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Les meilleurs canons se forgent à Paris, par des
maîtres de la communauté, qui ne s'appliquent qu'à
cette partie du métier, & qui en fournissent les autres.
Il en vient néanmoins quantité de Sedan, de
Charleville, d'Abbeville, de Forès, de Franche - Comté, &c. Les canons des belles armes s'ornent
vers la culasse d'ouvrages de ciselure & de damasquinure
d'or au d'argent, suivant le génie de l'ouvrier,
& le goût de celui qui les commande. Voyez
Les fûts qu'on employe pour l'arquebuserie, sont
de bois de noyer, de frêne, ou d'érable, suivant la
qualité ou la beauté des armes qu'on veut monter
dessus. Ce sont les marchands de bois qui vendent
les pieces en gros; les menuisiers qui les débitent
suivant les calibres au modele qu'on leur fournit, &
les arquebusiers qui les dégrossissent & les achevent.
On embellit quelquefois ces fûts de divers ornemens
d'or, d'argent, de cuivre ou d'acier, gravés
& ciselés; les statuts de la communauté permettent
aux maîtres de travailler, & d'appliquer ces ouvrages
de gravure & de cizelure, de quelque métal qu'ils
veuillent les faire. Voyez
Les baguettes sont de chêne, de noyer, ou de baleine; il s'en fait aux environs de Paris: mais la plus grande quantité & les meilleures viennent de Normandie & de Ligourne: elles se vendent au paquet & au quart de paquet. Le paquet est ordinairement de cent baguettes, néanmoins le nombre n'en est pas reglé. Ce sont les arquebusiers qui les ferrent & qui les achevent: ils font aussi les baguettes ou yerges de fer, qui servent à charger certaines armes, particulierement celles dont les canons sont rayés en dedans.
C'est aussi aux maîtres arquebusiers à faire tout ce qui sert à charger, décharger, monter, démonter & nettoyer toutes les sortes d'armes qu'ils fabriquent.
Les outils & instrumens dont se servent les maîtres arquebusiers, sont la forge, comme celle des serruriers, l'enclume, la grande bigorne, divers marteaux, gros, moyens & petits; plusieurs limes, les compas communs, les compas à pointes courbées, les compas à
Les arquebusiers, nommés improprement armuriers, parce que ce nom ne convient qu'aux heaumiers qui font des armes défensives, composent une des plus nombreuses communautés de Paris, quoique leur erection en corps de jurande ne soit pas d'une grande antiquité. Les reglemens des arquebusiers sont composés de 28 articles: les jurés sont fixés au nombre de quatre, dont deux s'élisent chaque année. Les jurés sont chargés de la passation & enregistrement des brevets d'apprentissage, des réceptions à maîtrise pour lesquelles ils donnent le chef - d'oeuvre; des visites, tant ordinaires qu'extraordinaires, soit des ouvrages des maîtres, soit des marchandises foraines; enfin, de tout ce qui regarde l'exàcution des statuts & la police de la communauté. Nul ne peut tenir boutique qu'il n'ait été reçû maître; & aucun ne peut être reçû maître, qu'il n'ait été apprenti & compagnon du métier d'arquebuserie. Il n'est permis aux maîtres d'ouvrir sur rue qu'une seule boutique. Tout maître doit avoir son poinçon pour marquer ses ouvrages, dont l'empreinte d>it rester sur une table de cuivre, déposée au Châtelet dans la chambre du Procureur du Roi. L'apprentissage doit être de quatre années consécutives, & le service chez les maîtres en qualité de compagnon, avant d'aspirer à la maîtrise, de quatre autres années. Chaque maître ne peut avoir qu'un seul apprenti à la fois; sauf néanmoins à ceux qui le veulent, d'en prendre un second après la troisieme année du premier achevée. Il est défendu à tout apprenti d'être plus de trois mois hors de chez son maître, s'il n'a cause légitime, à peine d'être renvoyé, & être déchû de tout droit à la maîtrise. Les maîtres ne peuvent débaucher ni les apprentis, ni les compagnons, non plus que ceux - ci quitter leurs maîtres pour aller chez d'autres, avant que leurs ouvrages ou leur tems soient achevés. Tout aspirant à la maîtries doit chef - d'oeuvre, à l'exception des fils de maîtres, qui ne doivent qu'expérience.
Les fils de maîtres, soit qu'ils travaillent dans la
maison de leur pere, soit qu'ils apprennent le métier
dehors, sont obligés à l'apprentissage de quatre
ans; tenant lieu d'apprentis aux autres maîtres, mais
non pas à leurs peres. Nul apprenti ne peut racheter
son tems. Les compagnons qui ont fait apprentissage à
Paris doivent être préférés pour l'ouvrage chez les
maîtres, aux compagnons étrangers, à moins que les
premiers ne voulussent pas travailler au même prix
que les derniers. Les veuves restant en viduité joüissent
des priviléges de leurs maris, sans néanmoins
pouvoir faire d'apprentis; & elles & les filles de
maîtres affranchissent les compagnons qui les épousent. Toute marchandise foraine du métier d'arque<pb->
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