Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 171

Cet enfant est tout mordu de puces, de punaises.

On dit figurément & populairement, qu'Une chose ne mord, ni ne rue, pour dire, qu'Elle ne fait aucun mal, aucun tort, aucun dommage.

On dit en Poësie, Mordre la poussière, pour dire, Être tué dans un combat.

En termes de Gravure, on dit, Mordre une planche, ou faire mordre une planche, pour dire, Lui faire éprouver l'effet de l'eau-forte, après l'avoir vernie, & avoir découvert le vernis dans différens endroits, à l'aide d'une pointe à graver.

MORDRE. v.n. Il a les mêmes significations que l'actif. Mordre dans du pain. Les poissons mordent à l'hameçon.

On dit fig. & fam. qu'Un homme mord à l'hameçon, pour dire, qu'Il écoute avec plaisir une proposition qu'on lui fait pour le surprendre.

On dit aussi figurément & familièrement, qu'Un homme mord à la grappe, Quand il entre avec plaisir dans une proposition qu'on lui fait. À peine lui ai-je fait cette proposition, qu'il a mordu à la grappe.

On le dit encore d'Un homme qui parle avec plaisir de quelque chose. Quand il médit d'un tel, on diroit qu'il mord à la grappe.

On dit en termes d'Imprimerie, que La vignette mord sur les lettres, pour dire, qu'Elle avance sur les lettres.

On dit en Couture, qu'Il faut mordre plus avant dans l'étoffe, pour qu'elle ne se découse pas.

On dit, que Les dents d'une roue ne mordent pas assez sur les ailes d'un pignon, pour dire, qu'Elles n'entrent pas assez avant.

On dit De l'eau-forte, qu'Elle mord sur les métaux, pour dire, qu'Elle les creuse. L'eau-forte n'a pas assez mordu sur cette planche.

On dit encore dans le même sens, que La lime, le burin mordent sur le fer, sur le cuivre, &c. Et de même, qu'Ils ne mordent pas sur le jaspe, sur le porphire.

On dit d'Un homme replet, que La fièvre trouvera bien à mordre sur lui.

On dit d'Un homme qui aspire à une chose à laquelle il ne sauroit parvenir, Il voudroit bien avoir cette charge, mais elle est trop chère, il n'y sauroit mordre. Il est familier.

On dit fig. & fam. d'Un homme qui ne peut comprendre une chose, qu'Il n'y sauroit mordre.

On dit, Un aveugle y mordroit, un aveugle y pourroit mordre, pour dire, que La chose dont on parle est très-aisée à comprendre ou à voir, & ne demande pas une grande intelligence, ni une grande finesse de vue. Il est du style familier.

MORDRE signifie aussi, Médire, reprendre, critiquer, censurer avec malignité. Il cherche à mordre sur tout. Il n'y a point à mordre sur sa conduite. Il ne donne point à mordre sur lui.

On dit proverbialement, pour témoigner qu'on fait peu de cas des menaces que quelqu'un a faites, Tous les chiens qui aboient ne mordent pas.

MORDU, UE, participe .

MORE. s.m. Ce mot ne se met pas ici comme le nom d'une nation, mais parce qu'il entre en diverses phrases de la langue.

On dit proverbialement, Traiter quelqu'un de Turc à More, pour dire, Le traiter avec toute sorte de dureté & sans aucun égard. Je n'ai jamais pu tirer aucune composition de lui, il m'a traité de Turc à More. Il en a usé avec moi de Turc à More.

On dit encore proverbialement, en parlant d'Un homme à qui l'on a voulu inutilement faire entendre raison, ou que l'on a voulu persuader, sans y pouvoir réussir, qu'À laver la tête d'un More, on y perd sa lessive.

On dit, Un cheval cap de more,ou cavessé de more, pour dire, Un cheval d'un poil rouan, dont la tête & les extrémités sont noires.

On appelle Gris de more, Une couleur grise tirant sur le noir. Des bas gris de more.

MOREAU. adj. m. Il ne se dit qu'en parlant d'Un cheval qui est extrêmement noir. Un cheval moreau, de poil moreau.

MORELLE. s.f. Plante fort commune & qui est une espèce de Solanum. Elle porte de petites baies noires qui, aussi bien que la plante même, sont rafraîchissantes, anodines, & très-vulnéraires, mais un peu narcotiques. On la pile & on l'applique avec succès sur les plaies invétérées, & pour calmer les douleurs d'hémorroïdes.

MORESQUE. adj. Qui a rapport aux coutumes des Mores. Les galanteries Moresques. Danse Moresque. Fête Moresque.

On s'en sert plus ordinairement au substantif; & alors il se dit d'Une espèce de danse à la manière des Mores. Danser bien la Moresque. La Moresque ressemble à la Sarabande Espagnole.

On appelle aussi Moresque, Une sorte de peinture faite de caprice, qui représente ordinairement des branchages, des feuillages, qui n'ont rien de naturel. Cette galerie est toute peinte à la moresque. Les Turcs ne souffrent point de figures dans leurs peintures, & n'ont que des Moresques & des Arabesques.

MORFIL. s.m. Certaines petites parties d'acier presque imperceptibles, qui restent au tranchant d'un couteau, d'un rasoir, &c. lorsqu'on les a passés sur la meule; & qu'il faut achever d'emporter pour se pouvoir servir utilement ou du couteau ou du rasoir. Oter le morfil d'un rasoir, d'un couteau, en faire tomber le [alt p. 119] morfil. Un rasoir va mieux la seconde fois qu'on s'en sert, parce que la première fois le morfil n'est pas encore tombé.

MORFIL se dit aussi des dents d'Éléphant séparées du corps de l'animal, & avant qu'elles soient travaillées. Ce vaisseau étoit chargé de poudre d'or & de morfil. On tire beaucoup de morfil des côtes de Guinée.

MORFONDRE. v.a. Refroidir, causer un froid qui incommode, qui pénètre. Ce vent vous morfondra. Ne dessellez pas sitôt ce cheval, de peur de le morfondre.

Il est aussi réciproque. Vous vous morfondez là.

On dit figurément, qu'Un homme se morfond, pour dire, qu'Il perd bien du temps à la poursuite d'une affaire, d'une entreprise qui ne réussit pas, dans l'attente d'un succès qui n'arrive point. Ce Capitaine s'est morfondu devant cette place. Cet homme est à la Cour assidument, mais il ne fait que s'y morfondre.

On dit, que De la pâte se morfond, pour

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.