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Il y a un moyen sûr de chasser l'ennemi des petits postes qu'il ne veut pas abandonner, & où il est difficile de le forcer; c'est d'y mettre le feu. Ce moyen est un peu violent: mais la guerre le permet; & on le doit employer lorsqu'on y trouve la conservation des troupes que l'on a sous ses ordres. Quelle que soit la nature des petits lieux que l'on attaque, si l'on ne peut pas s'en emparer par surprise, & que l'on soit obligé de les attaquer de vive sorce, il faut disposer des fusiliers pour tirer continuellement sur les lieux où l'ennemi est place, & aux créneaux qu'il peut avoir pratiqués dans ses murailles; faire rompre les portes par le petard, ou a coups de haches; & pour la sûreté dé ceux qui font cette dangereuse operation, faire le plus grand feu par tout ou l'ennemi peut se montrer. La porte étant rompue, s'il y a des barricades derriere, il faut les forcer, en les attaquant brusquement, & sans donner le tems à l'ennemi de se reconnoitre, & le prendre prisonnier de guerre, lorsqu'il s'est defendu jusqu'à la derniere extrémité, & qu'il ne lui est plus possible de prolonger sa defense. Attaque des places», par M. le Blond.
Pour donner encore plus de facilité à monter sur
la breche & la rendre plus praticable, on y fait aller
quelques mineurs, ou un sergent & quelques
grenadiers, qui, avec des crocs, applanissent la
breche. Le feu des logemens & des batteries, empêche
l'ennemi de se montrer sur ses défenses pour
tirer sur les travailleurs; ou du moins si l'ennemi
tire, il ne peut le faire qu'avec beaucoup de circonspection,
ce qui rend son feu bien moins dangereux.
Si l'ennemi a pratiqué des galeries le long de la
face de la demi - lune, & vis - à - vis les breches, les
mineurs peuvent aller à leur découverte pour les
boucher, ou couper, ou en chasser l'ennemi; s'ils
ne les trouvent point, ils peuvent faire sauter différens
petits fourneaux, qui étant répétés plusieurs
fois, ne manqueront pas de causer du desordre
dans les galeries de l'ennemi & dans ses fourneaux.
Tout étant prêt pour travailler au logement
de la demi - lune, c'est - à - dire, pour s'établir sur la
breche, les matériaux à portée d'y être transportés
aisement & promptement, les batteries & les
logemens du chemin couvert en état de faire grand
feu; on convient d'un signal avec les commandans
des batteries & ceux des logemens, pour les aver<cb->
On continue la même manoeuvre jusqu'à ce que
le logement soit en état de défense, c'est - à - dire, de
contenir des troupes en état d'en imposer à l'ennemi> & de résister aux attaques qu'il peut faire au
logement. L'ennemi, avant que de quitter totalement
la demi - lune, fait sauter les fourneaux qu'il y
a preparés. Apres qu'ils ont fait leur effet, on se loge
dans leur e>cavation, ou du moins on y pratique
de petits couverts pour y tenir quelques sappeurs,
& l'on se sert de ces couverts pour avancer
les logemens de l'intérieur de l'ouvrage.
Le logement de la pointe se fait en espece de petit
arc, dont la concavité est tournée du côté de la
place. De chacune de ses extrémités part un logement
qui regne le long des faces de la demi - lune sur
le terre - plein de son rempart, au pié de son parapet.
Ce logement est très - enfoncé dans les terres du
rempart, afin que les soldats y soient plus à couvert
du feu de la place; on y fait aussi pour le garantir
de l'enfilade, des traverses, comme dans le
logement du haut du glacis. On fait encore dans
l'interieur de la demi - lune, des logemens qui en traversent
toute la largeur. Ils servent à découvrir la
communication de la tenaille à la place, & par conséquent
à la rendre plus difficile, & à contenir des
troupes en nombre suffisant pour résister à l'ennemi,
s'il avoit dessein de revenir dans la demi - lune,
& de la reprendre.
Si la demi - lune n'étoit point révêtue, & qu'elle
fût simplement fraisée & palissadée, on en feroit
l'attaque de la même maniere que si elle l'étoit;
c'est - à - dire, qu'on disposeroit des batteries comme
on vient de l'enseigner; & pour ce qui concerne
la breche, il ne s'agiroit que de ruiner la fraise,
les palissades & la haie vive de la berme, s'il y en
a une vis - à - vis l'endroit par lequel on veut entrer
dans la demi - lune; s'y introduire ensuite, & faire
les logemens tout comme dans les demi - lunes revêtues.
Tout ce que l'on vient de marquer pour la prise
de la demi - lune, ne se fait que lorsqu'on veut s'en
emparer par la sappe, & avec la pelle & la pioche:
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