Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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piége; ou Lui faire croire, par plaisanterie, par malice, une chose qui n'est pas.

GOUJON dans les Arts mécaniques, se dit d'Une cheville de fer qui sert à lier les pièces de certains ouvrages, de certaines machines. Assembler des planches avec des goujons. Goujon de poulie.

GOULÉE s. f. Grosse bouchée. Il est bas, et ne se dit guère qu'en parlant D'un homme qui mange avidement de gros morceaux. Il n'en a fait qu'une goulée.

Prov. et fig., Brebis qui bêle perd sa goulée, Quand on parle beaucoup à table, on perd le temps de manger; et, plus figurément, En parlant beaucoup, on perd le temps d'agir.

GOULET s. m. Le cou d'une bouteille, ou de quelque autre vase dont l'entrée est étroite. En ce sens, il est vieux, et on ne dit plus que Goulot.

GOULET se dit maintenant, par analogie, de L'entrée étroite d'un port, d'une rade. On n'entre dans ce port que par un goulet. Le goulet de Brest rend l'entrée de la rade très-difficile.

GOULETTE s. f. Voyez GOULOTTE.

GOULOT s. m. Le cou d'une bouteille, d'une cruche, ou de quelque autre vase dont l'entrée est étroite. Goulot étroit. Goulot trop large. Une bouteille qui a le goulot cassé.

GOULOTTE s. f. T. d'Archit. Petite rigole pour servir à l'écoulement des eaux.

Il se dit aussi d'Un petit canal de pierre ou de marbre, qui a une pente douce, et qui est interrompu de distance en distance par de petits bassins, pour le jeu des eaux. Dans ce sens, on dit aussi, Goulette.

GOULU, UE.. adj. Qui aime à manger, et qui mange d'ordinaire avec avidité. C'est un homme extrêmement goulu. Le loup est un animal goulu. Le canard est un oiseau très-goulu.

Il s'emploie aussi comme substantif. C'est un goulu, un vilain goulu.

GOULÛMENT. adv. Avidement. Manger goulûment.

GOUPILLE s. f. Petite fiche, petite cheville de laiton ou d'autre métal, dont on se sert pour arrêter quelques parties d'une montre ou d'autres ouvrages semblables.

GOUPILLON s. m. Aspersoir, petit bâton au bout duquel il y a des soies de cochon, et qui sert à l'église pour prendre de l'eau bénite, et pour la répandre sur les objets qu'on bénit, ou la présenter à quelqu'un. Prendre de l'eau bénite avec un goupillon. Asperger avec un goupillon.

Il se dit aussi d'Un instrument destiné au même usage, qui consiste en une boule de métal creuse, percée de petits trous, et placée au bout d'un manche de même métal ou de bois. Présenter, répandre de l'eau bénite avec un goupillon d'argent.

Il se dit, dans quelques Arts, de Certaines brosses qui ont de la ressemblance avec un goupillon de bois.

GOURD, OURDE. adj. Qui est devenu comme perclus par le froid. Il n'est guère usité qu'au féminin, et en parlant Des mains. Avoir les mains gourdes.

Fig. et fam., Il n'a pas les mains gourdes, se dit D'un filou; et, par extension, D'un homme qui est âpre au gain.

GOURDE s. f. Monnaie d'argent, qu'on nomme plus ordinairement Piastre.

GOURDE s. f. Calebasse, courge séchée et vidée, dont les soldats, les pèlerins, etc., se servent pour porter de l'eau, du vin ou quelque autre boisson. Avoir sa gourde pleine.

GOURDIN s. m. Gros bâton court. Des coups de gourdin. Il prit un gourdin et lui en donna plusieurs coups. Il est populaire.

GOURE s. f. Terme de Droguiste, qui se dit de Toute drogue falsifiée.

GOUREUR s. m. Celui qui falsifie les drogues.

Il se dit aussi de Celui qui trompe dans un petit commerce, dans un échange. Ne faites pas de marché avec lui, c'est un goureur. Ce mot est populaire.

GOURGANDINE s. f. Coureuse, femme de mauvaise vie. C'est une franche gourgandine. Il est très-familier.

GOURGANE s. f. Petite fève de marais qui est douce et de bonne qualité.

GOURGOURAN s. m. Étoffe de soie travaillée en gros de Tours, et qui vient des Indes.

GOURMADE s. f. Coup de poing. Il lui donna deux ou trois gourmades. Une gourmade dans les dents, sur le nez. Il est familier.

GOURMAND, ANDE. adj. Qui mange avec avidité et avec excès. Il est extrêmement gourmand. Une femme gourmande. Un oiseau gourmand. Le brochet est un poisson fort gourmand.

Il s'emploie aussi comme substantif, en parlant d'Un homme ou d'une femme. C'est un gourmand, un vilain gourmand, une grosse gourmande.

Il se dit quelquefois pour Gastronome. Les gourmands recherchent beaucoup ce mets.

En Jardinage, Branches gourmandes, Branches d'un arbre fruitier qui poussent avec trop de vigueur, et qui absorbent la nourriture des autres branches.

GOURMANDER. v. a. Réprimander avec dureté, avec des paroles rudes et impérieuses. Souffrez-vous qu'on vous gourmande? Vous l'avez gourmandé comme s'il était votre valet. Il est fort impérieux, il veut gourmander tout le monde. C'est en vain que je gourmande sa paresse.

Il se dit quelquefois figurément. Ces philosophes chagrins accusent et gourmandent sans cesse la nature.

Fig., Gourmander ses passions, S'en rendre le maître, les tenir assujetties à la raison.

En termes de Manége, Gourmander un cheval, Le manier rudement de la main.

GOURMANDÉ, ÉE. participe En termes de Cuisine, Un carré de mouton gourmandé de persil, Lardé de persil.

GOURMANDISE s. f. Vice de celui qui est gourmand. Gourmandise insatiable. Le péché de gourmandise. Satisfaire sa gourmandise.

GOURME s. f. Il se dit Des mauvaises humeurs qui surviennent aux jeunes chevaux. C'est un poulain, il n'a pas encore jeté sa gourme. On l'a fait travailler trop jeune, la gourme lui est tombée sur les jambes.

Fig., Jeter sa gourme, se dit en parlant Des enfants qui ont quelque maladie de la peau.

Fig. et fam., Il jette sa gourme, il n'a pas encore achevé de jeter sa gourme, se dit D'un jeune homme qui vient d'entrer dans le monde, et qui y fait beaucoup de folies, d'extravagances.

GOURMER. v. a. Mettre la gourmette à un cheval. Il faut gourmer ce cheval plus court. Si un cheval n'est gourmé, il ne se ramène pas bien.

GOURMER signifie aussi, familièrement, Battre à coups de poing. On l'a bien gourmé. Il s'emploie avec le pronom personnel, comme verbe réciproque. Des écoliers qui se gourment.

GOURMÉ, ÉE. participe Fig. et fam., Être gourmé, Affecter un maintien composé et trop grave. C'est un homme qui est toujours gourmé.

GOURMET s. m. Celui qui sait bien connaître et goûter le vin. Bon gourmet. Les plus fins gourmets y seraient trompés.

GOURMETTE s. f. T. de Manége. Petite chaînette de fer qui tient à un des côtés du mors d'un cheval, et qu'on accroche à l'autre côté en la faisant passer sous la ganache. La gourmette de votre cheval est défaite. Cette gourmette est trop grosse, trop courte. Attacher une gourmette jusqu'à la dernière maille. Le cheval rompit sa gourmette, et emporta son homme.

Fig. et fam., Rompre sa gourmette, S'abandonner à ses passions, après s'être contraint quelque temps, après avoir vécu dans la retenue. Ce jeune homme a rompu sa gourmette.

Fig. et fam., Lâcher la gourmette à quelqu'un, Lui donner plus de liberté qu'il n'en avait auparavant.

GOUSSAUT ou GOUSSANT. s. m. T. de Manége. Cheval court de reins, et dont l'encolure et la conformation annoncent de la force.

Il s'emploie aussi comme adjectif. Un cheval goussaut.

GOUSSE s. f. T. de Botan. Cosse, enveloppe des graines, des semences dans les plantes légumineuses. Gousse allongée. Gousse de pois. Gousse de fève. Les gousses n'ont que deux valves.

Gousse d'ail, Petite tête d'ail. Frotter du pain avec une gousse d'ail.

GOUSSES au pluriel, se dit d'Un ornement d'architecture particulier au chapiteau ionique.

GOUSSET s. m. Le creux de l'aisselle. Se frotter le gousset avec de la poudre d'alun.

Il se dit plus ordinairement de La mauvaise odeur qui vient du gousset. Sentir le gousset.

Il signifie, par extension, Cette petite pièce de toile qu'on met à la manche d'une chemise à l'endroit de l'aisselle. Mettre des goussets à une chemise.

GOUSSET se dit aussi d'Une petite poche qui est en dedans de la ceinture d'une culotte, d'un pantalon. Fouiller dans son gousset. Tirer sa montre du gousset.

Fam., Avoir le gousset garni, bien garni, Être pourvu d'argent.

GOUSSET se dit encore d'Une espèce de petite console de menuiserie, servant à soutenir des tablettes.

GOÛT s. m. Celui des cinq sens par lequel on discerne les saveurs. Le sens du

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