ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Romains. Les anciens philosophes & les prêtres des Juifs portoient de longues barbes. On veut que ce soit aussi l'origine du nom des Lombards, Longobardi quasi Longo - barbati. Il y a un canon du concile de Carthage, qui défend aux clercs de porter de longs cheveux & de longues barbes: clericus nec comam nutriat, nec barbam; ce qui se concilie difficilement avec cette leçon, nec barbam tundat. Grégoire VII. dit, que le clergé d'Occident a toûjours été rasé. Aujourd'hui les Occidentaux se font raser; & les Grecs au contraire, les Turcs & presque tous les Orientaux ont conservé la mode de porter de longues barbes.

On usoit anciennement de grandes cérémonies en bénissant la barbe, & l'on voit encore les prieres qui se disoient dans la solennité de sa consécration, lorsque l'on tonsuroit un clerc. Voyez Tonsure.

Les gens de qualité faisoient raser leurs enfans la premiere fois par des hommes aussi qualifiés qu'eux, ou plus même; & ceux - ci devenoient par ce moyen les parreins ou les peres adoptifs des enfans. Voyez Adoption.

Il est vrai qu'anciennement, on devenoit parrein du garçon précisément en lui touchant la barbe; aussi voit - on dans l'histoire qu'un des articles du traité entre Clovis & Alaric, fut que ce dernier lui toucheroit la barbe, afin de devenir le parrein de Clovis. Voyez Parrein.

A l'égard des ecclésiastiques, la discipline a considérablement varié sur l'article de la barbe; on leur a quelquefois enjoint de la porter, à cause qu'il y a quelque chose d'efféminé à se la faire, & qu'une barbe longue sied bien à la gravité du clergé; d'autres fois on l'a défendue comme suspecte de cacher de l'orgucil sous un air vénérable. L'église Greque & la Romaine ont été long - tems aux prises à ce sujet depuis leur séparation. Ceux de l'église de Rome semblent avoir encore eu plus de goût pour se raser afin de contredire les Grècs; ils ont même fait certaines constitutions expresses de radendis barbis.

Les Grecs, de leur côté défendent la cause des grandes barbes, avec un zele ardent, & sont très scandalisés de voir dans les églises Romaines, des images de saints qui n'ont point de barbe. On trouve que par les statuts de quelques monasteres, les moiues laiques devoient laisser croître leur barbe, & les prêtres se raser; & que l'on bénissoit, avec beaucoup de cérémonies, les barbes de tous ceux qui étoient reçûs dans les couvens.

En certains pays, c'est porter le deuil que de laisser croître sa barbe, en d'autres c'en est un que de se raser. Le pere le Comte remarque l'extravagance des Chinois dans leur affectation de porter de grandes barbes, eux à qui la nature n'en a donné que de fort petites, qu'ils ont la folie de cultiver avec un grand soin, enviant beaucoup le bonheur des peuples de l'Europe à cet égard, & les considérant comme les premiers hommes du monde, à cause de leur barbe.

Les Russiens portoient encore leur barbe, il n'y a que très - peu d'années, quand le Czar Pierre I. leur ordonna de se raser: mais nonobstant son ordre, il fut contraint de tenir sur pied un bon nombre d'officiers, pour la couper de haute lutte à ceux que l'on ne pouvoit réduire autrement à s'en défaire. C'est une remarque de Saint - Chrysostome, que les rois de Perse avoient leur barbe tissue, & nattée avec un fil d'or. Quelques - uns des premiers rois de France faisoient noüer & boutonner leur barbe avec de l'or. (G)

Barbe d'une Comete

Barbe d'une Comete (Astronom.) c'est le nom qu'on donne à ces especes de rayons qu'envoye une comete, vers la partie du ciel où son mouvement paroît la porter. Voyez Comete.

C'est en quoi la barbe de la comete est distinguée de sa queue, qui se dit des rayons poussés vers la par<cb-> tie d'où il semble que son mouvement l'éloigne. Voyez Queue. En un mot la barbe de la comete est une espece de chevelure lumineuse & rayonnante qui la précede, & la queue est une chevelure lumineuse & rayonnante qui la suit. La cause de la queue des cometes & de lr barbe n'est pas trop bien connue. Voyez sur ce sujet les conjectures des philosophes, au mot Comete. (O)

Barbe

Barbe ou plûtôt Barbette (terme de l'Art militaire) tirer en barbe ou à barbetts, c'est tirer le canon par dessus le parapet, au lieu de le tirer par les embrasures; auquel cas le parapet ne doit avoir que trois piés & demi de hauteur, au - dessus de l'endroit où le canon est placé. On fait ordinairement de petites élévations de terre aux angles flanqués des ouvrages pour y placer du canon qu'on tire à barbette. Ces élévations sont aussi appellées barbettes. On donne ce même nom au canon, qui est tiré de ces élévations; parce qu'on prétend que le canon en tirant de - là, par - dessus ce parapet, lui fait pour ainsi dire la barbe, en brûlant l'herbe de sa partie supérieure. (Q)

Barbe

Barbe d'un vaisseau (Marine.) les barbes d'un vaisseau sont les parties du bordage de l'avant, auprès du rinjot, c'est - à - dire, vers l'endroit où l'étrave s'assemble avec la quille.

Barbe

Barbe, Sainte - Barbe, gardiennerie, chambre des canonniers; c'est ainsi que se nomme (en Marine) la chambre des canonniers, à cause qu'ils ont choisi Sainte Barbe pour patrone. La sainte - barbe est un retranchement de l'arriere du vaisseau, au - dessus de la sonte, & au - dessous de la chambre du capitaine. Le timon passe dans la sainte - barbe. Les vaisseaux de guerre y ont ordinairement deux sabords pratiqués dans l'arcasse; on l'appelle aussi gardiennerie, à cause que le maître canonnier y met une partie de ce qui regarde les ustenciles de son artillerie. Voyez Pl. IV. fig. I. n°. 107. (Z)

Barbe

Barbe (Manege) on appelle ainsi un cheval de Barbarie, qui a la taille menue & les jambes déchargées, & qui est fort estimé pour sa vigueur & sa vîtesse. Voyez Cheval.

Les barbes sont ordinairement d'une taille déliée, & ont les jambes bien écartées. C'est une maxime que les barbes meurent, mais ne vieillissent jamais; parce qu'ils conservent leur vigueur jusqu'à la fin: c'est pourquoi on en fait des étalons. Leur feu, selon le duc de Newcastle, dure autant que leur vie.

On dit que ces chevaux étoient autrefois sauvages, & qu'ils couroient çà & là dans les forêts de l'Arabie; & que ce ne fut qu'au tems du Cheque Ismaël qu'on commença à les dompter pour la premiere fois. On assûre qu'il y a des barbes en Afrique, qui devancent les autruches à la course, qu'on vend ordinairement dix mille livres, ou comme dit Dapper, mille ducats, ou cent chameaux. On les entretient toûjours maigres, & on les nourrit fort peu avec quelques grains & de la pâte, ou comme dit Dapper, avec du lait de chameau qu'on leur donne soir & matin. On conserve la généalogie des chevaux barbes, avec le même soin qu'on fait en Europe celle des grandes familles; & on ne les vend jamais sans produire leurs titres de noblesse. Il y en a qu'on fait descendre en droite ligne de l'illustre cheval du grand Dalid.

La race des chevaux a fort dégénéré dans la Numidie, les Arabes ayant été découragés de la conserver par les officiers Turcs, qui étoient assûrés de s'en rendre maîtres. Les Tingitaniens & les Égyptiens ont aujourd'hui la réputation de conserver la meilleure race, tant pour la taille que pour la beauté. Les plus petits de ces derniers ont ordinairement seize palmes, & tous sont formés, suivant leur maniere de s'exprimer, comme la gazelle.

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