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On l'appelle ainsi pour la distinguer de la peine corporelle.
Le bonheur d'un peintre est d'être né avec du génie. Ce génie est ce feu qui éleve les peintres au - dessus d'eux - mêmes, qui leur fait mettre de l'ame dans leurs figures, & du mouvement dans leurs compositions. L'expérience prouve suffisamment que tous les hommes ne naissent pas avec un génie propre à les rendre peintres. Nous avons vû des hommes d'esprit qui avoient copié plusieurs fois ce que la peinture a produit de plus sublime, vieillir le pinceau & la palette à la main, sans s'élever au - dessus du rang de coloristes médiocres, & de serviles dessinateurs d'après les figures d'autrui. Les esprits les plus communs sont capables d'être des peintres, mais jamais grands peintres.
Il ne suffit pas aux peintres d'avoir du génie, de concevoir des idées nobles, d'imaginer les compositions les plus élégantes & de trouver les expressions les plus pathétiques, il faut encore que leurs mains ayent été rendues dociles à se fléchir avec précision en cent manieres différentes, pour se trouver capables de tirer avec justesse la ligne que l'imagination leur demande. Le génie a, pour ainsi dire, les bras liés dans un artiste dont la main n'est pas dénouée.
Il en est de l'oeil comme de la main; il faut que l'oeil d'un peintre soit accoutumé de bonne heure à juger par une opération sûre & facile en même tems quel effet doit faire un certain mélange, ou bien une certaine opposition de couleurs; quel effet doit faire une figure d'une certaine hauteur dans un groupe; & quel effet un certain groupe fera dans le tableau après que le tableau sera colorié. Si l'imagination n'a pas à sa disposition une main & un oeil capables de la seconder à son gré, il ne résulte des plus belles idées qu'enfante cette imagination, qu'un tableau grossier, & que dedaigne l'artiste même qui l'a peint, tant il trouve l'oeuvre de sa main au - dessous de l'oeuvre de son esprit.
L'étude nécessaire pour perfectionner l'oeil & la main ne se fait point en donnant quelques heures distraites à un travail interrompu. Cette étude demande une attention entiere, & une persévérance continuée durant plusieurs années. On sait la maxime qui défend aux peintres de laisser écouler un jour entier, sans donner quelques coups de pinceau; maxime qu'on applique communément à toutes les professions, tant on la trouve judicieuse: nulla dies sine lineâ.
Le seul tems de la vie qui soit bien propre à faire acquérir leur perfection à l'oeil & à la main, est le tems où nos organes, tant intérieurs qu'extérieurs, achevent de se former: c'est le tems qui s'écoule depuis l'âge de quinze ans jusqu'à trente. Les organes contractent sans peine durant ces années toutes leurs habitudes, dont leur premiere conformation les rend susceptibles. Mais si l'on perd ces années précieuses, si on les laisse écouler sans les mettre à profit, la docilité des organes se passe sans que nos efforts puissent jamais la rappeller. Quoique notre langue soit un organe bien plus souple que notre main, cependant nous prononçons toujours mal une langue étrangere que nous apprenons après 30 ans.
Un peintre doit connoître à quel genre de peinture il
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