ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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nuncupativa, testament de vive voix: après la harangue du géneral, tous les instrumens donnoient le signal pour le combat. Ces instrumens étoient des trompettes d'airain un peu recourbées, ou une espece de trompettes semblables à nos corps de chasse, & qu'on appelloit buccinoe lorsqu'elles étoient petites, les Romains n'avoient point de tambours, comme nous. Lorsqu'on étoit en présence de l'ennemi, les soldats faisoient retentir l'air de cris confus pour l'épouvanter & pour s'animer eux - mêmes. On jugeoit souvent de l'ardeur des troupes par la vivacité de ses cris, & on en tiroit un présage favorable pour le succès du combat: un autre signal qui annonçoit la bataille, étoit un drapeau rouge suspendu au - dessus de la tente du géneral.

Du camp des Romains. L'endroit où s'observoit le plus exactement la discipline militaire, étoit le camp. Les armées romaines ne passoient pas une seule nuit sans camper, & ils ne livroient presque jamais de combat, qu'ils n'eussent un camp bien fortifié pour servir de retraite en cas qu'ils fussent vaincus; ce camp étoit presque toujours quarré, il y en avoit pour l'été & pour l'hiver. Celui d'été étoit quelquefois pour une seule nuit, & il s'appelloit logement, au moins dans les derniers tems lorsqu'ils étoient faits pour plusieurs nuits, on les appelloit stativa. Les camps d'hiver étoient beaucoup mieux munis que ceux d'été. Aussi Tite - Live, en parlant de leur construction, se sert de cette expression, oedisicare hyberna, lib. XXVI. cap. j. Il y avoit un arsenal, des boutiques de toutes sortes de métiers, un hôpital pour les malades, outre l'endroit nommé procestrium, où étoient les goujats, les valets, les blanchisseuses & autres gens de cette espece. Il 7 régnoit un ordre & une police admirables.

La forme de ces camps d'hiver a été décrite par Juste - Lipse. Il nous apprend que le camp étoit séparé en deux parties, par un chemin fort large: dans la partie supérieure étoit la tente du géneral, au milieu d'une place large & quarrée. La tente du questeur étoit à la droite de celle du géneral, & à gauche étoient celles de ses lieutenans. Vis - à - vis étoit une place où les denrées se vendorent, où l'on s'assembloit & où l'ou donnoit audience aux députés.

Les tribuns avoient leurs tentes proetovium, près de celle du géneral, & ils étoient six de chaque côté, ayant chacun un chemin qui conduisoit aux endroits où les légions étoient postées. Les officiers géneraux des alliés étoient aussi au nombre de six de chaque côté, & avoient pareillement un chemin qui les conduisoit vers leurs troupes.

La partie inferieure du camp étoit divisée en deux autres parties, par un chemin qui la traversoit, & qui des deux côtés aboutissoit au lieu où la cavalerie des légions étoit postée. Lorsqu'on avoit passé ce chemin, on trouvoit les triariens, ceux qu'on appelloit les princes, principes, & ensuite les piquiers dont la cavalerie & l'infanterie des alliés étoient séparées. Les velites avoient leurs postes près de la circonvallation.

Les tentes des soldats étoient le plus souvent faites de peaux; sub pellibus hiemare, dans Flor. l. XI. eap. xij. c'est camper durant l'hiver. Elles étoient tendues avec des cordes, & c'est pour cela qu'on les appelloit tentes, tentoria. On employoit des planches pour les tentes d'hiver, afin qu'elles résistassent davantage. Il y avoit dans chaque tente dix soldats avec leur chef, & ces tentes s'appelloient contubernia.

Le camp étoit environné d'une palissade, vallum, qui de tous côtés étoit éloignée des tentes de deux cens pas. Cette palissade étoit formée d'une élévation de terre, & de pieux pointus par en - haut, Chaque soldat avoit coutume de porter trois ou qua<cb-> tre pieux, valli, & même davantage: Tite - Live, lib. XXXIII. cap. v. en a fait la description avec exactitude. Ces palissades avoient trois ou quatre piés de profondeur, à - moins que l'ennemi ne fût proche; auquel cas on les faisoit plus hautes; elles étoient défendues par un fossé de neuf piés de profondeur & de douze de largeur.

Le camp avoit quatre portes qui avoient chacune leur nom. La premiere s'appelloit prétorienne, & étoit ordinairement vis - à - vis l'ennemi. La porte décumane étoit à l'opposite. On l'appelloit ainsi parce qu'elle étoit la plus éloignée des dixiemes cohortes qui avoient leurs sorties par cette porte. Des deux côtés - étoient les portes appellées principales. De plus, il y avoit dans le camp trois rues de traverse & cinq grandes. La premiere rue de traverse passoit au - dessus de la tente du général, & la derniere coupoit les cohortes en deux parties égales. Celle du milieu s'appelloit principia: c'étoit là où les tribuns rendoient la justice, où étoient les autels, les portraits des empereurs, & les principales enseignes des légions. C'étoit - là encore qu'on prétoit serment, & qu'on exécutoit les coupables. Enfin, on y conservoit comme dans un lieu sacré, l'argent que les soldats y avoient déposé.

Voilà la description de Juste - Lipse dont on vante l'exactitude; cependant je crois qu'au mot. Légion, le lecteur trouvera quelque chose de beaucoup meilleur qui vient de main de maître, & sans lequel on ne peut se fermer d'idée nette d'un camp des Romains. J'ajoute ici que les travaux s'y faisoient sous l'inspection des tribuns & autres officiers supérieurs, par tous les soldats de l'armée. Dans le tems de la république, le général n'exemptoit que quelques vétérans de cette besogne; mais dès que cette exemption vint à s'acheter sous les empereurs, on y mit l'enchere, le camp ne se fortifia plus, le luxe & la mollesse s'y introduisirent, & les Barbares le forcerent sans peine & sans péril.

Pour compléter ce discours sur la milice des Romains, il me resteroit à parler de leur discipline militaire, en - tant qu'elle consiste dans le service, les exercices, les lois, les récompenses, les peines & le congé: mais ce vaste sujet demande un article à part. Voyez donc Militaire, discipline des Romains. (Le Chevalier de Jaucourt.)

MILICHIUS

MILICHIUS, (Mythel.) surnom qu'on donnoit en quelques endroits à Jupiter & à Bacchus. Mais, l'origine de ce surnom, que quelqu'un nous l'apprenne. (D. J.)

MILIEU

MILIEU, s. m. (Méchan.) dans la Philosophie méchanique, signifie un espace matériel à - travers lequel passe un corps dans son mouvement, ou en général, un espace matériel dans lequel un corps est placé, soit qu'il se meuve ou non.

Ainsi on imagine l'éther comme un milieu dans lequel les corps célestes se meuvent. Voyez Ether.

L'air est un milieu dans lequel les corps se meuvent près de la surface de la terre. Voyez Air & Atmosphere.

L'eau est le milieu dans lequel les poissons vivent & se meuvent.

Le verre enfin est un milieu, en égard à la lumiere, parce qu'il lui permet un passage à - travers ses pores. Voyez Verre, Lumiere, Rayon

La densité des parties du milieu, laquelle retarde le mouvement des corps, est ce qu'on appelle résistance du milieu. Voyez Résistance, &c.

Milieu éthéré

Milieu éthéré. M. Newton prouve d'une maniere très - vraissemblable, quloutre le milieu aérien particulier dans lequel nous vivons & nous respirons, il y en a un autre plus répandu & plus universel, qu'il appelle milieu éthéré. Ce milieu est beaucoup plus rare & plus subtil que l'air; & par

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