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Dans la philosophie Newtonienne, la recherche
de la cause est le dernier objet qu'on a en vûe; jamais
on ne pense à la trouver que quand les lois de
l'effet & les phénomenes sont bien établis; parce que
c'est par les effets seuls qu'on peut remonter jusqu'à
la cause: les actions mêmes les plus palpables & les
plus sensibles n'ont point une cause entierement
connue: les plus profonds philosophes ne sauroient
concevoir comment l'impulsion produit le mouvement,
c'est - à - dire, comment le mouvement d'un
corps passe dans un autre par le choc: cependant la
communication du mouvement par l'impulsion est un
principe admis, non - seulement en Philosophie, mais
encore en Mathématique; & même une grande
partie de la Méchanique élémentaire a pour objet les
lois & les effets de cette communication. Voyez
Concluons donc que quand les phénomenes sont suffisamment établis, les autres especes d'effets, où on ne remarque point d'impulsion, ont le même droit de passer de la Physique dans les Mathématiques, sans qu'on s'embarrasse d'en approsondir les causes qui sont peut - être au - dessus de notre portée: il est permis de les regarder comme causes occultes, (car toutes les causes le sont, à parler exactement) & de s'en tenir aux effets, qui sont la seule choseimmédiatement à notre portée.
Newton a donc éloigné avec raison de sa philosophie cette discussion étrangere & métaphysique; & malgré tous les reproches qu'on a cherché à lui faire là - dessus, il a la gloire d'avoir découvert dans la méchanique, un nouveau principe, qui étant bien approfondi, doit être infiniment plus étendu que ceux de la méchanique ordinaire: c'est de ce principe seulement que nous pouvons attendre l'explication d'un grand nombre de changemens qui arrivent dans les corps, comme productions, générations, corruptions, &c. en un mot, de toutes les opérations sur<cb->
Quelques Philosophes Anglois ont approfondi les principes de l'attraction. M. Keil en particulier a tâché de déterminer quelques - unes des lois de cette nouvelle cause, & d'expliquer par ce moyen plusieurs phénomenes généraux de la nature, comme la cohésion, la fluidité, l'élasticité, la fermentation, la mollesse, la coagulation. M. Friend, marchant sur ses traces, a encore fait une application plus étendue de ces mêmes principes aux phénomenes de la Chimie. Aussi quelques philosophes ont été tentés de regarder cette nouvelle méchanique comme une science complete, & de penser qu'il n'y a presque aucun effet physique dont la force attractive ne fournisse une explication immédiate.
Cependant en tirant cette conséquence, il y auroit lieu de craindre qu'on ne se hâtât un peu trop: un principe si fécond a besoin d'être examiné encore plus à fond; & il semble qu'avant d'en faire l'application générale à tous les phénomenes, il faudroit examiner plus exactement ses lois & ses limites. L'attraction en général est un principe si complexe, qu'on peut par son moyen expliquer une infinité de phénomenes différens les uns des autres: mais jusqu'à ce que nous en connoissions mieux les propriétés, il seroit peut - être bon de l'appliquer à moins d'effets, & de l'approfondir davantage. Il se peut faire que toutes les attractions ne se ressemblent pas, & que quelques - unes dépendent de certaines causes particulieres, dont nous n'avons pû nous former jusqu'à présent aucune idée, parce que nous n'avons pas assez d'observations exactes, ou parce que les phénomenes sont si peu sensibles qu'ils échappent à nos sens. Ceux qui viendront après nous, découvriront peut - être ces diverses sortes de phénomenes: c'est pourquoi nous devons rencontrer un grand nombre de phénomenes qu'il nous est impossible de bien expliquer, ou de démontrer, avant que ces causes ayent été découvertes. Quant au mot d'attraction, on peut se servir de ce terme jusqu'à ce que la cause soit mieux connue.
Pour donner un essai du principe d'attraction, & de la maniere dont quelques Philosophes l'ont appliqué, nous joindrons ici les principales lois qui ont été données par M. Newton, M. Keill, M. Friend, &c.
Ce théoreme, comme nous l'avons déja remarqué, peut se démontrer par un grand nombre de phénomenes. Nous ne rappellerons ici que les plus simples & les plus communs: par exemple, la figure sphérique que les gouttes d'eau prennent, ne peut provenir que d'une pareille force: c'est par la même raison que deux boules de mercure s'unissent & s'incorporent en une seule dès qu'elles viennent à se toucher, ou qu'elles sont fort près l'une de l'autre; c'est encore en vertu de cette force que l'eau s'éleve dans les tuyaux capillaires, &c.
A l'égard de la loi précise de cette attraction, on
ne l'a point encore déterminée: tout ce que l'on sait
certainement, c'est qu'en s'éloignant du point de
contact, elle décroît plus que dans la raison inverse
du quarré de la distance, & que par conséquent elle
suit une autre loi que la gravité. En effet, si cette
force suivoit la loi de la raison inverse du quarré de
la distance, elle ne seroit guere plus grande au point
de contact que fort proche de ce point: car M. Newton a démontré dans ses Principes mathématiques, que
si l'attraction d'un corps est en raison inverse du quarré
de la distance, cette attraction est finie au point de
contact, & qu'ainsi elle n'est guere plus grande au
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