ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Hyppolite expirant, & entendant une voix qui lui parloit (c'étoit la voix de Diane sa protectrice), s'écrie dans Euripide, « ô divine odeur! car j'ai senti, déesse immortelle, que c'étoit vous qui me parliez ».

On employoit aussi des parfums sur les tombeaux pour honorer la mémoire des morts; ainsi Antoine recommande de répandre sur ses cendres du vin, des herbes odoriférantes, & de mêler des parfums à l'agréable odeur des roses.

Sparge mero cineres, & odoro perlue nardo Hospes, & adde rosis balsama puniceis.

Anacréon avoit dit long - tems auparavant, ode 4, « à quoi bon répandre des essences sur mon tombeau? Pourquoi y faire des sacrifices inutiles; parfume - moi plutôt pendant que je suis en vie; mets des couronnes de roses sur ma tête ». (D. J.)

Parfum

Parfum, (Critique sacrée.) l'usage des parfums étoit recherché des Hébreux & des Orientaux. Moïse donne la composition de deux especes de parfums, dont l'un devoit être offert au seigneur sur l'autel d'or, & l'autre étoit destiné à oindre le grand - prêtre & ses fils, de même que le tabernacle & tous les vases destinés au service divin. La loi défendoit sous peine de la vie à quelque homme que ce fût, de se servir du premier de ces parfums pour son usage. Il étoit composé de hacte, d'onix, de galbanum, & d'encens par égale portion; oequalis ponderis erunt omnia, Exod. xxx. 34. Le parfum d'onction étoit fait de myrrhe, de cinnamome, de canne aromatique, de casse, & d'olive, Exod. xxx. 31. Il étoit également défendu de l'employer à d'autres usages qu'à celui de sa destination, & d'en faire pour soi, ou pour les autres. Voyez Onction huile d'. (Critique sacrée.)

Mais les Hébreux avoient d'autres parfums pour leurs usages profanes, tels que ceux qui étoient dans les trésors du roi Ezéchias; ostendit eis aromata & cellam odoramentorum, & unguenti optimi, Is. xxxix. 2. Judith se parfuma pour paroître devant Holopherne. Le corps du roi Asa fut exposé sur un lit de parade avec beaucoup de parfums: posuerunt eum super lectum suum plenum aromatibus & unguentis meretriciis. Enfin, les Hébreux aimoient tellement les parfums, que c'étoit pour eux une grande mortification de s'en abstenir, & qu'ils ne s'en privoient que dans des tems de calamités. Il paroît par l'Ecriture, que les hommes & les femmes en usoient indifféremment. Les parfums qu'ils employoient pour embaumer leurs morts d'un rang eminent, étoient apparemment composés des mêmes drogues que ceux des Egyptiens, dont les Hébreux avoient pris l'usage des embaumemens. L'usage des parfums pour les morts, fit naître aux vivars l'idée de les employer pour la sensualité. Les femmes chez les Hébreux les prodiguoient sur elles en tems de noces; c'est ainsi que se conduisit Ruth pour plaire à Boz, & Judith pour captiver les bonnes graces d'Holopherne.

Parfum

Parfum, en Médecine & en Pharmacie. Ces compositions n'exhalent pas toujours une bonne odeur; il y en a d'agréables & de desagréables.

On les divise en parfums liquides & en parfums secs. Les liquides sont comme les eaux de senteur, les cassolettes. Les secs sont comme les pastilles, les baies de genievre qu'on fait brûler dans les chambres des malades, dans les hopitaux pour corriger le mauvais air.

On parfume les chambres avec l'eau de fleur d'orange, le vinaigre, l'esprit de sel ammoniac, l'espritde - vin mis dans une phiole à long col sur un réchaud, pour en répandre plus aisément la vapeur.

Parfum céphalique. Prenez styrax calamite, benjoin, de chacun un gros & demi; gomme de genievre, encens, de chacun un gros; gérofle, canelle, de chacun deux scrupules; feuilles de laurier, de sauge, de marjolaine, de romarin, de chacun demi - gros. Faites une poudre de tous ces ingrédiens que vous jetterez sur les charbons ardens, afin que le malade en reçoive la fumée par le nez.

On en peut faire de pareils pour remplir d'autres indications, pour provoquer les regles, la salivation, &c.

Parfum

Parfum, (Tireurs d'or.) on nomme de la sorte une composition de divers ingrédiens, dont quelques tireurs d'or & d'argent se servent pour donner le fumage au fil d'argent, afin de le faire passer pour fil d'or, ou fil surdoré; le parfum est défendu par les réglemens.

PARFUMÉ

PARFUMÉ, adj. terme qui se dit des choses qui ont reçu l'impression de quelque parfum, comme des gants parfumés, des peaux parfumées. Les François tiroient autrefois d'Espagne & d'Italie des peaux de boucs & de chevres toutes parfumées, dont ils fabriquoient des gants, des bourses, des poches, & autres ouvrages semblables. A présent on ne peut plus les souffrir à cause de leur odeur trop violente, & on en fait assez peu de cas.

PARFUMER

PARFUMER, v. act. se dit de l'action par laquelle on donne l'impression de quelque parfum à quelque corps capable de le recevoir. On parfume des peaux, des gants, de la poudre, de la pomade, des savonnettes, des pâtes, pastilles, essences, &c. avec le musc, l'ambre gris, la civette, &c.

Les pays où on sait le mieux parfumer, sont l'Espagne & l'Italie.

Parfumer un vaisseau

Parfumer un vaisseau, (Marine.) c'est faire brûler du goudron & du genievre, & jetter du vinaigre entre les ponts d'un vaisseau; les bâtimens & les hommes seront parfumés. (Q)

PARFUMEUR

PARFUMEUR, s. m. marchand & ouvrier tout ensemble, qui fait, vend, & employe toutes sortes de parfums, de la poudre pour les cheveux, des savonnetes, de la pâte pour les mains, des pastilles, eaux de senteur, essences, gants parfumés, sachets de senteur, pots pourris, &c. Voyez tous ces mots à leur article.

Le métier de Parfumeur étoit fort en vogue chez les anciens grecs & les anciens romains.

A Paris, les maîtres Gantiers composent une communauté considérable; leurs anciens statuts sont du mois d'Octobre 1190, sous le regne de Philippe Auguste, confirmés depuis par le roi Jean, le 20 Décembre 1357, & encore le 27 Juillet 1582 sous Henri I I I. Les statuts dont la communauté se sert présentement, ont été renouvellés, confirmés, & augmentés par Louis XIV. au mois de Mars 1656, par lettres patentes enregistrées au parlement le 13 Mai suivant. Par tous ces statuts, ordonnances, lettres patentes, &c. les maîtres sont qualifiés marchands maîtres Gantiers Parfumeurs.

En qualité de gantiers, ils ont droit de vendre & de faire toutes sortes de gants & mitaines, de tous les cuirs qui se peuvent commodément employer.

Comme parfumeurs, ils peuvent appliquer & mettre sur les gants, & débiter toutes sortes de parfums, & même vendre en détail des cuirs de toute espece, peaux lavées, parfumées, blanches, & autres propres à faire des gants.

Suivant ces statuts, aucun ne peut être reçu marchand gantier parfumeur, qu'après quatre ans d'apprentissage, servi les maîtres pendant trois autres en qualité de compagnon, & fait chef - d'oeuvre.

Les fils de maîtres sont exempts de ces formalités, leur suffisant de faire une légere expérience.

La veuve d'un maître a droit de tenir boutique, & de faire travailler tant qu'elle reste en viduité; mais il ne lui est pas permis de faire d'apprentif.

A la tête de la communauté, il y a quatre maîtres

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