ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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mercure tiré des métaux est d'une nature bien plus parfaite que le mercure ordinaire. Beccher admet dans tous les métaux un principe qu'il nomme mercuriel, à qui est dû leur fusibilité.

Plusieurs chimistes ont prétendu avoir le secret de fixer le mercure, c'est - à - dire de lui joindre un nouveau principe qui lui ôtât sa fluidité & lui fit prendre une consistence solide telle que celle des autres métaux; c'est cette opération qu'ils ont nommée la fixation du mercure. Kunckel assure positivement avoir fixé le mercure en argent.

Les usages du mercure sont de deux especes; on peut les distinguer en méchaniques & en pharmaceutiques: un des principaux usages du mercure est dans la Métallurgie. En effet, comme le mercure a la propriété de s'unir avec l'or & l'argent, dans les pays où le bois manque & où ces métaux précieux se trouvent en abondance & tout formés ou natifs, on ne fait qu'écraser la roche qui les contient, & on la triture avec du mercure, qui se combine avec l'or & l'argent sans s'unir avec la pierre qui servoit de matrice ou de miniere à ces métaux. Quand le mercure s'est chargé d'une quantité suffisante d'or ou d'argent, on met en distillation la combinaison ou l'amalgame qui s'est fait; par ce moyen on sépare le mercure, & l'or ou l'argent dont il s'étoit chargé reste au fond des vaisseaux. Telle est la méthode que l'on suit pour le traitement des mines d'or & d'argent de presque toute l'Amérique. Voyez Or.

Dans les monnoies on triture de la même maniere avec du mercure les creusets qui ont servi à fondre les métaux précieux, ainsi que les crasses résultantes des différentes opérations dans lesquelles il reste souvent quelque portion de métal que l'on ne veut point perdre. Voyez Lavure.

Le mercure sert encore à étamer les glaces, ce qui se fait en l'amalgamant avec l'étain. Voyez Glaces. Il sert aussi pour dorer sur de l'argent, voyez Dorure. On l'emploie pour faire des barometres; il entre dans la composition dont se fait l'espece de végétation métallique que l'on nomme arbre de Diane, &c. On peut joindre à ces usages la propriété que le mercure a de faire périr toutes sortes d'insectes.

Si on enferme du mercure dans l'oeuf philosophique, c'est - à - dire dans un vaisseau de verre qui ait la forme d'un oeuf & pourvu d'un long col; que l'on emplisse cet oeuf jusqu'au tiers avec du mercure que l'on aura fait bouillir auparavant pour le priver de l'eau avec laquelle il est joint, on scellera hermétiquement ce vaisseau, & on lui donnera un degré de feu toujours égal, & capable de faire bouillir le mercure sans aller au - de - là; on pourra faire durer cette opération aussi long - tems qu'on voudra, sans crainte d'explosion, & le mercure se convertira en une poudre rouge que l'on nomme mercure précipité perse.

En faisant dissoudre le mercure dans l'acide nitreux, & en faisant évaporer & crystalliser la dissolution, on aura un sel neutre très - corrosif, qui sera en crystaux semblables à des lames d'épées. Si on fait évaporer la dissolution jusqu'à siccité, en donnant un grand feu, on obtient une poudre rouge que l'on appelle mercure précipité rouge. Si on met peu - à - peu de l'alkali fixe dans la dissolution du mercure faite dans l'acide nitreux, & étendue de beaucoup d'eau, on obtient aussi une poudre ou un précipité rouge. Si au lieu d'alkali fixe on se sert de l'alkali volatil, le précipité, au lieu d'être rouge, sera d'un gris d'ardoise. M. Rouelle a fait dissoudre le précipité du mercure fait par l'alkali fixe dans l'acide du vinaigre, ce qui produit un vrai sel neutre, ce qui arrive, parce que l'aggrégation du mercure a été rompue.

Pour que l'acide vitriolique dissolve le mercure, il faut qu'il soit très - concentré & bouillant, alors la dissolution se fait avec effervescence: cette opéra<cb-> tion se fait dans une cornue bien luttée avec un récipient. Suivant M. Rouelle, il passe à la distillation de l'acide sulfureux volatil, & il reste dans la cornue une masse saline qui mise dans un grand volume d'eau s'y dissout, & laisse tomber une poudre jaune que l'on nomme turbith minéral ou précipité jaune.

Lorsque le mercure a été dissout dans l'acide nitreux, si l'on verse de l'acide du sel marin dans la dissolution, il se dégage une poudre blanche qui tombe au fond, c'est ce qu'on nomme mercure précipité blanc. M. Rouelle observe avec raison que c'est un vrai sel neutre, formé par la combinaison de l'acide du sel marin & du mercure, & que par conséquent c'est très - improprement qu'on lui donne le nom de précipité. De plus, l'acide du sel marin n'agit point sur le mercure, à moins qu'il n'ait été dissous, c'est - à - dire à moins que son aggrégation n'ait été rompue.

Le sel marin combiné avec le mercure qui a été dissous dans l'esprit de nitre & mis en sublimation, s'appelle sublimé corrosif; si on triture le sublimé corrosif avec de nouveau mercure, & que l'on mette le mélange de nouveau en sublimation, on obtient, en réitérant trois fois cette trituration & cette sublimation, ce qu'on nomme le mercure doux, ou aquila alba, ou panacée mercurielle. Si on réitere ces sublimations un plus grand nombre de fois, on obtient ce qu'on appelle la calomelle.

En triturant exactement ensemble une partie de mercure & deux parties de soufre en poudre, on obtient une poudre noire que l'on nomme éthiops minéral.

Si l'on joint ensemble sept parties de mercure & quatre parties de soufre, on triturera ce mélange, on le fera sublimer, & l'on obtiendra par là ce qu'on appelle le cinnabre artificiel; mais pour qu'il soit pur & d'une belle couleur, il faudra le sublimer de nouveau, parce qu'on lui avoit joint d'abord une trop grande quantité de soufre.

En mêlant ensemble une livre de cinnabre pulvérisé & cinq ou six onces de limaille de fer, & distillant ce mélange dans une cornue à laquelle on adaptera un récipient qui contiendra de l'eau, on obtiendra le mercure qui étoit dans le cinnabre, sous sa forme ordinaire: cette opération s'appelle révivification du cinnabre.

Telles sont les principales préparations que la Chimie fait avec le mercure, tant pour les usages de la Medecine que pour les Arts. ( - )

Mercure

Mercure, (Principe de Chimie.) le mercure que les Chimistes ont aussi appellé esprit, est un des trois fameux principes des anciens chimistes, & celui dont la nature a été déterminée de la maniere la plus inexacte, & la plus vague. Voyez Principes, Chimie. (b)

Mercure

Mercure, (Mat. med. & Pharm.) ou remedes mercuriels, tant simples que composés.

Les remedes mercuriels communément employés en Médecine, sont le mercure courant, coulant ou crud; le mercure uni plus ou moins intimément au soufre; sçavoir, le cinnabre & l'éthiops minéral, plusieurs sels neutres ou liqueurs salines, dont le mercure est la base; savoir, le sublimé corrosif, le sublimé doux & mercure doux, ou aquila alba; le calomelas des Anglois, la panacée mercurielle, le précipité blanc & l'eau phagédenique, la dissolution de mercure & le précipité rouge, le turbith mineral ou précipité jaune, & le précipité verd. Toutes ces substances doivent être regardées comme simples en Pharmacie, voyez Simple, Pharmacie. Les compositions pharmaceutiques mercurielles les plus usitées, dont les remedes mercuriels sont l'ingredient principal ou la base, sont les pillules mercurielles de

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