Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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guère que figurément et adjectivement. Erreurs, habitudes envieillies. On dit plus ordinairement, en ce sens, Invétéré.

Il se dit aussi D'une personne qui a un vice, un défaut invétéré. Pécheur envieilli. On dit plus ordinairement, Endurci.

ENVIER. v. a. Être attristé des avantages d'autrui. Envier le bonheur, les succès d'autrui. Tout le monde l'envie. Je ne lui envie point sa fortune. Les gens en place sont ordinairement enviés. À l'actif, il se dit plus souvent Des choses que Des personnes.

Il signifie aussi, Souhaiter pour soi-même un bonheur, un avantage pareil à celui qu'un autre possède, mais sans être fâché qu'il en jouisse. Je voudrais bien être aussi indépendant que vous, j'envie votre bonheur.

Il se prend quelquefois pour Désirer. Voilà le poste que j'envierais le plus.

ENVIÉ, ÉE. participe Une charge, une place, une condition bien enviée, Une charge, etc., fort recherchée, fort souhaitée de beaucoup de gens.

ENVIEUX, EUSE. adj. Qui a de l'envie, qui est sujet à l'envie. Il ne s'emploie qu'en mauvaise part. Un homme envieux. Une femme envieuse. Il est envieux de ma bonne fortune. Envieux du bien d'autrui. Un esprit envieux.

Il est aussi substantif. Un envieux n'a jamais de repos. Les envieux sont injustes.

ENVINÉ, ÉE. adj. Il se dit D'un vase qui a pris l'odeur du vin.

ENVIRON. adv. À peu près; un peu plus, un peu moins. Il y a environ deux heures, environ dix ans. Son armée était d'environ vingt mille hommes. Il avait fait environ deux lieues. Combien y a-t-il dans ce sac? Il y a environ trois cents francs, quatre cents francs ou environ.

ENVIRONNER. v. a. Mettre une chose autour d'une autre, entourer, enfermer. Environner une ville de fossés, de murailles.

Il signifie aussi, Être ou se mettre autour de quelqu'un, de quelque chose. Les ennemis environnaient la place. Lès gendarmes avaient environné la maison. Les gardes, les courtisans qui environnaient le prince.

Il se dit figurément, surtout dans la seconde acception. Les dangers l'environnaient de toutes parts. Les malheurs qui l'environnent. Il est environné de flatteurs. L'éclat qui l'environne. Être environné de gloire.

ENVIRONNÉ, ÉE. participe

ENVIRONS. s. m. pl. Lieux d'alentour. Paris et ses environs. L'armée se logea aux environs de la place. Il ne s'est pas éloigné de la ville, il est encore campé dans les environs. Cela fut publié dans tous les environs, dans les communes des environs.

ENVISAGER. v. a. Regarder une personne au visage. Dès que je l'eus envisagé, je le reconnus. Envisagez un peu cet homme. Il n'oserait m'envisager. On l'emploie quelquefois avec le pronom personnel, comme verbe réciproque. Ils s'envisageaient l'un l'autre avec attention.

Il signifie figurément, Considérer une chose en esprit, examiner. Cette action est belle, cette action est bonne, si vous l'envisagez de telle manière. Le sage ne saurait envisager les richesses comme un bien. Je n'ose envisager l'avenir. Envisager la mort, les tourments, le péril, la pauvreté, sans en être ému. Il envisageait la mort comme la fin de ses misères. Il envisage le ciel comme le but de ses espérances. Envisager les suites d'une affaire.

ENVISAGÉ, ÉE. participe

ENVOI. s. m. Action par laquelle on envoie. Il se dit particulièrement en parlant Des marchandises. Faire un envoi de marchandises par terre, par eau. Cette marchandise est de bon débit, on en a déjà fait deux envois. Par l'envoi de tel jour, on dit avoir reçu... Lettre d'envoi.

Il signifie quelquefois, La chose même qui est envoyée. J'ai reçu votre envoi de tel jour.

ENVOI se dit, en Littérature, de Quelques vers mis à la suite d'une pièce de poésie, pour l'adresser, pour en faire hommage à quelqu'un. Il y a à la fin de ce conte un envoi fort joli.

ENVOILER (S'). v. pron. T. d'Arts. Il se dit Du fer, de l'acier qui se courbe lorsqu'on le trempe. Les limes s'envoilent quelquefois à la trempe.

ENVOILÉ, ÉE. participe

ENVOISINÉ, ÉE. adj. Qui a des voisins. Il est fort bien, fort mal envoisiné. Il est familier.

ENVOLER (S'). v. pron. Prendre son vol, s'enfuir en volant. Les oiseaux étaient déjà drus, ils se sont envolés. Une mouche qui s'envole. Avec ellipse du pronom, Le moindre bruit fait envoler cet oiseau.

Il se dit quelquefois, par analogie, Des choses légères que le vent emporte. La fenêtre s'ouvrit brusquement, et tous les papiers s'envolèrent par la chambre.

Prov. et fig., Il n'y a plus que le nid, les oiseaux s'en sont envolés, se dit Lorsqu'on cherche une personne ou une chose dans un endroit où elle n'est plus.

ENVOLER (s') s'emploie quelquefois figurément, comme dans ces phrases: Le temps s'envole, l'occasion s'envole, Le temps, l'occasion passe rapidement. Avec l'âge, les plaisirs s'envolent, En vieillissant, on perd le goût des plaisirs.

ENVOLÉ, ÉE. participe Les oiseaux sont envolés.

ENVOÛTER. v. a. Faire un prétendu maléfice, qui consiste à piquer, déchirer, brûler une image de cire, en prononçant certaines paroles ou en faisant certaines cérémonies, dans la persuasion que la personne représentée par cette image souffrira les mêmes maux.

ENVOÛTÉ, ÉE. participe

ENVOYER. v. a. (J'envoie; nous envoyons, vous envoyez, ils envoient. J'envoyais; nous envoyions, vous envoyiez. J'enverrai. J'enverrais. Que j'envoie, que vous envoyiez.) Donner ordre ou faire en sorte qu'une personne aille, ou qu'une chose soit portée en un certain lieu. Envoyer un homme à la campagne, en province, en Italie, en mer. Envoyer des députés. Il fut envoyé vers lui pour le prier de... Envoyer des chevaux. Envoyer un paquet par la diligence, par le courrier. Les denrées que ce pays nous envoie. Envoyer des étrennes. Envoyer du secours dans une place. Les ennemis envoyèrent reconnaître la place. Envoyer faire compliment. Envoyer demander quelque chose à quelqu'un.

Absol., Envoyer chez quelqu'un, Envoyer savoir de ses nouvelles. Il est malade, n'enverrez-vous pas chez lui?

Fig. et fam., Envoyer quelqu'un au diable, à tous les diables, etc., Le rebuter, le repousser, le renvoyer avec colère, avec indignation. On dit dans un sens analogue, Envoyer promener, envoyer paître. Il m'impatientait à un tel point, que j'ai fini par l'envoyer promener, par l'envoyer paître.

Fig. et fam., Envoyer dans l'autre monde, Faire mourir. Ce charlatan a envoyé son malade dans l'autre monde.

ENVOYER se dit aussi en parlant De toutes les choses qui nous viennent ou qui sont supposées nous venir du ciel, de la Divinité, du destin, etc. Les biens et les maux que Dieu, que le ciel, que le destin nous envoie. Dieu nous a envoyé de la pluie, du beau temps, une bonne année.

Il signifie, par analogie, Pousser, jeter, lancer hors de soi. Dans ce sens, on ne l'applique guère qu'Aux choses. La lumière que le soleil nous envoie. Le vin envoie des fumées à la tête.

ENVOYÉ, ÉE. participe Il est quelquefois substantif; et alors il signifie, Un ministre envoyé par un prince souverain ou par une république, auprès d'un autre prince ou d'une autre république. La dignité d'envoyé est inférieure à celle d'ambassadeur. Il est envoyé de tel prince. Envoyé extraordinaire. Il n'y a point d'ambassadeur de tel prince dans cette cour, il n'y a qu'un envoyé. Il a été envoyé extraordinaire du roi dans tel royaume. L'envoyé de Florence. On appelle Envoyée, La femme d'un envoyé.

ÉOLIEN, ENNE. adj. On l'emploie particulièrement dans les locutions suivantes:

Le dialecte éolien, ou substantivement, L'éolien, Celui des cinq dialectes grecs qui était parlé dans l'ancienne Éolie.

Le mode éolien, Un des modes principaux de l'ancienne musique grecque.

Harpe éolienne, Instrument à cordes monté de manière qu'il rend des sons harmonieux lorsqu'on le suspend et que le vent vient à le frapper.

ÉOLIPYLE. s. m. T. de Physique. Boule de métal creuse, qui, étant en partie remplie d'eau et chauffée, produit un jet continu de vapeur par un bec recourbé adapté à un point de sa surface. Plusieurs philosophes ont cherché à expliquer la nature et l'origine des vents par la comparaison avec les éolipyles.

ÉOLIQUE. adj. des deux genres qui se dit quelquefois Du dialecte et du mode éoliens. Le dialecte éolique. Le mode éolique.

ÉPACTE. s. f. T. de Chronologie. Le nombre qui, pour chaque année, exprime l'âge de la lune au moment où l'année précédente a fini. L'épacte sert à déterminer les époques moyennes des nouvelles lunes de chaque année. L'épacte de chaque année se trouve toujours indiquée au commencement des almanachs.

ÉPAGNEUL, EULE. s. Chien à long poil,

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