Dictionnaires d'autrefois
Dictionnaires des 17ème, 18ème, 19ème et 20ème siècles

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Il y a 8 entrées dans Nicot, Thresor de la langue française (1606) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762) (Go), Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5) (Go)

Nicot, Thresor de la langue française (1606)

aller (Page 26)

Aller en pointe, ou en appointant, Estre pointu, In mucronem migrare, Desinere in mucronem, vel metam.

Aller en grossissant, In turbinem desinere.

Aller en quelque lieu, ou à quelqu'un pour parler à luy, Aggredi aliquem de re aliqua.

Aller en quelque peregrination, Suscipere profectionem.

S'en aller en quelque ville, Vrbem aliquam capessere.

Aller en rond, In orbem ire.

Aller apres aucun, Comitari.

Aller apres aucun, et le suivre de pres, Subsequi.

Avant qu'on allast par devant le Juge, Antequam in ius aditum esset.

Aller par dessus, Superuadere.

Aller par devers aucun, Prodire in conspectum alterius.

J'alloy par devers toy, Ibam ad te.

Aller par eauë, Ire nauigio.

Aller par force, Vi agere.

Aller par justice, Litem disceptatione finire. B. ex Cic.

Il alla par toute l'Egypte, Obiit AEgyptum.

Aller par les maisons de ses amis, Obire domos amicorum.

Aller par tout païs, Obire terras.

Aller par tout un païs, Peragrare.

Aller par toute la province, Obire prouinciam.

Aller par toutes les fermes, Obire colonias.

Aller pour revenir, Commeare.

Aller sur l'eauë à voiles desployez, Velificare, vel Velificari.

Aller sur le lieu, In rem praesentem excurrere.

Aller sur les champs en païs loingtain et estrange, Peregrinari.

Aller sur la mer, Conscendere aequor nauibus.

Aller vers aucun, Ad aliquem adire, Accedere ad aliquem.

Aller vers aucun au marché, Ad aliquem ad forum transire.

Cependant qu'on alloit vers celles là, Ad eas cum accederetur.

Il va vers eux, Tendit ad eos.

Qui ne sçait que c'est d'aller sur mer, Imprudens maris homo.

Qui sçait aller et parler, Vrbanus.

Aller ça et là, de costé et d'autre, Errare, Inerrare, Oberrare, Pererrare, Vagari, Commeare vltro citroque.

Aller aucunement à la raison, Partem aliquam aequi bonique dicere.

Allant en avant, Progrediens.

Aller plus avant, Progredi.

Pleust à Dieu que les choses n'allassent point plus avant, Defunctum vtinam hoc sit modo.

Que ceux qui ne demandent que noise entre nous deux, s'en aillent d'avec nous, Valeant qui inter nos dissidium volunt.

Aller dedans, Immeare, Introire.

Aller devant, Antecedere, Anteire, Praecurrere, Praegredi, Praeire.

Mener et aller devant, Ducere agmen.

S'en aller devant en quelque lieu, Praeuertere et Praeuerti, deponens.

Aller devant que les autres, Tempus antecapere.

Qu'on s'en aille, Discedatur.

Qu'elle s'en aille, Haec hinc facessat.

Qu'il s'en aille d'icy, Valeat.

Dieu vueille que tout aille bien, Dij approbent. B. ex Cic.

Aller droit à son ennemy, Gradum cum hoste conferre.

Aller droit en aucun lieu, Recta tendere aliquo.

Aller droit en Italie à grandes journées, Contendere magnis itineribus in Italiam.

Aller droitement en besongne, Gradum bona fide conferre.

Aller hastivement, Decurrere, Accelerare, Gradum accelerare.

Aller hors du chemin, Declinare de via.

S'en aller hors de la maison, Ducere se ab aedibus.

Aller jus, Abire pessum, Pessum ire.

S'en aller legerement, Auolare, Proripere se.

Ne va point loing, Ne t'esloigne point, Non longe abieris.

Aller bien loing au devant, Procedere obuiam.

Sans aller plus loing, etc. Vt ne longius abeam, declarat, etc.

Aller lourdement, Balbe non artificiose ambulare.

Aller quant et quant quelqu'un, Gradum conferre.

Aller son chemin, Abire viam suam.

Souvent aller, Aditare.

Aller souvent en quelque lieu, Locum aliquem celebrare.

Aller souvent avec aucun, ou en quelque lieu, Frequentare aliquem.

La chose alloit tres-bien et s'advançoit, Prorsus ibat res.

C'est bien allé, Bene agitur.

Le ventre s'en est allé, Il n'est plus si enflé qu'il estoit, Recessit venter, Detumuit venter.

Aller boire, Venire ad potum.

Aller l'amble, Tolutim incedere.

S'en aller dormir, Petere somnum.

Aller hucher ou appeller, Arcessere, vel Accersere.

Aller querir, Accire, Ire accersitum.

Aller veoir, Visere, Conuisere.

Allons veoir, Eamus visere.

aller (Page 27)
Aller de plus grande singlée, ou singleure, Velis maioribus moueri vel ferri. B. ex Quintil.

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Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694)

ALLER (Page 28)
ALLER. v. n. Marcher, se mouvoir sur ses pieds d'un endroit à un autre, d'un lieu à un autre lieu, soit proche, soit éloigné. Il se dit des hommes & des animaux. C'est un homme qui peut aller tout le jour sans se lasser. ce cheval ne veut plus aller.

Ce verbe est fort irregulier.

Au present. Je vais, tu vas, il va, nous allons, vous allez, ils vont.

A l'imparfait. J'allois &c.

Au parfait. Je suis allé, tu es allé, il est allé &c. On ne s'en sert que pour marquer le mouvement actuel, & la maniere d'aller. Il est allé à Versailles. ils sont allez à Fontainebleau. comment y estes- vous allé. j'y suis tousjours allé à cheval. On se sert du parfait du verbe Estre. j'ay esté. tu as esté &c. pour marquer qu'on est revenu du lieu où l'on estoit allé. J'ay esté à Versailles, vous avez esté à Fontainebleau, il a esté à Chambord.

A l'Aoriste. J'allay, tu allas, il alla, nous allasmes, vous allastes, ils allerent.

Au plus que parfait. J'estois allé &c.

A l'Imperatif. Va, allez, allons, qu'il aille.

Au futur. J'iray, tu iras &c.

Aux temps du subjunct. Que j'aille, que j'allasse, j'irois, je serois allé.

Aller, au sens de marcher, Se dit avec toutes les differentes manieres dont marchent les hommes & les animaux. Aller à pied. aller à grand pas. à petit pas. aller bon pas. aller l'amble. aller le trot.

Aller, Signifie aussi estre porté, transporté d'un lieu à un autre, en quelque maniere que ce soit. Aller à pied. aller à cheval. aller en carrosse. aller en bateau. aller en chaise, en relais, en litiere.

Aller, Se dit avec les noms de tous les lieux où l'on peut aller. Aller à Rome. à Constantinople &c. aller en Italie, en Espagne, aux Indes, au Japon &c. à l'Amerique. à la Chine. aller au Cours. aller au Cabaret. aller aux Tuilleries &c.

Il se dit avec les noms de toutes les choses pour lesquelles on va. Aller en ambassade. aller en pelerinage. aller en voyage. allons à la Messe. nous irons en vendange. il est allé au Sermon. ils ont fait partie pour aller à l'opera, à la Comedie. aller au vin. aller au pain. aller aux fraises. aller aux écoutes. aller aux nouvelles. aller au conseil.

On dit. Aller aux opinions, pour dire, Recuëillir, prendre les opinions.

On dit. Aller au feu, pour dire, Aller secourir ceux dont la maison brule, & pour dire aussi s'avancer vers les ennemis pour les combattre sans craindre leurs armes à feu. Les soldats François vont au feu & ne craignent rien.

Il se dit aussi avec les noms des personnes vers lesquelles on va pour quelque chose que ce soit. Allez au Roy, il vous fera rendre justice. il faut pour un tel cas aller à l'Evesque. aller au Pape. il a esté obligé d'aller au grand Penitencier. il a eu la folie d'aller au devin. aller aux ennemis. C'est avancer vers eux pour les combattre.

Il se dit avec toutes les sortes de voyes, de routes, de chemins par où l'on peut aller. On y va par mer & par terre. nous irons par eau. aller par la montagne. on ne peut y aller que par les bois, par les marests.

Aller, Se dit avec plusieurs adverbes & manieres adverbiales. Aller viste. aller doucement. aller droit. aller en avant, en arriere, par derriere, à costé. aprés, devant, de travers, à l'entour. aller à tastons. aller contre mont, contre le vent.

Aller au contraire. C'est s'opposer à ce que veut un autre.

Aller à l'encontre. C'est le mesme sens.

Aller à la rencontre. C'est aller pour rencontrer quelqu'un.

Aller au devant de quelqu'un. C'est aller sur le chemin par où il revient pour le voir au plustost.

Aller au devant, Se dit aussi au figuré & signif. Prevenir, prendre des precautions.

Aller, Se dit quelquefois absolument. Il faut aller. allons donc. il faut que j'aille quelque temps qu'il fasse. il ne fait qu'aller & venir. quand on est dans un bateau on ne se sent pas aller. allons nous.

Aller, Se dit de toutes les choses, soit naturelles, soit artificielles, qui ont un mouvement d'un lieu à un autre. Les Planettes vont incessamment. toutes les eaux des rivieres vont à la mer. les nuées alloient du levant au couchant. les Galleres sont allées à Gesnes. nos vaisseaux vont dans toutes les mers du monde. à l'heure que les carrosses alloient au Cours. les charettes ne vont plus par cette route.

Aller. Se dit des machines & de leurs parties, qui ont quelque sorte de mouvement. Ma montre ne va plus. on a empesché le moulin d'aller. ce ressort ne va point. la pompe ne pourra aller que dans deux heures. il y a quelque chose qui empesche que cette rouë n'aille.

Aller, Se dit aussi des choses qui n'ont point de mouvement, mais qui ont quelque rapport au mouvement, que le mouvement peut mesurer, ou qui peuvent mesurer le mouvement comme le temps, la durée, l'étenduë, le nombre. Le temps va tousjours, rien ne va plus viste que le temps. son discours ne va qu'à une demie heure. la Forest va depuis le village jusqu'à la riviere. le chemin va en tournant. la ligne n'alloit pas d'une marge à l'autre. cette montagne va jusqu'aux nuës. la barbe de ce vieillard alloit jusqu'à sa ceinture. ses cheveux ne vont qu'à l'oreille. la depense ira plus loin qu'on ne pensoit. ce calcul va bien haut.

Aller. Se dit aussi pour marquer le terme, la fin, le bout de quelque chose qui a de l'étenduë, & il signifie Aboutir, finir, se terminer. Ce chemin va à l'Eglise. cette piece de terre va en pointe.

En ce sens, Il se dit aussi de toutes les autres choses, qui ont commencement & fin. Les plus grands desseins des hommes vont à bien peu de chose. toutes les differentes manieres de vivre vont égallement à la mort. toute son entreprise est allée à rien. vostre affaire va là, ira là.

Aller. Se dit fig. de toutes les actions, les passions, les facultez de l'ame pour en marquer la force, la promptitude, les effets. Il n'y a point d'homme dont l'esprit aille jusques là. son imagination va si loin qu'elle se perd. le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. tous ses desirs vont là. cette vengeance est allée trop loin. son amour va jusqu'à l'excez va jusqu'à la folie.

Aller, Se dit aussi fig. pour marquer toutes sortes de progrés, soit en bien, soit en mal, & dans toutes sortes d'ouvrages, d'arts, de sciences, de commerce, d'affaires, de conduites, soit en parlant des choses, soit en parlant des personnes. Ces ouvriers vont bien lentement. ce bastiment est allé bien viste. cet homme ira bien loin dans les arts, dans les sciences. dans les affaires. cette affaire est allée plus loin qu'on ne pensoit. il ira tousjours de mal en pis. cette autre affaire va de bien en mieux. toute cette maison va en decadence. le commerce ne va plus. aller de vertu en vertu, de dignité en dignité, c'est un debauché qui va de vice en vice. un scelerat qui va de crime en crime.

Aller, Se dit encore fig. pour marquer les intentions des hommes, & toutes les sortes de fins qu'ils se proposent dans leurs actions, dans leur conduite. Il signifie alors Tendre, pretendre, aspirer. Aller à la gloire. aller à l'immortalité. aller à l'honneur, à la fortune. cet Abbé va à l'Episcopat. ce Bourgeois va à l'Echevinage. c'est un adroit qui va à ses fins.

Aller, Se dit encore fig. en parlant des differens moyens dont les hommes se servent pour avoir ce qu'ils pretendent, & alors il signifie, Agir, proceder, se conduire. Il est allé par les voyes de droit. n'allez point par des voyes de fait. aller à la fortune par les voyes de l'honneur. la pluspart y vont par de méchantes voyes. cet homme n'ira jamais que par detours & par artifice. aller aux grands emplois par la faveur.

Aller, Signif. estre bien ou mal, dans une disposition convenable ou non convenable. Il se dit des personnes & des choses qui peuvent estre dans ces differentes dispositions. Comment va vostre santé? On dit aussi dans le mesme sens. Comment vous en va? tout va bien. tout ira bien. ses affaires vont bien, vont mal. ne vont pas trop bien. ce rabas va mal. cet habit n'ira jamais bien. sa perruque alloit de travers. cela ne va pas comme il faut.

On dit dans le mesme sens. Cela vous va bien, ou vous va mal, pour dire, Cela vous sied, ou ne vous sied pas.

Aller ensemble, Signifie quelquefois Estre ensemble, convenir ensemble. Il se dit des choses qui ont de la liaison ou de la convenance entre elles. Ces deux bas vont ensemble. ces deux gands vont ensemble. ces deux pieces vont ensemble, ne les separez pas ces deux raisons doivent tousjours aller ensemble.

Aller de pair, Signif. Estre égal, estre pareil, soit en condition, soit en noblesse, soit en bien, &c. Ces deux maisons vont de pair pour la noblesse. ces deux sçavans, ces deux braves alloient de pair. ces deux femmes vont de pair pour la beauté. il va de pair avec les plus grands Seigneurs.

Aller, Se met devant presque tous les verbes, & sert à exprimer que les choses signifiées par ces verbes sont sur le point de se faire. Voyons ce qu'il va dire. il va vous tromper. allons disner. j'allois me coucher. ils vont partir. le jour va finir. c'est un homme qui va mourir. le bruit alloit cesser.

Lorsque ces verbes ont le pronom possessif, comme se battre, se promener, on transpose souvent le pronom, & on le met devant le verbe. s'aller battre. s'aller promener. S'aller réjoüir, Se dit de mesme qu'aller se battre & se promener, se rejoüir &c.

Aller, Se met aussi quelquefois devant des verbes, pour donner seulement plus de force à l'expression. Il s'est allé s'embarasser dans cette affaire. Au lieu de dire simplement, il s'est embarassé dans cette affaire. Il est allé servir de caution. quoy iroit-il se marier sans le consentement de son pere. Il ne se dit qu'en mauvaise part.

Aller, Se mettoit autrefois avec le gerondif de tous les verbes. Il va aimant. il va souffrant.... On ne le met plus que pour exprimer une chose dans laquelle il y a du mouvement, ou qui a rapport au mouvement. Il alloit criant par la ville, un ruisseau qui va serpentant. ces montagnes vont s'estendant. cette plaine va s'eslargissant.

Aller, Se met quelquefois avec le participe passif, & sert à exprimer que la chose dont on parle est sur le point d'estre faite, d'estre finie. Cela s'en va fait. le Sermon s'en va dit. le Caresme s'en va finir.

Aller, à l'imperatif. Va, allez, allons. Il ne se dit que pour faire un commandement, un souhait, une imprecation.

Il se dit dans le sens d'aller au propre. Va-t'en à pied, va comme tu pourras. allez par mer plustost que par terre. allons tout doucement. allez en paix. allez, à la bonne heure, à la malheure.

Allons, Se dit dans le sens d'agir, & s'employe pour exciter à faire quelque chose. Allons enfans, allons il faut abbattre aujourd'huy ce reste de mur. allons Messieurs, allons finissons.

Va, Allez, Sont quelquefois des manieres d'interjection qui marquent de l'indignation, de la colere de la vengeance. Va malheureux, va impudent. hé! va, va. allez, vous ne meritez pas que &c... allez, n'avez-vous point de honte.

Aller, Se dit dans quelques jeux, comme au berlan & au lansquenet, on s'en sert pour dire, ce que l'on veut hasarder en joüant. De combien allez-vous sur cette carte, j'y vais de deux pistoles, j'y vais de tout mon reste. sur une seule carte il alloit de cent pistoles.

Aller, Se dit dans quelques expressions dont on se sert en parlant de certaines necessitez & infirmitez du corps. Aller à la garderobbe, pour dire, Descharger son ventre. Aller par haut & par bas. ce malade laisse tout aller sous soy.

Aller, Prend souvent l'infinitif Faire devant soy. Faire, aller. Il se dit dans tous les sens d'Aller, soit au propre, soit au figuré. Faites aller ce cheval. quand fera-on aller cette horloge. faire aller une affaire. il fait bien aller la cuisine, &c. On dit absolument, qu'On fera bien aller quelqu'un, pour dire, qu'On luy fera bien faire ce qu'il faut qu'il fasse.

Aller, Prend aussi l'infinitif Laisser devant soy. Laisser aller. Il se dit dans tous les sens d'aller, soit au propre, soit au figuré. Laissez-moy aller. laissez aller ce cheval. laissez aller ce ressort. laissez aller l'eau au moulin. laisser aller le monde comme il va.

Il se dit particulierement en parlant du maintien, de la posture, & signifie ne pas soustenir son corps, Il laisse aller tout son corps. ne laissez pas aller vos bras comme vous faites. En ce sens on dit absolument, Il se laisse aller.

Se laisser aller à quelque chose. C'est ne pas resister à ce qui fait impression sur nous. Il se dit en phisique & en morale. Il se laissa aller au courant de l'eau. se laisser aller au torrent. se laisser aller à la tentation. à la douleur, à la tristesse, au desespoir. je me suis laissé aller à ses prieres. il se laisse aller à la faveur, aux presens, aux sollicitations, &c.

En ce sens, il se dit aussi quelquefois absolument. C'est un homme qui se laisse aller. la pauvre fille s'est laissée aller.

En aller, signifie, Sortir, partir d'un lieu. Je ne le trouve plus il est en allé, les hyrondelles sont en allées. Quand verra-t-on en aller tous ces parasites, je les ay vû en aller. ils sont en allez. ils estoient en allez. Il ne se dit qu'à l'infinitif, & au temps passé.

En aller, Prend souvent l'infinitif, Faire devant soy. Faire en aller. Il signifie faire sortir d'un endroit. Faire en aller tout le monde. on ne sçauroit faire en aller ces mouches. il a un secret pour faire en aller les punaises.

Il se dit souvent en parlant de certaines choses, & signifie les oster, faire qu'elles ne soient plus, qu'elles ne paroissent plus. De la pommade pour faire en aller les rousseurs du visage. un secret pour faire en aller la fiévre, la goutte, une pierre pour faire en aller les tasches de dessus les habits.

En aller, impersonnel, On s'en sert au lieu du verbe estre. Il en va de cette affaire comme de l'autre. il n'en ira pas ainsi. il n'en ira pas de cela comme vous pensez.

S'en aller, Qui est le verbe aller avec le pronom personnel, & la particule en, signifie partir d'un lieu. Il s'en est allé, le voila qui s'en va. il veut absolument s'en aller.

Il se dit figurement en ce sens pour marquer le declin, la fin de la vie, Les jeunes gens viennent, & les vieillards s'en vont. cet homme est bien mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles.

S'en aller, Se dit aussi de toutes les choses qui sortent, en quelque maniere que ce soit d'où elles estoient, soit en s'écoulant, soit en s'évaporant, &c. Le vin s'en est allé par un trou de ver. On dit aussi dans le mesme sens. Le tonneau s'en va, s'en est allé. la fumée s'en va par la cheminée. toute la sausse s'en est allée. les excremens s'en vont par les conduits naturels.

S'en aller, Se dit aussi de tout ce qui cesse d'estre dans un sujet. On ne croit pas que sa fiévre s'en aille si-tost. l'éclat de son teint s'en est allé. son mal s'en va petit à petit. cette tache s'en ira à la premiere lexive. son rumatisme s'en est allé par les sueurs.

S'en aller, Se dit aussi de tout ce qui se consomme, qui s'use en quelque maniere que ce soit. Tout son argent s'en va en procez. tout son temps s'en est allé à cette affaire. voilà un habit qui s'en va.

S'en aller, Se dit dans les jeux de cartes, & signifie, Se deffaire d'une ou de plusieurs cartes en joüant. Allez vous-en de vostre carreau. je m'en suis allé de mon Roy de pique. Il faut s'en aller des plus hautes cartes pour aider au contre.

Y aller, Signifie, Aller quelque part. J'iray par tout où il vous plaira. on souhaitoit qu'il allast au voyage, il n'a pas voulu y aller. j'y vay, quand y allez-vous.

Y aller, Signifie quelquefois Agir dans une affaire quelle qu'elle soit. Cette entreprise est bonne, mais il faut y aller avec de grandes precautions. il y est allé de bonne foy. il y alloit sans malice.

Y aller, impersonnel. On s'en sert, pour dire, Dequoy il s'agit. Il y va de sa teste. il y va de vostre honneur. quand il y iroit de ma vie. il n'y va pas moins que d'un Royaume. il y alloit de tout son bien. il y va du salut.

On dit prov. & figurement. Aller son chemin, pour dire, Faire des progrez dans ses affaires.

Aller son grand chemin, pour dire, Agir sans artifice.

Aller à tout vent, pour dire, N'avoir point de resolution.

Aller viste en besogne, pour dire, Expedier les affaires, & pour dire aussi, agir avec precipitation.

Aller & venir comme poids en pot, pour dire, Se donner beaucoup de mouvement sans sujet.

Ne faire qu'aller & venir, pour dire, Ne point avancer dans une affaire.

Sçavoir aller & parler, pour dire, Avoir de l'esprit & de la conduite.

A force de mal aller tout ira bien, pour dire, Que ce qu'on croyoit devoir nuire à une affaire y servira.

On l'a bien hasté d'aller, pour dire, On luy a fait une rude reprimande.

Un las d'aller, pour dire, Un paresseux, un feneant qui ne veut point travailler.

A la presse vont les fous, Pour dire, qu'On ne doit point encherir une chose à l'envy de plusieurs personnes qui s'empressent de l'avoir.

On va bien loin depuis qu'on est las, pour dire, qu'Il ne faut pas se decourager dans les affaires.

Tous chemins vont à Rome, pour dire, qu'Il y a plusieurs moyens de reussir dans une affaire.

Les premiers vont devant, pour dire, Que ceux qui sont diligents, ont toûjours de l'avantage.

Tousjours va qui danse, pour dire, Qu'Une chose se fait tant bien que mal.

Il va comme on le mene, pour dire, Il n'est pas capable de prendre une resolution de luy-mesme.

Cela va tout seul, pour dire, qu'Une affaire est sans difficulté, qu'elle est en bon estat.

Cela va comme il plaist à Dieu, pour faire entendre qu'Une affaire est negligée, que l'on n'en prend pas de soin.

Cela s'en va sans dire, Pour marquer une chose incontestable, & qui n'a pas besoin d'estre exprimée pour estre entenduë.

Il s'en est allé comme il est venu, pour dire, Il n'a rien fait de ce qu'il vouloit faire.

Tout s'en est allé en fumée, pour dire, qu'On n'a pas reussi.

Tout y va la paille & le bled, pour dire, qu'On n'y épargne rien.

Il n'y va pas de main morte, pour dire, Il frappe rudement.

Aller, Est quelquefois substantif masculin, & n'a guere d'usage que dans les proverbes suivans.

Au long aller petit fardeau pese.

Il a eu l'aller pour le venir, pour dire, Il n'a rien fait de ce qu'il pretendoit faire où il estoit allé.

Donner l'aller & le venir, pour dire, Donner deux soufflets tout de suite.

Pis Aller. s. m. Le moindre advantage qu'on puisse avoir. S'il ne peut espouser cette fille-là, cette autre sera son pis aller. si vous ne trouvez pas mieux, je seray vostre pis aller.

Au Pis Aller. adverb. Il sert à marquer le plus grand mal ou le moindre advantage qui puisse arriver de quelque chose. Quand son pere le desheritera, au pis aller il aura encore le bien de sa mere. au pis aller il en sera quitte pour une amende.

Allant. adj. v. Il n'a point de feminin. Qui va, qui vient. Les allants & venants. à tous allants & venants. cette maison est ouverte à tous allants & venants.

Allant, allante. subst. Qui s'intrigue fort, qui se fourre par tout. C'est un allant, une allante.

Allées & venues. s. f. pluriel. Les pas qu'on fait pour une affaire. Aprés plusieurs allées & venuës, enfin il fut conclu que...

Allée. subst. f. Passage entre deux murs dans une maison. Longue allée. allée obscure. allée estroite. il ne faut pas embarrasser l'allée. la porte de l'allée.

Allée, Se dit aussi d'un lieu propre à se promener qui va en longueur, & qui est bordé d'arbres, ou de verdure. Ce bois est agreable, il est tout planté en allées. il se promene dans la grande allée du jardin. longues allées. belle allée. allée double. allée à perte de veuë. allée couverte. planter des allées d'ormes, de tilleuls, de noyers, &c.

Alleure. s. f. On prononce Allûre, Desmarche, façon de marcher. Contrefaire son alleure. je le connus à son alleure. cette haquenée a une alleure fort douce.

Au pluriel il ne se dit que des chevaux. Ce cheval, cette haquenée a les alleures belles. de belles alleures.

Alleure, signifie aussi, Sorte de voiture. L'Alleure du carrosse est plus commode que celle du coche.

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Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762)

ALLER. v.n. (Page 53)
ALLER. v.n. Je vais, tu vas, il va. Nous allons, vous allez, ils vont. J'allois. Je suis allé. J'allai J'irai. J'irois. Que j'aille. Que j'allasse. Allant. Allé. Se mouvoir, se transporter d'un lieu à un autre. Aller vîte. Aller doucement. Aller lentement. Aller en avant. Aller en arrière. Un homme qui va à grand pas, à petits pas. Un cheval qui va bon train, qui va le trot, qui va l'amble, qui va le pas, qui va à l'aise. Aller à pied. Aller à cheval. Aller en carrosse. Aller en bateau. Aller en chaise. Aller en poste. Aller en relais. Aller à Rome. Aller à Paris. Aller en Italie. Aller en Espagne. Aller aux Indes. Aller au Japon. Aller à la Messe. Aller à Vêpres. Aller à la guerre. Aller à l'armée. Aller à un siège. Aller à la chasse. Aller en Ambassade. Aller en pélerinage. Aller en parti. Aller à la petite guerre. Aller aux nouvelles. Aller aux écoutes. Aller par mer, aller par bateau. Il ne fait qu'aller & venir. Aller contre vent & marée. Aller au devant de quelqu'un. Aller à la rencontre de quelqu'un.

On dit quelquefois, Je fus, j'ai été, j'avois été, j'aurois été, pour J'allai, je suis allé, j'étois allé, je serois allé. V. le verbe ÊTRE.

Il signifie aussi, Se mouvoir, ou être mu vers quelque endroit. Les rivières vont à la mer. Les nuées alloient du levant au couchant. Les galères vont à voile & à rame. Les vaisseaux alloient à toutes voiles, à pleines voiles. Les planètes vont continuellement.

On dit, Aller au combat, pour dire, S'avancer pour combattre. Aller aux ennemis, pour dire, S'avancer vers les ennemis pour les combattre, pour les charger; & cela ne se dit proprement que quand les armées sont à portée l'une de l'autre, ou en présence.

On dit, Aller bien, pour dire, Être dans le bon chemin: Et, N'aller pas bien, pour dire, N'être pas dans le bon chemin. Allons-nous bien, sommes-nous dans le bon chemin? Il me semble que nous n'allons pas bien.

En termes de guerre, on dit, Aller au feu, pour dire, S'exposer au feu des ennemis, s'exposer à essuyer leur feu. Et en parlant d'un homme qui s'y expose bravement & de bonne grace, on dit, qu'Il va au feu comme à la noce.

On dit, Aller aux opinions, aux avis, pour dire, Recueillir les opinions, les avis. On dit aussi, Aller au conseil, pour dire, Demander conseil à quelqu'un: Et Aller au Devin, pour dire, Consulter le Devin.

En parlant des choses qui dépendent de l'autorité, de la juridiction de quelqu'un, on dit, qu'Il faut aller à lui pour cela, pour dire, Que c'est à lui qu'il faut s'adresser. Il faut aller au Roi pour cela. Il a été obligé d'aller au Pape, d'aller à l'Évêque.

ALLER joint avec les infinitifs des verbes, sert quelquefos à signifier, Se mettre en mouvement pour faire quelque chose. Aller se promener, aller travailler, aller étudier.

Quelquefois il sert à marquer les choses qui sont sur le point d'être faites. Nous allons voir ce qu'il va dire. Ils vont partir. Le jour va finir. Un homme qui va mourir, qui s'en va mourir.

Il s'emploie quelquefois de telle sorte avec le gérondif des verbes, que tous deux ensemble ne signifient que la même chose que le gérondif, avec lequel il est joint. Ainsi on dit, Un ruisseau qui va serpentant. Il alloit criant par la ville, pour dire, Un ruisseau qui serpente, Il crioit par la ville, & ainsi du reste. On dit, qu'Un homme s'en va mourant, pour dire, qu'Il est sur le point de mourir.

ALLER Se dit aussi du mouvement & de l'effet de certaines choses artificielles. Une montre qui va trente heures. Ce ressort ne va plus. Faire aller un moulin. Il y a quelque chose qui empêche la roue d'aller.

Il se dit aussi pour marquer l'écoulement du temps, & la durée du temps qui a été employé à quelque chose. Le temps va toujours. Rien ne va plus vîte que le temps. Son discours n'ira qu'à une demi-heure. Les ouvriers vont bien lentement. Ce bâtiment-là est allé fort vîte.

Il se dit aussi pour marquer l'étendue de certaines choses. La forêt va depuis le village jusqu'à la rivière. Cette montagne va jusqu'aux nues. Ses cheveux vont jusqu'à la ceinture. Un manteau qui va jusqu'à terre.

Il sert aussi à marquer la manière dont une chose est figurée. Une pièce de terre qui va en pente. Cela va en rond.

Il sert aussi à marquer où méne un chemin, où il aboutit. Ce chemin va droit à l'Église.

Il se dit aussi pour marquer à quoi se montent des nombres, des sommes, des supputations. Ce calcul va bien haut. Les nouvelles levées vont à trente mille hommes. La dépense ira plus loin qu'on ne croit.

ALLER Sert aussi à marquer, tant au propre qu'au figuré, le progrès en bien ou en mal, des personnes & des choses. Il n'y a point d'homme dont l'esprit aille jusque-là. Son imagination va si loin, qu'elle se perd. Le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. Cette vengeance est allée trop loin. Son amour va jusqu'à l'excès, va jusqu'à la folie. C'est un homme qui ira bien loin dans les Arts, dans les Sciences. Cette affaire ira plus loin qu'on ne pense. Cela va de mal en pis. Sa santé va de mieux en mieux. Une maison qui va en décadence.

Il sert aussi à marquer l'aboutissement & la fin de quelque chose. Toute son entreprise est allée en fumée, est allée à rien. Cette affaire va là. Tous ses voeux vont à la Paix, vont au bien de l'État.

On dit, qu'Un homme va toujours au bien, pour dire, qu'Il tend toujours au bien. Et lorsque des personnes qui disputent ensemble, commencent à s'échauffer un peu trop, on dit, Cela va trop loin. Cela pourroit aller trop loin.

ALLER Se dit aussi pour signifier la manière dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses. Aller vîte en besogne. Il ne faut pas reprendre avec aigreur, il faut y aller doucement. Il n'y faut pas aller si rudement. La chose est bonne en elle-même, mais il faut y aller avec de grandes précautions. Il y va de bonne foi. Il y va à la bonne foi, tout à la bonne foi. Il est allé par les voies de droit, par les voies de fait. Aller à la fortune par des voies d'honneur, par de méchantes voies. Aller aux grands emplois par la faveur. Aller d'abord aux grands desseins. C'est un homme qui va droit en tout. Il va au fait.

ALLER se dit aussi pour marquer l'état bon ou mauvais de certaines choses. Comment va votre santé? Comment vous en va? Tout va bien. Ses affaires vont bien, vont mal, ne vont pas trop bien.

Il se dit aussi pour marquer la manière dont une chose est faite, est mise, est disposée. Et cela se dit sur-tout de ce qui regarde l'habillement. Un collet qui va mal. Ce manteau ne va pas bien. On dit, qu'Une étoffe va en biais, pour dire, qu'Elle est taillée en biais.

On dit à peu près dans le même sens, que Des choses vont bien ensemble, vont bien l'une avec l'autre, pour dire, qu'Elles conviennent bien ensemble. L'aurore & le bleu vont bien ensemble. Ces deux couleurs-là vont bien l'une avec l'autre.

En parlant d'habillement, de parure, on dit, qu'Une chose va bien, ou qu'Elle va mal, pour dire, qu'Elle sied bien, ou qu'Elle sied mal. Cet habit-là vous va bien. Le feuille-morte ne va pas bien aux brunes. Votre perruque vous va mal.

Et en parlant de certaines choses qui sont appariées, & qui ne se vendent point séparément, on dit, qu'Elles vont ensemble. Ces deux gants-là vont ensemble. Ces deux bas vont l'un avec l'autre. Ces quatre estampes-là vont ensemble.

Aller de pair, aller du pair, Façon de parler dont on ne se sert qu'en parlant des personnes, par rapport à la qualité, ou à la dépense, ou au mérite, & pour dire, Être égal, être pareil. Ces deux Maisons vont de pair pour la noblesse. Il va de pair avec les plus grands Seigneurs pour la dépense. Cicéron va de pair avec Démosthène.

Aller, mis à l'impératif, sert également à faire des souhaits ou des imprécations, des exhortations ou des menaces, & à marquer de l'indignation. Allez en paix. Allons, enfans, courage. Va, malheureux. Va, impudent. Allez, n'avez-vous point de honte?

On se sert quelquefois du mot Aller, pour donner plus de force à l'expression. Ainsi l'on dit, N'allez pas vous imaginer, pour dire, Ne vous imaginez pas.

ALLER se dit en quelques jeux des cartes; comme le Berlan, & les autres jeux de renvi, en parlant de ce que l'on hasarde au jeu. De combien allez-vous? J'y vais de deux pistoles. Il y va de son reste. Va mon reste. Va tout.

À certains jeux des cartes, comme à l'Hombre, lorsqu'il y a plusieurs bêtes, on demande, Quelle bête va, pour savoir quelle est la bête sur laquelle on joue.

ALLER joint à la particule y, & employé à l'impersonnel, sert à marquer de quoi il s'agit, de quelle importance est la chose dont on parle. Quand il devroit y aller de tout mon bien. Songez qu'il y va de votre fortune. C'est une affaire où il y va de l'intérêt public. Dans cette affaire-là il n'y alloit pas moins que de son honneur & de sa vie. Souvenez-vous qu'il y va du salut éternel. Lorsque dans cette signification on se sert du futur du subjonctif iroit, on supprime la particule y. Quand il iroit de tout mon bien, quand il iroit de ma vie.

Il s'emploie aussi à l'impersonnel, étant précédé de la particule relative en. Ainsi on dit, Il en va de cette affaire-là comme de l'autre, pour dire, Il en est de cette affaire-là comme de l'autre. Il n'en est pas ainsi. Il n'en ira pas de cela comme vous pensez.

ALLER signifie quelquefois, Faire ses nécessités naturelles: Et c'est dans ce sens qu'on dit, Le remède qu'il a pris, l'a fait aller cinq ou six fois. On dit, Aller par haut, pour dire Vomir. Un remède qui fait aller par haut & par bas. Et on dit, qu'Un malade laisse tout aller sous lui, pour dire, qu'Il ne peut plus retenir ses excrémens.

SE LAISSER ALLER Façon de parler dont on se sert en plusieurs phrases, pour dire, Ne pas faire la résistance qu'on pourroit, ou qu'on devroit. Se laisser aller au torrent de la coutume. Se laisser aller au torrent. Se laisser aller à la tentation. Se laisser aller aux mauvais exemples. Se laisser aller à la douleur, à la tristesse, au désespoir. Je me suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations. Se laisser aller à la faveur, aux présens.

En ce sens on dit absolument, qu'Un homme se laisse aller, pour dire, Que c'est un homme facile, & qu'on fait tout ce qu'on veut de lui.

ALLER joint avec le pronom personnel, & la particule en, est réciproque; & alors il signifie, Partir, sortir d'un lieu. Il s'en va. Ils s'en iront bientôt. Il s'en est allé. Elles s'en sont allées. Il faut que tout le monde s'en aille.

Il signifie aussi, S'écouler, se dissiper, s'évaporer. Et dans ce sens on dit, qu'Un muid de vin s'en va, pour dire, Que le vin qui est dans le muid s'écoule, s'enfuit. Tout le vin s'en ira par-là, si on n'y prend garde. La fumée s'en va par la cheminée. Si l'on ne bouche bien cette fiole, tout l'esprit de vin s'en ira.

Dans les acceptions de ces deux derniers articles, on se sert aussi de Faire en aller; & ainsi on dit, Faire en aller tout le monde. Un secret pour faire en aller les punaises. De la pommade pour faire en aller les rousseurs. Un secret pour faire en aller la fièvre. Une pierre pour faire en aller les taches. Il est du style familier.

S'EN ALLER se dit aussi en parlant du déclin de la vie, des approches de la mort. Les jeunes gens viennent, & les vieillards s'en vont. Cet homme est bien mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles. Il se dit pareillement de tout ce qui cesse d'être dans un sujet, ou qui commence à se passer, à s'effacer. On ne croit pas que sa fièvre s'en aille si-tôt. Son mal s'en va peu à peu. Son rhumatisme s'en est allé par les sueurs. Sa beauté s'en va. L'éclat de son teint commence à s'en aller.

Il se dit encore de tout ce qui se dissipe, se consume, s'use en quelque manière que ce soit. Tout son argent s'en va en procès. Tout son temps s'en est allé à cette affaire. Voilà un habit qui s'en va.

On dit d'une chose qui est sur le point d'être achevée, qu'Elle s'en va faite. Le Sermon s'en va dit. Le Carême s'en va fini. Il est du style familier. On dit aussi, qu'Un chose s'en va commencer, ou qu'Elle s'en va finir, pour dire, qu'Elle commencera bientôt, qu'Elle finira bientôt. Le Sermon s'en va commencer, s'en va finir. Il s'en va onze heures. Il s'en va midi.

Dans les jeux des cartes, on dit, S'en aller d'une carte, pour dire, Se défaire d'une carte. Allez-vous-en de votre carreau. Je m'en suis allé de mon Roi de pique. S'en aller des plus hautes cartes.

ALLER s'emploie en diverses phrases proverbialement & figurément. Ainsi on dit, Aller son chemin, pour dire, Poursuivre son entreprise, ne se pas détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir. Aller son grand chemin, pour dire, Agir sans artifice. Aller vîte en besogne, pour dire, Agir avec précipitation. Aller & venir comme pois en pot, pour dire, Ne faire qu'aller & venir, se donner beaucoup de mouvement sans sujet. A force de mal aller tout ira bien, pour dire, qu'Il faut espérer qu'après beaucoup de malheurs & de disgraces, il arrivera quelque révolution heureuse, & que ce qu'on croyoit devoir nuire à une affaire, y servira peut-être. On l'a bien hâté d'aller, pour dire, On lui a fait une rude réprimande. Et On le hâtera bien d'aller, pour dire, qu'On le rangera bien à son devoir. On va bien loin depuis qu'on est las, pour dire, qu'Il ne faut pas se rebuter, se décourager dans les affaires. Tous chemins vont à Rome, pour dire, Que par différens moyens on arrive à même fin. Les premiers vont devant, pour dire, Que les plus diligens ont toujours de l'avantage. Il va comme on le mène, pour dire, Il n'est pas capable de prendre une résolution de lui-même. Cela va tout seul, pour dire, qu'Une affaire ne reçoit point de difficulté. Cela va comme il plaît à Dieu, pour faire entendre, qu'Une affaire est négligée, que l'on n'en prend aucun soin. Cela va sans dire, Pour marquer une chose que l'on suppose certaine, & qui n'a pas besoin d'être exprimée. Il s'en est allé comme il est venu, pour dire, Il n'a rien fait de ce qu'il vouloit ou devoit faire. Tout s'en est allé en fumée, pour dire, Qu'on n'a pas réussi. Tout y va, la paille & le bled, pour dire, Qu'on n'y a rien épargné. Il n'y va pas de main morte, pour dire, Il frappe rudement, il emploie tout ce qui dépend de lui. Tout va à la débandade, pour dire, Tout va en désordre.

ALLER Se prend substantivement dans ces façons de parler. Au long aller petit fardeau pèse, pour marquer, qu'Il n'y a point de charge si légère qui ne devienne fâcheuse à la longue: Et qu'Un homme a eu l'aller pour le venir, pour dire, qu'Il n'a rien fait de ce qu'il prétendoit faire où il étoit allé, qu'il a fait un voyage inutile.

On dit aussi au substantif, Le pis aller, pour dire, Le pis qu'il puisse arriver, le moindre avantage qu'on puisse avoir; mais il ne s'emploie guère qu'avec les pronoms personnels. S'il ne peut épouser cette fille-là, son pis aller sera de demeurer comme il est. Si vous ne trouvez mieux, je serai votre pis aller.

On dit adverbialement, Au pis aller, pour marquer le plus grand mal, ou le moindre avantage qui puisse arriver de quelque chose. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.

ALLÉ, ÉE, participe .

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Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788)

ALLER (Page A084b)

ALLER ou ALER, v. n. [Alé, 2e é fer.] Je vais, tu vas, il va, nous alons, vous alez, ils vont. J'alais; je suis alé; j'alai; j'irai; j'irais; va; que j'aille, que j'alasse; alant, alé. — Ménage décide nettement qu'il faut dire je vais, et non pas je vas, et moins encore, je va, comme M. de Vaugelas soutenait que toute la Cour disait, ce qui n'était pas, ajoute Ménage. Je vas pourrait être souffert; mais je va est barbare, et il est étoné que Mr. de Vaugelas ait trouvé des sectateurs, et des sectateurs aussi célèbres que Mrs. de Port-Royal. — L'Ab. Girard pense qu'avec la prép. en, je vas vaut mieux que je vais: je m'en vas, je m'en y vasBouhours dit je vais ou je vas, et jamais je va. — L'Acad. ne dit que je vais: c'est le plus sûr et le plus autorisé par l'usage. — M. Moreau dit encore: je vas travailler à débrouiller le cahos où s'agiteront ces débris. — L'impératif va prend une s, quand il est suivi du pron. y: vas y: mais quand après y il suit un verbe, va s'écrit sans s: va y doner ordre. — Devant en, va est suivi d'un t: va-t'en.
   On met quelquefois, à la place d'aller, le v. être; j'ai été, je fus, pour je suis allé, j'alai; j'aurais été, j'eusse été, pour je serais alé, je fusse alé; et voici la différence qu'il faut mettre entre ces deux locutions. Être allé se dit quand on est parti pour se rendre dans un lieu; avoir été, quand on en est de retour. "Tous ceux qui sont allés à la guerre, n'en reviennent pas: tous ceux qui ont été à Rome, n'en sont pas meilleurs. GIR. synon. — Ainsi l'on dira: il est alé à la Messe, de quelqu'un, qui n'est pas de retour; et il a été ce matin à la Messe. Mén. Trév. — Cet usage du v. être est fort singulier. — L'Acad. dit que dans ce sens il n'est que du style familier. L. T. Voy. Être.
   S'en aller se conjugue comme aller; je m'en vais, (ou mieux, je m'en vas) tu t'en vas, il s'en va, nous nous en allons, etc. Dans les temps composés, la part. en doit être placée entre le pron. pers. et le verbe auxiliaire: je m'en suis alé et non pas entre l' auxil. et le part. Je me suis en alé, comme disent certains. C'est une faute encore plus grossière de redoubler en, et de dire, il s'en est en allé. DICT. GRAMM.
   ALLER employé seul et sans pronom personnel, comme sans en, se dit toujours fort bien du passage d'un lieu à un autre, et il régit le datif des noms et l' infinitif des verbes sans prép. "Il va à l'armée, ils vont voyager, etc. Mais ordinairement parlant, quand il est joint au pron. pers. et à la particule en, il s'emploie sans régime et ne signifie que le départ, la sortie d'un lieu. "Je m'en vais, ils veulent s'en aler. il est néanmoins d'usage que dans le discours familier, s'en aler se dise dans le 1er sens, et s'emploie avec régime: "Je m'en vais à Versailles.
   ALLER, joint à la part. y, est v. impersonel et régit l'ablatif (la prép. de) "Il y va de ma vie; il y alait de mon honeur, etc.
   Divers sens. Après les verbes être et avoir, le v. aller est peut-être celui qui reparaît plus souvent dans la langue. Il signifie 1°. Se mouvoir, se transporter d'un lieu à un autre. Aller vite, aller doucement. Aller à Paris, aller à Rome, etc. = 2°. Se mouvoir ou être mû vers... les rivières vont à la mer; les nuées alaient du côté du couchant = 3°. S'avancer vers.. aller au combat, aux ennemis — 4°. Recueillir: aller aux opinions, aux avis = 5°. S'adresser à... Aller au Roi, au Parlement, au Pape, à l'Evêque. = 6°. Il se dit du mouvement des chôses artificielles. "Cette montre va 30 heures: ce ressort ne va plus; faire aller un moulin. = 7°. Il se dit pour marquer l'état bon ou mauvais de certaines chôses: "Comment va votre santé? comment vous en va. Tout va bien; les affaires vont bien, vont mal, etc. Et dans un sens aprochant, ce manteau ne va pas bien, ce collet va fort mal. = 8°. Il se dit de ce qui sied bien ou mal, avec le dat. pour régime. "Cet habit lui va bien: votre péruque vous va mal. = 9°. Au figuré, tendre à... "Un sujet qui va à la terreur... tour à tour nous alarme et nous rassûre. Un sujet qui va à la liberté, semble soulever pour un instant les fers qui nous acâblent. Cerutti. "Je représenterois ce Prince (Stanislas) alliant dans sa persone la Philosophie, qui va au vrai, l'héroïsme qui va au grand, l'Humanité qui va au bien. Id. — En ce sens, il régit à devant les verbes. "Ces changemens alloient principalement à ôter toutes les traces de l'Antiquité. Boss. = 10°. Convenir à... "La maison de Mde... est sur un ton, qui ne vous va pas. Marm. = 11°. Passer de... en. "Une fois échapés au frein de l'éducation, et maîtres d'~ eux~-mêmes, ils vont de plaisirs en plaisirs, de fêtes en fêtes. L'Ab. Poulle. — 12°. Aller faire, dire, etc. être sur le point de faire, de dire, etc — Quelques uns vont jusqu'à dire, je vais aller, nous alons aler; mais c'est pousser trop loin l'usage de cette expression. — 13°. Se laisser aller, se livrer à; ne pas résister à... Se laisser aler au torrent, aux mauvais exemples, etc. = 14°. S'en aller signifie le départ d'un lieu, pour retourner chez soi; je m'en vais, elle s'en est allée; c. à. d. je vais à mon logis; elle est alée chez elle. Il se prend aussi simplement pour aler; je m'en vais en Italie, il s'en va chasser. — En terme de jeu, il régit l'ablatif (la prép. de) s'en aler des hautes cartes, les jouer les premières = 15°. Faire en aller, chasser "donez-moi un secret pour faire en aler les écornifleurs. Trév.
   Rem. 1°. Plusieurs, et les étrangers sur-tout~, confondent aller avec venir. Etant à Paris, ils disent je suis venu à Versailles, je suis alé ici. Il faut dire, je suis alé à Versailles, je suis venu ici. Aller se dit du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas, et venir du lieu où l' on n'est pas à celui où l'on est.
   2°. ALLER, quoique verbe neutre, semble gouverner l'acusatif (avoir le régime simple) en certaines phrâses. "Aller son chemin, aller son train, aller son même pas, etc. 3°. Quelquefois il ne signifie rien par lui-même, et se met seulement par élégance et pour doner plus d'énergie à l'expression où on le fait entrer. "Si sa femme aloit savoir cela, il seroit perdu. L. T.
   4°. Ce verbe régit quelquefois aussi des noms au nominatif, comme les régissent les verbes être, devenir, etc. "M. de Croissi alla Ambassadeur en Angleterre et M. du Hamel l'acompagna. Fontenelle. C'est une ellipse. Alla Ambassadeur, pour, alla en qualité d'Ambassadeur — Cette manière de parler n'est pas trop sûre: on ne doit l'employer qu'avec précaution. Il serait ridicule de dire p. ex. "Il est allé Gouverneur, Evêque, Intendant dans cette Ville, dans cette Province. — * Mde. Dacier dit aller espion: elle dit même descendre espion, qui est encore plus mauvais.
   5°. On ne se sert guère plus du v. aller avec un participe actif, à moins qu'il n'y ait un mouvement visible. On dit bien d'une persone qui chante en marchant, qu'elle s'en va chantant, d'une riviere qu'elle va serpentant; mais on ne dit guère plus, aller croissant, aller faisant pour dire croître, faire, etc. Vaug. L. T. — Malherbe a été le premier, qui ait blâmé cette façon de parler: cependant il s'en est souvent servi lui-même: "Va son couroux sollicitant. "Notre amitié va recherchant.
   Ainsi tes honeurs florissans
   De jour en jour aillent croissans.
   Plusieurs autres bon poètes ont parlé ainsi, et Menage trouvait que ces expressions ont fort bonne grace en poésie. Mais il y a peu de bons Auteurs, dit la Touche, qui les emploient ni en prôse, ni en vers. L'Acad. ne les condamne point et n'en restreint pas l'usage. Elle dit non seulement: un ruisseau qui va serpentant; il alait criant par la ville, mais un homme qui s'en va mourant. — Celui-ci et aller croissant paraissent s'être conservés dans la déroûte des autres. "l'Empire des Perses alloit croissant. Boss. "L'intérêt va toujours croissant dans la lectûre de la vie d' Agricola par Tacite. La Bleterie. "La gradation de la pitié et de la terreur alloit croissant de scène en scène. "L'hérésie d'abord timide dans sa naissance va toujours croissant et ne garde plus de mesûres dans ses progrès. Massill. — dans le style marotique ou satirique, on emploie encore aller avec le participe actif des autres verbes. Gresset dit de Boileau qu'il,
   Ne seroit point au nombre de ses Dieux
   Si de l'oprobre, organe impitoyable...
   Il n'eût chanté que les malheureux noms
   Des Colletets, des Cotins, des Pradons:
   Mânes plaintifs qui sur le noir rivage
   Vont regrettant, que ce censeur sauvage...
   Les ait privès du commun avantage
   D'être cachés dans la foule des morts.
S'en aler dans les petites pièces de poèsie est joint aussi à des participes passifs.
   Les fleurs, qu'Amour répand sur notre vie,
   Il ne les fait éclôre qu'au printemps;
   Et leur fraîcheur s'en va bientôt flétrie,
   Après avoir brillé quelques instans.
   Mais l'amitié, par qui l'âme est nourrie,
   Porte des fruits et les porte en tout tems.
       MM. du Brueil et de Pecmeja.
6°. Il en va, et il en est de, ont le même sens: mais le 1er. est moins usité. "Voici comment il en alla, dit la Fontaine, c. à. d. ce qu'il en fut, ce qu' il en arriva. "Il en va, ce me semble des églogues, dit Fontenelle, comme des habits que l'on prend dans des balets, pour représenter des paysans. On dit plus ordinairement, il en est de... comme, etc.
   7°. ALLER est subst. dans cette phrase: au pis aller.
   Style proverbial ou familierAller vite en besogne, expédier les affaires promptement; aller à tout vent, n'avoir pas de résolution fixe. — On dit d'un homme habile, qu'il sait aler et parler; de celui qui done tous ses soins à une affaire, qu'il y va de cul et de tête; et de celui qui frape de toute sa force, qu'il n'y va pas de main morte. — On dit aussi d'une chôse incontestable, cela va sans dire; de ce qui se fait sans peine: cela va tout seul; de ce qui a trompé les espérances qu'on en avait conçues, cela s'en est allé en eau de boudin ou à vau-l' eau; des affaires qu'on néglige. Cela va comme il plaît à Dieu, etc. etc.
   ALLER par haut et par bas, se dit quand on a pris médecine.

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Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798)

ALLER (Page 43)
ALLER. v. n. Je vais, ou je vas, tu vas, il va; nous allons, vous allez, ils vont. J'allois. Je suis allé. J'allai. J'irai. J'irois. Va. Que j'aille. Que j'allasse. Allant. Allé. Se mouvoir, se transperter d'un lieu à un autre. Aller vîte. Aller doucement. Aller lentement. Aller en avant. Aller en arrière. Un homme qui va à grands pas, à petits pas. Un cheval qui va bon train, qui va le trot, qui va l'amble, qui va le pas, qui va à l'aise. Aller à pied. Aller à cheval. Aller en carrosse. Aller en bateau. Aller en chaise. Aller en poste. Aller en relais. Aller à Rome. Aller à Paris. Aller en Italie. Aller en Espagne. Aller aux Indes. Aller au Japon. Aller à la Messe. Aller à Vêpres. Aller à la guerre. Aller à l'armée. Aller à un siége. Aller à la chasse. Aller en Ambassade. Aller en pèlerinage. Aller en parti. Aller à la petite guerre. Aller aux nouvelles. Aller aux écoutes. Aller par mer, aller par bateau. Il ne fait qu'aller et venir. Aller contre vent et marée. Aller au devant de quelqu'un. Aller à la rencontre de quelqu'un. Va savoir des nouvelles de telle chose. Vas-en savoir des nouvelles.

On dit quelquefois, Je fus, j'ai été, j'avois été, j'aurois été, pour, J'allai, je suis allé, j'étois allé, je serois allé. Voyez le verbe Être.

Il signifie aussi, Se mouvoir, ou être mu vers quelque endroit. Les rivières vont à la mer. Les nuées alloient du levant au couchant. Les galères vont à voile et à rame. Les vaisseaux alloient à toutes voiles, à pleines voiles. Les planètes vont continuellement.

On dit, Aller au combat, pour, S'avancer pour combattre; Aller aux ennemis, pour, S'avancer vers les ennemis pour les combattre, pour les charger; et cela ne se dit proprement que quand les armées sont à portée l'une de l'autre, ou en présence.

On dit par colère et en forme d'imprécation, à un homme qui impatiente, Allez au diable; qu'il aille au diable, à tous les diables, et qu'il me laisse enrepos. On dit aussi d'Une affaire qui se détériore, qui périt, qui tourne mal, qu'Elle s'en va au diable, à tous les diables.

On dit, Aller bien, pour, Être dans le bon chemin; et, N'aller pas bien, pour, N'être pas dans le bon chemin. Allons-nous bien, sommes-nous dans le bon chemin? Il me semble que nous n'allons pas bien.

En termes de Guerre, on dit, Aller au feu, pour, S'exposer au feu des ennemis, s'exposer à essuyer leur feu: et en parlant d'Un homme qui s'y expose bravement et de bonne grâce, on dit familièrement, qu'Il va au feu comme à la noce.

On dit, Aller aux opinions, aux avis, pour, Recueillir les opinions, les avis. On dit aussi, Aller au conseil, pour, Demander conseil à quelqu'un; et, Aller au Devin, pour, Consulter le Devin.

En parlant Des choses qui dépendent de l'autorité, de la juridiction de quelqu'un, on dit, Il faut aller à lui pour cela, pour dire, C'est à lui qu'il faut s'adresser. Il faut aller au Roi pour cela. Il a été obligé d'aller au Pape, d'aller à l'Évêque.

Aller, joint avec les infinitifs des verbes, sert quelquefois à signifier, Se mettre en mouvement pour faire quelque chose. Aller se promener, aller travailler, aller étudier.

On dit en s'impatientant, en se mettant en colère contre quelqu'un, Allez vous promener, qu'il aille se promener.

Quelquefois il sert à marquer Les choses qui sont sur le point d'être faites. Nous allons voir ce qu'il va dire. Ils vont partir. Le jour va finir. Un homme qui va mourir, qui s'en va mourir.

Il s'emploie quelquefois de telle sorte avec le gérondif des verbes, que tous deux ensemble ne signifient que la même chose que le gérondif, avec lequel il est joint. Ainsi on dit, Un ruisseau qui va serpentant; il alloit criant par la Ville, pour, Un ruisseau qui serpente; il crioit par la Ville: et ainsi du reste. On dit, qu'Un homme s'en va mourant, pour, qu'Il est sur le point de mourir.

Aller, se dit aussi Du mouvement et de l'effet de certaines choses artificielles. Une montre qui va trente heures. Ce ressort ne va plus. Faire aller un moulin. Il y a quelque chose qui empêche la roue d'aller.

Il se dit aussi pour marquer L'écoulement du temps, et la durée du temps qui a été employé à quelque chose. Le temps va toujours. Rien ne va plus vîte que le temps. Son discours n'ira qu'à une demi-heure. Les ouvriers vont bien lentement. Ce bâtiment-là est allé fort vîte.

Il se dit aussi pour marquer L'étendue de certaines choses. La forêt va depuis le village jusqu'à la rivière. Cette montagne va jusqu'aux nues. Ses cheveux vont jusqu'à la ceinture. Un manteau qui va jusqu'à terre.

Il sert aussi à marquer La manière dont une chose est figurée. Une pièce de terre qui va en pente. Cela va en rond.

Il sert aussi à marquer Où mène un chemin, où il aboutit. Ce chemin va droit à l'Église.

Il se dit aussi pour marquer À quoi se montent des nombres, des sommes, des supputations. Ce calcul va bien haut. Les nouvelles levées vont à trente mille hommes. La dépense ira plus loin qu'on ne croit.

Aller, sert aussi à marquer, tant au propre qu'au figuré, Le progrès en bien ou en mal, des personnes et des choses. Cela va, cela ira. Vous n'allez pas. Cet écolier a bien de la peine à aller. Il n'y a point d'homme dont l'esprit aille jusque-là. Son imagination va si loin, qu'elle se perd. Le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. Cette vengeance est allée trop loin. Son amour va jusqu'à l'excès, va jusqu'à la forie. C'est un homme qui ira bien loin dans les Arts, dans les Sciences. Cette affaire ira plus loin qu'on ne pense. Cela va de mal en pis. Sa santé va de mieux en mieux. Une maison qui va en décadence. Cette affaire peut aller à vous perdre. Cela va à vous déshonorer.

On dit, qu'Une chose va de suite, qu'elle doit aller de suite, pour dire, qu'Elle est la conséquence naturelle, nécessaire d'une autre chose.

Il sert aussi à marquer L'aboutissement et la fin de quelque chose. Toute son entreprise est allée en fumée, est allée à rien. Cette affaire va là. Tous ses voeux vont à la Paix, vont au bien de l'Etat.

On dit, qu'Un homme va toujours au bien, pour, qu'Il tend toujours au bien. Et lorsque des personnes qui disputent ensemble, commencent à s'échauffer un peu trop, on dit, Cela va trop loin. Cela pourroit aller trop loin.

On dit, C'est un homme fait pour aller à tout, pour, C'est un homme fait pour parvenir aux plus grandes places, à la plus grande fortune.

Aller, se dit aussi pour signifier La manière dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses. Aller vîte en besogne. Il ne faut pas reprendre avec aigreur, il faut y aller doucement. Il n'y faut pas aller si rudement. La chose est bonne en elle-même, mais il faut y aller avec de grandes précautions. Il y va de bonne foi. Il y va à la bonne foi, tout à la bonne foi. Il est allé par les voies de droit, par les voies de fait. Aller à la fortune par des voies d'honneur, par de méchantes voies. Aller aux grands emplois par la faveur. Aller d'abord aux grands desseins. C'est un homme qui va droit en tout. Il va au fait.

Aller, se dit aussi pour marquer L'état bon ou mauvais de certaines choses. Comment va votre santé? Comment vous en va? Tout va bien. Ses affaires vont bien, vont mal, ne vont pas trop bien.

On dit d'Un homme âgé ou infirme, qu'Il ne peut plus aller, ou qu'Il va encore.

Il se dit aussi pour marquer La manière dont une chose est faite, est mise, est disposée. Et cela se dit surtout De ce qui regarde l'habillement. Un collet qui va mal. Ce manteau ne va pas bien. On dit qu'Une étoffe va en biais, pour, qu'Elle est taillée en biais.

On dit à peu près dans le même sens, que Des choses vont bien ensemble, vont bien l'une avec l'autre, pour, qu'Elles conviennent bien ensemble. L'aurore et le bleu vont bien ensemble. Ces deux couleurs - là vont bien l'une avec l'autre.

En parlant D'habillement, de parure, on dit, qu'Une chose va bien, ou qu'Elle va mal, pour, qu'Elle sied bien, ou qu'elle sied mal. Cet habit-là vous va bien. Le feuille - morte ne va pas bien aux brunes. Votre perruque va mal. Sa perruque lui va mal, Ne lui sied pas.

Et en parlant De certaines choses qui sont appariées, et qui ne se vendent point séparément, on dit, qu'Elles vont ensemble. Ces deux gants-la vont ensemble. Ces deux bas vont l'un avec l'autre. Ces quatre estampes-là vontensemble.

Aller de pair, aller du pair, locution dont on ne se sert qu'en parlant Des personnes, par rapport à la qualité, ou à la dépense, ou au mérite, et pour dire, Être égal, être pareil. Ces deux Maisons vont de pair pour la noblesse. Il va de pair avec les plus grands Seigneurs pour la dépense. Cicéron va de pair avec Démosthène.

Aller, mis à l'impératif, sert également à faire des souhaits ou des imprécations, des exhortations ou des menaces, et à marquer de l'indignation. Allez en paix. Allons, enfans, courage. Va, malheureux. Va, impudent. Allez, n'avez-vous point de honte?

On se sert quelquefois du mot Aller, pour donner plus de force à l'expression. Ainsi l'on dit, N'allez pas vous imaginer, pour, Ne vous imaginez pas.

Aller, devient souvent auxiliaire pour marquer Un sutur prochain. Le sermon va commencer. La contestation alloit finir, lorsque, etc.

Aller, se dit en quelques jeux de cartes, comme le Brelan, et les autres jeux de renvi, en parlant De ce que l'on hasarde au jeu. De combien allezvous? J'y vais de deux pistoles. Il y va de son reste. Va mon reste. Va tout.

À certains jeux de cartes, comme à l'Hombre, lorsqu'il y a plusieurs bêtes, on demande, Quelle bête va, pour savoir quelle est la bête sur laquelle on joue.

Aller, joint à la particule y, et employé à l'impersonnel, sert à marquer De quoi il s'agit, de quelle importance est la chose dont on parle. Quand il devroit y aller de tout mon bien. Songez qu'il y va de votre fortune. C'est une affaire où il y va de l'intérêt public. Dans cette affaire-là il n'y alloit pas moins que de son honneur et de sa vie. Souvenez-vous qu'il y va du salut éternel. Lorsque dans cette signification l'on se sert du temps Iroit, on supprime la particule y. Quand il iroit de tout mon bien, quand il iroit de ma vie; et en général dans tous les sens du verbe Aller, la particule y se supprime devant les temps Irois et irai. Avez - vous été à Paris? J'irai. Ira-t-il à Rome? Il ira.

Il s'emploie aussi à l'impersonnel, étant précédé de la particule relative en. Ainsi on dit, Il en va de cette affairelà comme de l'autre, pour, Il en est de cette affaire-là comme de l'autre. Il n'en ira pas de cela comme vous pensez.

Aller, signifie quelquefois, Faire ses nécessités naturelles; et c'est dans ce sens qu'on dit, Le remède qu'il a pris, l'a fait aller cinq ou six fois. On dit, Aller par haut, pour, Vomir. Un remède qui sait aller par haut et par bas. Et on dit, qu'Un malade laisse tout aller sous lui, pour, qu'Il ne peut plus retenir ses excrémens.

Se laisser aller, façon de parler dont on se sert en plusieurs phrases, pour dire, Ne pas faire la résistance qu'on pourroit ou qu'on devroit faire. Se laisser aller au torrent de la coutume. Se laisser aller au torrent. Se laisser aller à la tentation. Se laisser aller aux mauvais exemples. Se laisser aller à la douleur, à la tristesse, au désespoir. Je me suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations. Se laisser aller à la faveur, aux présens. Elle s'est laissée aller à sa passion.

En ce sens on dit absolument, qu'Un homme se laisse aller, pour dire, que C'est un homme facile, et qu'on fait tout ce qu'on veut de lui.

Aller, joint avec le pronom personnel, et la particule en, est réfléchi; et alors il signifie, Partir, sortir d'un lieu. Il s'en va. Ils s'en iront bientôt. Il s'en est allé. Elles s'en sont allées. Il faut que tout le monde s'en aille. Va-t-en porter ma lettre.

Il signifie aussi, S'écouler, se dissiper, s'évaporer. Et dans ce sens on dit, Un muid de vin s'en va, pour, Le vin qui est dans le muid s'écoule, s'enfuit. Tout le vin s'en ira par-là, si on n'y prend garde. La fumée s'en va par la cheminée. Si l'on ne bouche bien cette fiole, tout l'esprit-de-vin s'en ira.

Dans les acceptions de ces deux derniers articles, on se sert aussi de Faire en aller; et ainsi on dit, Faire en aller tout le monde. Un secret pour faire en aller les punaises. De la pommade pour faire en aller les rousseurs. Un secret pour faire en aller la fièvre. Une pierre pour faire en aller les taches. Il est du style familier.

S'en aller, se dit aussi en parlant Du déclin de la vie, des approches de la mort. Les jeunes gens viennent, et les vieillards s'en vont. Cet homme est bien mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles. Il se dit pareillement De tout ce qui cesse d'être dans un sujet, ou qui commence à se passer, à s'effacer. On ne croit pas que sa fièvre s'en aille sitôt. Son mal s'en va peu à peu. Son rhumatisme s'en est allé par les sueurs. Sa beauté s'en va. L'éclat de son teint commence à s'en aller. Ce malade s'en va, Il n'est pas loin de la mort.

Il se dit encore De tout ce qui se dissipe, se consume, s'use en quelque manière que ce soit. Tout son argent s'en va en procès. Tout son temps s'en est allé à cette affaire. Voilà un habit qui s'en va.

On dit d'Une chose qui est sur le point d'être achevée, qu'Elle s'en va faite. Le Sermon s'en va dit. Le Carême s'en va fini. Il est du style familier. On dit aussi, Il s'en va onze heures. Il s'en va midi.

Dans les jeux de cartes, on dit, S'en aller d'une carte, pour, Se défaire d'une carte. Allez-vous-en de votre carreau. Je m'en suis allé de mon Roi de pique. S'en aller des plus hautes cartes.

Aller, s'emploie en diverses phrases proverbialement et figurém. Ainsi on dit, Aller son chemin, pour dire, Poursuivre son entreprise, ne se pas détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir; Aller son grand chemin, pour, Agir sans artifice; Aller vîte en besogne, pour, Agir avec précipitation; Aller et venir comme pois en pot, pour, Ne faire qu'aller et venir, se donner beaucoup de mouvement sans sujet; A sorce de mal aller, tout ira bien, pour, Il faut espérer qu'après beaucoup de malheurs et de disgrâces, il arrivera quelque révolution heureuse, et que ce qu'on croyoit devoir nuire à une affaire, y servira peut-être; On l'a bien hâté d'aller, pour, On lui a fait une rude réprimande; On va bien loin depuis qu'on est las, pour, Il ne faut pas se rebuter, se décourager dans les affaires; Tous chemins vont à Rome, pour dire, que Par différens moyens on arrive à même fin; Les premiers vont devant, pour, Les plus diligens ont toujours de l'avantage; Il va comme on le mène, pour, Il n'est pas capable de prendre une résolution de lui-même; Cela va tout seul, pour dire, qu'Une affaire ne reçoit point de difficulté; Cela va comme il plaît à Dieu, pour faire entendre, qu'Une affaire est négligée, que l'on n'en prend aucun soin; Cela va sans dire, pour marquer Une chose que l'on suppose certaine, et qui n'a pas besoin d'être exprimée; Il s'en est allé comme il est venu, pour, Il n'a rien fait de ce qu'il vouloit ou devoit faire; Tout s'en est allé en fumée, pour, On n'a pas réussi; Tout y va, la paille et le blé, pour, On n'y a rien épargné; Il n'y va pas de main morte, pour, Il frappe rudement, il emploie tout ce qui dépend de lui; Tout va à la débandade, pour, Tout va en désordre.

Aller, se prend substantivement dans ces façons de parler. Au long aller petit fardeau pèse, pour marquer, qu'Il n'y a point de charge si légère qui ne devienne pénible à la longue; et qu'Un homme a eu l'aller pour le venir, pour dire, qu'Il n'a rien fait de ce qu'il prétendoit faire où il étoit allé, qu'il a fait un voyage inutile.

On dit aussi au substantif, Le pis aller, pour dire, Le pis qu'il puisse arriver, le moindre avantage qu'on puisse avoir. S'il ne peut épouser cette sille-là, son pis aller sera de demeurer comme il est. Si vous ne trouvez mieux, je serai votre pis aller. Appelez-vous cela un pis aller?

On dit adverbialement, Au pis aller, pour marquer Le plus grand mal, ou le moindre avantage qui puisse arriver de quelque chose. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.

Allé, ée. participe.

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Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5)

ALLER. v. n. (Page 1:55)
ALLER. v. n. (Je vais ou je vas, tu vas, il va; nous allons, vous allez, ils vont. J'allais. Je suis allé. J'allai. J'irai. J'irais. Va. Que j'aille. Que j'allasse. Allant. Allé. L'expression Je vas ne s'emploie que rarement, et dans le langage familier. On dit quelquefois, Je fus, j'ai été, j'avais été, j'aurais été, pour J'allai, je suis allé, j'étais allé, je serais allé: voyez le verbe Être.) Se mouvoir, se transporter, ou être mû, transporté d'un lieu à un autre. Il s'applique Aux personnes et aux choses, et s'emploie de diverses manières, selon les divers rapports sous lesquels on considère l'action qu'il exprime. Ainsi on dit,

1° Sous le seul rapport du mouvement: Ne faire qu'aller et venir. Marchez, allez donc. Ce pauvre homme ne peut plus aller, tant il est fatigué. Les planètes vont continuellement.

2° Relativement au terme, au but où tend le mouvement: Aller à Rome, en Italie, au Japon, aux Indes. Aller à la ville, à la campagne. Aller au marché, à la fontaine, à l'église, au cabaret, au café. Aller d'un lieu à un autre. Aller de ville en ville, de porte en porte. Y va-t-il? Vas-y. Les fleuves vont à la mer.

Ce chien va à l'eau, Il s'y jette volontiers, quand on le lui commande.

3° Relativement à l'espace que l'on parcourt: Aller près. Aller loin. Aller à trois lieues. Je vais à deux pas.

4° Relativement à la nature du mouvement, à sa rapidité ou à sa lenteur: Aller vite. Aller doucement, lentement, tranquillement. Aller comme le vent. Aller en courant. Aller à grands pas, à petits pas. Ce cheval va au trot, au galop; il va le pas, l'amble, le grand galop; il va bon train. Aller terre à terre. Le vaisseau allait à pleines voiles.

5° Relativement à la direction du mouvement: Aller en avant, en arrière, à reculons, de côté, tout droit. Aller devant soi, droit devant soi. Les nuages vont ce matin du levant au couchant. Aller contre le courant de l'eau. Aller contre vent et marée.

6° Relativement à l'endroit où se fait le mouvement: Aller sur la terre, sur le pavé, sur la chaussée. Aller sur l'eau, dans l'eau. Aller sur une planche. Aller par monts et par vaux.

7° Relativement à la voie, au chemin qui mène vers un but: Aller par terre, par eau, par mer. Aller par le chemin le plus court, par un chemin de traverse. Aller par la grande route, par un sentier. Aller à travers les bois, à travers champs.

Aller bien, Être dans le bon chemin. N'aller pas bien, N'être pas dans le bon chemin.

8° Relativement au moyen de transport: Aller à pied, à cheval, en voiture, en bateau, par la diligence. Aller en poste. Aller sur un pied.

9° Relativement à la cause qui fait mouvoir: Ces bâtiments vont à voile et à rame. Les girouettes vont selon le vent. Aller par force. Aller de bon coeur.

10° Relativement à l'ordre qu'ont ou que doivent avoir entre elles les personnes ou les choses: Aller ensemble. J'irai à Paris avec vous. Vous irez à Rome après moi. Aller à la file les uns des autres. Aller les uns après les autres. Aller de compagnie. Aller en troupe. Aller par troupes.

Aller de pair, Être égal, être pareil. Il va de pair, pour la dépense, avec les gens les plus riches. Cicéron va de pair avec Démosthène. Ces deux avocats vont de pair.

ALLER est souvent suivi d'une préposition et de son complément qui indique Le motif ou la fin de l'action. Aller à la messe, au sermon. Aller à la promenade, au bal, au spectacle, au jeu. Aller au bain. Aller à la guerre, à l'armée, à un siége. Aller à la chasse, à la pêche, en vendange. Aller en ambassade, en pèlerinage. Aller à la mort, au supplice, à sa perte. Aller au-devant de quelqu'un, à la rencontre de quelqu'un. Aller aux nouvelles. Aller à la découverte.

Aller au combat, S'avancer pour combattre. Aller à l'ennemi, aux ennemis, S'avancer vers les ennemis pour les combattre, pour les charger: cela ne se dit proprement que quand les armées sont à portée l'une de l'autre, ou en présence. Aller au feu, S'exposer au feu des ennemis, s'exposer à essuyer leur feu. Ce soldat va au feu gaiement et sans crainte.

Aller au bois, à l'eau, etc., Aller en quelque endroit pour s'y pourvoir de bois, d'eau, etc. On dit de même, Aller à la provision.

Ce vase va au feu, Il résiste à l'action du feu, on y peut mettre cuire ou chauffer quelque chose sans craindre qu'il se casse, qu'il éclate. On dit dans un sens analogue, Cette étoffe va à la lessive, etc.

Aller au roi, au ministre, à l'évêque, etc., S'adresser au roi, au ministre, à l'évêque, etc. Pour cela il vous faut aller au ministre. On a dit aussi, Aller au devin, Aller le consulter.

Cette affaire s'en va au diable, à tous les diables, se dit D'une affaire qui tourne mal, qu'on regarde comme manquée, comme perdue. Allez au diable, à tous les diables, est une expression d'impatience, de colère, une sorte d'imprécation.

Aller aux opinions, aux voix, Recueillir les opinions, les voix. On a dit de même, Aller aux avis.

Aller aux informations, aux renseignements sur quelqu'un, S'adresser à ceux qui peuvent donner des renseignements sur quelqu'un.

Aller au plus pressé, S'occuper d'abord de l'affaire qui souffrirait le plus d'un retardement.

ALLER est quelquefois suivi d'un infinitif exprimant aussi Le motif ou la fin de l'action. Aller se promener. Aller travailler. Aller étudier. Aller savoir des nouvelles de quelqu'un. Allez le trouver. J'irai lui parler. Va t'en informer. Vas en savoir des nouvelles. Allez me chercher cela.

Allez vous promener, qu'il aille se promener, se dit Lorsqu'on s'in patiente, lorsqu'on se met en colère contre quelqu'un.

ALLER suivi d'un infinitif, sert aussi à marquer qu'Une chose est sur le point d'être faite, d'avoir lieu. Nous allons voir ce qu'il dira. Ils vont partir. Je vais y aller. Elle va chanter, danser. Allez-vous recommencer vos doléances? Le jour va finir. Un homme qui va mourir. Le sermon va commencer. On va se mettre à table. J'allais me coucher quand il est venu. La contestation allait finir lorsque vous êtes parti. Il jugea que l'affaire allait se terminer heureusement.

ALLER se joint quelquefois au participe présent, pour exprimer, avec l'idée d'un mouvement, celle d'une prolongation, d'une certaine durée de l'action que le participe indique. Un ruisseau qui va serpentant. Il allait criant par la ville.

Fig., Le mal, l'inquiétude, etc., va croissant, va toujours croissant, Croit de plus en plus. On dit aussi, Aller en augmentant, en diminuant, en déclinant, etc.

ALLER se dit aussi en parlant Du mouvement particulier de certaines choses qui appartiennent aux arts. Une montre qui va trente heures. Cette horloge va bien, va mal. Ce ressort, cette machine ne va plus. Faire aller un moulin. Il y a quelque chose qui empêche la roue d'aller. On dit dans un sens analogue, Son pouls va bien, Le mouvement de son pouls est bien réglé.

Il se dit pour marquer L'écoulement du temps, et la durée du temps qui a été employé à quelque chose. Le temps va toujours. Rien ne va plus vite que le temps. Son discours n'ira qu'à une demi-heure. Ces ouvriers vont bien lentement. Ce bâtiment-là est allé fort vite. Ce cheval va sur quatre ans, Il aura bientôt quatre ans.

Il se dit aussi pour marquer L'étendue de certaines choses. La forêt va depuis le village jusqu'à la rivière. Cette montagne va jusqu'aux nues. Ses cheveux lui vont jusqu'à la ceinture. Son manteau va jusqu'à terre.

Il sert également à marquer Où mène un chemin, où il aboutit. Ce sentier va à la fontaine. Ce chemin va droit à la ville.

Il sert de même à indiquer La manière dont une chose est située ou figurée. Cette allée va en pente, va en montant, va en serpentant. Cette pièce de terre va en pointe. Cela va en rond. Cette étoffe va de biais, Elle est taillée de biais.

Il se dit quelquefois pour indiquer À quoi se montent des nombres, des sommes, des supputations. Ce calcul va bien haut. Les nouvelles levées vont à trente mille hommes. La dépense ira plus loin qu'on ne croit.

ALLER sert aussi à marquer, tant au propre qu'au figuré, Le progrès, en bien ou en mal, des personnes et des choses. Cela va. Cela ira. Vous n'allez pas. Cet écolier a bien de la peine à aller. Il n'y a point d'homme dont l'esprit aille jusque-là. Son imagination va si loin, qu'elle se perd. Le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. Cette vengeance est allée trop loin. Son amour va jusqu'à l'excès, va jusqu'à la folie. C'est un homme qui ira bien loin dans les arts, dans les sciences. Cette affaire ira plus loin qu'on ne pense. Cela va de mal en pis. Sa santé va de mieux en mieux. Ce malade va plus mal. Une maison qui va en décadence.

Cette chose va de suite, elle doit aller de suite, Elle est la conséquence naturelle, nécessaire de telle autre chose.

ALLER sert particulièrement à désigner La fin, le résultat de quelque chose. Tous ses voeux vont à la paix, vont au bien de l'État. Toute son entreprise est allée en fumée, est allée à rien. Cette affaire va là. Cette affaire peut aller à vous perdre. Cela va à vous déshonorer.

Cela va trop loin, cela pourrait aller trop loin, se dit Lorsque des personnes qui discutent ensemble commencent à s'échauffer un peu trop. On dit aussi, C'est aller trop loin que de... C'est faire ou dire trop, c'est passer les bornes raisonnables, que de...

ALLER se dit également en parlant De l'état bon ou mauvais de certaines choses. Comment va votre santé? Comment vous en va? Tout va bien. Le commerce ne va pas, ne va plus. Ses affaires vont bien, vont mal, ne vont pas trop bien. Sa digestion va bien, va mal. Le feu va, Il brûle convenablement.

Il ne peut plus aller, ou Il va encore, se dit D'un homme âgé ou infirme.

ALLER se dit encore pour signifier La manière dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses; et, dans cette acception, on l'emploie souvent avec la particule y. Aller vite en besogne. Il ne faut pas reprendre avec aigreur, il faut y aller doucement. Il n'y faut pas aller si rudement. La chose est bonne en elle-même, mais il faut y aller avec de grandes précautions. Il y va de bonne foi. Il y va à la bonne foi, tout à la bonne foi. Aller contre la volonté, contre les intentions, les ordres de quelqu'un. Aller à la fortune par des voies honorables, par de mauvaises voies. Aller aux grands emplois par la faveur. Aller d'abord aux grands desseins. C'est un homme qui va droit en tout. Il va au fait. Aller droit au fait.

C'est un homme fait pour aller à tout, C'est un homme qui, par son mérite, par ses talents, est fait pour arriver aux plus grandes places.

ALLER sert en outre à marquer La manière dont une chose est faite, est mise, est disposée; et alors il se dit surtout De ce qui regarde l'habillement. Un collet qui va mal. Ce manteau ne va pas bien. Votre bonnet va mal.

Cela va bien, cela va mal, se disent très-souvent, dans un sens analogue, De ce qui sied bien ou mal à quelqu'un. Cet habit vous va bien. La couleur feuille-morte ne va pas bien aux brunes. Sa perruque lui va mal.

Ces choses vont bien ensemble, vont bien l'une avec l'autre, Elles conviennent bien ensemble. Le bleu et le rose vont bien ensemble. Ces deux couleurs vont bien l'une avec l'autre. Cette couleur va bien avec telle autre.

Cette chose va bien à telle autre, sur telle autre, Mise, appliquée sur telle autre, elle y produit un effet agréable. Cette garniture va bien à cette robe. Ce ruban va bien à votre chapeau. Cette broderie va très-bien sur ce fond-là.

Cette chose va à telle autre, signifie aussi, Elle s'y adapte, elle s'y ajuste bien. Cette clef va, ne va pas à cette serrure. On dit de même: Ces bottes me vont, ne me vont pas. Ce chapeau est trop grand, trop petit, il ne peut m'aller. Etc.

Ces choses vont ensemble, se dit De certaines choses qui sont appariées, et qui ne se vendent point, qui ne s'emploient pas séparément. Ces deux gants-là vont ensemble. Ces deux bas vont l'un avec l'autre. Ces quatre estampes vont ensemble.

Cela va par-dessus le marché, se dit D'une chose donnée gratuitement, en considération d'un marché conclu, d'une vente faite.

ALLER mis à l'impératif, sert également à faire des souhaits, des exhortations ou des menaces, et à marquer de l'indignation. Allez en paix. Allons, enfants, courage. Va, malheureux. Va, misérable. Allez, n'avez-vous point de honte? Allez, vous me faites horreur!

Il sert quelquefois à affirmer avec plus de force. Ainsi on dit: Allez, nous en viendrons à bout. Il fera votre affaire, allez. N'allez pas vous imaginer, n'allez pas croire, Ne vous imaginez pas, ne croyez pas.

ALLER se dit, à quelques Jeux de cartes, comme le brelan et les autres jeux de renvi, en parlant De ce que l'on hasarde au jeu. De combien allez-vous? J'y vais de cinq francs. Il y va de son reste. Va mon reste. Va tout.

Quelle bête va? se dit, à certains Jeux de cartes, lorsqu'il y a plusieurs bêtes, pour savoir quelle est la bête sur laquelle on joue.

ALLER joint à la particule y, et employé comme verbe impersonnel, sert a marquer De quoi il s'agit, de quelle importance est la chose dont on parle. Quand il devrait y aller de tout mon bien. Songez qu'il y va de votre fortune. C'est une affaire où il y va de l'intérêt public. Dans cette affaire il n'y allait pas moins que de son honneur et de sa vie. Souvenez-vous qu'il y va du salut éternel. Lorsque, dans cette signification, l'on se sert du temps Irait, on supprime, pour l'euphonie, la particule y. Quand il irait de tout mon bien, quand il irait de ma vie; et, en général, dans tous les sens du verbe Aller, la particule y se supprime devant les temps Irais et irai. Avez-vous été à Paris? J'irai. Ira-t-il à Rome? Il ira.

ALLER s'emploie aussi comme impersonnel, étant précédé de la particule en. Ainsi on dit: Il en va de cette affaire-là comme de l'autre, Il en est de cette affaire-là comme de l'autre. Il n'en ira pas de cela comme vous pensez, Il n'en sera pas de cela comme vous pensez.

ALLER signifie quelquefois, Faire ses nécessités naturelles. Le remède qu'il a pris l'a fait aller cinq ou six fois.

Aller par haut, Vomir. Un remède qui fait aller par haut et par bas.

ALLER précédé du verbe Laisser, forme une locution qui signifie, Ne pas empêcher d'aller, ou simplement, Ne plus retenir, lâcher. Je le laisse aller où il veut. On a laissé aller le prisonnier. Je vais crier, si vous ne me laissez aller. Laissez-la donc aller. On les a toutes laissées aller. Laissez aller cette corde.

Laisser tout aller sous soi, Ne pouvoir retenir ses excréments. Ce malade, cet enfant laisse tout aller sous lui.

Fig. et fam., Laisser tout aller, Négliger entièrement ses affaires, ou la gestion, l'administration dont on est chargé.

Se laisser aller, Ne pas faire la résistance qu'on pourrait ou qu'on devrait faire, s'abandonner. Se laisser aller au torrent de la coutume. Se laisser aller au torrent. Se laisser aller à la tentation. Se laisser aller aux mauvais exemples. Se laisser aller à la douleur, à la tristesse, au désespoir. Je me suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations. Se laisser aller à la faveur, aux présents. Elle s'est laissée aller à sa passion.

Absol., Cet homme se laisse aller, C'est un homme facile, et on fait de lui tout ce qu'on veut. Cela se dit aussi D'un homme qui se néglige, qui ne prend aucun soin de sa personne.

ALLER joint avec le pronom personnel et la particule en, signifie, Partir, sortir d'un lieu. Il s'en va. Ils s'en iront bientôt. Il s'en est allé. Elles s'en sont allées. Il faut que tout le monde s'en aille. Allez-vous-en. Allons-nous-en d'ici. Va-t'en. Va-t'en porter ma lettre.

Il s'emploie aussi en parlant Des choses, et signifie, S'écouler, se dissiper, s'évaporer. Ce tonneau de vin s'en va, Le vin qui est dans ce tonneau s'écoule, s'enfuit. Tout le vin s'en ira par là, si on n'y prend garde. La fumée s'en va par la chambre. Si l'on ne bouche bien cette fiole, tout l'esprit-de-vin s'en ira.

Il se dit pareillement De tout ce qui cesse d'être dans un sujet, ou qui commence à se passer, à s'effacer. On ne croit pas que sa fièvre s'en aille sitôt. Son mal s'en va peu à peu. Son rhumatisme s'en est allé par les sueurs. Sa beauté s'en va. L'éclat de son teint commence à s'en aller.

Il se dit également De tout ce qui se dissipe, se consume, s'use en quelque manière que ce soit. Tout son argent s'en va en procès. Tout son temps s'en est allé à cette affaire. Voilà un habit qui s'en va.

Il se dit de même en parlant Du déclin de la vie, des approches de la mort. Les jeunes gens viennent, et les vieillards s'en vont. Cet homme est bien mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles. Ce malade s'en va. On dit dans le même sens, Cet homme s'en va mourir, s'en va mourant.

Fam., Faire en aller (avec ellipse du pronom personnel), Faire que quelqu'un ou quelque chose s'en aille. Faire en aller tout le monde. Un secret pour faire en aller les punaises, les rousseurs, la fièvre. Une pierre pour faire en aller les taches.

Fam., Cette chose s'en va faite, Elle est sur le point d'être achevée. La messe s'en va dite. Le carême s'en va fini.

Il s'en va onze heures, il s'en va midi, etc., Il est bien près de onze heures, de midi, etc.

Aux Jeux de cartes, S'en aller d'une carte, Se défaire d'une carte, la jouer. Allez-vous-en de votre carreau. Je m'en suis allé de mon roi de pique. S'en aller des plus hautes cartes.

Au Jeu de trictrac, S'en aller, Annoncer que le coup est fini, et qu'on va en commencer un autre.

ALLER s'emploie dans diverses phrases proverbiales et familières.

C'est un las d'aller, se dit D'un homme mou, paresseux et lâche.

Fig., Aller son chemin, Poursuivre son entreprise, ne se pas détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir. Aller son petit bonhomme de chemin, Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entreprises tout doucement et sans éclat. Aller son grand chemin, N'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit. Aller le droit chemin, Procéder avec sincérité, sans nulle tromperie.

Fig., Il ne faut pas aller par quatre chemins, Il faut s'expliquer franchement, il ne faut pas chercher tant de détours.

Aller vite en besogne, Agir avec précipitation. N'allez pas si vite en besogne.

Fig., Aller aux nues, Avoir un succès éclatant. Cette tragédie, cette comédie est allée aux nues.

À force de mal aller, tout ira bien, Il faut espérer qu'après beaucoup de malheurs et de disgrâces, il arrivera quelque changement heureux.

Fig., On va bien loin depuis qu'on est las, Il ne faut pas se rebuter, se décourager dans les affaires.

Fig., Tant va la cruche à l'eau qu'enfin elle se casse, Une action hasardeuse, souvent répétée, finit par devenir funeste.

Tous chemins vont à Rome, Divers chemins mènent au même endroit; et, figurément, Divers moyens conduisent à la même fin.

Fig., Les premiers vont devant, Les plus diligents ont toujours de l'avantage.

Fig., Il va comme on le mène, Il n'est pas capable de prendre une résolution de lui-même. On l'a bien hâté d'aller, On lui a fait une rude réprimande.

Fig., Il s'en est allé comme il est venu, Il n'a rien fait de ce qu'il voulait ou devait faire.

Cela va tout seul, La chose est aisée, elle n'offre point, elle ne souffre point de difficulté. Cela va comme il plaît à Dieu, C'est une affaire négligée, mal menée, dont on ne prend aucun soin. Tout va à la débandade, Tout va en désordre.

Cela va sans dire, C'est une chose tellement certaine, incontestable, ou tellement claire, naturelle, qu'il est inutile d'en parler, de la dire, de l'expliquer. On dit, dans le même sens, Il va sans dire que...

Fig., Tout s'en est allé en fumée, On n'a pas réussi.

Fig., Tout y va, la paille et le blé, On n'y a rien épargné.

N'y pas aller de main morte, Frapper rudement; et, au figuré, Mettre de la rudesse, de la violence dans une discussion verbale ou par écrit.

Y aller rondement, y aller de franc jeu, Parler, agir sans détour, franchement, loyalement.

ALLER se prend substantivement dans quelques locutions. Au long aller petit fardeau pèse, Il n'y a point de charge si légère qui ne devienne pénible à la longue. Cet homme a eu l'aller pour le venir, Il n'a rien fait de ce qu'il prétendait faire où il est allé, il a fait un voyage inutile.

Le pis aller, Le pis qu'il puisse arriver, le moindre avantage qu'on puisse avoir. S'il ne réussit pas dans sa nouvelle carrière, son pis aller sera de rentrer dans celle qu'il a quittée. Si vous ne trouvez mieux, je serai votre pis aller. Appelez-vous cela un pis aller? Vous ne risquez rien, vous avez un bon pis aller.

Au pis aller, se dit adverbialement Du plus grand mal ou du moindre avantage qui puisse résulter de quelque chose. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.

ALLÉ, ÉE. participe

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Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5)

ALLER. (Page 1:41)
ALLER. (Je vais, tu vas, il va; nous allons, vous allez, ils vont. J'allais. J'allai. Je suis allé. J'irai. J'irais. Va. Que j'aille, que tu ailles, qu'il aille; que nous allions, que vous alliez, qu'ils aillent. Que j'allasse. Allant. Allé. On dit quelquefois Je fus, j'ai été, j'avais été, j'aurais été, pour J'allai, je suis allé, je serais allé. Voyez le verbe ÊTRE.) v. intr. Se mouvoir, se transporter; être mû, transporté d'un lieu à un autre.

Il s'applique aux personnes et aux choses et s'emploie soit seul.žNe faire qu'aller et venir. Marchez, allez donc. Ce pauvre homme ne peut plus aller, tant il est fatigué. Soit suivi d'un complément. Aller à Rome, en Espagne, aux Indes. Aller à la ville, à la campagne. Aller d'un lieu à un autre. Aller de ville en ville. Y va-t-il? Vas-y. Les fleuves vont à la mer. Aller près. Aller loin. Je vais à deux pas. Aller vite. Aller doucement. Aller clopin-clopant. Aller comme le vent. Ce cheval va au trot, au galop; il va le pas, l'amble, le grand galop; il va bon train. Le vaisseau allait à pleines voiles. Aller en avant, en arrière. Aller à tâtons. Aller devant soi, droit devant soi. Aller contre le courant de l'eau. Aller contre vent et marée. Aller sur la terre. Aller sur l'eau. Aller par monts et par vaux. Aller par terre, par eau, par mer. Aller par le chemin le plus court, par un chemin de traverse. Aller par la grande route, par un sentier. Aller à travers les bois, à travers champs. Aller à pied, à cheval, à âne, à bicyclette, en voiture, en automobile, en bateau, par la diligence. Aller sur un pied ou à cloche-pied. Ces bâtiments vont à voile et à rame. Les girouettes vont selon le vent. Aller à la file les uns des autres. Aller les uns après les autres. Aller de compagnie. Aller en troupe. Aller par troupes.

Souvent, le complément d'ALLER indique le Motif ou la Fin de l'action. Aller à la messe, au sermon, à confesse. Aller à la promenade, au bal, au spectacle. Aller à la guerre, à l'armée, à un siège. Aller à la chasse, à la pêche, en vendange. Aller en ambassade, en pèlerinage. Aller au-devant de quelqu'un, à la rencontre de quelqu'un. Aller aux nouvelles. Aller à la découverte. Aller au supplice, à la mort.

Aller au combat, S'avancer pour combattre. Aller à l'ennemi, aux ennemis, S'avancer vers les ennemis pour les combattre, pour les charger. Aller au feu, S'exposer au feu des ennemis. Ce soldat va au feu gaiement.

Aller au bois, à l'eau, etc., Aller en quelque endroit pour s'y pourvoir de bois, d'eau, etc. On dit de même Aller à la provision.

Aller au ministre, à l'évêque, etc., S'adresser au ministre, à l'évêque, etc. Pour cela il vous faut aller au ministre.

Cette affaire s'en va au diable, à tous les diables, se dit d'une Affaire qui tourne mal, qu'on regarde comme manquée, comme perdue. Allez au diable, à tous les diables, est une expression d'impatience, de colère, une sorte d'imprécation. Aller à la diable, Très mal.

Aller aux opinions, aux voix, Recueillir les opinions, les voix. On dit de même Aller aux avis.

Aller aux renseignements sur quelqu'un, S'adresser à ceux qui peuvent donner des renseignements sur quelqu'un. Aller aux informations.

Aller au plus pressé, S'occuper d'abord de l'affaire qui souffrirait le plus d'un retardement.

Ce vase va au feu, Il résiste à l'action du feu, on y peut faire cuire ou chauffer quelque chose sans craindre qu'il se casse, qu'il éclate. On dit dans un sens analogue Cette étoffe va à la lessive, etc.

Aller de pair, Être égal, être pareil. Il va de pair, pour la dépense, avec les gens les plus riches. Cicéron va de pair avec Démosthène. Ces deux avocats vont de pair.

En termes d'Escrime, Aller à la parade, Parer un coup.

L'infinitif présent qui suit ALLER peut exprimer aussi le Motif ou la Fin de l'action. Aller se promener. Aller travailler. Aller étudier. Aller le trouver. J'irai lui parler. Va l'en informer. Va en savoir des nouvelles. Allez me chercher cela.

Allez vous promener, qu'il aille se promener, se dit lorsqu'on s'impatiente contre un importun, lorsqu'on se met en colère contre quelqu'un.

ALLER, suivi d'un infinitif, sert encore à marquer qu'une Chose est sur le point d'être faite, d'avoir lieu. Nous allons voir ce qu'il dira. Ils vont partir. Je vais y aller. Elle va chanter, danser. Allez-vous recommencer vos doléances? Le jour va finir. Un homme qui va mourir. Le sermon va commencer. On va se mettre à table. J'allais me coucher quand il est venu. La contestation allait finir lorsque vous êtes parti. Il jugea que l'affaire allait se terminer heureusement.

ALLER se joint au gérondif d'un verbe pour exprimer, avec l'idée d'un mouvement, Celle d'une certaine durée de l'action. Un ruisseau qui va serpentant. Ce tour a vieilli.

Fig., Le mal, l'inquiétude, etc., va croissant, va toujours croissant, Croît de plus en plus. On dit aussi Aller en augmentant, en diminuant, en déclinant, etc.

Par analogie, ALLER signifie aussi Marcher, fonctionner en parlant d'un mécanisme. Une montre qui va trente heures. Cette horloge va bien, va mal. Ce ressort, cette machine ne va plus. Faire aller un moulin. Il y a quelque chose qui empêche la roue d'aller. On dit dans un sens analogue Son pouls va bien, Le mouvement de son pouls est bien réglé.

Il se dit pour marquer l'Écoulement du temps qui a été employé à quelque chose. Ces ouvriers vont bien lentement. Ce bâtiment-là est allé fort vite. Cet enfant va sur quatre ans, sur ses quatre ans, Il aura bientôt quatre ans.

Il se dit aussi pour marquer l'Étendue de certaines choses. La forêt va depuis le village jusqu'à la rivière. Son manteau va jusqu'à terre.

Il sert également à marquer où mène un chemin, où il aboutit. Ce sentier va à la fontaine. Ce chemin va droit à la ville.

Il sert de même à indiquer la Direction des choses. Cette allée va en pente, va en montant. Cette pièce de terre va en pointe. Cette étoffe va de biais.

Il se dit quelquefois pour indiquer à quoi se montent des nombres, des sommes, des supputations. Ce calcul va bien haut. Les nouvelles levées vont à trente mille hommes. La dépense ira plus loin qu'on ne croit.

ALLER sert aussi à marquer, tant au propre qu'au figuré, le Progrès, en bien ou en mal, des personnes ou des choses. Cela va. Cela ira. Vous n'allez pas. Il n'y a point d'homme dont l'esprit aille jusque-là. Son imagination va si loin qu'elle se perd. Le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. Cette vengeance est allée trop loin. Son amour va jusqu'à la folie. Il ira loin. Cette affaire ira plus loin qu'on ne pense. Cela va de mal en pis. Il va de mieux en mieux.

Cette chose va de suite, elle doit aller de suite, Elle est la conséquence naturelle, nécessaire de telle autre chose. On dit aussi Cela va de soi.

ALLER sert particulièrement à désigner la Fin, le résultat de quelque chose. Tous ses voeux vont à la paix, vont au bien de l'État. Toute son entreprise est allée en fumée, est allée à rien. Cette affaire peut aller à vous perdre. Cela va à vous déshonorer.

Il se dit également en parlant de l'État bon ou mauvais des personnes ou des choses. Comment va votre santé? Comment allez-vous? Il va bien. Tout va bien. Le commerce ne va pas, ne va plus. Ses affaires vont bien, vont mal, ne vont pas trop bien. Sa digestion va bien, va mal. Le feu va. Cet homme va encore. Ce cheval ne peut plus aller.

ALLER signifie encore Manière dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses, et, dans cette acception, on l'emploie souvent avec la particule y. Aller vite en besogne. Il ne faut pas reprendre avec aigreur, il faut y aller doucement. Il n'y faut pas aller si rudement. La chose est bonne en elle-même, mais il faut y aller avec de grandes précautions. Il y va de bonne foi. Aller contre la volonté, contre les intentions, les ordres de quelqu'un. Aller à la fortune par des voies honorables, par de mauvaises voies. Aller aux grands emplois par la faveur. Aller d'abord aux grands desseins. C'est un homme qui va droit en tout. Il va au fait. Aller droit au fait. Aller au but. Aller droit au but.

C'est un homme fait pour aller à tout, C'est un homme qui, par son mérite, par ses talents, est fait pour arriver aux plus hauts emplois ou aux plus grands honneurs.

ALLER sert en outre à marquer la Manière dont une chose est faite, est mise, est disposée, la manière dont elle sied à quelqu'un, et alors il se dit surtout de Ce qui regarde l'habillement. Un chapeau qui va mal. Cet habit ne va pas bien. Cette couleur va aux blondes, ne va pas bien aux brunes. Sa perruque lui va mal.

Ces choses vont bien ensemble, vont bien l'une avec l'autre, Elles s'accordent bien ensemble. Le bleu et le rose vont bien ensemble. Ces deux couleurs vont bien l'une avec l'autre. Cette couleur va bien avec telle autre. Ces deux chevaux vont bien ensemble.

Cette chose va bien à telle autre, sur telle autre, Mise, appliquée sur telle autre, elle y produit un effet agréable. Cette garniture va bien à cette robe. Ce ruban va bien à votre chapeau. Cette broderie va très bien sur ce fond-là.

Cette chose va à telle autre signifie aussi Elle s'y adapte, elle s'y ajuste bien. Cette clef va, ne va pas à cette serrure. On dit de même Ces bottines me vont, ne me vont pas.

Ces choses vont ensemble, se dit de Certaines choses qui sont appariées et qui ne se vendent point, qui ne s'emploient pas séparément. Ces deux gants-là vont ensemble. Ces deux bas vont l'un sur l'autre. Ces quatre estampes vont ensemble.

Cela va par-dessus le marché, se dit d'une Chose donnée gratuitement, en considération d'un marché conclu, d'une vente faite.

ALLER, mis à l'impératif, sert également à Faire des souhaits, des exhortations ou des menaces et à marquer de l'indignation. Allez en paix. Allons, enfants, courage. Va, malheureux. Va, misérable. Allez, n'avez-vous point de honte? Allez, vous me faites horreur! Allez, je vous retrouverai.

Il sert quelquefois à Affirmer avec plus de force. Ainsi on dit : Allez, nous en viendrons à bout. Il fera votre affaire, allez. N'allez pas vous imaginer, n'allez pas croire, Ne vous imaginez pas, ne croyez pas.

ALLER se dit, en termes de jeux de Cartes, en parlant de Ce que l'on hasarde au jeu. De combien allez-vous? J'y vais de cinq francs. Il y va de son reste. Rien ne va plus. Va tout. Cette locution s'emploie comme nom. Il joue son va-tout.

ALLER, joint à l'adverbe y et employé comme verbe impersonnel, sert à marquer de quoi il s'agit, de quelle importance est la chose dont on parle. Quand il devrait y aller de tout mon bien. Songez qu'il y va de votre fortune. C'est une affaire où il y va de l'intérêt public. Dans cette affaire il n'y allait pas moins que de son honneur et de sa vie. Souvenez-vous qu'il y va du salut éternel. Lorsque, dans cette signification, l'on se sert du temps Irait, on supprime, pour l'euphonie, l'adverbe y. Quand il irait de tout mon bien, quand il irait de ma vie; et, en général, dans tous les sens du verbe Aller, la particule y se supprime devant les temps Irais et Irai. Avez-vous été à Paris? J'irai. Ira-t-il à Rome? Il ira.

ALLER s'emploie aussi comme impersonnel, étant précédé de l'adverbe en. Ainsi on dit Il en va de cette affaire-là comme de l'autre. Il n'en ira pas de cela comme vous pensez.

Il signifie quelquefois Faire ses nécessités naturelles. Le remède qu'il a pris l'a fait aller cinq ou six fois.

Aller par haut, Vomir. Un remède qui fait aller par haut et par bas.

ALLER, précédé du verbe Laisser, forme une locution qui signifie Ne pas empêcher d'aller, ou simplement Ne plus retenir, lâcher. Je le laisse aller où il veut. On a laissé aller le prisonnier. Je vais crier, si vous ne me laissez aller. Laissez-la donc aller. On les a toutes laissées aller. Laissez aller cette corde.

Laisser tout aller sous soi, Ne pouvoir retenir ses matières intestinales. Ce malade, cet enfant laisse tout aller sous lui.

Fig. et fam., Laisser tout aller, Négliger entièrement ses affaires, ou la gestion, l'administration dont on est chargé.

Se laisser aller, Ne pas faire la résistance qu'on pourrait ou qu'on devrait faire, s'abandonner. Se laisser aller à l'entraînement de la coutume. Se laisser aller au torrent. Se laisser aller à la tentation. Se laisser aller aux mauvais exemples. Se laisser aller à la douleur, à la tristesse, au désespoir. Je me suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations. Se laisser aller à la faveur, aux présents. Elle s'est laissée aller à sa passion.

Absolument, Cet homme se laisse aller, C'est un homme facile et on fait de lui tout ce qu'on veut. Cela se dit aussi d'un homme qui se néglige, qui ne prend aucun soin de sa personne.

ALLER, précédé du verbe Faire, forme une locution qui signifie Leurrer quelqu'un par des promesses illusoires; quelquefois Obtenir des services qu'il ne doit pas. Il s'entend à faire aller son monde. Il m'a bien fait aller. Comme elle le fait aller! Il est familier.

S'EN ALLER signifie Partir, sortir d'un lieu. Il s'en va. Ils s'en iront bientôt. Il s'en est allé. Elles s'en sont allées. Il faut que tout le monde s'en aille. Allez-vous-en. Allons- nous-en d'ici. Va-t'en. Va-t'en porter ma lettre.

Il s'emploie aussi en parlant des choses et signifie S'écouler, se dissiper, s'évaporer. Ce tonneau de vin s'en va, Le vin qui est dans ce tonneau s'écoule, s'enfuit. Tout le vin s'en ira par là, si on n'y prend garde. La fumée s'en va par la chambre. Si l'on ne bouche bien cette fiole, tout l'esprit-de-vin s'en ira.

Il se dit pareillement de Tout ce qui commence à se passer, à s'effacer. On ne croit pas que sa fièvre s'en aille sitôt. Son mal s'en va peu à peu. Son rhumatisme s'en est allé par les sueurs. Sa beauté s'en va. L'éclat de son teint commence à s'en aller.

Il se dit également de Tout ce qui se dissipe, se consume, s'use en quelque manière que ce soit. Tout son argent s'en va en procès. Tout son temps s'en est allé à cette affaire. Voilà un habit qui s'en va.

Il se dit de même en parlant du Déclin de la vie, des approches de la mort. Cet homme est bien mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles. Ce malade s'en va. On dit dans le même sens Cet homme s'en va mourir, s'en va mourant.

Fam., Faire en aller (avec ellipse du pronom personnel), Faire que quelqu'un ou quelque chose s'en aille. Faire en aller les punaises, les rousseurs, la fièvre. Un acide pour faire en aller les taches.

En termes de jeu de Cartes, S'en aller d'une carte, Se défaire d'une carte, la jouer. Allez-vous-en de votre carreau. Je m'en suis allé de mon roi de pique. S'en aller des plus hautes cartes.

ALLER s'emploie dans diverses phrases proverbiales et familières.

Fig., Aller son chemin, Poursuivre son entreprise, ne pas se détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir. Aller son petit bonhomme de chemin, Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entreprises tout doucement et sans éclat. Aller son grand chemin, N'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit. Aller le droit chemin, Procéder avec sincérité, sans nulle tromperie.

Fig., Il ne faut pas aller par quatre chemins, Il faut s'expliquer franchement, il ne faut pas chercher tant de détours.

Aller vite en besogne, Agir avec précipitation.

Fig., Aller aux nues, Avoir un succès éclatant. Cette tragédie, cette comédie est allée aux nues.

Fig. et prov., Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse, Une action hasardeuse, souvent répétée, finit par devenir funeste.

Tous chemins vont à Rome, Divers chemins mènent au même endroit; et, figurément, Divers moyens conduisent à la même fin.

Fig., Il va comme on le mène, Il n'est pas capable de prendre une résolution de lui- même.

Fig., Il s'en est allé comme il était venu, Il n'a rien obtenu de ce qu'il désirait.

Cela va tout seul, La chose est aisée, elle n'offre point, elle ne souffre point de difficulté. Cela va comme il plaît à Dieu, C'est une affaire négligée, mal menée, dont on ne prend aucun soin. Tout va à la débandade, Tout va en désordre.

Cela va sans dire, Cela va de soi, C'est une chose tellement certaine, incontestable, ou tellement claire, naturelle, qu'il est inutile d'en parler, de la dire, de l'expliquer. On dit dans le même sens Il va sans dire que...

Fig., Tout s'en est allé en fumée, On n'a obtenu aucun résultat.

Fig., Tout y va, la paille et le blé, On n'y a rien épargné.

N'y pas aller de main morte, Frapper rudement; et, au figuré, Mettre de la rudesse, de la violence dans une discussion verbale ou par écrit.

Y aller rondement, y aller de franc jeu, y aller bon jeu, bon argent, Parler, agir sans détour, franchement, loyalement.

ALLER se prend comme nom dans quelques locutions. L'aller et le retour. Un billet d'aller et de retour.

Prov., Au long aller, petit fardeau pèse, Il n'y a point de charge si légère qui ne devienne pénible à la longue.

Le pis aller, Le pis qu'il puisse arriver, le moindre avantage qu'on puisse avoir. S'il ne réussit pas dans sa nouvelle carrière, son pis aller sera de rentrer dans celle qu'il a quittée. Si vous ne trouvez mieux, je serai votre pis aller.

Au pis aller se dit adverbialement du Plus grand mal ou du moindre avantage qui puisse résulter de quelque chose. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.


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