ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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à une cave, ou pour donner passage dans un puisard aux eaux pluviales d'une cour.

On nomme aussi pierre à chassis une dalle de pierre ronde ou quarrée, sans trous, qui s'encustre comme la pierie percée, & qui sert de fermeture à un regard, ou à une fosse d'aisance.

Pierre précieuse. Nom général qu'on donne à toute pierre rare, dont on enrichit les ouvrages de marbre & de marqueterie, comme l'agate, le lapis, l'avanturine, &c. Parmi ces ouvrages, on estime sur - tout le tabernacle de l'église des Carmélites de Lyon, qui est de marbre & de pierres précieuses, & dont les ornemens sont de bronze.

Pierre spéculaire. C'étoit, chez les anciens, une pierre transparente, qui se débitoit par feuilles, comme le talc, & qui leur servoit de vitres. La meilleure venoit d'Espagne, selon Pline. Le poëte Martial fait mention de cette sorte de pierre dans ses épigrammes, liv. II. épig. 14. voyez Pierre spéculaire.

Pierre de rapport. Petite pierre de diverses couleurs, qui servent aux compartimens de pavé, aux ouvrages de mosaïque, & aux meubles précieux.

Pierres jectices. Ce sont toutes pierres qui peuvent être jettées avec la main, comme les gros & menus cailloux qui servent à affermir les aires des grands chemins, & à paver les grottes, fontaines & bassins, & qui étant sciées, entrent dans les ouvrages de rapport & de mosaïque.

Pierre milliaire. On appelloit ainsi chez les Romains certain dez ou bornes de pierre espacées à un mille l'une de l'autre, sur les grands chemins, pour marouer la distance des villes de leur empire. Ces pierres se comptoient depuis le milliaire doré de Rome. C'est ce que nous apprenons des mots des historiens: primus, secundus, tertius, &c. ab urbe lapis. L'usage des pierres milliaires est aujourd'hui pratiqué dans toute la Chine.

Pierres perdues. Pierres qui sont jettées à plomb dans la mer ou dans un lac pour sonder, & que l'on met ordinairement dans des caissons. On nomme aussi pierres perdues, celles qui sont jettées à bain de mortier pour bloquer.

De la pierre selon ses défauts. Pierre coquillaire. Pierre dans laquelle il y a de petites coquilles qui rendent son parement troué. Telle est la pierre de Saintnom.

Pierre coupée. C'est une pierre qui est gâtée, parce qu'étant mail taillée, elle ne peut servir où elle étoit destinée.

pierre délitée. Pierre qui est fendue à l'endroit d'un fil de lit, & qui taillée avec déchet, ne sert qu'à faire des arrases.

Pierre de soupré. C'est dans les carrieres de S. Leu, la pierre du banc le plus bas, dont on on ne sert point, parce qu'elle est trouée & désectueuse.

Pierre de souchet. On nomme ainsi en quelques endroits la pierre du banc le plus bas, qui n'etant pas plusformée que le bousin, est de nulle valeur.

Pierre en délit. Pierre qui n'est pas posée sur son lit de carriere dans un cours d'assises; mais sur son parement, ou délit enjoint.

Pierre sélée. Pierre qui est cassée par un fil ou veine courante ou traversante; & pierre entiere, c'est le contraire. Le son que la pierre rend en la frappant avec le marteau, fait connoître ces deux qualités.

Pierre feuilletée. Pierre qui se délite par feuillets ou écailles à cause de la gelée. La lambourde, entr'autres pierres, a ce défaut.

Pierre gauche. Pierre dont les paremens & les côtés opposés ne se bornoyent pas, parce qu'ils ne sont pas paralleles.

Pierres grasses. Pierre qui est humide, & par conséquent sujette à se geler. Telle est, par exemple, la pierre appellée cliquart.

Pierre moyèe. Pierre dont la moie ou le tendre, est abattu avec perte, parce que son lit n'est pas également dur. Cela arrive tres - souvent à la pierre de la chaussée.

Pierre moulinée. Pierre qui est graveleuse, & qui s'égrene à l'humidité. C'est un défaut particulier à la lambourde. Daviler. (D. J.)

Pierre d'aigle

Pierre d'aigle, espece de pierre connue dans l'histoire naturelle: les Grecs l'appellent aetites, & les Italiens pierra d'aquila; parce qu'on la trouve quelquefois dans des nids d'aigles. La tradition veut qu'elle ait une vertu merveilleuse, qui est d'avancer ou d'empêcher les accouchemens, selon qu'on l'applique au - dessus ou au - dessous de la matrice.

Matthiole dit que les oiseaux de proie n'écloroient jamais leurs petits sans cette pierre, & qu'ils la vont chercher jusqu'aux Indes orientales. Bausez a sait un traité latin qui parle expressément de l'aetites ou pierre d'aigle. Voyez l'article Attites, & l'article Pierre en général.

Pierre d'arménie

Pierre d'arménie, lapis armenius, LID *AO METIOS, sorte de pierre ou terre minérale, de couleur bleue, mêlée de verd, de blanc, & de rouge; on l'apportoit anciennement d'Arménie: aujourd'hui elle vient d'Allemagne & du Tyrol.

La pierre d'Arménie a beaucoup de ressemblance avec le lapis lazuli, dont elle ne paroît distinguee que par le degré de maturité: la principale difference qu'il y a entre l'une & l'autre, consiste en ce que la pierre d'Arménie est plus molle, & qu'au lieu de paillettes d'or, elle a des taches vertes.

Boerhaave met cette pierre au rang des demi - métaux, & la croit composée de terre & de métal. Woodward dit que la couleur qu'elle a vient du cuivre qui y est mêlé. Voyez Metal.

On l'employe principalement dans les ouvrages en mosaique, & on en fait aussi quelque usage en Medecine. Voyez Azur & Mosaïque.

Pierre de Boulogne

Pierre de Boulogne, espece de pierres qu'on trouve près de Boulogne en Italie, & qui moyennant une certaine préparation, deviennent lumineuses. Ces pierres sont de petites pierres blanchâtres en - dehors, beaucoup plus pesantes que nos pierres communes, de la grosseur d'un oeuf médiocre, & ordinairement plus petites. Ces pierres étant cassées, le dedans est un brillant, semé de rayons qui tendent à une espece de centre, & fort semblable au tale qui est parmi les pierres de plâtre. On trouve aussi beaucoup de marcassites aux endroits où il y a de ces pierres, savoir vers le bas du mont Paterno, & encore en d'autres contrées d'Italie.

La préparation qui les rend lumineuses, consiste à les limer à l'entour, à les mouiller dans de l'eaude - vie, ou de l'eau commune, ou du blanc d'oeuf, & à les plonger ou rouler dans leur poudre ou limaille, pour les en couvrir de l'épaisseur d'environ un quart de ligne. Ayant allumé des charbons ou braise, il en faut mettre à la hauteur de quelques doigts sur une grille de terre d'un petit fourneau ordinaire, placer les pierres sur ces charbons, & mettre encore d'autres charbons dessus environ de la hauteur de deux doigts, & laisser le tout jusqu'à ce que le charbon soit brulé, éteint, & refroidi. Enfin, il faut conserver chacune de ces pierres dans une petite boîte de bois avec du coton ou de la laine tout - autour.

Si on les expose pendant un moment à la lumiere du jour, ainsi préparées, & si on les porte promptement dans un lieu obscur, on les voit comme en feu, & semblables à un charbon ardent, cependant sans chaleur sensible: elles ne paroissent pas ainsi, avant que de les avoir exposées à la clarté du jour.

Le soufre contenu dans cette pierre, est la principale cause du phénomene.

En effet, la pierre de Boulogne contient beaucoup

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