LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 128

MORDRE

MORDRE. v. a. Je mords, tu mords, il mord. Nous mordons. Je mordois. Je mordis. Je mordrai. Mords. Que je morde. Que je mordisse. Mordant. Mordu. Serrer avec les dents. Un chien l'a mordu, l'a mordu au bras. Ce chien mord les passans, leur mord les jambes. Ce chien mord, il mord bien serré. Être mordu d'un chien enragé.

On dit proverbialement, C'est un beau mâtin, un beau chien, s'il vouloit mordre; pour dire, C'est un homme bien fait, vigoureux, dont le courage ou la bonne volonté ne répondent pas à ce que son extérieur promet. Il est du style familier.

On dit aussi proverbialement, Il vaut autant être mordu d'un chien que d'une chienne, pour dire, qu'Il n'importe de qui le mal nous vient, et par qui il nous arrive.

On dit figurément et proverbialement, quand--quelqu'un a fait une chose dont il se doit repentir, qu'Il s'en mordra les doigts, qu'il s'en mordra les pouces.

On dit De deux hommes qui se haïssent, et qui voudroient se battre, mais qui sont éloignés l'un de l'autre, qu'Ils ne se mordront pas, qu'ils n'ont garde de se mordre. Il est du style familier.

Mordre

Mordre, se dit aussi Des oiseaux, de quelques insectes, et de la vermine. Le perroquet mord. Cet enfant est tout mordu de puces, de punaises.

On dit figurém. et populairement, Cela ne mord, ni ne rue, pour dire, Cela ne fait aucun mal, aucun tort, aucun dommage.

On dit en Poésie, Mordre la poussière, pour dire, Être tué dans un combat.

En termes de Gravure, on dit, Mordre une planche, ou faire mordre une planche, pour dire, Lui faire éprouver l'effet de l'eau--forte, après l'avoir vernie, et avoir découvert le vernis en différens endroits, à l'aide d'une pointe à graver.

Mordre

Mordre. v. neut. Il a les mêmes significations que l'actif. Mordre dans du pain. Les poissons mordent àl'hameçon.

On dit en termes d'Imprimerie, que La vignette mord sur les lettres, pour dire, qu'Elle avance sur les lettres.

On dit en termes de Couturière et de Tailleur, qu'Il faut mordre plus avant dans l'étoffe, pour qu'Elle ne se découse pas.

On dit, que Les dents d'une roue ne mordent pas assez sur les aîles d'un pignon, pour dire, qu'Elles n'entrent pas assez avant.

On dit De l'eau--forte, qu'Elle mord sur les métaux, pour dire, qu'Elle les creuse. L'eau--forte n'a pas assez mordu sur cette planche.

On dit encore dans le même sens, que La lime, le burin, mordent sur le fer, sur le cuivre, etc. et de même, qu'Ils ne mordent pas sur le jaspe, sur le porphyre.

On dit figur. et familièrem. qu'Un homme mord à l'hameçon, pour dire, qu'Il écoute avec plaisir une proposition qu'on lui fait pour le surprendre.

On dit aussi figurément et familièrement, qu'Un homme mord à la grappe, Quand il entre avec plaisir dans une proposition qu'on lui fait.

On le dit encore d'Un homme qui parle avec plaisir de quelque chose. Quand il médit d'un tel, on diroit qu'il mord à la grappe.

On dit d'Un homme replet, que La fièvre trouvera bien à mordre sur lui.

On dit d'Un homme qui aspire à une chose à laquelle il ne sauroit parvenir, Il voudroit bien avoir cette Charge, mais elle est trop chère, il n'y sauroit mordre. Il est familier.

On dit figurément et familièrement d'Un homme qui ne peut comprendre une chose, qu'Il n'y sauroit mordre; et dans le sens contraire, Cet enfant commence à mordre au latin.

On dit, Un aveugle y mordroit, un aveugle y pourroit mordre, pour dire, que La chose dont on parle est--très--aisée à comprendre ou à voir, et ne demande pas une grande intelligence, ni une grande finesse de vue. Il est du style familier.

Mordre

Mordre, signifie aussi, Médire, reprendre, critiquer, censurer avec malignité. Il cherche à mordre sur tout. Il n'y a point à mordre sur sa conduite. Il ne donne point à mordre sur lui.

On dit proverbialement, Chien qui aboie ne mord pas, pour dire, que Ceux qui font beaucoup de bruit ne sont pas les plus à craindre.

Mordu, ue

Mordu, ue. participe.

MORE

MORE. s. m. Ce mot se met ici, non comme le nom d'une nation, mais parce qu'il entre en diverses phrases de la langue.

On dit proverbialem. Il m'a traité de Turc à More; il en a usé avec moi de Turc à More, pour dire, Il m'a traité avec une dureté extrême, sans égards.

On dit encore proverbialement, en parlant d'Un homme à qui l'on a voulu inutilement faire entendre raison, ou que l'on a voulu corriger de quelque défaut, sans y pouvoir réussir, qu'À laver la téte d'un More, on y perd sa lessive.

On dit, Un cheval cap de more, ou cavessé de more, pour dire, Un cheval d'un poil rouan, dont la tête et les extrémités sont noires.

On appelle Gris de more, Une couleur grise tirant sur le noir. Des bas gris de more.

MOREAU

MOREAU. adj. m. Il ne se dit qu'en parlant d'Un cheval qui est extrêmement noir. Un cheval moreau, de poil moreau.

MORELLE

MORELLE. subs. fém. Plante fort commune, et qui est une espèce de Solanum.

MORESQUE

MORESQUE. adj. des 2 g. Qui a rapport aux coutumes des Mores. Les galanteries More s. Danse Moresque. Fête Moresque. À genre Moresque.

On s'en sert plus ordinairement au substantif; et alors il se dit d'Une espèce de danse à la manière des Mores. Danser bien la Moresque. La Moresque ressemble à la SarabandeEspagnole.

On appelle aussi Moresque, Une sorte de peinture faite de caprice, et représentant pour l'ordinaire des branchages, des feuillages, qui n'ont rien de naturel. Cette galerie est toute peinte à la moresque. Les Turcs ne souffrent point de figures dans leurs peintures, et n'ont que des Moresques et desArabesques.

MORFIL

MORFIL. s. m. Certaines petites parties d'acier presque imperceptibles, qui restent au tranchant d'un couteau, d'un rasoir, etc. lorsqu'on les a passés sur la meule, et qu'il faut achever d'emporter pour se pouvoir servir utilement ou du conteau ou du rasoir. Ôter le morfil d'un rasoir, d'un coutedu, en faire tomber le morfil. Un rasoir va mieux la seconde fois qu'on s'en sert, parce que la première fois le morfil n'est pas encore tombé.

Morfil

Morfil, se dit aussi des dents d'Eléphant séparées du corps de l'animal, et avant qu'elles soient travaillées. Ce vaisseau étoit chargé de poudre d'or et de morfil. On tire beaucoup de morfil des côtes de Guinée.

MORFONDRE

MORFONDRE. v. act. Refroidir, causer un froid qui incommode, qui pénètre. Ce vent vous morfondra. Ne dessellez pas sitôt ce cheval, de peur d le morfondre.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Vous vous morfondez là.

On dit figurément et familièrement, qu'Un homme se morfond, pour dire, qu'Il perd bien du temps à la poursuite d'une affaire, d'une entreprise qui ne réussit pas, dans l'attente d'un succès qui n'arrive point. Ce Capitaine s'est morfondu devant cette place. Cet homme est à la Cour assidument, mais il ne fait que s'y morfondre.

On dit, que De la pâte se morfond, pour dire, qu'Elle perd la chaleur qu'elle doit avoir pour faire de bon pain.

Morfondu, ue

Morfondu, ue. participe.

MORFONDURE

MORFONDURE. s. fém. Sorte de maladie qui vient aux chevaux, lorsqu'ils ont été saisis de froid après avoir eu chaud. Ce cheval jette des naseaux, mais ce n'est qu'une morfondure.

MORGELINE

MORGELINE ou ALSINE. s. fém. Plante dont il y a un grand nombre d'espèces. La plus usitée en Médecine, ressemble beaucoup au mouron.

MORGUE

MORGUE. s. f. Mine, contenance grave et sérieuse, où il paroît quelque fierté, quelque orgueil. Avoir de la morgue.

On dit d'Un homme qui fait les fonctions publiques de sa Charge avec une gravité affectée, que C'est un homme qui sait bien tenir sa morgue.

MORGUE

MORGUE. subst. fémin. Endroit à l'entrée d'une prison, où l'on tient quelque temps ceux que l'on écroue, afin que les Guichetiers puissent les regarder fixement, pour les reconnoître ensuite. On l'a tenu long -- temps à la morgue.

On appelle aussi Morgue, ou plutôt Basse Geole, Un endroit au Châtelet, où les corps morts dont la Justice se saisit, sont exposés à la vue du Public, afin qu'on les puisse reconnoître. On a porté ce corps à la morgue.

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