Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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une chose bien douce que l'indépendance. C'est quelque chose de bien doux que la liberté. Il est doux d'être en état de rendre des services. Il m'est doux de voir que... d'avoir à vous annoncer que... Rien ne nous rend la vie si douce que la société et le commerce de nos amis. Passer du grave au doux. Dans cette dernière phrase, Doux est employé substantivement.

DOUX se dit aussi Des métaux dont les parties sont bien liées, et qui se plient aisément sans se casser. Le cuivre fin est doux, mais l'alliage le rend aigre. Le fer le plus doux est le plus propre à faire de l'acier.

DOUX s'emploie adverbialement dans les deux phrases familières et figurées qui suivent:

Filer doux, Demeurer dans la retenue, dans la soumission à l'égard de quelqu'un que l'on craint; souffrir patiemment une injure. C'est un homme avec qui il faut filer doux. Je le ferai bien filer doux. Quand il s'entendit menacer, il fila doux.

Il avale cela doux comme lait, se dit D'un homme à qui l'on a fait quelque offense, et qui n'en témoigne aucun ressentiment. On le dit aussi D'un homme vain qui ajoute aisément foi aux flatteries; et D'un homme simple à qui l'on fait accroire les choses les plus éloignées de la vérité.

TOUT DOUX. loc. adverbiale et familière dont on se sert Pour reprendre quelqu'un qui s'emporte, qui s'échauffe trop, etc. Tout doux, tout doux, s'il vous plaît.

DOUZAINE. s. f. coll. Nombre de douze, assemblage de choses de même nature au nombre de douze. Une douzaine de chemises. Une douzaine d'assiettes. Vendre des serviettes par douzaine, à la douzaine. À tant la douzaine. Par douzaines. Nous étions une douzaine à table.

Il se prend quelquefois pour Un nombre indéterminé, mais qui n'est pas considérable. Une douzaine d'amis, de personnes. Ce sens est familier.

Fig. et fam., À la douzaine, se dit en parlant D'une chose, d'une personne commune, de peu de considération. Un poëte à la douzaine. Un peintre à la douzaine.

Fig. et fam., Il ne s'en trouve pas à la douzaine, ou Il n'y en a pas treize à la douzaine, Il ne s'en trouve pas communément.

DOUZE. adj. numéral des deux genres Dix et deux. Douze hommes. Douze femmes. Les douze apôtres. Les douze mois de l'année. Les douze signes du zodiaque. Ils étaient au nombre de douze. Nous étions douze à table.

Il se dit quelquefois pour Douzième. Page douze. Article douze. Chapitre douze. Louis douze. Charles douze. On écrit plus ordinairement, Louis XII, Charles XII.

Il s'emploie aussi comme substantif masculin. Le produit de douze multiplié par cinq. On dit de même: Le nombre douze. Le numéro douze. Douze est sorti au dernier tirage de la loterie.

Le douze du mois, Le douzième jour du mois. Nous partirons le douze de ce mois, ou simplement, le douze. Le douze mai. On dit en des sens analogues: Le douze de la lune. Le douze de sa maladie.

In-douze. Voyez ce mot à son rang alphabétique.

DOUZIÈME. adj. des deux genres Nombre d'ordre. Qui est immédiatement après le onzième. Le douzième siècle. La douzième année. Il était le douzième de la troupe. Le douzième jour du mois, ou elliptiquement, Le douzième du mois.

La douzième partie, ou absolument, Le douzième, Chaque partie d'un tout qui est ou que l'on conçoit divisé en douze parties égales. Il est pour un douzième dans cette affaire. Les cinq douzièmes.

DOUZIÈMEMENT. adv. En douzième lieu.

DOYEN. s. m. Le plus ancien suivant l'ordre de réception dans un corps, dans une compagnie. Le doyen de la cour royale. Le doyen des avocats. Le doyen des maréchaux de France. Le doyen de l'Académie française.

Doyen du sacré collége, Le premier cardinal-évêque.

DOYEN est plus particulièrement Un titre de dignité ecclésiastique. Le doyen d'un chapitre. Doyen d'une collégiale. Le doyen de Notre-Dame. Le doyen est le président-né du chapitre.

C'est également Un titre de dignité dans les facultés de l'université. Doyen de la faculté des lettres, de la faculté de médecine, etc. Adresser une réclamation au doyen.

Il signifie quelquefois, Le plus ancien en âge. Si vous n'avez que soixante ans, je suis votre doyen. On dit aussi en ce sens, Doyen d'âge, mais seulement dans les assemblées ou compagnies délibérantes. Il présidait l'assemblée, comme doyen d'âge.

DOYENNÉ. s. m. Dignité de doyen dans une église. Un ecclésiastique pourvu d'un doyenné.

Il s'est dit, par extension, en quelques endroits, de La demeure du doyen. Aller au doyenné.

En termes de Jardinage, Poire de doyenné, ou simplement, Doyenné, Espèce de poire très-fondante et peu parfumée, qui se cueille en automne. C'est un doyenné, du doyenné.

DRACHME. s. f. (On prononce, et même quelques-uns écrivent, Dragme.) Ancienne monnaie grecque, qui était d'argent, et qui pesait la huitième partie d'une once. Maintenant on emploie quelquefois ce mot pour désigner Un huitième d'once, c'est-à-dire, Un gros. Une drachme de casse. Deux drachmes de séné.

DRAGÉE. s. f. Amande, pistache, aveline ou autre petit fruit couvert de sucre très-dur et ordinairement très-blanc. Un cornet de dragées. Une boîte de dragées.

Dragées d'attrape, Dragées dans lesquelles on a mis quelque chose d'un goût désagréable, pour attraper ceux à qui on les offre. On dit quelquefois, figurément et familièrement, Vous m'avez donné une dragée d'attrape.

Fig. et fam., La dragée est amère, Cela est dur à supporter. Avaler la dragée, Se résigner à quelque chose de fâcheux.

Fig. et fam., Tenir la dragée haute à quelqu'un, Lui faire attendre longtemps ce qu'il désire, ce qu'on lui a promis; ou Lui faire acheter cher quelque avantage, quelque plaisir.

DRAGÉE se dit aussi Du menu plomb dont on se sert pour tirer aux oiseaux. Grosse dragée. Petite dragée. Menue dragée.

Ce fusil écarte la dragée, Il ne porte pas, il ne lance pas son plomb bien serré et bien ensemble.

DRAGÉE en Agriculture, se dit d'Un mélange de divers grains, tels que pois, vesces, fèves, lentilles, qu'on laisse croître en herbe pour les donner aux chevaux.

DRAGEOIR. s. m. Espèce de soucoupe à rebords élevés, et ordinairement d'argent, dans laquelle on servait autrefois des dragées, sur la fin du repas.

DRAGEON. s. m. T. de Botan. et d'Agricult. Rejeton qui naît de la racine d'un arbre ou d'une plante, et que l'on peut en détacher pour le replanter ailleurs. Drageon de vigne, de prunier. Détacher un drageon de l'arbre qui l'a produit. Planter des drageons. Cette plante se multiplie au moyen de drageons et de boutures.

DRAGEONNER. v. n. T. de Botan. et d'Agricult. Pousser des drageons.

DRAGOMAN. s. m. Voyez DROGMAN.

DRAGON. s. m. Animal fabuleux qu'on représente avec des griffes, des ailes et une queue de serpent. Le dragon qui gardait le jardin des Hespérides. Figurément, Le dragon infernal, Le démon.

Il se dit, par analogie, en Histoire naturelle, de Certains petits lézards des pays chauds, qui ont une aile membraneuse de chaque côté du corps, et qui voltigent avec légèreté d'un arbre à un autre.

Il se dit, figurément et familièrement, d'Une femme vive, turbulente, acariâtre, ou d'Un enfant mutin et déterminé. Cette femme est un vrai dragon. C'est un vrai dragon, un petit dragon.

Fig. et fam., Un dragon de vertu, Une femme dont la vertu est austère et farouche.

DRAGON en termes d'Astronomie, se dit d'Une constellation de l'hémisphère boréal.

La tête et la queue du Dragon, Les deux points opposés où l'écliptique est coupée par l'orbite de la lune.

DRAGON se dit encore Des soldats d'un corps de cavalerie qui combat quelquefois à pied, et dont l'uniforme, en France, est ordinairement de drap vert. Il est dans les dragons. Le premier régiment de dragons. Une compagnie de dragons. Colonel de dragons. Capitaine de dragons. Le casque d'un dragon.

DRAGON se dit aussi d'Une tache qui vient dans la prunelle des hommes et des chevaux. Il a un dragon dans l'oeil.

DRAGONNADE. s. f. Il se dit Des persécutions exercées sous Louis XIV contre les protestants, pour les forcer à embrasser la religion catholique, et qui furent ainsi nommées parce qu'on y employait des dragons. Il n'est guère usité qu'au pluriel. Les dragonnades des Cévennes. Au temps des dragonnades.

DRAGONNE. s. f. Cordon ou galon d'or, d'argent, de laine, etc., qui est ordinairement terminé par un gland, et dont on

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