ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:772

qu'il y ait entr'elles une relation naturelle, ou non. Voyez, Idée, Difformité.

Quand il y a entre les idées une connexion & une relation naturelle, c'est la marque d'un esprit excellent que de savoir les recueillir, les comparer & les ranger dans l'ordre qui leur convient pour s'éclairer dans ses recherches: mais quand il n'y a point de liaison entr'elles, ni de motif pour les joindre, & qu'on ne les unit que par accident ou par habitude; cette association non naturelle est un grand défaut, & elle est, généralement parlant, une source d'erreurs & de mauvais raisonnemens. Voyez Erreur.

Ainsi l'idée des revenans & des esprits n'a pas réellement plus de rapport à l'idée des ténebres que celle de la lumiere: cependant il est si ordinaire de joindre les idées de revenans & de ténebres dans l'esprit des enfans, qu'il leur est quelquefois impossible de séparer ces idées tout le reste de leur vie, & que la nuit & l'obscurité leur inspirent presque toujours des idées effrayantes. De même, on accoûtume les enfans à joindre à l'idée de Dieu une idée de forme & de figure, & par - là on donne naissance à toutes les absurdités qu'ils mêlent à l'idée de la divinité.

Ces fausses combinaisons d'idées sont la cause, selon M. Locke, de l'opposition irréconciliable qui est entre les différentes sectes de philosophie & de religion; car on ne peut raisonnablement supposer, que tant de gens qui soûtiennent des opinions différentes, & quelquefois contradictoires les unes aux autres, s'en imposent à eux mêmes volontairement & de gaieté de coeur, & se refusent à la vérité: mais l'éducation, la coûtume, & l'esprit de parti, ont tellement joint ensemble dans leur esprit des idées disparates, que ces idées leur paroissent étroitement unies; & que n'étant pas maîtres de les séparer, ils n'en font pour ainsi dire qu'une seule idée; cette prévention est cause qu'ils attachent du sens à un jargon, qu'ils prennent des absurdités pour des démonstrations; enfin elle est la source des plus grandes & presque de toutes les erreurs dont le monde est infecté. (X)

Association

Association, terme de Droit Anglois, est une patente que le Roi envoie, soit de son propre mouvement, soit à la requête d'un complaignant, aux juges d'une assise, pour leur associer d'autres personnes dans le jugement d'un procès. Voyez Assise.

A la patente d'association, le Roi joint un écrit qu'il adresse aux juges de l'assise, par lequel il leur ordonne d'admettre ceux qu'il leur indique.

Association

Association, en Droit commun, est l'agrégation de plusieurs personnes en une même société, sous la condition expresse d'en partager les charges & les avantages. Chacun des membres de la société s'appelle associé. Voyez Associé & Société. (H)

ASSOCIATION ou PORTUGA

ASSOCIATION ou PORTUGA, île de l'Amérique septentrionale, à quatorze milles de la Marguerite, vers l'occident.

ASSOCIÉ

ASSOCIÉ, adjoint, qui fait membre ou partie de quelque chose. Voyez Adjoint, Association.

Ce mot est composé des mots Latins ad & socius, membre, compagnon: ainsi on dit les associés du docteur Bray, pour la conversion des Négres, &c.

Associé

Associé, en terme de commerce, est celui qui fait une partie des fonds avec les autres commerçans, & qui partage avec eux le gain, ou souffre la perte au pro - rata de ce qu'il a mis dans la société. (G)

ASSOLER

ASSOLER (Agriculture.) signifie partager les terres labourables d'une métairie pour les semer diversement, ou les laisser reposer, quand on en veut faire une raisonnable exploitation: en la plûpart des lieux on partage les terres en trois sols; l'un se seme en froment, l'autre en menus grains, & le troisieme reste en jachere. (H)

ASSOMPTION

ASSOMPTION, s. f. (Théologie.) du Latin assump - tio, dérivé d'assumere, prendre, enlever. Ce mot signifioit autrefois en général le jour de la mort d'un saint, quia ejus anima in coelum assumitur. Voyez Anniversaire.

Assomption se dit aujourd'hui particulierement dans l'Eglise Romaine, d'une fête solennelle qu'on y célebre tous les ans le 15 d'Août, pour honorer la mort, la résurrection & l'entrée triomphante de la sainte Vierge dans le ciel. Elle est encore particulierement remarquable en France depuis l'année 1638, que le roi Louis XIII. choisit ce jour pour mettre sa personne & son royaume sous la protection de la sainte Vierge; voeu qui a été renouvellé en 1738, par le roi Louis XV. actuellement régnant.

Cette fête se célebre avec beaucoup de solennité dans les églises d'Orient, aussi - bien que dans celles d'Occident: cependant l'assomption corporelle de la Vierge n'est point un article de foi, puisque l'église ne l'a pas décidé, & que plusieurs anciens & modernes en ont douté. Il est sûr que les Peres des quatre premiers siecles n'ont rien écrit de précis sur cette matiere. Usuard, qui vivoit dans le neuvieme siecle, dit dans son martyrologe, que le corps de la sainte Vierge ne se trouvant point sur la terre, l'Eglise, qui est sage en ses jugemens, a mieux aimé ignorer avec piété ce que la divine Providence en a fait, que d'avancer rien d'apocryphe ou de mal fondé sur ce sujet: plus elegit sobrietas ecclesioe cum pietate nescire, quam aliquid frivolum & apocryphum inde tenendo docere; paroles qui se trouvent encore dans le martyrologe d'Adon, & dans plusieurs autres qui n'appellent point cette fête l'assomption de la sainte Vierge, mais seulement son sommeil, dormitio, c'est - à - dire, la fête de sa mort; nom que lui ont aussi donné les Grecs, qui l'ont désignée tantôt par METAASI, trépas ou passage, & tantôt par XOIMHSI, sommeil ou repos.

Néanmoins, la créance commune de l'Eglise est que la sainte Vierge est ressuscitée, & qu'elle est dans le ciel en corps & en ame. La plûpart des Peres Grecs & Latins qui ont écrit depuis le IVe. siecle sont de ce sentiment; & le cardinal Baronius dit qu'on ne pourroit sans témérité assûrer le contraire. C'est aussi le sentiment de la Faculté de Théologie de Paris, qui en condamnant le livre de Marie d'Agreda en 1697, déclara entre autres choses, qu'elle croyoit que la sainte Vierge avoit été enlevée dans le ciel en corps & en ame. Ce qu'on peut recueillir de plus certain de la tradition depuis le IXe. siecle, c'est que parmi les ornemens des églises de Rome sous le pape Paschal, qui mourut en 824, il est fait mention de deux, où étoit représentée l'Assomption de la sainte Vierge en son corps; ce qui montre qu'on la croyoit dès - lors à Rome. Il est parlé de cette fête dans les capitulaires de Charlemagne & dans les decrets du concile de Mayence tenu en 813. Le pape Leon IV. qui mourut en 855, institua l'octave de l'Assomption de la sainte Vierge, qui ne se célebroit point encore à Rome. En Grece cette fête a commencé beaucoup plûtôt, sous l'empire de Justinien, selon quelques - uns; & selon d'autres, sous celui de Maurice, contemporain du pape S. Grégoire le Grand. André de Crete sur la fin du VIIe. siecle, témoigne pourtant qu'elle n'étoit établie qu'en peu d'endroits: mais au XIIe. elle le fut dans tout l'empire par une loi de l'empereur Manuel Comnene. Elle l'étoit alors également en occident, comme il paroît par l'épitre 174 de S. Bernard aux chanoines de Lyon; & par la créance commune des églises qui suivoient l'opinion de l'Assomption corporelle, comme un sentiment pieux, quoiqu'il n'eût pas été décidé par l'Église universelle. Martyrolog. ancien. Tillemont, hist. ecclésiast. Fleury, hist. ecclésiast. tom. VII. Baillet, vies des Saints. (G)

ASSOMPTION

* ASSOMPTION (Isle de l') île de l'Amérique

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.