Page 933

INITIER. v.a. Il ne se dit proprement qu'en parlant de la Religion des anciens Païens, & signifie, Recevoir au nombre de ceux qui font profession de quelque culte particulier, admettre à la connoissance & à la participation de certaines cérémonies secrettes qui regardoient le culte particulier de quelque Divinité. Ainsi en parlant de quelqu'un d'entre les anciens Grecs ou Romains, on dira, Il se fit initier aux mystères de Cérès, de Bacchus. Ceux qui n'étoient pas initiés aux mystères de Cérès, ne pouvoient assister à certains sacrifices. Il y avoit de certaines cérémonies à observer pour initier quelqu'un aux mystères.

Il se dit par extension, en parlant de quelque Religion que ce soit, & même de la vraie. Quand les Pères ont parlé à ceux qui n'étoient pas encore initiés aux mystères de la Religion.

Il se dit figurément en parlant de science. Ainsi on dit, Il n'est pas encore initié à la Philosophie, pour dire, Il n'en a pas encore les premières connoissances, les premières teintures.

On dit aussi figurément, Être initié dans une société, dans une compagnie, pour dire, Y être admis, être reçu au nombre de ceux qui la composent. Il n'est pas encore initié parmi nous.

INITIÉ, ÉE, participe .

INJURE. s.f. Tort, outrage, ou de fait, ou de parole. Grande injure. Injure atroce, sanglante, irréparable. Faire injure. Faire une injure à quelqu'un. Endurer, souffrir une injure. Oublier, pardonner les injures. Repousser les injures. Venger l'injure. Réparer l'injure qu'on a faite. Recevoir une injure en sa personne, en son honneur. Il tient, il répute cela à injure. Faire satisfaction d'une injure. Une injure à l'honneur, faite à l'honneur. Faire assigner en réparation d'injures.

Il se prend plus particulièrement pour Une parole offensante, outrageuse. Dire des injures à quelqu'un. Ils en vinrent aux injures. Vomir des injures. Charger quelqu'un d'injures.

On dit dans le style familier, Se chanter mille injures. Dire de grosses injures.

On appelle figurément, L'injure du temps, les injures du temps, de l'air, Les incommodités du temps, comme le vent, la pluie, la grêle, le brouillard, &c. Être exposé à l'injure du temps, aux injures du temps.

On le dit aussi figurément, pour signifier L'effet même du temps, & les calamités inséparables de sa durée. Ces monumens, ces édifices ont été ruinés par l'injure du temps. Nous avons perdu plusieurs ouvrages des Anciens par l'injure des temps. Nous avons perdu beaucoup de connoissances, beaucoup de secrets par l'injure des temps.

INJURIER. v.a. Offenser quelqu'un par des paroles injurieuses. Il l'a appelé coquin, il l'a injurié. Il injurie tout le monde.

INJURIÉ, ÉE, participe .

INJURIEUSEMENT. adv. D'une manière injurieuse, outrageante. Il l'a traité si injurieusement, que... Il a parlé fort injurieusement contre tels, &c.

INJURIEUX, EUSE. adj. Outrageux, offensant. Cela est injurieux à la mémoire, à la famille d'un tel. Injurieux à un tel. Un discours, un écrit injurieux. Injurieux pour lui, pour sa maison, pour ses amis.

On dit figurément & poëtiquement, La fortune injurieuse, le sort injurieux, le destin injurieux, pour dire, La fortune, le sort, le destin injuste.

INJUSTE. adj. de t. g. Qui n'a point de justice, qui est contre la justice. Il se dit Des hommes & des choses. Cet homme est bien injuste. Un Arrêt injuste. Une Sentence injuste. Une demande injuste. Une guerre injuste. Des moyens injustes. Des propositions injustes.

INJUSTEMENT. adv. D'une manière injuste. Il a été condamné injustement.

INJUSTICE. s.f. Habitude ou action contraire à la justice. L'injustice régnoit en ce siécle-là. Il a fait une grande injustice. Commettre des injustices. Son procédé est plein d'injustice.

INNÉ, ÉE. adj. Terme didactique. Qui est né avec nous. Espèces innées. Idées innées. Qualités innées.

INNOCEMMENT. adv. Avec innocence, sans dessein de mal faire, sans fraude ni tromperie. Je n'y pensois point de mal, j'y allois innocemment. Je l'ai fait innocemment. On ne sauroit agir plus innocemment. Il a vécu innocemment.

INNOCEMMENT signifie aussi Sotement, niaisement. Il vint tout innocemment raconter la sotise qu'il avoit faite.

INNOCENCE. s.f. État de celui qui est innocent & exempt de crime. On a reconnu son innocence. Innocence persécutée. Il a conservé son innocence dans les occasions les plus dangereuses. Il a conservé son innocence baptismale. Dans la vie chrétienne, il n'y a que deux états; l'état d'innocence, & l'état de pénitence. Adam n'avoit [alt p. 651] pas encore péché, il étoit dans l'état d'innocence.

On appelle L'enfance, L'âge d'innocence.

Il signifie aussi, Trop grande simplicité. Admirez l'innocence de cet homme.

INNOCENT, ENTE. adj. Qui n'est point coupable. Il est innocent du crime dont on l'accuse. Il en est innocent. Il fut absous & reconnu innocent. On l'a accusé de ce crime, mais il est aussi innocent que l'enfant qui vient de naître.

En ce sens il est quelquefois pris substantivement. Protéger les innocens. Persécuter les innocens. Opprimer, accabler, condamner l'innocent. Un innocent malheureux.

Il signifie aussi, Qui ne nuit point, qui n'est point mal-faisant. Remède, breuvage innocent. C'est une action innocente.

Il signifie aussi, Exempt de toute malice, pur & candide. C'est une ame innocente, un esprit innocent. Il est innocent comme un enfant. Il mène une vie innocente. Ses moeurs, ses pensées sont innocentes. Un agneau est un animal innocent.

Il est aussi substantif, & se dit Des enfans au-dessous de l'âge de sept à huit ans. On a dépouillé ces pauvres innocens. Un pauvre petit innocent. Il a laissé trois ou quatre petits innocens. Ces deux dernières phrases ne sont que du style familier.

Next page