Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:687

Coup d'État, se dit encore, figurément, de Tout ce qui est décisif dans quelque affaire importante. Ce mariage fut un coup d'État dans cette famille.

Fig. et fam., Affaire d'État, Affaire importante. Ce n'est pas une affaire d'État. La moindre chose est pour lui une affaire d'État.

Lettres d'État, Lettres que le roi accordait pour suspendre le jugement et les poursuites contre une personne qui, étant au service de l'État, ne pouvait vaquer à ses affaires propres.

ÉTAT se dit également d'Un peuple, en tant qu'il est constitué en corps de nation, qu'il forme une société politique distincte. Servir l'État. Les lois fondamentales de l'État. Leurs enfants seront élevés aux frais de l'État. Le trésor, la marine de l'État. Réformer l'État. Troubler l'État. Le bien, la félicité, la gloire de l'État. Les intérêts de l'État. C'est un des États les plus riches, les plus puissants de l'Europe. Un État pauvre, obéré. Les soutiens, les défenseurs de l'État.

Il se dit pareillement Des pays qui sont sous une même domination; et alors on ne l'emploie guère qu'au pluriel. Les États du Grand Seigneur. Il leur fit défenses d'entrer dans ses États. Dans toute l'étendue des États de ce prince. Étendre les bornes de l'État, d'un État. Un grand État.

L'État ecclésiastique, Les États du pape. On dit de même, Les États ou L'État de Venise, de Toscane, etc.

ÉTAU. s. m. Machine dont les serruriers et quelques autres ouvriers se servent pour tenir fermes et serrés les objets qu'ils travaillent, et qui est formée de deux pièces de fer, appelées Mâchoires. Il y a aussi des étaux de bois, à l'usage de quelques artisans.

Étau à main, Petit étau dont on se sert en le tenant à la main.

ÉTAYEMENT. s. m. Action d'étayer, ou État de ce qui est étayé.

ÉTAYER. v. a. (Il se conjugue comme Payer.) Appuyer, soutenir avec des étais. Étayer une maison, une muraille. On a bien étayé ce bâtiment, il ne tombera pas.

Il s'emploie aussi figurément. Sa fortune chancelle, elle a besoin d'être étayée.

ÉTAYÉ, ÉE. participe

ÉTÉ. s. m. La saison qui commence au solstice de juin, et qui finit à l'équinoxe de septembre. L'été est la saison la plus chaude. Bel été. Été chaud, brûlant. Été pluvieux. Jours d'été. Habit d'été. Logement d'été. Appartement d'été. Fruits d'été. Chaleurs d'été. Solstice d'été. L'été passé. L'été prochain. Nous étions en été.

Semestre d'été, Les six mois qui s'écoulent d'avril à septembre inclusivement. Cet officier a passé tout le semestre d'été dans sa famille.

Fig., Être dans son été, Avoir passé l'âge de la jeunesse, être dans la force de l'âge.

L'été de la Saint-Denis, l'été de la Saint-Martin. On nomme ainsi Les huit ou dix jours qui précèdent ou qui suivent ces fêtes, parce qu'ils sont quelquefois assez beaux.

ÉTEIGNOIR. s. m. Petit ustensile creux en forme de cône, qui sert à éteindre la chandelle, la bougie. Éteignoir de fer-blanc. Éteignoir d'argent.

ÉTEINDRE. v. a. (Il se conjugue comme Teindre.) Il se dit en parlant Du feu qu'on étouffe, dont on fait cesser l'action. Éteignez ce feu. Éteindre un cierge, un flambeau. Éteindre la lumière. Éteindre un incendie. Le feu était à cette maison, mais on l'a éteint. Le feu est éteint.

ÉTEINDRE signifie par extension, Amortir, tempérer, détruire la chaleur sensible ou cachée qui est en quelque chose. Éteindre de la chaux. Éteindre l'ardeur de la fièvre. Cela éteint la chaleur naturelle.

Il se dit figurément en parlant De quelques passions vives et de certaines facultés très-actives. L'âge éteint le feu des passions. La jouissance éteint les désirs. Ce mot éteignit son courroux. Cela éteint le feu de l'imagination, la vivacité de l'esprit.

Il signifie encore, Faire cesser, en parlant De guerres, de séditions, etc. Éteindre les feux de la guerre, de la discorde. Il parvint à éteindre une guerre qui menaçait d'embraser toute l'Europe. Éteindre une rébellion, une sédition.

Il signifie également, Abolir, faire que le souvenir d'une chose se perde entièrement. Rien ne semblait capable d'éteindre son ressentiment. On veut en éteindre la mémoire. On a dit de même, en termes de Chancellerie, Éteindre et abolir un crime.

Éteindre une race, L'exterminer entièrement. Ils auraient voulu éteindre une race qui leur était odieuse.

Éteindre une rente, La faire cesser par le remboursement du principal. Éteindre et amortir une rente. On dit de même, Éteindre une dette.

ÉTEINDRE en termes de Peinture, signifie, Adoucir, affaiblir. Éteindre les lumières trop fortes, les couleurs trop éclatantes, dans un tableau.

Il prend quelquefois une acception analogue dans le langage ordinaire. La souffrance, la tristesse avait éteint l'éclat de ses yeux, la vivacité de ses regards.

ÉTEINDRE se joint souvent au pronom personnel, dans plusieurs de ses acceptions. Le feu s'éteint. Mon flambeau s'éteignit. Ce volcan s'est éteint. Une ardeur qui s'éteint. La sédition va s'éteindre d'elle-même. Un ressentiment qui ne s'éteindra jamais.

Il se dit, dans un sens particulier, D'une personne qui s'affaiblit très-sensiblement, et qui touche à sa fin, ou D'une personne qui meurt lentement et presque sans s'en apercevoir. Ce vieillard s'éteint. Elle s'éteignit doucement entre les bras de ses enfants.

Il se dit encore particulièrement Des maisons, des dignités qui finissent faute d'héritiers. Cette maison, cette famille est près de s'éteindre. Cette pairie s'éteignit par la mort d'un tel.

ÉTEINT, EINTE. participe Des yeux éteints, Des yeux qui sont sans feu et sans vivacité. Une voix éteinte, Une voix tellement affaiblie, qu'on peut à peine l'entendre.

ÉTENDAGE. s. m. Assemblage de cordes tendues horizontalement, sur lesquelles on étend les choses qu'on veut faire sécher, comme du linge mouillé, les feuilles qui sortent de la cuve du fabricant de papier, celles qui sortent de la presse de l'imprimeur, etc. Faites porter ce papier à l'étendage.

Il se dit aussi, dans les imprimeries, Du lieu où est l'étendage. Aller à l'étendage.

Il se dit encore, dans les manufactures en laine, d'Une opération qui se fait sur les laines avant de les employer.

ÉTENDARD. s. m. Enseigne de la cavalerie. Se ranger sous l'étendard. Porte-étendard.

Il se dit, par extension, de Toutes sortes d'enseignes de guerre. Déployer, arborer, planter un étendard.

Fig., Suivre les étendards de quelqu'un, se ranger sous les étendards, combattre sous les étendards de quelqu'un, Embrasser son parti. Lever l'étendard, Se déclarer chef d'un parti, d'une faction. Lever, arborer l'étendard de la révolte, Se révolter. Lever l'étendard contre quelqu'un, Se déclarer ouvertement contre lui.

ÉTENDARD désignait autrefois, sur les galères, Ce qu'on appelle Pavillon sur les autres bâtiments. Gardes de l'étendard.

ÉTENDARD en termes de Botanique, se dit Du pétale supérieur des fleurs papilionacées, qui est grand et redressé, et qui enveloppe les autres avant la floraison.

ÉTENDOIR. s. m. T. d'Imprimerie. Espèce de petite pelle à long manche, qui sert à placer sur l'étendage les feuilles imprimées.

Il se dit, en termes de Papetier et de Chamoiseur, de L'endroit où l'on étend les feuilles de papier et les peaux.

ÉTENDRE. v. a. Allonger, faire qu'une chose acquière ou plus de surface, ou plus de volume, soit en la rendant plus mince, soit en la tirant ou en la dilatant. On étend l'or sous le marteau. Étendre du beurre sur du pain. Étendre de la cire. Étendre du drap, du parchemin. La raréfaction étend le volume d'air.

Étendre ses troupes, son armée, Leur faire occuper plus de terrain, leur donner plus de front.

Fig. et fam., Étendre le parchemin, Faire de longues écritures dans une affaire, pour en tirer plus de profit; Tirer un procès en longueur par des formalités et des chicanes.

Fig. et fam., Étendre la courroie, Étendre les profits, les droits d'un emploi au delà de ce qui est permis. Sa place ne lui vaudrait pas tant, s'il n'étendait un peu la courroie.

Fig., Étendre la clause d'un contrat, les termes d'un arrêt, d'une loi, etc., Porter le sens d'un contrat, d'un arrêt, d'une loi au delà de ce que les termes signifient précisément. On dit aussi, Étendre le sens, la signification d'un mot, Appliquer un mot à une chose, à une idée qu'il n'était pas originairement destiné à signifier, à exprimer. On dit de même quelquefois, Ce mot ne désignait d'abord que telle chose, on l'a étendu depuis à telle autre.

ÉTENDRE signifie aussi, Déployer en long et en large. Étendre du linge pour le sécher. Étendre de la toile sur l'herbe pour la blanchir. Étendre son manteau par terre pour se coucher dessus. Étendez ce tapis. Étendre quelqu'un sur une table, sur un lit, pour lui faire subir quelque opération. JESUS-CHRIST

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.