Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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EAU se dit encore, vulgairement, de Certaines humeurs ou sérosités qui se trouvent, qui se forment dans le corps de l'homme ou de l'animal. Quand il fut mort, on lui trouva la poitrine pleine d'une eau rousse, d'une eau verdâtre. Les vésicatoires font des ampoules pleines d'eau. Cette médecine lui a fait rendre des eaux. On lui a tiré du mauvais sang, ce n'était que de l'eau.

Prov., L'eau vient à la bouche, cela fait venir l'eau à la bouche, se dit D'une chose agréable au goût, et dont l'idée excite l'appétit quand on en parle ou qu'on en entend parler. Quand vous lui parlez de ce ragoût, l'eau lui vient à la bouche, ou vous lui faites venir l'eau à la bouche. Cela se dit aussi, figurément, De tout ce qui peut exciter les désirs. Ce que vous avez dit sur les avantages de cette entreprise, lui a fait venir l'eau à la bouche.

Par exagérat., Fondre en eau, Verser des larmes en abondance.

En Médec., Les eaux de l'amnios, Liquide qui est exhalé par l'amnios et qui environne le foetus, pendant toute la durée de la gestation. Cette femme accouchera bientôt, les eaux ont percé.

En termes d'Art vétérinaire, Eaux aux jambes, Maladie qui attaque les pieds des chevaux, et qui consiste en un suintement de sérosités à travers la peau de ces parties. Ce cheval a les eaux aux jambes.

EAU se prend quelquefois dans le sens de Sueur. Il s'est échauffé à courir, il est tout en eau. L'eau lui dégouttait du visage.

Fig. et fam., Suer sang et eau, Faire de grands efforts, se donner beaucoup de peine; ou Souffrir beaucoup, éprouver un grand déplaisir de quelque chose. J'ai sué sang et eau pour venir à bout de cette affaire. Je suais sang et eau de voir l'embarras où il était. Ce prédicateur qui avait tant de peine à parler, me faisait suer sang et eau.

EAU se dit particulièrement de L'urine. Faire de l'eau. Lâcher de l'eau. Retenir son eau. Laisser aller son eau. Garder de l'eau d'un malade pour la montrer au médecin. Ce sens est très-familier.

Prov. et fig., Il n'y fera que de l'eau claire, que de l'eau toute claire, se dit D'un homme qui entreprend quelque chose où l'on croit qu'il ne réussira pas.

EAU se dit encore d'Une liqueur artificielle, obtenue, extraite de quelque substance par expression, distillation ou décoction, ou composée de différents sucs. Eau rose. Eau de plantain. Eau de chicorée. Eau de groseilles. Eau de fraises. Eau de cerises. Eau de fleur d'orange. Eau-de-vie. Eau de veau. Eau de poulet. Eau d'orge. Eau de senteur. Eau de Cologne. Eau de mélisse ou des carmes. Eau de Luce. Eau vulnéraire. Eau cordiale.

Il se dit également de Certains produits, de certaines préparations chimiques. Eau-forte. Eau seconde. Eau de départ. Eau régale. Eau de chaux. Eau mercurielle.

Graver à l'eau-forte, Graver sur une planche de cuivre avec le seul secours de l'eau-forte. On appelle par extension Eau-forte, Une estampe tirée sur une planche qui a été préparée à l'eau-forte, pour être ensuite terminée au burin, ou sur une planche entièrement gravée à l'eau-forte. Une belle eau-forte. Les eaux-fortes de Rembrandt.

EAU signifie aussi, Suc, en parlant De quelques fruits, particulièrement de la pêche et de la poire. Cette pêche, cette poire a une bonne eau, une eau fort agréable, a beaucoup d'eau.

EAU se dit en outre Du lustre, du brillant qu'ont les perles, les diamants et quelques autres pierreries. Ces perles sont d'une belle eau. Ces diamants sont de la première eau.

Donner eau à un drap, à un chapeau, Lui donner du lustre.

Couleur d'eau, Couleur bleuâtre qu'on donne au fer poli. Il faut mettre ces pistolets, ces éperons en couleur d'eau.

Vert d'eau, Couleur vert-clair.

ÉBAHIR (S'). v. pron. S'étonner, être surpris. Il n'y a point là de quoi s'ébahir. Il est familier.

ÉBAHI, IE. participe Je fus ébahi. Je restai tout ébahi.

ÉBAHISSEMENT. s. m. Étonnement, surprise. Il est familier.

ÉBARBER. v. a. Ôter les parties excédantes et superflues de certaines choses. Ébarber du papier, des plumes, des pièces de monnaie.

Il signifie particulièrement, dans l'Art de la gravure en taille-douce, Enlever avec un outil ce qui reste au bord de la taille, afin que le trait paraisse net.

ÉBARBÉ, ÉE. participe

ÉBARBOIR. s. m. T. d'Arts. Outil qui sert à ébarber.

ÉBAT. s. m. Passe-temps, divertissement. Prendre ses ébats. Il est familier, et ne s'emploie guère qu'au pluriel.

ÉBATTEMENT. s. m. Il est synonyme d'Ébat, et ne se dit guère qu'en plaisantant. S'il veut plaider, je lui en donnerai l'ébattement. Il est vieux.

En termes de Carrossier, L'ébattement d'une voiture, Le jeu qu'elle a dans ses balancements entre les brancards. Cette voiture a tant de pouces d'ébattement.

ÉBATTRE (S'). v. pron. (Il se conjugue comme Battre.) Se réjouir, se divertir. Allez vous ébattre dans la campagne, à la campagne. Il est familier.

ÉBAUBI, IE. adj. Étonné, surpris. Vous voilà bien ébaubi. Il est familier, et ne s'emploie guère qu'en plaisantant.

ÉBAUCHE. s. f. Ouvrage de peinture ou de sculpture, qui n'est que commencé, mais où les parties principales sont indiquées. Ce n'est qu'une légère ébauche, que la première ébauche. Ébauche grossière.

Il se dit, figurément, Des productions de l'esprit. Cette tragédie n'est pas achevée, ce n'est qu'une ébauche.

ÉBAUCHER. v. a. T. de Peinture et de Sculpture. Commencer un ouvrage, lui donner les premiers traits en indiquant les parties principales. Ébaucher une statue, un tableau.

Il se dit également, dans quelques Métiers, pour Dégrossir.

Il se dit figurément, en parlant Des productions de l'esprit. Cet auteur n'a fait encore qu'ébaucher son ouvrage.

ÉBAUCHÉ, ÉE. participe

ÉBAUCHOIR. s. m. Outil de bois ou d'ivoire, dont les sculpteurs se servent pour ébaucher, pour modeler.

ÉBAUDIR (S'). v. pron. Se réjouir avec excès, et témoigner sa joie en dansant, en sautant, ou de quelque autre manière semblable. Il est vieux, et ne s'emploie qu'en plaisantant.

ÉBAUDISSEMENT. s. m. Action de s'ébaudir. Il est vieux.

ÉBÈNE. s. f. Bois de l'ébénier. Armoire d'ébène. Bordure d'ébène. Travailler en ébène. Il y a diverses sortes d'ébène. Ébène noire. Ébène verte. De l'ébène grise. De l'ébène rouge et noire, blanche et noire. Noir d'ébène.

Fig., Des cheveux d'ébène, Des cheveux très-noirs. Poétiq., L'ébène de ses cheveux.

ÉBÉNER. v. a. Donner à du bois la couleur de l'ébène.

ÉBÉNÉ, ÉE. participe

ÉBÉNIER. s. m. T. de Botan. Arbre des Indes, dont le bois est fort dur et ordinairement noir. Il y a des forêts d'ébéniers dan s ces pays-là.

Faux ébénier, Arbrisseau que l'on cultive dans les jardins d'agrément, et qui porte aussi le nom de Cytise des Alpes.

ÉBÉNISTE. s. m. Ouvrier qui travaille en ébène et autres bois précieux, ou qui fait des ouvrages de marqueterie.

ÉBÉNISTERIE. s. f. Le métier, l'art de l'ébéniste. Il se dit aussi Des ouvrages que fait l'ébéniste. Travailler en ébénisterie. Magasin d'ébénisterie.

ÉBLOUIR. v. a. Frapper les yeux par un éclat très-vif qu'ils ne peuvent soutenir. Le soleil éblouit la vue, éblouit les yeux, nous éblouit. L'éclat des diamants éblouit. La neige, la blancheur de la neige éblouit.

Fig., Une beauté qui éblouit, Une femme d'une éclatante beauté.

ÉBLOUIR signifie figurément, Surprendre l'esprit par quelque chose de vif, de brillant, de spécieux. On se laisse souvent éblouir par l'éclat du style. Son éloquence éblouit plus qu'elle n'éclaire. Ne pas se laisser éblouir par les apparences.

Il signifie aussi, Tenter, séduire. Les grandeurs l'ont ébloui. Il s'est laissé éblouir. Être ébloui de l'éclat des richesses, par les richesses. Les promesses qu'on lui a faites l'ont ébloui.

Être ébloui de quelque chose, signifie quelquefois, En être ridiculement fier, orgueilleux. Il est ébloui de sa fortune.

ÉBLOUI, IE. participe

ÉBLOUISSANT, ANTE. adj. Il a des significations analogues à celles du verbe Éblouir, tant au propre qu'au figuré. Éclat éblouissant. Couleur éblouissante. La neige est éblouissante. Un teint éblouissant. Beauté éblouissante.

ÉBLOUISSEMENT. s. m. État de la vue troublée par trop de lumière, par un éclat

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