la capade a, ensorte que cette capade a soit embrassée par - tout par la capade b, comme la capade b embrasse le lambeau qui les sépare. On efface les plis de cette capade b, comme on a effacé ceux de la capade a; mais le lambeau n'ayant pas à beaucoup pres autant d'amplitude que les capades qui le renferment, il reste ordinairement à droite & à gauche, au - bas des capades, au bord de leurs arrêtes, deux petites places que le lambeau ne couvre point, & où les capades se toucheroient & se prendroient, si on n'y inséroit deux petits morceaux de papier qui servent, pour ainsi dire, de supplément au lambeau. Aussi a - t - on cette attention; il faut bien se ressouvenir que tout cet appareil est placé sur la feutriere, la tête des capades étant à une petite distance de son bord supérieur.

Cela bien observé, on prend la seutriere par son bord supérieur, & on en couche sur la tête des capades, la partie dont elle les excede, & qui est àpeu - près de quatre doigts; on prend ensuite le bord inférieur de la feutriere, & on le ramene jusqu'en haut de cet appareil, ensorte que l'appareil des capades & du lambeau soit entierement renfermé dans cette grande toile, & que le tout ait à - peu - près l forme quarrée de la fig. 24, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Après quoi prenez l'angle 1, portez le point 1 au point 10, & formez - le pli 9, 2. Prenez l'angle 4; portez le point 4 au point 11, & formez le pli 5, 3. Prenez l'angle 6; portez le point 6 au point 15, & formez le pli 7, 16, qui prolongé passeroit par l'angle 4. Prenez l'angle 15; portez - le au point 14, & formez le pli 13, 12 parallele au pli 9, 2.

Il est évident qu'aprés ces opérations tout votre appareil aura la figure extérieure 2, 9, 8, 7, 16, 3, 2. Faites trois plis égaux entr'eux & paralleles au pli 7, 16, ensorte que le bord du premier pli tombe sur le pli 9, 2, & que la ligne 17, 14, si on la tiroit, fût partagée en quatre parties égales par le moyen des plis qui la couperoient perpendiculairement en trois endroits. Voilà ce qu'on appelle former ses croisées.

Ces croisées formées, poser vos deux mains dessus & marchez. Cela fait, dépliez & formez les mêmes croisées, mais en commençant par l'angle 4, ensorte que toutes les croisées soient toutes jettées du côté de cet angle, comme on les voit jettées dans la fig. du côté de l'angle 1. Posez vos mains sur ces nouvelles croisées & marcher; cela s'appelle marcher sur les cótés.

Dépliez & ne laissez que les deux plis 9, 2; & 3, 5. Prenez le bord 8, 7, 6, & formez, les uns sur les autres, trois plis paralleles à 8, 7, 6, ensorte que le dernier de ces trois plis tombe sur 2, 3, & que tout l'espace 8, 9, 2, 3, , 6, 7, 8, soit partagé en quatre bandes paralleles & de même hauteur. Appliquez vos mains & marchez. Cela s'appelle marcher sur l'arréte.

Dépliez & ne laissez que les deux plis 9, 2 & 3, 5. Prenez le bord 2, 3, & formez les uns sur les autres trois plis paralleles à 2, 3, ensorte que le dernier tombe sur 8, 7, 6, & que tout l'espace 2, 3, 5, 6, 7, 8, 9, 2, soit partagé en quatre bandes paralleles & de même hauteur. Appliquez vos mains & marchez. Cela s'appelle marcher sur la tête; & l'opération entiee, suivre ses croisées.

Quand on a suivi ces croisées, on déplie premierement les trois grands plis paralleles, puis les deux angles 192, 345; on abaisse la feutriere; on ouvre les capades; on ôte le lambeau d'entre elles, avec les deux papiers des côtés, on les décroise. Pour entendre ce que signifie ce mot décroiser, dont nous nous servirons souvent, il faut se rappeller que l'assemblage des deux capades a à - peu - près la forme d'un cone, sur les deux côtés duquel ces capades commencent à se lier par des portions dont elles sont repliées l'une sur l'autre: or décroiser, c'est déplier ce cone, & le plier ensuite de maniere que ce qui occupoit les côtés occupe le milieu, & que ce qui,

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