Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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EMPIERRER. v. tr. T. de Ponts et Chaussées.
Revêtir de pierre grossière une chaussée,
un fossé, un bassin, etc. Empierrer une route.

EMPIÉTEMENT. n. m. Action d'empiéter
ou Résultat de cette action. Les empiétements
donnent lieu à beaucoup de procès. Les
empiétements de la mer sur les terres.
Fig.,
Empiétement d'une autorité sur une autre.

EMPIÉTER. v. tr. Usurper dans ou sur la
propriété d'autrui. Il a empiété sur moi plus
de cinq mètres. Ce laboureur empiète tous les
ans quelques sillons sur la terre de son voisin.
Vous avez empiété sur mon terrain.

Il se dit, par analogie, d'une Chose qui
s'étend, qui déborde sur une autre, et principalement
des eaux qui viennent à couvrir
un terrain voisin. La mer empiète sur les
côtes. La rivière empiète tous les jours de ce côté.

Il signifie encore figurément S'arroger,
exercer sur quelqu'un ou sur quelque chose
des droits qu'on n'a pas. Vous avez empiété
sur ma charge, sur mon emploi, sur mes attributions.
Le pouvoir législatif ne doit pas empiéter
sur l'exécutif.

EMPIFFRER. v. tr. Faire manger avec
excès. Empiffrer un enfant de confitures, de
pâtisseries.

S'EMPIFFRER signifie Manger avec excès
et gloutonnerie. Il s'empiffra tellement à ce
repas qu'il en fut malade.
Il est familier.

EMPILEMENT. n. m. Action d'empiler.

EMPILER. v. tr. Mettre en pile. Empiler
du bois. Empiler des livres, des paquets.
Empiler des bombes. Empiler des écus,
Amasser
de l'argent.

Il signifie figurément et familièrement Entasser.
Empiler des voyageurs dans un wagon.
Nous nous empilons tant bien que mal dans
cette voiture.

EMPIRE. n. m. Autorité absolue. La Fable
attribuait à Neptune l'empire des mers, à
Pluton l'empire des enfers. Alexandre rêvait
de conquérir l'empire du monde. Exercer un
empire tyrannique sur ses enfants, sur sa femme,
sur ses amis.

Il se dit figurément d'un Ascendant, d'une
influence dominante. Il a pris trop d'empire
sur ce jeune homme. Se soumettre à l'empire
de la raison. Céder à l'empire des passions.
L'empire de la mode.

Avoir, prendre de l'empire sur soi-même,
Savoir commander à ses passions.

Il signifie spécialement Autorité absolue
d'un chef d'État qui porte le titre d'empereur.
Aspirer, parvenir à l'empire.

Il se dit, par extension, de l'État ou de
l'Ensemble des États qui sont soumis à cette
autorité.

Bas-Empire. Voyez BAS.

Il désigne par extension la Période de
temps qu'a régné un empereur. L'empire
d'Auguste fut une époque de paix pour Rome.
Les guerres du Premier Empire, du Second
Empire.
On dit même absolument l'Empire
pour désigner le Règne de Napoléon Ier ou
celui de Napoléon III.

Fig., Il ne cédera pas pour un empire,
Rien ne le fera céder.

Il se dit, dans un sens plus général, d'un
État ou d'un Groupe d'États qui ne sont
point dirigés par un empereur. À la mort
d'Alexandre, ses généraux se partagèrent son
empire. La puissance de Dieu s'étend sur tous
les empires.

Par analogie, l'Empire des morts, Les
demeures souterraines où l'on supposait que
les morts résidaient.

EMPIRER. v. tr. Rendre pire, faire devenir
de pire qualité, de pire condition, mettre en
pire état. Les remèdes n'ont fait qu'empirer
son mal. Au lieu de rendre votre condition
meilleure, vous ne faites que l'empirer. La
maladie est empirée.

Il est aussi intransitif et signifie Devenir
pire, tomber en pire état. Ses affaires empirent
tous les jours, empirent de jour en
jour. Sa maladie empire, a beaucoup empiré.
Ce malade empire à vue d'oeil.

EMPIRIQUE. adj. des deux genres. Qui
ne s'attache qu'à l'expérience, sans suivre
les méthodes, les principes scientifiques.
Méthode empirique. Médecine empirique. Procédés
empiriques. Formule empirique. Médecin
empirique,
Qui s'appuie sur une soi-disant
expérience et ne tient aucun compte des
données de la science.

Il s'emploie aussi comme nom et se dit
des Philosophes partisans du système de
l'empirisme. Un empirique.

EMPIRIQUEMENT. adv. D'une manière
empirique.

EMPIRISME. n. m. Système de philosophie
dans lequel l'origine de nos connaissances
est uniquement attribuée à l'expérience.
L'empirisme de Locke fut combattu
par Leibnitz.

Il se dit dans un sens plus général de Toute
méthode qui prétend ne s'appuyer que sur
l'expérience.

EMPLACEMENT. n. m. Espace de terrain
considéré comme propre à y construire un
bâtiment, à y tracer un jardin, à y exercer un
commerce ou une industrie, etc. Voilà un
bel emplacement pour une maison. Choisir un
bon emplacement. Emplacement à louer.

EMPLÂTRE. n. m. Médicament solide et
glutineux, qui se ramollit par la chaleur et
qu'on applique sur telle ou telle partie du
corps, après l'avoir étendu sur de la toile.
Appliquer, mettre, ôter un emplâtre.

Il se dit figurément et familièrement d'une
Personne qui n'a aucune vigueur d'esprit,
qui est incapable d'agir comme il convient,
qui ne fait qu'apporter de l'embarras dans les
affaires dont elle se mêle. C'est un pauvre
emplâtre. Quel emplâtre que cet homme-là!

EMPLETTE. n. f. Achat de quelque marchandise,
d'un meuble, d'un vêtement, d'un
livre, etc. Faire emplette de quelque chose.
Faire des emplettes.

Il se dit aussi de la Chose achetée. Voyez
mon emplette. Je vais vous montrer mes emplettes.

Fig. et fam., Faire une mauvaise emplette,
Se tromper, commettre une erreur en choisissant
une personne en vue d'une entreprise.
On dit dans le même sens, Vous avez fait là
vraiment une belle emplette!

EMPLIR. v. tr. Rendre plein. Emplir un
coffre, une armoire de linge. Emplir d'eau un
vase et un verre de liqueur. Emplir une bouteille.
Emplir un sac.

S'EMPLIR signifie Devenir plein. Le navire
s'emplissait tellement d'eau qu'il était près de
couler.

Il signifie aussi Rendre une femelle pleine,
en parlant d'animaux. Il a fait emplir sa
jument, sa vache, sa chienne.

Intransitivement. Le bateau emplit, Il a
une voie d'eau.

EMPLOI. n. m. Usage qu'on fait de quelque
chose. Faire un bon emploi, un mauvais
emploi de ses revenus, de son temps. L'emploi
de ce moyen n'est pas sans danger. L'emploi
du ciment armé dans les constructions se généralise.
Faire un noble emploi de ses talents.

Il se dit particulièrement, en termes de
Jurisprudence et de Finance, de la Collocation
de certaines sommes d'argent ou capitaux.
Régler l'emploi des sommes qui proviennent
d'une vente. Quittance d'emploi.

Il se dit particulièrement dans cette acception
du Placement obligatoire des sommes
revenant à des usufruitiers, à des mineurs,
dans une succession. On dit plutôt REMPLOI.

L'emploi d'une somme, L'action d'employer
une somme, d'en faire mention dans un
compte, soit en dépense, soit en recette.

Double emploi se dit dans le langage ordinaire
de Tout ce qui fait inutilement répétition.

En termes de Comptabilité, Double emploi
désigne Ce qui a été employé, porté deux fois
en recette ou en dépense dans un compte.

L'emploi d'un mot, d'une expression, La
manière dont on l'emploie, dont on peut
l'employer. Ce mot, cette expression a divers
emplois. L'emploi du mot propre.

Il désigne aussi l'Occupation, la fonction
d'une personne employée dans une administration,
une maison de commerce ou d'industrie.
Perdre son emploi. Se bien acquitter de
son emploi. N'avoir qu'un petit emploi. Emploi
mal rétribué.

Il se dit particulièrement, en termes de
Théâtre, d'une Catégorie de rôles pour lesquels
un acteur peut être employé. Cet acteur tient
l'emploi des rois, des valets. L'emploi de duègne,
de soubrette. Ce rôle n'est pas de son emploi.

Chef d'emploi, Acteur qui tient en chef
les rôles de son emploi.

EMPLOYÉ, ÉE. n. Celui, celle qui exerce
une fonction dans une administration, dans
un bureau, etc. Un employé dans l'administration
des contributions indirectes. Un employé
du Ministère de l'Intérieur, de l'octroi. Des
employés de chemin de fer. Un employé de commerce.
Admettre un employé à faire valoir ses
droits à la retraite.

EMPLOYER. (Il se conjugue comme BROYER.)
v. tr. Mettre à son service, user, se servir
de. Employer de l'étoffe. Employer de l'argent.
C'est de l'argent bien employé. Employer la
plus grande partie de son revenu en charités,
en aumônes. Cet argent a été employé aux
nécessités de l'État. Les remèdes qu'on doit
employer. Employer du bois, de la pierre à
bâtir. Bien employer le temps, son temps. Un
temps mal employé. Employer la douceur.
Employer les châtiments, la contrainte.
Employer tout son esprit, tout son art, toute
son industrie, tous ses soins, toute son éloquence.
Il emploie toutes sortes de moyens.
Employer le crédit de ses amis. Employer ses
amis.

Employer une phrase, un mot, une locution,
S'en servir en parlant ou en écrivant.
Employer les termes propres, les tours les plus
élégants.

Il signifie aussi Pourvoir d'une occupation,
d'un travail pour son usage, pour son profit.
Employer un grand nombre d'ouvriers. On l'a
employé dans de grandes affaires, à de grandes
négociations. C'est un homme qui mérite d'être
employé. Il est employé dans les finances. Il est
employé dans les bureaux de tel ministère.

S'EMPLOYER À ou POUR signifie S'occuper
d'une chose, s'y appliquer avec intérêt. Je
m'y emploierai avec joie. Il ne s'emploie qu'à
cela. Il s'est employé pour moi de la manière la
plus bienveillante.

EMPLOYEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
fait travailler des ouvriers, des employés.

EMPLUMER. v. tr. Garnir de plumes. Ce
petit oiseau commence à s'emplumer.
Adjectivement,
La gent emplumée.

EMPOCHER. v. tr. Mettre en poche. Il se
dit proprement de l'Argent ou de quelque
autre chose qu'on serre dans sa poche avec
une sorte d'empressement, d'avidité. À
mesure qu'il gagne de l'argent au jeu, il l'empoche.
C'est lui qui a empoché tous les bénéfices.

Il est familier.

Il se dit, figurément et familièrement, de
Paroles désagréables, d'injures ou de coups
qu'on supporte sans oser ou pouvoir y répondre.
Empocher un affront, un soufflet. Son
chef lui adressa des mots très durs qu'il lui fallut
bien empocher.

EMPOIGNADE. n. f. Altercation violente.
Il est familier.

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