Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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est faible, il sera malaisé à élever. Élever par charité.

Il se dit, dans un sens analogue, en parlant Des animaux, et même des arbres et des plantes. Les paons sont difficiles à élever. On ne saurait élever de ces animaux, de ces oiseaux-là dans un pays froid. J'ai pris de la peine à élever ces plantes, ces fleurs, ces arbres.

Il signifie figurément, Instruire, donner de l'éducation. Élever la jeunesse, l'élever dans la crainte de Dieu. C'est un tel qui a élevé ce prince. Son père l'a fait élever par des hommes instruits et vertueux. Il a été élevé dans la religion catholique. Il a été élevé avec un tel. Il fut élevé au collége de...

ÉLEVER s'emploie souvent avec le pronom personnel, dans la plupart des acceptions qui précèdent. Ce terrain s'élève en amphithéâtre. S'élever en l'air. Nous vîmes s'élever un nuage de poussière. Les vapeurs qui s'élèvent de la terre. Les fumées du vin s'élèvent au cerveau. Leur voix s'est élevée en faveur de l'innocent. Une âme qui s'élève à Dieu. S'élever à force d'intrigues. S'élever par son mérite aux plus éminentes dignités. Dans la contemplation de la nature, l'âme s'élève. Son style n'est pas toujours humble, et s'élève quelquefois. Le prix de cette marchandise s'est élevé à cent francs. Le thermomètre s'est élevé à vingt degrés.

Il signifie particulièrement, S'enorgueillir. Celui qui s'élève sera abaissé.

Fig., S'élever à de hautes considérations sur un sujet, Présenter, développer sur un sujet de hautes considérations.

Fig., S'élever à la connaissance de Dieu, aux notions, aux idées d'ordre, de justice, etc., se dit De ceux que le perfectionnement de l'intelligence et l'habitude de la réflexion ont mis en état de comprendre l'existence de la Divinité, le besoin de l'ordre, de la justice, etc. Ces esprits grossiers n'étaient pas encore capables de s'élever aux idées d'ordre et de justice. On dit aussi, L'esprit de l'homme ne peut s'élever jusque-là, Il n'est point donné à l'homme de comprendre cela.

Fig., Cette somme, ce nombre, etc., s'élève à tant, Monte à tant, est de tant. Le total s'élève à plus de vingt mille francs. Leur nombre ne s'élevait pas à plus de dix mille.

ÉLEVER avec le pronom personnel, signifie encore, tant au propre qu'au figuré, Se former, survenir, naître. Il s'éleva une tempête. Un orage s'est élevé tout à coup. Il s'éleva un bruit dans l'assemblée. Une dispute, une sédition s'est élevée. En ce temps-là il s'éleva des sectes nouvelles, des hérésies, etc. Il parvint à dissiper les soupçons qui s'étaient élevés. Des doutes s'élevèrent dans mon esprit.

S'élever contre quelqu'un, Se déclarer contre lui, contre ce qu'il propose. Dès qu'il eut ouvert son avis, tout le monde s'éleva contre lui. Cela signifie aussi, dans le langage de l'Écriture, Accuser quelqu'un, porter témoignage contre lui. Les Ninivites s'élèveront au jugement contre les Juifs. Mon péché s'élèvera contre moi. Les preuves qui s'élèvent contre l'accusé.

ÉLEVER avec le pronom personnel, se dit aussi De la peau, lorsqu'il y survient des bubes, des pustules. La moindre chose fait que toute sa peau s'élève, lui fait élever toute la peau. Dans la seconde phrase, le pronom est sous-entendu.

ÉLEVÉ, ÉE. participe Un enfant bien élevé. Un homme bien élevé.

Il s'emploie très-souvent comme adjectif, pour Haut. Un lieu élevé, fort élevé. Les montagnes les plus élevées. À un taux élevé. Une température élevée.

En Médec., Avoir le pouls élevé, Avoir le mouvement, le battement du pouls plus vif, plus fréquent, plus fort qu'à l'ordinaire.

ÉLEVÉ adjectif se dit aussi, figurément, pour Éminent, supérieur. Un homme élevé en dignité. Être né dans un rang élevé. Être d'une condition élevée. Des idées, des considérations d'un ordre très-élevé.

Il se dit encore pour Noble, grand, généreux. Âme élevée. Esprit élevé. Sentiments élevés.

Style élevé, Style noble. Cette expression ne s'emploie que dans le style élevé.

ÉLEVURE. s. f. Petite bube qui vient sur la peau. Il a le visage plein d'élevures. Avoir des élevures sur la peau.

ÉLIDER. v. a. T. de Gram. Faire une élision, retrancher une voyelle finale, la supprimer dans l'écriture ou dans la prononciation. On met une apostrophe dans l'écriture à la place de la voyelle qu'on élide. On élide dans la prononciation l'e féminin, quand il est suivi d'une voyelle ou d'une h muette.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie alors, Souffrir élision. Cette lettre s'élide dans la prononciation. L'i de si s'élide toujours devant il (s'il).

ÉLIDÉ, ÉE. participe

ÉLIGIBILITÉ. s. f. Réunion des conditions requises pour pouvoir être élu. Son éligibilité était contestée. Conditions d'éligibilité. Cens d'éligibilité.

ÉLIGIBLE. adj. des deux genres Qui peut être élu, qui a les conditions nécessaires pour être élu. On l'emploie surtout en parlant Des fonctions de député. Il n'est pas éligible, il ne paye point le cens, il n'a point l'âge requis.

il se dit aussi substantivement. Combien y a-t-il d'éligibles dans ce département?

ÉLIMER (S'). v. pron. S'user à force d'être porté. Cette étoffe s'est élimée en moins de rien. Il est très-peu usité.

ÉLIME, ÉE. participe Cet habit, ce linge est tout élimé.

ÉLIMINATION. s. f. Action d'éliminer, ou État de ce qui est éliminé.

ÉLIMINER. v. a. Expulser, mettre dehors.

Il ne s'emploie guère qu'au figuré, et signifie, Retrancher, ôter de. On a éliminé plusieurs noms de la liste des candidats.

ÉLIMINÉ, ÉE. participe

ÉLIRE. v. a. (Il se conjugue comme Lire.) Choisir, prendre par préférence, nommer à une dignité, à une fonction, à une place par la voie des suffrages. Élire à la pluralité des voix. Élire un pape, un roi, un empereur. Élire le plus digne. Élire un député. Élire un tuteur. On dit quelquefois, Élire au sort.

Il se dit aussi, dans le style de l'Écriture, en parlant De ceux que Dieu a prédestinés à la vie éternelle. Ceux que Dieu a élus jouiront de la béatitude éternelle.

Élire sa sépulture, Marquer le lieu où l'on veut être enterré.

En Jurispr., Élire domicile, Assigner un lieu certain et connu, où tous les actes de justice puissent être signifiés. Il a élu domicile chez son avoué.

ÉLU, UE. participe Domicile élu. Dans le style de l'Écriture, Beaucoup d'appelés et peu d'élus.

Il s'emploie aussi comme substantif masculin. Le nouvel élu. Les élus du peuple.

Il se disait autrefois Des officiers d'une élection, dont la principale fonction était de juger en première instance des contestations sur le fait des tailles, aides et autres impositions. Les élus de telle ville. Une charge d'élu. Un office d'élu. On appelait Élue, La femme d'un élu. Madame l'élue.

Il se dit Des prédestinés à la vie éternelle. Être au nombre des élus. Le bonheur, la gloire des élus.

ÉLISION. s. f. T. de Gram. Suppression d'une voyelle finale à la rencontre d'une autre voyelle. L'élision se marque en français par une apostrophe, comme dans ces mots, L'âme, qu'elle, j'ai, s'il, s'entr'aider, s'entr'ouvrir. Dans la prononciation, il se fait beaucoup d'élisions qui ne se marquent pas dans l'écriture, comme Une heure, quatre ans (prononcez, Un' heure, quatr' ans). La prononciation familière admet plusieurs élisions qui n'ont pas lieu dans la prononciation soutenue.

ÉLITE. s. f. Ce qu'il y a de meilleur et de plus digne d'être choisi. Troupe d'élite. Soldats d'élite. L'élite de la noblesse. L'élite de l'armée. Il a eu l'élite de toutes ces marchandises. J'ai eu l'élite de ses livres, de sa bibliothèque.

ÉLIXIR. s. m. Liqueur spiritueuse extraite d'une ou de plusieurs substances; la substance la plus pure que l'on tire de certaines choses, et que l'on nomme aussi Teinture, quintessence, extrait. --- Excellent élixir. Précieux élixir. L'esprit-de-vin ou alcool entre dans la plupart des élixirs. Tirer l'élixir de quelque chose.

ELLE Pronom personnel féminin de la troisième personne. Elle fait. Elle dit. Elles vont. Elles parlent. Elles viennent.

Il se met ordinairement avant le verbe, sans qu'il y ait rien entre-deux, si ce n'est des particules et des pronoms, comme: Elle nous dit. Elle lui parla. Elles ne veulent pas. Elles n'oseraient. Elle n'en veut pas. Elle y veut aller.

Quelquefois aussi on le sépare du verbe par une phrase incidente. Elle, qui se prétend si sage, a pourtant fait là une étourderie.

Il se met immédiatement après le verbe dans les interrogations et dans certaines phrases exclamatives. Que fait-elle? Où sont-elles? Dort-elle? Rient-elles? Est-elle bonne! Avec le t euphonique: Qu'a-t-elle dit? Viendra-t-elle?

Il se met également après le verbe dans certaines phrases affirmatives, telles que les suivantes: Venez, dit-elle. Quoi? répondit-elle.

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