MOUZON, (Géog.) en latin Mozomium, petite
& ancienne ville de France en Champagne. Elle
étoit très - forte, avant que Louis XIV. en eût fait
démolir les ouvrages en 1671. Voyez l'histoire de
cette ville dans l'abbé de Longuerre, & dans les
Memoires de la Champagne, par Baugier. Il suffit de
dire ici que la Meuse passe au pié de ses murailles,
& qu'elle en a tiré son nom. Elle est située sur le
penchant d'une colline étroite, mais fertile en grains
& en vins, à 3 lieues de Sedan, 13 S. O. de
Luxeinbourg, 5 S. de Bouillou, 50 N. E. de Paris. Il s'y est tenu deux conciles: l'un en 545, &
l'autre en 948. Long. 22. 45. lat. 49. 52.
On peut regarder Mouzon comme la patrie de
dom Mabillon, puisqu'il naquit dans son voisinage
en 1632. Ce célebre bénédictin étoit un des plus
savans hommes du xvij. siecle. C'est lui qui, après
avoir fait sa profession monastique, se trouvant
chargé par ses supérieurs, de montrer au public
le trésor de S. Denys, demanda bientôt la permission
de quitter cet emploi, parce qu'il n'aimoit
point, disoit - il, à mêler la fable avec la vérité. On ne
comprend pas comment dans la suite il prit le parti
de justifier la sainte larme de Vendôme. M. Colbert instruit des ses talens, Les tourna plus utilement.
Il le chargea de rechercher avec soin les anciens
titres. Il le fit voyager, dans ce dessein, en
Allemagne & en Italie. Dom Mabillon, au retour
de ce dernier voyage, remit dans la bibliotheque
du Roi environ 3000 volumes de livres rares ou
de manuscrits
Les Bénédictins lui doivent 4 volumes des Ans
nales de leur ordre, & 9 volumes d'Actes de leur
saints, actes qui n'intéressent pas beaucoup le reste
du monde. Mais la Diplomatique de dom Mabillon
est un ouvrage vraiment nécessaire. Il a eu raison
de soutenir que les moines doivent étudier; des
obligations accompagnées de délices, sont bien faciles
à remplir. Dom Mabillon mit au jour avec
une diligence incroyable, la vie de S. Bernard,
en 2 vol. in - fol; il auroit dû se moins hâter, & la
donner en deux pages. Il est mort à Paris en 1707,
à 75 ans. (D. J.)
MOXA;
MOXA; (Hist. nat. Médec. & Chirurg.) c'est le
nom que les Japonois donnent à une espece de
duvet fort doux au toucher, d'un gris de cendre,
& semblable à de la filasse de lin. On le compose
de feuilles d'armoise pilées, dont on sépare les
fibres dures & les partios les plus épaisses & les
plus rudes. Cette matîere étant seche, prend aisément
le feu, mais elle se consume lentement, sans
produire de flamme & sans causer une brûlure fort
douloureuse. Il en part une fumée légere d'une odeur
assez agréable. Lorsqu'il s'agit d'appliquer le moxa,
on prend une petite quantité de cette filasse que
l'on roule entre les doigts, pour lui donner la
forme d'un cône d'environ un pouce de hauteur.
On applique ce cône par sa base, apres l'avoir humecté
d'un peu de salive sur la partie que l'on veut
cautériser, pour qu'il s'y attache plus aisément;
après quoi l'on met le feu au sommet du cône qui
se consume peu - à - peu, & finit par faire une brûlure
légere à la peau, qui ne cause point une douleur
considérable. Quand un de ces cônes est consumé,
on en applique un second, un troisieme, &
même jusqu'à dix & vingt, suivant l'exigence des
cas & suivant les forces du malade. Les Japonois
nomment tensasi ou tâteurs, ceux dont le métier est
d'appliquer le moxa, parce qu'ils tâtent le corps
des malades avant l'opération, pour savoir la partie
sur laquelle il faut faire la brûlure; cette connoissance
dépend dé l'expérience de l'opérateur. Dans
les maux d'estomac on brûle les épaules; dans les
pleurésies on applique le moxa sur les vertebres du
dos; dans les maux de dents on l'applique sur le
muscle adducteur du pouce. C'est sur - tout le long
du dos que l'on fait cette opération; celui qui
doit la souffrir, s'assied à terre, les jambes croisées,
le visage appuyé sur les mains: cette posture
est estimée la plus propre à faire découvrir la situation
des nerfs, des muscles, des veines & des arteres,
qu'il est très - important d'éviter de brûler.
Ce remede est employé très - fréquemment au Japon, même par les personnes en santé, qui le regardent
comme un grand préservatif, au point que
l'on ne refuse point aux criminels condamnés à la
prison, de se faire appliquer le moxa. Selon Kempfer, les Hollandois ont souvent éprouvé l'efficacité
de ce remede contre la goutte & les rhumatismes.
Ce voyageur croit qu'il ne reussiroit point si
bien dans les pays froids que dans les pays chauds
où la transpiration forte cause plus de relâchement
dans les muscles; cependant il paroît constant que
ce remede procureroit, même parmi nous, de très grands
biens, s'il étoit employé à - propos.
Les anciens Médecins se servoient de la filasse de
lin, de la même maniere que les Japonois emploient
le moxa.
MOXES
MOXES. (Géogr.) Sous le nom de Moxes, on
comprend un assemblage de différentes nations idolâtres
de l'Amérîque meridionale. Ces peuples habitent
un pays immense, qui se découvre à - mesure
qu'en quittant Sainte - Croix de la Sierra, on côtoye
une longue chaine de montagnes escarpées qui vont
du sud au nord. Il est situé dans la zone torride, &
s'etend depuis 10 jusqu'à 15 degrés de latitude méridionale: on en ignore entierement les limites.
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