Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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EST. s. m. La partie du monde qui est à notre soleil levant. Les pays qui sont à l'est. Cette province a tant de lieues de l'est à l'ouest. Le vent souffle, vient de l'est. Il s'éleva un vent d'est.

Il signifie aussi, Le vent qui vient de l'est. Il y a quatre vents principaux: l'est, l'ouest, le nord, et le sud. On dit dans le même sens, Le vent est à l'est.

ESTACADE. s. f. Sorte de digue faite avec de grands pieux plantés dans une rivière, dans un canal, pour en fermer l'entrée, ou pour en détourner le cours. Les soldats forcèrent l'estacade. Il vint un débordement d'eau qui rompit l'estacade.

ESTAFETTE. s. f. Courrier qui ne porte son paquet que d'une poste à l'autre, pour le remettre à un autre courrier, qui le porte à la poste suivante. Faire parvenir un avis par des estafettes, par estafette. On a dépêché une estafette, l'estafette est arrivée. Cette ville de commerce reçoit les lettres de Paris par estafette.

ESTAFIER. s. m. En Italie, on appelle ainsi Des domestiques armés qui portent la livrée, et qui ont un manteau. Ce cardinal a tant d'estafiers.

Il se dit par extension, en France, d'Un laquais de grande taille. Il était accompagné de quatre grands estafiers. Dans cette acception, il est aujourd'hui peu usité, et se prend en mauvaise part.

Il signifie encore, Un souteneur de mauvais lieux.

ESTAFILADE. s. f. Coupure faite avec une épée, un rasoir ou quelque autre instrument tranchant, principalement sur le visage. Grande estafilade. Il lui a fait une vilaine estafilade sur le nez, sur le visage.

Il se dit encore d'Une coupure, d'une déchirure faite à un manteau, à une robe, etc. Il y a une estafilade à votre manteau. Il est familier dans les deux acceptions.

ESTAFILADER. v. a. Faire une estafilade, donner une estafilade. On lui a estafiladé le visage. Il est populaire.

ESTAFILADÉ, ÉE. participe

ESTAME. s. f. Ouvrage de fils de laine passés, enlacés par mailles les uns dans les autres. Bas d'estame. Une camisole d'estame.

ESTAMET. s. m. Petite étoffe de laine.

ESTAMINET. s. m. Lieu public où s'assemblent des buveurs et des fumeurs, et qu'on nomme aussi Tabagie. Aller à l'estaminet. Fréquenter les estaminets.

ESTAMPE. s. f. Image que l'on imprime sur du papier, sur du vélin, par le moyen d'une planche de cuivre, d'acier ou de bois, qui est gravée. Belle estampe. Estampe bien noire, bien nette, bien tirée. Il est curieux d'estampes. Livre d'estampes.

ESTAMPE chez les Serruriers, les Maréchaux et quelques autres artisans, se dit de Certains outils qui leur servent à estamper.

ESTAMPER. v. a. Faire une empreinte de quelque matière dure et gravée, sur une matière plus molle. On estampe la monnaie avec le balancier. Voilà une image bien estampée.

Estamper le cuir, Y former, y empreindre des figures pour en faire des tapisseries, des ornements, etc.

En termes de Maréchalerie, Estamper un fer de cheval. Voyez ÉTAMPER.

ESTAMPILLE. s. f. Marque, empreinte qu'on applique, au lieu de signature, ou avec la signature même, sur des brevets, des commissions, des lettres, etc., pour mieux en assurer l'authenticité.

Il se dit plus ordinairement d'Une marque servant à faire connaître d'où provient une marchandise, de quelle manufacture elle sort, etc., ou à constater l'acquittement de certains droits.

Il se dit aussi d'Une marque apposée à un livre pour faire connaître la bibliothèque à laquelle il appartient.

Il se dit encore de L'instrument qui sert à faire ces sortes de marques.

ESTAMPILLER. v. a. Marquer avec une estampille. Les fabricants estampillent les produits de leurs manufactures. J'ai fait estampiller tous mes livres.

ESTAMPILLÉ, ÉE. participe

ESTER. v. n. Terme de Palais, qui n'est usité que dans les phrases suivantes:

Ester en jugement, Poursuivre une action en justice, soit en demandant, soit en défendant; ce que ne peuvent faire les mineurs non émancipés, les personnes frappées d'interdiction, etc. La femme ne peut ester en jugement sans l'autorisation de son mari.

Ester à droit, Comparaître, se présenter devant le juge sur l'assignation qu'on a reçue. Autrefois un contumace ne pouvait se représenter après les cinq ans, sans avoir obtenu, en chancellerie, des lettres pour ester à droit. Cette locution vieillit.

ESTÈRE. s. f. Natte de jonc qui vient de Provence, d'Italie, du Levant.

ESTERLIN. s. m. T. d'Orfévrerie. Poids de vingt-huit grains et demi. Il y a cent soixante esterlins au marc.

ESTEUBLE. s. f. Voyez ÉTEULE.

ESTHÉTIQUE. s. f. Science qui a pour objet de rechercher et de déterminer les caractères du beau dans les productions de la nature ou de l'art.

ESTIMABLE. adj. des deux genres Qui mérite d'être estimé. C'est un homme très-estimable. Avoir des qualités estimables.

ESTIMATEUR. s. m. Celui qui a la charge, la mission de priser une chose, d'en déterminer la valeur. Si nous ne pouvons convenir de prix, nous prendrons des estimateurs. Nous conviendrons d'un estimateur.

Il se dit quelquefois en parlant De choses morales. Juste estimateur de la vertu, du mérite, des ouvrages d'esprit, etc.

ESTIMATIF. adj. m. Il se dit Des procès-verbaux et devis des experts nommés pour estimer des réparations, des travaux. Un état, un devis estimatif.

ESTIMATION. s. f. Action d'estimer, prisée, évaluation. Juste estimation. Prisée et estimation des meubles. Suivant l'estimation qui en sera faite. Je m'en rapporte à l'estimation des experts. Les enchères n'ont pas atteint le prix de l'estimation.

ESTIME. s. f. Opinion favorable que l'on a de quelqu'un, fondée sur la connaissance de son mérite, de ses bonnes qualités, de ses vertus. Avoir, sentir, concevoir, prendre de l'estime, beaucoup d'estime, bien de l'estime pour quelqu'un. Il a l'estime de sa compagnie, l'estime générale. J'ai pour lui une estime particulière, la plus haute estime. Honorer quelqu'un de son estime. Acquérir l'estime publique. Il a l'estime et l'affection de tous les gens de bien. Il est perdu d'estime et de réputation. On dit de même: J'ai beaucoup d'estime pour son mérite. Sa conduite inspire beaucoup d'estime. Etc.

Il se dit aussi Du cas que l'on fait de certaines choses. Les beaux-arts étaient en grande estime chez ce peuple.

ESTIME en termes de Marine, Calcul que le pilote fait tous les jours du sillage du navire, afin de juger à peu près du lieu où l'on est, et du chemin qu'on a fait. Ce pilote s'est trompé dans son estime. L'estime qu'il avait faite ne s'est pas trouvée juste.

ESTIMER. v. a. Priser quelque chose, en apprécier, en déterminer la valeur. Les héritiers ont fait estimer les meubles, les terres, la maison. Cette terre a été estimée tant, estimée à tant. Combien estimez-vous cela? Si vous voulez prendre mon cheval en troc, je l'estime mille francs.

ESTIMER signifie aussi, Avoir une opinion avantageuse de quelqu'un, de quelque chose, en faire cas. On estime fort cet homme-là. Il se fait estimer partout. Il n'est guère estimé dans sa compagnie. J'estime son mérite, sa vertu. S'il a fait cette action, je l'en estime davantage. On estime les chevaux arabes par-dessus tous les autres chevaux. On estime beaucoup les vins de France. Les draps de ce pays sont plus estimés que ceux de tel autre. Estimer plus ou moins une chose.

Il s'emploie avec le pronom personnel dans un sens analogue. Souvent on s'estime trop. Nous ne sommes pas toujours autant estimés que nous nous estimons nous-mêmes. Ils s'estiment réciproquement.

ESTIMER signifie encore, Croire, conjecturer, présumer. Il estimait cette place imprenable. Être estimé sage, savant. J'estime que cela est. J'estime qu'il pourrait faire quelque difficulté. Vu la difficulté des chemins, j'estime qu'il faudra dix heures pour faire la route. On l'emploie dans un sens analogue avec le pronom personnel. Je m'estime heureux d'avoir pu lui plaire.

ESTIMÉ, ÉE. participe

ESTIVAL, ALE. adj. T. de Botan. Qui naît ou qui produit en été. Fleurs estivales. Plantes estivales.

En Médec., Maladies estivales, Maladies qui règnent en été.

ESTOC. s. m. (On fait sentir le C.) Il se disait autrefois d'Une épée longue et étroite qui ne servait qu'à percer.

Il se dit encore de La pointe d'une épée, d'un sabre, dans cette phrase familière, Frapper d'estoc et de taille, Frapper de la pointe et du tranchant.

ESTOC en termes d'Eaux et Forêts, signifie, Tronc d'arbre, comme dans cette phrase, Couper un arbre à blanc estoc, Le couper à fleur de terre jusqu'à la souche. On dit aussi, Couper une forêt, faire une coupe à blanc estoc, En couper tout le bois, sans y laisser de baliveaux.

Fig. et fam., Être réduit à blanc estoc, Être entièrement ruiné.

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