Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 827

GONDOLE. s.f. Petit bateau plat & fort long, qui est particulièrement en usage à Venise pour naviguer sur les canaux, & qui ne va qu'à rames.

GONDOLE est aussi Un petit vaisseau à boire, long & étroit, qui n'a ni pieds ni ances; ainsi nommé à cause de la ressemblance qu'il a avec les gondoles de Venise.

GONDOLIER. s.m. Celui qui sert à mener les gondoles. Les gondoliers de Venise sont fort adroits.

GONFALON. s.m. Terme de Blason. Bannière d'Église à trois ou quatre fanons, qui sont des pièces pendantes. On dit aussi Gonfanon.

GONFALONIER. s.m. Celui qui portoit le gonfalon. On donne encore ce titre à quelques chefs de Républiques d'Italie. On dit aussi Gonfanonier.

GONFLEMENT. s.m. Enflure. Un gonflemens de rate. Gonflement d'estomac.

GONFLER. v.a. Rendre enflé, faire devenir enflé. Il ne se dit guère qu'en parlant des enflures causées par des flatuosités. La plupart des légumes gonflent l'estomac. Un pigeon qui gonfle sa gorge.

Il est aussi neutre. Dès qu'il a mangé, l'estomac lui gonfle.

Il est aussi réciproque. Quand la rate vient à se gonfler.

GONFLER se dit aussi au figuré. Sa fortune l'a gonflé d'orgueil. Le bon succès qu'il vient d'avoir le gonflera d'orgueil.

GONFLÉ, ÉE, participe Un homme gonflé de la bonne opinion qu'il a de lui-même.

GONIN. s.m. Ce mot n'est en usage que dans cette phrase populaire, C'est un maître gonin, c'est-à-dire, Un homme fin & rusé. Voilà un tour de maître gonin.

GONIOMÉTRIE. s.f. Terme de Mathématique. Art de mesurer les angles.

GONORRHÉE. s.f. Terme de Médecine. Flux involontaire de semence. Gonorrhée simple. Gonorrhée virulente.

GORD. s.m. Pêcherie que l'on construit dans une rivière. Elle est composée de deux rangs de perches plantées dans le fond de la rivière, qui forment un angle, au sommet duquel est un filet où les deux rangs de perches conduisent le poisson.

GORET. s.m. Petit cochon. La peau d'un goret. On ne le dit guère que par plaisanterie.

GORGE. s.f. La partie de devant du cou. Il a la gorge enflée. Prendre à la gorge. Couper la gorge.

Il se dit aussi Des animaux. Un chien qui a pris un taureau à la gorge. Pigeon à grosse gorge. C'est un bon mâle, il a la gorge noire.

Il se prend aussi pour Le gosier. Le noeud de la gorge. Mal à la gorge. Mal de gorge. Il lui est demeuré une arète, un os dans la gorge. Ces poires sont bien âpres, elles prennent à la gorge.

On dit, Couper la gorge à quelqu'un, pour dire, Le tuer, le massacrer. Et on dit aussi, que Deux hommes sont près de se couper la gorge l'un l'autre, pour dire, qu'ils sont près de se tuer; & qu'Un homme veut se couper la gorge avec un autre, pour dire, qu'Il veut se battre contre lui.

On dit figurément, Prendre un homme à la gorge, pour dire, Le contraindre avec violence de faire quelque chose. S'il n'a point d'argent pour vous payer, le prendrez-vous à la gorge?

On dit dans le même sens, Tenir le poignard, le pied sur la gorge à quelqu'un, lui mettre, lui tenir le poignard sur la gorge.

On dit d'Un ris forcé, qu'Il ne passe pas le noeud de la gorge.

On dit figurément, Couper la gorge à quelqu'un, pour dire, Faire quelque chose qui le ruine, qui le perd; & qu'Un homme se coupe la gorge à lui-même, lorsque dans une affaire de conséquence, il fait ou dit quelque chose de contraire à ses intérêts.

On dit aussi figurément, qu'Une raison qu'on allègue, qu'une pièce qu'on produit coupe la gorge à celui contre qui on l'allègue, contre qui on la produit, pour dire, qu'Elle détruit entierement ses prétentions.

On dit, Rire à gorge déployée, pour dire, Rire de toute sa force.

Pour donner fortement un démenti à un homme, on dit, qu'Il en a menti, qu'il a menti par sa gorge. Il est vieux.

On dit à un homme qui a dit des paroles offensantes, qu'On les lui fera rentrer dans la gorge, pour dire, qu'On l'obligera à désavouer ce qu'il a dit.

On dit, Rendre gorge, pour dire, Vomir après avoir trop bu ou trop mangé.

On le dit au figuré, pour dire, Rendre ce qu'on a pris injustement. Il avoit volé les deniers du Roi, mais on lui a fait rendre gorge. Il faut tôt ou tard qu'il rende gorge.

GORGE signifie quelquefois, Le cou & le sein d'une femme. Elle a la gorge belle, bien taillée. Elle a la gorge plate. Montrer, découvrir sa gorge. Cacher sa gorge. Avoir la gorge découverte. Elle a trop de gorge.

En termes de Chasse, on dit, qu'Un chien a bonne gorge, pour dire, qu'Il a la voix forte.

GORGE CHAUDE signifie en termes de Fauconnerie, La chair des animaux [alt p. 578] vivans que l'on donne aux oiseaux de proie.

On dit figurément & proverbialement, Faire une gorge chaude de quelque chose, pour dire, S'en réjouir, s'en moquer. Il aspiroit après cette succession, & espéroit d'en faire une gorge chaude, une bonne gorge chaude.

Il signifie aussi, Faire des plaisanteries de quelque chose en compagnie, en public. C'est un homme qui recueille tout ce qu'il entend dire, & qui en va faire après cela des gorges chaudes dans les compagnies.

On appelle Gorge de montagnes, Un détroit, un passage entre deux montagnes.

En termes de Fortification, Gorge signifie L'entrée d'une fortification du côté de la Place. La gorge du bastion. La gorge de la demi-lune. Attaquer une demi-lune par la gorge.

On appelle Gorge, en termes d'Architecture, Une moulure concave.

On nomme aussi Gorge, une pièce de bois faite en gorge, & à laquelle on attache les estampes, les cartes de Géographie, &c. pour pouvoir les rouler.

GORGE-DE-PIGEON. s.f. Couleur composée & mélangée, qui paroît changer, suivant les différens aspects du corps coloré.

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