ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
Page 9:875
rondie, lesquels, si l'on continue à les toucher,
rentrent insensiblement dans la cavité d'ou ils
étoient sortis, & reparoissent peu de tems après
sous leur premiere forme, ce qui arrive de même
lorsqu'on leur ôte ou qu'on leur donne l'eau de
mer.
Le corps de la main de mer considérée intérieurement
est de substance fongueuse, plus molle que
celle de son extérieur qui est coriace; & par la
quantité des tuyaux dont il est percé, aboutissant
aux mamelons extérieurs, ressemble aux loges
d'un gâteau d'une ruche, chacune desquelles contient
le petit polype que j'ai décrit, & un peu
d'eau roussâtre ».
Mem. de l'acad. royale des Scienc.
année 1740, par M. de Jussieu.
Mains
Mains, (Critique sacrée.) manus selon la vulgate.
Ce mot dans l'Ecriture sainte se prend quelquefois
pour l'étendue: hoc mare magnum & spaciosum manibus,
Job xxviij. 8. Il se prend aussi pour la puissance
du saint - Esprit, qui se fait sentir sur un prophete:
Facta est super eum manus Domini. Ezech. iij. 22. Dieu
parle à son peuple par la main des prophetes, c'est - à - dire par leur bouche. La main élevée marque la force,
l'autorité. Ainsi il est dit que Dieu a tiré son peuple
de l'Egypte la main haute & élevée. Cette expression
marque aussi l'insolence du pécheur qui s'éleve contre
Dieu, peccare elatâ manu. La main exprime encore
la vengeance que Dieu exerce contre quelqu'un: la
main du Seigneur s'appesantit sur les Philistins; il se
met pour fois. Daniel & ses compagnons se trouverent
dix mains plus sages que tous les magiciens &
les devins du pays. Jetter de l'eau sur les mains de quelqu'un, c'est le servir: ainsi Elisée jettoit de l'eau sur
les mains d'Elie, c'est - à - dire qu'il étoit son serviteur.
Laver ses mains dans le sang des pécheurs, c'est approuver
la vengeance que Dieu tire de leur iniquité. Le
juste lave ses mains parmi les innocens, c'est - à - dire est
lié d'amitié avec eux. Pilate lave ses mains pour marquer
qu'il est innocent de la mort de Jesus - Christ.
Baiser la main est un acte d'adoration. Si j'ai vu le
soleil dans son éclat, & si j'ai baisé ma main, dit Job.
Remplir ses mains, signifie entrer en possession d'une dignité
sacerdotale, parce que dans cette cérémonie on
mettoit dans les mains du nouveau prêtre les parties
de la victime qu'il devoit offrir. Donner les mains signifie
faire alliance,jurer amitié. Les Juifs disent qu'ils
ont été obligés de donner les mains aux Egyptiens
pour avoir du pain, c'est - à - dire de se rendre à eux.
(D. J.)
Mains
Mains, (Antiq. rom.) Le grand nombre de mains
chargées quelquefois de symboles de diverses divinités
qui se trouvent parmi les anciens monumens,
désignent des accomplissemens de voeux. Elles
étoient appendues dans les temples des dieux à qui
elles étoient vouées, en reconnoissance de quelque
faveur signalée reçue, ou de quelque miraculeuse
guérison. S. Athanase a cru que ces mains & toutes
les autres parties du corps prises séparément, étoient
honorées par les gentils comme des divinités. On
peut reprocher aux payens tant d'objets réels d'idolâtrie,
qu'il ne faut pas leur en attribuer de faux.
(D. J.)
Main
Main, (Littérat.) L'inégalité que la coutume,
l'éducation & les préjugés ont mis entre la main droite
& la main gauche, est également contraire à la nature
& au bon sens.La nature a dispensé ses graces avec une
proportion égale à toutes les parties des corps régulierement
organisés. L'oreille droite n'entend pas mieux
que la gauche; l'oeil gauche voit également comme
l'oeil droit; & l'on ne marche pas plus aisément d'un
pié que de l'autre. L'anatomie la plus délicate ne
remarque aucune différence sensible entre les nerfs,
les muscles & les vaisseaux des parties doubles des
enfans bien conformés. Si telle observation n'a pas
lieu dans les corps plus avancés en âge, c'est une
suite de l'usage abusif qui nous assujettit à tout faire
de la main droite & à laisser la gauche dans une inaction
presque continuelle: d'où il résulte un écoulement beaucoup plus considérahle des sucs nourriciers
dans la main qui est toujours en action, que
dans celle qui se repose. Il seroit donc à souhaiter
qu'au lieu de corriger les enfans qui usent indifféremment
de l'une ou l'autre main, on les accoutumât
de bonne heure à se servir de leur ambi - dextérité naturelle,
dont ils tireroient de grands avantages dans
le cours de la vie. Platon le pensoit ainsi, & désaprouvoit
extrémement la préférence dont on honoroit
déja de son tems la main droite au préjudice de
la gauche; il soutenoit avec raison qu'en cela les
hommes n'entendoient pas leurs vrais intérêts, &
que, sous le prétexte ridicule du bon air & de la
bonne grace, ils se privoient eux - mêmes de l'utilité
qu'ils pouvoient retirer en mille rencontres de l'usage
des deux mains. Il est étonnant que dans ces derniers
siecles on ne se soit pas avisé de renouveller
dans l'art militaire l'exercice ambi - dextre, qui donne
une grande supériorité à ceux qui y sont dressés.
Henri IV. fit sortir de ses gendarmes cinq bons sujets,
par la seule raison qu'ils étoient gauchers, tant les
préjugés de la mode & de la coutume ont de force
sur l'esprit des hommes! (D. J.)
Mains - jointes
Mains - jointes. (Art numismat.) Le type de
deux mains - jointes est fréquent sur les médailles latines
& égyptiennes; il a pour légende ordinaire
concordia exercituum. En effet, Tacite nous apprend
que du tems de Galba, c'étoit une coûtume déja
ancienne, que les villes voisines des quartiers des
légions leur envoyassent deux mains - jointes en signe
d'hospitalité: miserat civitas Lingonum, vetere instituo,
dona legionibus, dextras hospitii insigne. Et pendant
la guerre civile d'Othon & de Vitellius, Sisenna, centurion, porte de Syrie à Rome aux prétoriens
des figures de main droite pour gage de la concorde
que vouloit entretenir avec eux l'armée de
Syrie: centurionem, Sisenna dextras, concordioe insignia,
syriaci exercitûs nomine ad proetorianos ferentem.
Ces symboles étoient représentés en bas - relief sur
l'airain & sur le marbre, qui devenoient dignes de
l'attention des princes, quand ces monumens
avoient pour objet les affaires publiques; les particuliers
mêmes ornoient de ces figures les monumens
de famille. Sur un marbre trouvé dans l'ancien
pays des Marses, se voyent deux mains - jointes pour symbole de la foi conjugale, & au - dessus
une inscription donnée par M. Muratori: D. M. S.
Q. Ninnio, Q. F. strenuo Seviro aug. titecia januaria
conjugi B. M. F. & sibi. (D. J.)
Main harmonique
Main harmonique, (Musique.) est, en musique,
le nom que donna l'Arétin à une figure, par
laquelle il expliquoit le rapport de ses hexacordes,
de ses sept lettres, & de ses six syllabes aux cinq
tetracordes des Grecs. Cette figure représentoit une
main gauche, sur les doigts de laquelle étoient marqués
tous les sons de la gamme avec leurs lettres
correspondantes, & les diverses syllabes dont on
les devoit nommer selon la regle des muances, en
chantant par béquarre ou par bémol. Voyez
Gamme, Muances, Solfier
, &c. (S)
Main
Main, (Marine.) sorte de petite fourche de fer,
dont on se sert à tenir le fil de caret dans l'auge
quand on le gaudronne.
Main
Main, (Jurisprud.) Ce terme a dans cette matiere
plusieurs significations différentes. Il signifie
souvent puissance, autorité, garde, conservation,
&c.
Mettre en sa main, c'est saisir féodalement; mettre
sous la main de justice, c'est saisir & arrêter, saisir - exécuter, ou saisir réellement.
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.