LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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difficile, on dit, qu'On le rend a souple
comme un gant.
Proverbialement et figurément, pour
faire entendre à quelqu'un qu'il n'est
pas le premier à donner l'avis, à dire
quelque chose, ou à faire la dêcouverte
dont il parle, on dit, qu'Il n'en
a pas les gants. Vous n'en aurez pas les
gants.
On dit aussi proverbialem. et figurém.
d'Une fille qui a déjà eu quelque
commerce de galanterie, qu'Elle a
perdu ses gants.
On dit d'Un homme qui a obtenu le
premier les faveurs d'une femme,
qu'Il en a eu les gants.
On dit proverbialement, L'amitié
passe le gant, Lorsqu'en se saluant
on se touche la main sans se donner
le loisir de se déganter.
On dit, Jeter le gant, pour dire,
Défier quelqu'un au combat.
GANTELÉE
GANTELÉE. Voyez Campanule.
GANTELET
GANTELET. s. m. Espèce de gant
couvert de lames de fer par le dehors
de la main, faisant partie de l'armure
d'un homme armé de toutes pièces. Un
coup de gantelet. Frapper avec le gantelet.
Jeter le gantelet.
Gantelet
Gantelet. Terme de Chirurgie.
Espèce de bandage qui enveloppe la
main et les doigts comme un gant.
GANTER
GANTER. v. a. Mettre des gants.
Voilà des gants que l'on ne sauroit ganter.
Se ganter.
On dit, que Des gants gantent bien,
pour dire, qu'Ils sont bien justes à la
main.
Ganté, ée
Ganté, ée. participe. Être toujours
bien ganté. Avoir une main nue, et l'autre
gantée.
GANTERIE
GANTERIE. sub. fém. L'Art et le
Métier de gantier.
GANTIER, IÈRE
GANTIER, IÈRE. s. Celui, celle
qui fait ou qui vend des gants. La
boutique d'un Gantier.
GAR
GARANCE
GARANCE. sub. fém. Plante dont
la racine est d'un rouge tirant sur le
jaune, et dont les Teinturiers se servent
pour teindre en rouge. Une étoffe
teinte en garance. La garance teint en
rouge les os des animaux qui s'en nourrissent.
On s'en sert aussi en Médecine; elle
est apéritive.
GARANCER
GARANCER. v. a. Teindre en garance.
Garancer une étoffe. Garancer de
la laine.
Garancé, ée
Garancé, ée. participe.
GARANT, ANTE
GARANT, ANTE. subs. Pleige,
caution, celui qui répond du fait d'autrui,
ou de son propre fait. Avoir un
bon garant, un mauvais garant. Se rendre
garant. Prendre pour garant. On n'est
point garant du fait du Prince. Je ne suis
point garant de l'événement. Tout homme
est garant de ses faits et promesses.
Dans le style de négociation, quelques--uns ont employé Garante au féminin.
La Reine s'est rendue garante du
Traité.
Il se dit anssi figurém. d'Un Auteur
dont on a tiré un fait, une doctrine
qu'on avance, un passage que l'on cite;
et d'Un homme de qui on tient une
nouvelle. Il cite tel Historien, tel Philosophe
pour garant de ce qu'il dit. Cette
nouvelle paroit étrange, mais elle vient
de bon lieu, et j'ai de bons garans.
GARANTIE
GARANTIE. s. f. Engagement par
lequel on garantit. Il lui a passé un
acte de garantie. Il m'a vendu cet héritage
sans garantie.
Il signifie aussi Le dédommagement
auquel on s'oblige. S'obliger à garantie.
Etre tenu à la garantie. Il ne se dit
guère qu'en matière de procès, d'affaires,
et de négociation.
GARANTIR
GARANTIR. v. a. Se rendre garant,
répondre d'une chose, même
en s'obligeant à dédommager. Je vous
garantis ce cheval sain et net. Le Marchand
qui a vendu ce damas, le garantit
de Gènes, pour être de Gènes, le garantit
vrai Gènes. Garantir un contrat,
une vente, l'achat d'une maison.
On dit, Garantir une marchandise,
pour dire, En assurer la bonté, la
qualité pour un certain temps, sous
peine de dédommagement, ou de nullité
de la vente. Je vous garantis cette
montre pour six mois.
On dit dans le commerce, par ellipse,
Je vous garantis ce cheval, cette
montre, de tout défaut.
Il signifie aussi, Assurer, affirmer.
Je vous garantis que ce passage est d'un
tel Auteur. Je lui ai garanti le fait. Je
vous garantis qu'il ne fera pas cela. On
m'a assuré cela, mais je ne vous le garantis
pas.
Garantir de
Garantir de, signifie aussi Préserver.
Personne ne l'en sauroit garantir.
Je vous garantirai du mal, mais je ne
saurois garantir de la peur. Se garantir
du froid.
On le dit aussi absolument. On ne
garantit pas de la peur.
Garanti, ie
Garanti, ie. participe.
En termes de Palais, il se prend
substantivement, pour dire, Celui à
qui on a fait une garantie. Le Garanti
exerce son recours contre le Garant.
GARBURE
GARBURE. s. f. Espèce de potage
fait de pain de seigle, de choux, de
lard et autres ingrédiens.
GARCE
GARCE. subst. fémin. On appelle
ainsi par injure Une fille ou femme
débauchée et publique. Unevraie garce.
Franche garce. C'est une expression libre
et basse.
GARÇON
GARÇON. s. m. Enfant mâle. Il a
des filles et des garçons de son mariage.
Cette femme est accouchée d'un garçon.
Petitgarçon. Jeune garçon. Grand garçon.
On appelle aussi Garçons, Ceux qui
demeurent dans le célibat, qui ne se
marient point. Il veut mourir garçon.
C'est un vieux garçon.
On dit dans le style familier, Faire
vie de garçon, mener une vie de garçon,
pour dire, Mener la vie d'un homme
libre, et qui n'est assujetti à aucun
devoir.
On dit d'Un brave soldat, que C'est
un brave garçon. On dit aussi à un
homme, Vous êtes un brave garçon,
dans le même sens qu'on dit, Vous
êtes ùn galant homme. Vous êtes un
brave garçon d'être venu. Et on dit figurément
et fam. Faire le mauvais garçon,
pour dire, Faire le brave, faire le
méchant.
Dans les Colléges, dans les Communautés,
et parmi le peuple, on appelle
Garçon, Un valet qui ne porte point
de livrée. Le garçon qui le sert. Il m'a
envoyé son garçon.
On appelle aussi Garçons, Ceux qui
travaillent sous les Maìtres, dans les
boutiques des Marchands et des Artisans.
Un garçon de boutique. Ce Marchand,
cet Artisan a tant de garçons.
Donner pour boire aux garçons. N'onbliez
pas les garçons.
On appelle chez le Roi, Garçons de
la Chambre, Garçons de la Garde--robe,
Les valets qui font les bas offices
dans la Chambre et dans la Garderobe.
Et dans les Troupes, on appelle
Garçon Major, Un Officier qui fait le
détail d'un Régiment sous le Major
et sous l'Aide--Major.
On appelle figurément et par ironie,
Beau garçon, joli garçon, Un homme
que la débauche, le jeu ou une trop
grande dépense ont jeté dans quelque
excès honteux. Il s'est fait beau garçon.
Vous voilà beau garçon, joli garçon.
Et dans le même sens, ou dit d'Un
homme qui s'est enivré, Il étoit hier
beau garçon, joli garçon.
GARÇONNIÈRE
GARÇONNIÈRE. sub. fém. Jeune
fille qui aime à hanter les garçons.
C'est une petite garçonnière. Il est populaire.
GARDE
GARDE. subst. fém. Guet, action
par laquelle on observe ce qui se passe,
afin de n'être point surpris. Faire
la garde. Faire bonne garde, mauvaise
garde. Entrer en garde. Sortir de garde.
Etre de garde.
Garde
Garde, se dit aussi Des gens de
guerre qui font la garde. La garde des
portes. Relever la garde. Renforcer la
garde. Doubler la garde. Asseoir, poser
la garde. Changer la garde. Officier de
garde. La garde montante. La garde descendante.
Monter, descendre la garde.
Il se dit encore Du service des Pages,
des Gentilshommes, des Valets
de pied, des Laquais, etc. qui afin
de se soulager entr'eux, se tiennent
les uns après les autres auprès du Roi
et des Princes, pour les servir et faire
ce qu'ils commandent. Ce Page étoit
de garde.
La Grand'Garde
La Grand'Garde, est Un corps de
Cavalerie qui se met à la tête d'un
camp, pour empêcher que l'armée ne
soit surprise.
Garde avancée
Garde avancée, est Un autre Corps
que l'on met encore au -- delà de la
Grand'Garde, pour une plus grande
sûreté.
Corps -- de -- Garde
Corps -- de -- Garde, Lieu destiné
pour retirer les soldats qui font la
garde, soit dans les camps, soit dans
les Places, soit dans les maisons des
Princes.
Garde
Garde, signifie aussi Une femme
qui sert les malades et les femmes en
couche, et qui vit de ce métier. Il est
malade, il lui faut une garde.
Garde
Garde, veut dire encore La charge,
la commission de garder. Le Roi lui a
commis la garde de cette Place, lui a
confié la garde de ses trésors. Avoir la
garde de quelque chose. Je lui ai donné
cela en garde. Il n'est pas en ma garde,
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