Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Il se dit encore de Certains petits filets
qui se détachent de la peau vers la base des
ongles, quelquefois avec douleur. Avoir des
envies aux doigts. Couper une envie.

ENVIER. v. tr. Désirer pour soi les avantages
d'autrui. Envier le bonheur, le calme, le repos,
les succès d'autrui. Tout le monde l'envie. Les
gens en place sont ordinairement enviés.

Il signifie aussi Souhaiter pour soi-même
un bonheur, un avantage pareil à celui qu'un
autre possède, mais sans être fâché qu'il en
jouisse. Je voudrais bien être aussi indépendant
que vous, j'envie votre bonheur. Ô morts,
je vous envie! Voilà le poste que j'envierais
le plus. J'envie votre appétit, votre calme. Une
charge, une place très enviée.

Il signifie encore dans le style soutenu,
Refuser à quelqu'un ce qu'il désire ou demande.
Ne m'enviez pas l'honneur de mourir
avec vous.

ENVIEUX, EUSE. adj. Qui a de l'envie,
qui est sujet à l'envie. Il s'emploie le plus
souvent en mauvaise part. Il est envieux de
ma bonne fortune. Envieux du bien d'autrui.
Un esprit envieux.
Substantivement, Un
envieux n'a jamais de repos. Les envieux sont
injustes. En dépit des envieux.
Fig., Un regard
envieux,
Un regard qui marque l'envie.

ENVIRON. adv. À peu près; un peu plus,
un peu moins. Il y a environ deux heures,
environ dix ans. Son armée était d'environ
vingt mille hommes. Il avait fait environ huit
kilomètres. Il y a dans ce coffre-fort environ
trois mille francs, quatre mille francs ou
environ.

Il s'emploie comme nom masculin pluriel
pour désigner les Alentours d'un lieu. L'armée
se logea aux environs de la place. Il ne s'est
pas éloigné de la ville, il est encore campé dans
tes environs. Cela fut publié dans tous les environs,
dans les communes des environs.

ENVIRONNANT, ANTE. adj. Qui environne,
qui est aux environs. Les collines
environnantes. Les pays environnants.

ENVIRONNER. v. tr. Entourer sur une
large surface. La ville était environnée de
jardins et de bosquets charmants. Environner
une place forte de fossés.

Il signifie aussi Être ou se mettre autour
de quelqu'un, de quelque chose. Les gendarmes
avaient environné la maison.
Fig., Les
dangers l'environnaient de toutes parts. L'éclat
qui l'environne.

ENVISAGER. v. tr. Regarder une personne
au visage. Dès que je l'eus envisagé,
je le reconnus. Ils s'envisageaient l'un l'autre
avec attention.

Il signifie surtout au figuré Considérer une
chose en esprit, examiner. À l'envisager ainsi,
cette action est honorable, belle. Je n'ose envisager
l'avenir. Envisager le péril, sans en être
ému. Il envisageait la mort comme la fin de
ses misères. Dans cette affaire, il envisage surtout
son intérêt.

ENVOI. n. m. Action d'envoyer. Faire un
envoi de marchandises par terre, par eau. Par
l'envoi de tel jour, on dit avoir reçu... Lettre
d'envoi. Envoi par grande, par petite vitesse.

En termes de Sports, L'envoi d'une balle.

Il désigne aussi la Chose même qui est
envoyée. J'ai reçu votre envoi de tel jour.

Il se dit, en termes de Versification, de la
Dernière strophe d'une ballade servant d'hommage
à quelqu'un. Il y a à la fin de cette pièce
de vers un envoi fort joli.

Il se dit aussi, par extension, d'une Dédicace,
soit en vers, soit en prose.

ENVOL. n. m. Action de s'envoler. L'envol
de l'oiseau.
Par analogie, L'envol d'un avion.

ENVOLÉE. n. f. Action de s'envoler. Il ne
s'emploie que figurément. Cet orateur a eu
dans son discours de magnifiques envolées.

ENVOLER (S'). v. pron. Prendre son vol,
quitter un lieu en volant. Les oiseaux étaient
déjà drus, ils se sont envolés. Une mouche qui
s'envole. Le moindre bruit fait envoler les
moineaux.

Il se dit quelquefois, par analogie, des
Choses légères que le vent emporte. La fenêtre
s'ouvrit brusquement, et tous les papiers s'envolèrent
par la chambre.

Fig., Il n'y a plus que le nid, les oiseaux
s'en sont envolés, les oiseaux sont envolés
se
dit lorsqu'on cherche une personne ou une
chose dans un endroit où elle n'est plus.

Fig., Le temps s'envole, l'occasion s'envole,
Le temps, l'occasion passe rapidement.

ENVOÛTEMENT. n. m. Action d'envoûter
ou le Fait d'être envoûté.

ENVOÛTER. v. tr. Piquer, déchirer, brûler
en effigie une personne en prononçant certaines
paroles ou en faisant certaines cérémonies,
dans la persuasion qu'elle souffrira
les mêmes maux.

Au sens figuré, ENVOÛTÉ signifie Entièrement
possédé, dominé, subjugué par une personne
que l'on aime.

ENVOYÉ, ÉE. n. Celui, celle qui est envoyé.
Envoyé extraordinaire.

ENVOYER. (J'envoie; nous envoyons. J'enverrai.
Envoie. Envoyez. Que j'envoie. Que
j'envoyasse. Envoyant. Envoyé.
) v. tr. Faire
partir quelqu'un ou Faire porter quelque chose.
Envoyer un courrier, un exprès. Envoyer des
émissaires. Envoyer un paquet par le chemin
de fer. Les denrées que ce pays nous envoie.
Les ennemis envoyèrent reconnaître la place.

Absolument, Envoyer chez quelqu'un, Envoyer
prendre de ses nouvelles. Il est malade,
n'enverrez-vous pas chez lui? Envoyer demander
quelque chose à quelqu'un.

Fig. et fam., Envoyer quelqu'un au diable,
à tous les diables, etc.
Voyez DIABLE. On dit
aussi, mais plus familièrement, Envoyer promener,
envoyer paître.

Fig. et fam., Envoyer dans l'autre monde,
Faire mourir.

Envoyer à la mort se dit d'une Sentence
capitale, particulièrement lorsqu'elle est prononcée
d'une manière sommaire. Le tribunal
révolutionnaire envoyait à la mort une foule
d'innocents.
Il signifie aussi figurément Exposer
quelqu'un à un très grand péril, à une
mort presque certaine.

Il signifie spécialement Nommer pour une
assemblée. Paris envoie tant de députés à la
Chambre.

Il se dit aussi en parlant de Toutes les
choses qui nous viennent ou qui sont supposées
nous venir du ciel, de la Divinité,
du destin. Les biens et les maux que Dieu, que
le Ciel, que le destin nous envoie. Dieu nous
a envoyé de la pluie, du beau temps, une bonne
année.

Il signifie, par analogie, Pousser, jeter,
lancer hors de soi. Dans ce sens, on ne l'applique
guère qu'aux Choses. La lumière que
le soleil nous envoie.

Il s'emploie familièrement dans le sens
d'Amener vivement. En termes de Sports,
Une balle bien envoyée. Fig., Un mot bien
envoyé.

ENVOYEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
envoie.

ÉOCÈNE. adj. des deux genres. T. de
Géologie
. Qui est le plus ancien parmi les
terrains de formation récente, en parlant
d'un Certain terrain.

ÉOLIEN, ENNE. adj. Qui rend des sons
harmonieux lorsqu'on le suspend et que le
vent vient à le frapper en parlant d'une Certaine
sorte d'instruments à corde. Harpe
éolienne.

ÉOLIPYLE. n. m. T. de Physique. Boule
de métal creuse, qui, étant en partie remplie
d'eau et chauffée, produit un jet continu
de vapeur par un bec recourbé adapté à un
point de sa surface.

ÉPACTE. n. f. T. de Chronologie. Le nombre
qui, pour chaque année, exprime l'âge
de la lune au moment où l'année précédente
a fini. L'épacte sert à déterminer les époques
moyennes des nouvelles lunes de chaque année.
L'épacte de chaque année se trouve toujours
indiquée au commencement des almanachs.

ÉPAGNEUL, EULE. n. Chien à long poil,
dont la race vient d'Espagne.

ÉPAIS, AISSE. adj. Il se dit d'un Corps
solide qui est considéré par rapport à celle
de ses dimensions qui n'est ni la longueur
ni la largeur. Planche épaisse de deux centimètres.
Le verre trop épais n'est pas bon pour
cet usage.

Il signifie souvent Qui a une grande consistance,
une grande densité. Du drap, du
velours épais. Ce sirop n'est pas assez épais.
Du vin épais. Une épaisse fumée. Un brouillard
épais.

Avoir la langue épaisse, Avoir la langue
embarrassée.

Fam., Avoir la taille épaisse, ou être épais,
Avoir la taille grosse, être peu dégagé dans
sa taille.

Air épais, Air chargé de matières qui le
rendent difficile à respirer. On ne respire
dans cette prison qu'un air épais et malsain.

Par analogie, Ténèbres épaisses, nuit épaisse,
Grande obscurité, nuit noire.

Il signifie, figurément, Qui est grossier, lent
à comprendre. Ignorance épaisse, Ignorance
profonde. Avoir l'esprit épais, l'intelligence
épaisse. Plaisanterie épaisse.
Absolument,
Être épais.

Il signifie aussi Dont les parties sont très
serrées. Ce bois est bien épais. Ces blés sont
trop épais. Il y aura beaucoup de foin dans ce
pré, l'herbe y est très épaisse. Des cheveux épais.
Une épaisse crinière.
Absolument, Il était dans
le plus épais du bois.

Il s'emploie aussi comme nom masculin
et signifie Épaisseur. Une pierre qui a un
demi-mètre d'épais. Cette femme met beaucoup
de rouge, elle en a toujours un doigt d'épais.

Il s'emploie également comme adverbe.
Cette graine ne doit pas être semée si épais.
Il a neigé épais de trois doigts.

Fam., Il n'y en a pas épais, Il n'y en a
pas beaucoup.

ÉPAISSEUR. n. f. T. de Géométrie. Qualité
de ce qui est épais. Cette pierre a tant de
mètres de longueur, tant de largeur et tant de
centimètres d'épaisseur.

Il se dit aussi, en parlant d'un Corps solide
compris entre deux surfaces plus ou moins
longues et plus ou moins larges, de la Dimension
dans le sens horizontal, laquelle peut
s'appeler aussi Profondeur. L'épaisseur d'un
mur, d'une poutre, d'une planche.

L'épaisseur d'un bois, d'une forêt, se dit de
l'Endroit où le bois, où la forêt est profonde.
Il se perdit dans l'épaisseur du bois.

Il désigne aussi, non seulement la Qualité
abstraite de cette troisième dimension, mais
la Matière concrète de l'objet, considéré
dans cette troisième dimension. Pratiquer un
escalier dans l'épaisseur d'un mur, une cachette
dans l'épaisseur d'une poutre.

Il désigne encore le Degré de densité et de
matière d'un tissu ou le Degré de consistance
d'un liquide. L'épaisseur d'une étoffe. L'épaisseur
d'un jus, d'un sirop, d'une sauce.

Il sert aussi à exprimer la Densité ou l'opacité
des choses physiques. L'épaisseur du
brouillard. L'épaisseur de l'air. L'épaisseur des
ténèbres.
Fig., L'épaisseur de l'esprit.

ÉPAISSIR. v. tr. Rendre épais, plus épais.
Mettez du sucre dans ce sirop pour l'épaissir.
Les fumées de ces usines épaississent l'air.

S'ÉPAISSIR, ou intransitivement ÉPAISSIR
signifient Devenir épais, plus épais. Le sirop

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