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On usoit anciennement de grandes cérémonies en
bénissant la barbe, & l'on voit encore les prieres qui
se disoient dans la solennité de sa consécration, lorsque
l'on tonsuroit un clerc. Voyez
Les gens de qualité faisoient raser leurs enfans la
premiere fois par des hommes aussi qualifiés qu'eux,
ou plus même; & ceux - ci devenoient par ce moyen
les parreins ou les peres adoptifs des enfans. Voyez
Il est vrai qu'anciennement, on devenoit parrein
du garçon précisément en lui touchant la barbe; aussi
voit - on dans l'histoire qu'un des articles du traité
entre Clovis & Alaric, fut que ce dernier lui toucheroit
la barbe, afin de devenir le parrein de Clovis.
Voyez
A l'égard des ecclésiastiques, la discipline a considérablement varié sur l'article de la barbe; on leur a quelquefois enjoint de la porter, à cause qu'il y a quelque chose d'efféminé à se la faire, & qu'une barbe longue sied bien à la gravité du clergé; d'autres fois on l'a défendue comme suspecte de cacher de l'orgucil sous un air vénérable. L'église Greque & la Romaine ont été long - tems aux prises à ce sujet depuis leur séparation. Ceux de l'église de Rome semblent avoir encore eu plus de goût pour se raser afin de contredire les Grècs; ils ont même fait certaines constitutions expresses de radendis barbis.
Les Grecs, de leur côté défendent la cause des grandes barbes, avec un zele ardent, & sont très scandalisés de voir dans les églises Romaines, des images de saints qui n'ont point de barbe. On trouve que par les statuts de quelques monasteres, les moiues laiques devoient laisser croître leur barbe, & les prêtres se raser; & que l'on bénissoit, avec beaucoup de cérémonies, les barbes de tous ceux qui étoient reçûs dans les couvens.
En certains pays, c'est porter le deuil que de laisser croître sa barbe, en d'autres c'en est un que de se raser. Le pere le Comte remarque l'extravagance des Chinois dans leur affectation de porter de grandes barbes, eux à qui la nature n'en a donné que de fort petites, qu'ils ont la folie de cultiver avec un grand soin, enviant beaucoup le bonheur des peuples de l'Europe à cet égard, & les considérant comme les premiers hommes du monde, à cause de leur barbe.
Les Russiens portoient encore leur barbe, il n'y a que très - peu d'années, quand le Czar Pierre I. leur ordonna de se raser: mais nonobstant son ordre, il fut contraint de tenir sur pied un bon nombre d'officiers, pour la couper de haute lutte à ceux que l'on ne pouvoit réduire autrement à s'en défaire. C'est une remarque de Saint - Chrysostome, que les rois de Perse avoient leur barbe tissue, & nattée avec un fil d'or. Quelques - uns des premiers rois de France faisoient noüer & boutonner leur barbe avec de l'or. (G)
C'est en quoi la barbe de la comete est distinguée de sa queue, qui se dit des rayons poussés vers la par<cb->
Les barbes sont ordinairement d'une taille déliée, & ont les jambes bien écartées. C'est une maxime que les barbes meurent, mais ne vieillissent jamais; parce qu'ils conservent leur vigueur jusqu'à la fin: c'est pourquoi on en fait des étalons. Leur feu, selon le duc de Newcastle, dure autant que leur vie.
On dit que ces chevaux étoient autrefois sauvages, & qu'ils couroient çà & là dans les forêts de l'Arabie; & que ce ne fut qu'au tems du Cheque Ismaël qu'on commença à les dompter pour la premiere fois. On assûre qu'il y a des barbes en Afrique, qui devancent les autruches à la course, qu'on vend ordinairement dix mille livres, ou comme dit Dapper, mille ducats, ou cent chameaux. On les entretient toûjours maigres, & on les nourrit fort peu avec quelques grains & de la pâte, ou comme dit Dapper, avec du lait de chameau qu'on leur donne soir & matin. On conserve la généalogie des chevaux barbes, avec le même soin qu'on fait en Europe celle des grandes familles; & on ne les vend jamais sans produire leurs titres de noblesse. Il y en a qu'on fait descendre en droite ligne de l'illustre cheval du grand Dalid.
La race des chevaux a fort dégénéré dans la Numidie, les Arabes ayant été découragés de la conserver
par les officiers Turcs, qui étoient assûrés de
s'en rendre maîtres. Les Tingitaniens & les Égyptiens
ont aujourd'hui la réputation de conserver la meilleure
race, tant pour la taille que pour la beauté.
Les plus petits de ces derniers ont ordinairement
seize palmes, & tous sont formés, suivant leur maniere
de s'exprimer, comme la gazelle.
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