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Mais les ouvriers dans cet art ont encore passé plus avant; car comme vers l'année 1563, le duc Come de Medicis eut découvert dans les montagnes de Pietra sancta, un endroit dont le dessus étoit de marbre tres - blanc, & propre pour faire des statues, l'on rencontra dessous un autre marbre mêlé de rouge & de jaune; & à mesure qu'on alloit plus avant, on trouvoit une variété de marbres de toutes sortes de couleurs, qui étoient d'autant plus durs & plus beaux, qu'ils étoient cachés dans l'epaisseur de la montagne. C'est de ces sortes de marbres que les ducs de Florence, depuis ce tems - là, ont fait enrichir leurs chapelles, & qu'ensuite on asait des tables & des cabinets de pieces de rapport, où l'on voit des fleurs, des fruits, des oiseaux, & mille autres choses admirablement représentées. On a même fait avec ces mêmes pierres, des tableaux qui semblent être de peinture, & pour en augmenter encore la beauté & la richesse, on se sert de lapis, d'agate, & de toutes les pierres les plus précieuses. On peut voir de ces so tes d'ouvrages dans les appartemens du Roi, où il s'en trouve des plus beaux.
Les anciens travailloient aussi de cette maniere, car il y avoit autrefois à Rome au portique de S. Pierre, à ce que dit Vassari, une table de porphyre fort ancienne, où étoient entaillées d'autres pierres fines qui représentoient une cage; & Pline parle d'un oiseau fait de différens marbres, & si bien travaillé dans le pavé du lieu qu'il décrit, qu'il sembloit que ce fût un véritable oiseau qui bût dans le vase qu'on avoit représenté aupres de lui.
Pour faire ces sortes d'ouvrages, on scie par feuilles
le bloc ou le morceau d'agate, de lapis, ou d'autres
pierres précieuses qu'on veut employer. On l'attache
fortement sur l'établi, puis avec une scie de fer sans
dents, on coupe la pierre en versant dessus de l'émeril
mêlé avec de l'eau, à mesure que l'on travaille: il y
a deux chevilles de fer aux côtés de la pierre, contre
lesquelles on appuie la scie, & qui servent à la conduire.
Quand ces feuilles sont coupées, si l'on veut
leur donner quelque figure pour les rapporter dans
un ouvrage, on les serre dans un étau de bois; &
avec un archet qui est une petite scie faite seulement
de fil de laiton, de l'eau & de l'émeril qu'on y jette,
on la coupe peu - à - peu, suivant les contours du dessein
que l'on applique dessus, comme l'on fait pour le
bois de marqueterie. Voyez Next page
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