ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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siste en ce que plusieurs beaux - esprits prétendus ou véritables, ont introduit la coutume de condamner, comme une science de collége, les citations de passages grecs & latins, & toutes les remarques d'érudition. Ils ont été assez injustes pour envelopper dans leurs railleries, les écrivains qui avoient le plus de politesse & de connoissance de la science du monde. Qui oseroit donc après cela aspirer à la gloire de savant, en se parant à propos de ses lectures, de sa critique & de son érudition?

Si l'on s'étoit contenté de condamner les Hérilles, ceux qui citent sans nécessité les Platons & les Aristotes, les Hippocrates & les Varrons, pour prouver une pensée commune à toutes les sectes & à tous les peuples policés, on n'auroit pas découragé tant de personnes estimables; mais avec des airs dédaigneux, on a relégué hors du beau monde, & dans la poussiere des classes, quiconque osoit témoigner qu'il avoit fait des recueils, & qu'il s'étoit nourri des auteurs de la Grece & de Rome.

L'effet de cette censure méprisante a été d'autant plus grand, qu'elle s'est couverte du prétexte spécieux de dire, qu'il faut travailler à polir l'esprit, & à former le jugement, & non pas à entasser dans sa mémoire ce que les autres ont dit & ont pensé.

Plus cette maxime a paru véritable, plus elle a flatté les esprits paresseux, & les a porté à tourner en ridicule la Littérature & le savoir; tranchons le mot, le principal motif de telles gens, n'est que d'avilir le bien d'autrui, afin d'augmenter le prix du leur. Incapables de travailler, à s'instruire, ils ont blamé ou méprisé les savans qu'ils ne pouvoient imiter; & par ce moyen, ils ont répandu dans la république des lettres, un goût frivole, qui ne tend qu'à la plonger dans l'ignorance & la barbarie.

Cependant malgré la critique amere des bouffons ignorans, nous osons assurer que les lettres peuvent seules polir l'esprit, perfectionner le goût, & prêter des graces aux Sciences. Il faut même pour être profond dans la Littérature, abandonner les auteurs qui n'ont fait que l'effleurer & puiser dans les sources de l'antiquité, la connoissance de la religion, de la politique, du gouvernement, des lois, des moeurs, des coutumes, des cérémonies, des jeux, des fêtes, des sacrifices & des spectacles de la Grece & de Rome. Nous pouvons appliquer à ceux qui seront curieux de cette vaste & agréable érudition, ce que Plaute dit plaisamment dans le prologue des Ménechmes: « La scène est à Epidamne, ville de Macédoine; allez - y, Messieurs, & demeurez - y tant que la piece durera ». (D. J.)

LITTUS

LITTUS, (Géog. anc.) ce mot latin qui veut dire rivage, côte de la mer, étant joint à quelque épithète, a été donné par les anciens comme nom propropre à certains lieux. Ainsi dans Ptolomée, Littus Coesioe, étoit une ville de Corse, Littus magnum, une ville de Taprobane, &c. (D. J.)

Littus, Plagia, Portus, Statio, Positio, Coto, Refugium, Gradus, (Géog. marit. des Rom.): il y a dans tous ces mots de la navigation des Romains, des différences qu'il importe d'expliquer, non - seulement pour l'intelligence des auteurs, mais encore parce que l'itinéraire maritime d'Antonin est disposé par littora, plagia, portus, stationes, positiones, cotones, refugia, & gradus.

Je commence par le mot littus, rivage, terme qui a la plus grande étendue, & qui comprend tous les autres; car, à parler proprement, littus est la lisiere, le bord de la terre habitable qui touche les mers, comme ripa, la rive, signifie la lisiere qui borde les fleuves de part & d'autre. Il est vrai cependant qu'en navigation, ce mot général a une signification spéciale. En effet, il se prend dans les bons auteurs pour tout endroit où les bâtimens peuvent aborder à ter<cb-> re, & y rester à l'ancre avec quelque sureté; & pour lors, ce mot désigne ce que nous appellons une rade.

Plagia, plage, se confond assez ordinairement avec lictus & statio, comme Surita le remarque; mais aussi souvent les rades & plages, plagia, sont des parties du rivage, fortifiées par des ouvragès de maçonnerie pour en rendre l'accès plus sûr & plus facile. On appelloit ces sortes de fortifications ou remparemens, aggeres, nom commun à toute levée de terre, excédant en hauteur la surface du terrein.

Il se trouve aussi des rades ou stations, stationes, très - sûrs, & qui sont l'ouvrage seul de la nature. Telle est celle que Virgile dépeint dans ses Géorgiques, liv. II.

. . . . . . Est specus ingens Exesi latere in montis quo plurima vento Cogitur, inque sinus scindit sese unda reductos, Deprensis olim statio tutissima nautis.

Portus signifie tous ports faits par nature ou par art, ou désignés par la nature, & achevés par artifice.

Cotones sont les ports sûrs faits uniquement de main d'hommes; Cotones, dit Festus, appellantur portus in mari tutiores, arte & manu facti; tel étoit le port de Carthage en Afrique, que Scipion attaqua. Portum, dit Appius, quem cotonem appellant, ineunte vere aggressus est Scipio; tel étoit encore le port de Pouzzole près de Naples, au rapport de Strabon.

Stationes, les stations, tiennent le milieu entre les plages & les ports, plagia & portus; ce sont des lieux faits, soit naturellement, soit artificiellement, où les navires se tiennent plus sûrement que dans de simples piages; mais moins sûrement que dans les ports. Surita nous le fait entendre en disant: Stationes, sunt quoe portuum tutam mansionem non assequuntur, & tamen littoribus proestant: tel étoit dans l'île de Lesbos le havre dont parle Virgile en ces termes:

Nunc tantum sinus, & statio male fida carinis.

Positiones, les positions, désignent la même chose que les stations; positiones pro stationibus indifferenter usurpantur, dit un des commentateurs de l'itinéraire d'Antonin.

Refugium semble désigner en général tout rivage où l'on peut aborder: cependant, il paroît signifier spécialement un havre, où les navires qui y abordent peuvent rester avec assurance. Ego arbitror, dit Surita, voce refugii, stationes designare, quâ fida navibus mansio designatur.

Gradus, degré, signifie quelquefois une espece de pont sur le bord de la mer, ou sur le rivage des grands fleuves, faits exprès comme par degrés pour monter de terre dans le vaisseau, ou du vaisseau descendre sur terre avec plus de facilité. C'est la définition de Surita. J'ajoute, que les Romains donnerent plus communément le nom de gradus aux ports qui étoient à l'embouchure des rivieres, & où l'on avoit pratiqué des degrés. Enfin, ils nommerent gradus, les embouchures du Rhône. Ammian Marcellin nous l'apprend en décrivant le cours de ce fleuve: Rhodanus, dit - il, inter valles quas ei natura proescripsit, spumens gallico mari concorporatur; per patulum sinum, quem vocant, ad gradus, ab Arlate 18. fermè lapide disparacum; « le Rhône coulant entre des vallées que la nature lui a prescrites, se jette tout écumant dans la mer gauloise, par une ouverture qu'on nomme aux degrez, environ à 18. milles de la ville d'Arles ». Voyez Gradus. (D. J.)

LITUBIUM

LITUBIUM, (Géog.) ancien lieu de l'Italie dans la Ligurie, selon Tite - Live, liv. XXXII. C'est présentement Ritorbio, village du Milanez dans le Pavesan. (D. J.)

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