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                Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers

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Chronologie de l'Encyclopédie

[Adapté de L'Encyclopédie, Jeanne Charpentier and Michel Charpentier, eds. (Paris: Éditions Bordas, 1967), pp. 3-10.]

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1670 Publication du Dictionnaire historique de MORERI.

 

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1675 Colbert demande à l'Académie des Sciences un "traité de mécanique" qui décrirait toutes les machines en usage dans la pratique des arts". Le premier volume, sous le titre Description des arts et métiers ne verra le jour qu'en 1761.

 

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1697 BAYLE publie son Dictionnaire historique et critique, mine d'érudition mise au service de l'esprit critique. Chaque article est accompagné de notes très développées où s'expriment les idées les plus audacieuses.

 

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1704 Parution à Londres du Lexicon technologicam or an Universal Dictionary of the arts and sciences, de John Harris.

Première édition à Trévoux (Ain) du Dictionnaire dit de Trévoux (Dictionnaire universel français et latin contenant la .signification et la définition tant des mots [...] que des termes propres de chaque état et de chaque profession [...] l'explication de tout ce que renferment les sciences et les arts) composé par les Jésuites.

 

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1728 Publication à Londres de la Cyclopoedia or an Universal Dictionary of arts and sciences d'EPHRAIM CHAMBERS, répertoire bien documenté qui accorde une place importante aux arts et aux métiers

 

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1732 Édition revue et augmentée par Fontenelle du Dictionnaire des arts et des sciences de Thomas CORNEILLE (1694), ouvrage sec et confus.

 

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1743 Cinquième édition du Dictionnaire de Trévoux.

 

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1744 Achèvement de la publication de l'Historia critica philosophiae du pasteur Brucker qui étudie chronologiquement l'histoire de l'esprit humain.

 

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1745 (février). Le libraire LE BRETON s'associe à l'Allemand Sellins et à l'Anglais Mills pour la traduction en français de la Cyclopaedia de Chambers.

(26 mars). Le Breton obtient un premier privilège pour l'édition en quatre volumes d'un Dictionnaire universel des arts et des sciences.

(Août). Rupture entre le libraire et ses deux collaborateurs.

(18 octobre). Le Breton signe un contrat pour la publication d'une Encyclopédie française avec trois de ses collègues parisiens, Briasson, Durand et David, qui préparaient depuis 1744 une édition du Dictionnaire de médecine de l'Anglais James, traduit par Diderot.

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1746 (21 janvier). Le chancelier d'Aguesseau accorde aux quatre associés le renouvellement d'un privilège concernant une Encyclopédie ou Dictionnaire universel des arts et des sciences, traduit des Dictionnaires anglais Chambers et de Harris, avec des additions.

(27 juin). La direction de l'édition est confiée à l'abbé DE GUA DE MALVES, membre de l'Académie des sciences. Il est assisté par DIDEROT et d'ALEMBERT, chargés de refaire les articles mal traduits.

(7 juillet). Condamnation par le Parlement des Pensées philosophiques, oeuvre anonyme de Diderot.

 

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1747 (16 octobre). Diderot et d'Alembert remplacent solidairement l'abbé de Malves à la direction de l'Encyclopédie.

 

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1748 (30 avril). Un nouveau privilège consacre un changement d'orientation dans la conception de l'oeuvre; il concerne une Encyclopédie, ou Dictionnaire universel des sciences, arts et métiers, traduit [...] avec des augmentations.

(Octobre). Publication à Genève de l'Esprit des lois de Montesquieu.

Diderot entreprend une enquête technique dans les ateliers des faubourgs.

 

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1749 (juin). Diderot engage un dessinateur, Goussier, pour refaire ou compléter des figures achetées à des graveurs ou à des marchands.

(24 juillet). Arrestation de Diderot, incarcéré à Vincennes et non à la Bastille qui est pleine--à la suite de sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient. Au bout d'un mois il peut recevoir ses amis, d'Alembert, Jean-Jacques Rousseau, et ses libraires qui, craignant la ruine de l'Encyclopédie, multiplient les démarches en sa faveur.

(3 novembre). Libération de Diderot qui se remet immédiatement au travail.

 

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1750 (novembre). Diffusion à 8.000 exemplaires du Prospectus définitif qui énonce, dans sa dernière page, les conditions de la publication (dix volumes in-folio dont deux de planches) et de la souscription: 60 livres en acompte, 36 livres à la réception du premier volume prévue pour juin 1751, 24 livres à la livraison de chacun des suivants échelonnés de six mois en six mois, 40 livres à la réception du huitième volume et des deux tomes de planches. En tout, 372 livres.

 

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1751 (janvier). Sous la plume du Jésuite Berthier, le Journal de Trévoux critique l'imitation de Bacon dans le tableau des connaissances humaines joint au prospectus.

 

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1751 (février). Lettre au R. P. Berthier, réponse ironique et cinglante de Diderot qui, soucieux de publicité, joint à sa lettre le texte de l'article Art. Une vive polémique s'ensuit, qui excite la curiosité du public et contribue à entraîner l'afflux des souscripteurs (plus de mille à la fin d'avril).

(28 juin). Publication du premier volume, tiré à 2.050 exemplaires, de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres, mis en ordre et publié par M. Diderot, de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Prusse, et, quant à la partie mathématique, par M. d'Alembert, de l'Académie Royale des Sciences de Paris et de celle de Prusse et de la Société Royale de Londres, précédé d'une dédicace flatteuse au comte d'Argenson, garde des sceaux, et du Discours préliminaire de d'Alembert.

(octobre). Attaques très vives du Journal de Trévoux: les Jésuites accusent les rédacteurs de l'Encyclopédie de critiquer leur enseignement, de rabaisser les rois et les saints, de prêcher la liberté d'expression et de plagier le Dictionnaire de Trévoux. L'évêque de Mirepoix, Boyer, aumônier de la Dauphine, met en garde le roi contre les tendances inquiétantes de l'Encyclopédie et obtient que Malesherbes, le nouveau directeur de la Librairie, nomme trois censeurs chargés de surveiller la rédaction des articles.

(18 novembre). L'abbé DE PRADES, ami de Diderot et collaborateur de l'Encyclopédie, soutient avec succès en Sorbonne sa thèse de doctorat, Quel est celui sur la force duquel Dieu a répandu le souffle de la vie? Mais rapidement les Jésuites y discernent des propositions antichrétiennes.

(décembre). Voltaire, dans la conclusion du Siècle de Louis XIV, salue l'Encyclopédie comme l'ouvrage "immense et immortel" de ses disciples.

 

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1752 (janvier). Quelques jours après la parution du tome II de l'Encyclopédie, la thèse de l'abbé de Prades est censurée "avec horreur" par la Sorbonne qui l'accuse de prôner le sensualisme et la religion naturelle; l'archevêque de Paris, CHRISTOPHE DE BEAUMONT, lance un mandement contre elle, puis le Parlement la condamne au feu.

(février). Les Réflexions d'un franciscain, avec une lettre préliminaire adressée à M. [Diderot], auteur en partie du Dictionnaire philosophique, pamphlet du Jésuite Geoffroy, révèlent les rapports entre l'abbé de Prades et les abbés Yvon, Pestré, Mallet, collaborateurs de l'Encyclopédie, au moment où l'article Certitude, signé par l'abbé de Prades, est taxé d'hérésie par les Jésuites.

(7 février). Arrêt du Conseil du roi, ordonnant que les deux premiers volumes de 1'"ouvrage intitulé Encyclopédie seront et demeureront supprimés". Peu après, les abbés de Prades, Pestré et Yvon s'exilent.

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1752 (mai). Grâce aux efforts de Malesherbes--qui a fait mettre à l'abri de toute saisie, peut-être chez son propre père le chancelier Lamoignon, les papiers de Diderot et des libraires--et au crédit de Madame de Pompadour, le gouvernement autorise discrètement Diderot et d'Alembert à reprendre leur oeuvre.

(novembre). La Querelle des bouffons, opposant les partisans de l'opéra français traditionnel et les admirateurs de l'opéra-bouffe italien, commence à accaparer l'attention du public.

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1753 Publication du tome III de l'Encyclopédie, tiré à 3.100 exemplaires, avec un Avertissement des éditeurs rédigé par d'Alembert.

 

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1754 (février). Nouveau tirage des trois premiers tomes, pour aboutir à 4.200 exemplaires.

(novembre). Tome IV de l'Encyclopédie. L'entreprise a conquis une importance nationale. Dans l'article Droit de copie, prévu pour le tome V, le libraire David écrit qu'elle "appartient à la France". D'Alembert est élu à l'Académie Française.

 

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1755 (novembre). Tome V, précédé d'un Éloge de Montesquieu par d'Alembert.

 

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1756 (mai). Tome VI de l'Encyclopédie.

(août). Séjour de d'Alembert chez Voltaire, aux Délices. Tous deux préparent l'article Genève.

 

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1757 (5 janvier). Attentat de DAMIENS contre Louis XV.

(21 avril). Édit du Parlement prévoyant la peine de mort ou les galères pour les auteurs et imprimeurs de livres tendancieux et clandestins.

(30 juin). Article de Fréron accusant de plagiat l'auteur du Fils naturel, drame publié par Diderot en février. Dès lors, les attaques contre l'Encyclopédie s'accumulent dans le Mercure de France: "Premier Mémoire sur les Cacouacs" (les Encyclopédistes), "Avis utile et nouveau Mémoire pour servir à l'histoire des Cacouacs" de Moreau, historiographe du roi, qui "montre les Encyclopédistes comme un corps organisé, possédant tout l'attirail nécessaire au combat, et marchant délibérément à l'assaut de la morale, de la religion et du gouvernement", (Jacques Proust, Diderot et l'Encyclopédie, p. 109); dans l'Année littéraire de Fréron: "Petites Lettres sur de grands philosophes" dans la Gazette littéraire, la Gazette de France, les Mémoires de Trévoux et dans les Nouvelles ecclésiastiques, le journal des jansénistes.

(novembre). Tome VII de l'Encyclopédie. L'article Genève, signé par d'Alembert, suscite la protestation des pasteurs genevois, qui ont pris pour une insulte l'éloge de leur socinianisme et, en France, les cris du parti dévot qui y décèle une profession de foi déiste.

 

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1758 (janvier). "Excédé des avanies et des vexations que l'ouvrage lui attire, des satires odieuses et même infâmes" (Lettre à Voltaire du 20 janvier 1758), d'Alembert, qui par ailleurs juge insuffisants les émoluements que lui attribuent les libraires, décide de renoncer à sa tâche.

(mars). Les libraires rédigent un Mémoire sur les motifs de la suspension de l'Encyclopédie, où ils conjurent leur collaborateur de conserver son poste. D'Alembert accepte sans enthousiasme.

(juillet). HELVÉTIUS, ami des Encyclopédistes, publie son traité De l'Esprit qui expose une philosophie matérialiste.

(août). Révocation du privilège de /'Esprit.

(septembre). Publication des deux premiers volumes des Préjugés légitimes contre l'Encyclopédie, où Abraham Chaumeix réfute simultanément l'Encyclopédie et le livre de l'Esprit.

(novembre). Mandement de l'archevêque de Paris condamnant l'Esprit.

 

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1759 (23 janvier). Le Parlement examine huit livres subversifs, dont l'Esprit et l'Encyclopédie; puis le Procureur du roi prononce un violent réquisitoire: "La Société, l'État, la Religion se présentent aujourd'hui au Tribunal de la Justice pour lui porter leurs plaintes; leurs droits sont violés, les lois sont méconnues; l'impiété qui marche le front levé parait, en les offensant, promettre l'impunité à la licence qui s'accrédite de jour en jour."

(6 février). L'Esprit est condamné à être lacéré et brûlé par la main du bourreau; le jugement sera exécuté quatre jours plus tard, devant le Palais de justice. L'Encyclopédie échappe à cette sanction, mais est soumise à une commission de révision composée de théologiens, d'avocats et de savants, tous jansénistes.

(8 mars). Le Conseil du roi révoque le Privilège de 1746, la distribution et la réimpression de l'Encyclopédie sont et demeureront interdits. Cet arrêt paraît sonner le glas d'une entreprise que d'Alembert, de son côté, abandonne définitivement. Pourtant il va permettre le sauvetage de l'oeuvre: "La révocation du privilège mettait l'Encyclopédie hors de l'atteinte légale de ses ennemis, sans pourtant empêcher sa continuation, pour peu qu'on usât bien de la permission tacite" (Jacques Proust, I'Encyclopédie, p. 65).

(21 juillet). Nouvel arrêt ordonnant le remboursement des souscripteurs pour les volumes non parus. Mais aucun souscriptuer ne réclame son argent.

Les libraires prennent des contacts avec des éditeurs étrangers et adressent au chancelier un mémoire proposant que l'impression se fasse à l'étranger ou qu'elle continue en France avec la tolérance du gouvernement. Malesherbes refuse la première solution et garde le silence sur la seconde. Les Encyclopédistes profitent de cet accord implicite.

Malgré la condamnation de l'ouvrage par le pape Clément XIII (3 septembre), Diderot et les libraires font admettre le remboursement des souscripteurs par la livraison des planches, "à raison d'un volume de 250 planches par an, à commencer en 1760".

(8 septembre). Nouveau privilège accordé pour un Recueil de mille planches gravées en taille douce sur les sciences, les arts libéraux et mécaniques, les explications des figures en quatre volumes in folio. Diderot peut donc continuer son travail.

(novembre). Les adversaires de l'Encyclopédie attaquent sur un autre plan. FRÉRON publie la dénonciation d'un ancien employé des libraires: les planches dont l'impression se prépare auraient été dérobées à Réaumur avant la mort de ce dernier. L'Académie des Sciences--dont Réaumur avait été le secrétaire perpétuel--enquête et lave Diderot de cette accusation.

 

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1760 (mars). LEFRANC DE POMPIGNAN prononce à l'Académie Française un discours de réception qui critique violemment l'Encyclopédie et l'esprit philosophique. Voltaire réplique par une succession de pamphlets: les quand, les pour, les que, les qui, les quoi, les oui les non, les car, les ah! ah!. Et, pour venger Diderot, il décidé de présenter la candidature de ce dernier à l'Académie Française. Mais Diderot décline l'offre.

(mai). PALISSOT fait représenter à la Comédie-Française sa comédie des Philosophes, qui plagie les Femmes savantes, et maltraite Diderot, Helvétius, Grimm, Madame Geoffrin et Rousseau: ce dernier marche à quatre pattes sur la scène. L'abbé Morellet riposte par une brochure incisive, Vision de Charles Palissot, qui lui vaut d'être embastillé.

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1761 Diderot fait jouer avec succès le Père de famille et achève le texte des explications accompagnant les planches de l'Encyclopédie.

 

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1762 Le premier volume de planches paraît en janvier. L'avenir de l'oeuvre va être assuré par... les jansénistes: à la suite de la banqueroute d'un Jésuite (La Valette, qui s'était lancé dans le commerce), le Parlement janséniste fait fermer les collèges des Jésuites, puis le 6 août condamne "les bulles, brefs, constitutions, et autres règlements de la Société se disant de Jésus". Les membres de la compagnie sont expulsés hors de France. Avec eux disparaissent les adversaires les plus acharnes de l'Encyclopédie. Et Diderot peut refuser la proposition de Catherine II qui lui offrait d'achever son Dictionnaire à Saint Pétersbourg.

 

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1763 Les volumes II et III de planches se succèdent. L'Encyclopédie perd son protecteur Malesherbes, heureusement remplacé à la direction de la Librairie par un ami de Diderot, Sartine.

 

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1764 (novembre). Cherchant un renseignement dans un des volumes imprimés, mais non encore parus, Diderot s'aperçoit que, pour éviter tout ennui avec la censure, le libraire Le Breton a falsifié depuis deux ans certains de ses articles et les articles de Saint-Lambert, Turgot, d'Holbach, Jaucourt. Le philosophe exprime son indignation dans une lettre de plusieurs pages:

Vous m'avez mis dans le cur un poignard que votre vue ne peut qu'enfoncer davantage [...].

Vous m'avez Iâchement trompé deux ans de suite; vous avez massacré ou fait massacrer par une bête brute le travail de vingt honnêtes gens qui vous ont consacré leur temps, leur talent et leurs veilles gratuitement, par amour du bien et de la vérité, et sur le seul espoir de voir paraître leurs idées et d'en recueillir quelque considération qu'ils ont bien méritée et dont votre injustice et votre ingratitude les aura privés [...].

On apprendra une atrocité dont il n'y a pas d'exemple depuis l'origine de la librairie. En effet, a-t-on jamais oui parler de dix volumes in-folio clandestinement mutilés, tronqués, hachés, déshonorés par un imprimeur [...]?

Ce qu'on y a recherché, c'est la philosophie ferme et hardie de quelques-uns de vos travailleurs. Vous l'avez châtrée, dépecée, mutilée mise en lambeaux sans jugement, sans ménagement et sans goût. sans nous avez rendus stupides et plats. Vous avez banni de votre livre ce qui en aurait fait encore le piquant, l'intérêt et la nouveauté... (Lettre à Le Breton du 12 novembre 1764.)

Profondément meurtri, Diderot prend pourtant conscience du fait qu'il est impossible de tout réimprimer et, pressé par ses amis, il consent à mener sa tâche jusqu'à son terme.

 

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1765 (août). Diderot écrit un Avertissement pour servir de préface au tome VIII. L'achèvement de son oeuvre ne lui ôte pas son amertume: "Notre ouvrage serait fini sans une nouvelle bêtise de l'imprimeur qui avait oublié dans un coin une partie du manuscrit. J'en ai, je crois, pour le reste de la semaine, après laquelle je m'écrierai: Terre! Terre!" (Lettre à Sophie Volland du 8 août 1765).

(décembre). La mort du dauphin affaiblit le parti dévot, et les libraires jugent le moment opportun pour mettre à la disposition du public le reste de l'ouvrage.

 

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1766 (janvier). Publication du volume IV de planches et des dix derniers volumes de discours. Le titre, modifié par un prudent subterfuge, tend à faire croire que l'oeuvre a été imprimée à l'étranger: Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une Société de gens de lettres. Mis en ordre par M. ***. A Neufchatel, chez Samuel Fauche et Compagnie, libraires et imprimeurs, 1765.

 

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1766 (28 février). Torture et exécution du chevalier de La Barre.

(23 avril). Emprisonnement à la Bastille, pour huit jours, du libraire Le Breton, coupable d'avoir expédié à Versailles, sans autorisation, plusieurs exemplaires des derniers volumes. Cet incident n'empoche pas Diderot de mettre au point les derniers volumes de planches.

 

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1767-1772 Publication des tomes V à XI de planches.

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