ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 9:151

trous ou entonnoirs qui sont au fond de son bassin. En hiver il est ordinairement rempli d'eau, à moins que la saison ne fût tres - seche; mais en été, lorsque la sécheresse a duré quelque tems, il se vuide entierement en vingt - cinq jours; cependant, pour peu qu'il pleuve sortement pendant deux ou trois jours de suite, l'eau commence à y revenir. Lorsque le lac de Cirknitz est à sec, les habitans du pays vont y prendre, pour ainsi dire à la main, tout le poisson qui s'y trouve privé de son élément; cela n'empêche point que, lorsque l'eau y revient, l'on n'y retrouve de nouveau une quantité prodigieuse de très grands poissons, & entre autres des brochets qui pesent depuis 50 jusqu'à 70 livres. Si la sécheresse dure pendant long - tems, on peut y pêcher, y chasser, & y faire la récolte dans une même année. Ce lac n'a point de saison fixe pour se mettre à sec; tout dépend uniquement de la sécheresse de la saison, une pluie d'orage sufsit quelquefois pour le remplir. Ce lac est fort élevé relativement au terrein des environs; la terre y est remplie de trous; cela peut donc aisément faire concevoir la raison pourquoi il est sujet à se vuider, lorsqu'il ne va plus s'y rendre d'eau; mais comme il est environné de montagnes de tous côtés, pour peu qu'il tombe d'eau de pluie, elle se ramasse dans les cavernes & cavités dont ces montagnes sont remplies; alors ces eaux, amoncelées dans ces creux, forcent par leur poids les eaux renfermées dans le réservoir souterrein qui est au - dessous du lac à remonter, & à s'élever par les mêmes trous par lesquels elles s'étoient précédemment écoulées. En effet, il faut nécessairement supposer qu'au - dessous du bassin du lac de Cirknitz, il y a un autre lac souterrein ou un réservoir immense, dont les eaux s'élevent lorsque les cavernes qui y communiquent par dessous terre ont été remplies par les pluies. Ces nouvelles eaux, par leur pression & leur poids, forcent les eaux du réservoir souterrein à monter; cela se fait de la même maniere que dans les jets d'eaux ordinaires qui sont dans nos jardins. En effet, à la suite des grandes pluies, on voit jaillir l'eau par quelques - uns des trous jusqu'à la hauteur de 15 à 20 piés; & quand la pluie continue, le bassin du lac se trouve rempli de nouveau quelquefois en moins de vingt - quatre heures. C'est par ces mêmes trous que revient le poisson que l'on y retrouve; quelquefois même on a vû des canards sortir par ces ouvertures, ce qui prouve d'une maniere incontestable la présence du reservoir souterrein, dont on a parlé, & qu'il doit communiquer à des eaux qui aboutissent à la surface de la terre. Ce lac, que les habitans du pays nomment Zirknisku - jeseru, a environ deux lieues de longueur & une liene de largeur, & sa plus grande profondeur, à l'exception des trous, est d'environ 24 piés.

M. Gmelin, dans son voyage de Sibérie, dit que fout le terrein qui se trouve entre les rivieres d'lrtisch & de Jaik est rempli d'un grand nombre de lacs d'eau douce & d'eau salée; quelques - uns contiennent des poissons, & d'autres n'en contiennent point; mais un phénomène très - singulier, c'est que quelques - uns de ces lacs qui contenoient autrefois de l'eau douce, sont devenus amers & salés, & ont pris une forte odeur de soufre, ce qui a fait mourir tous les poissons qui s'y trouvoient. Quelques - uns de ces lacs de Sibérie sont si chargés de sel qu'il le dépose au fond en très - grande quantité, & il y en a d'autres dont on obtient le sel par la cuisson; celui qui s'appelle schimjale - kul est si salé, que deux seaux de son eau donnent jusqu'à vingt livres de sel. Quelquefois à très - peu de distance d'un de ces lacs salés, il s'en trouve d'autres dont l'eau est très douce & bonne à boire. Il se forme dans ce pays des lacs nouveaux dans des endroits où il n'y en avoit point auparavant; mais cet auteur remarque avec raison que rien n'est plus singulier ni plus digne de l'attention des Naturalistes, que ces changemens qui se font d'un lac d'eau douce en un lac d'eau amere & salée dans une partie du continent fort éloignée de la mer. Il est aussi fort surprenant de voir que quelques - uns de ces lacs se dessechent, tandis qu'il s'en forme de nouveaux en d'autres endroits. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie.

Lac

Lac, (Hist. anc.) le respect pour les lacs faisoit partie de la religion des anciens Gaulois, qui les regardoient comme autant de divinités, ou au moins de lieux qu'elles choisissoient pour leur demeure; ils donnoient même à ces lacs le nom de quoiques dieux particuliers. Le plus célebre étoit celui de Toulouse, dans lequel ils jettoient, soit en especes, soit en barres ou en lingots l'or & l'argent qu'ils avoient pris sur les ennemis. Il y avoit aussi dans le Gevaudan, au pié d'une montagne, un grand lac consacré à la Lune, où l'on s'assembloit tous les ans des pays circonvoisins, pour y jetter les offrandes qu'on faisoit à la déesse. Strabon parle d'un autre lac très célebre dans les Gaules, qu'on nommoit le lac des deux corbeaux, parce que deux de ces oiseaux y faisoient leur séjour; & la principale cérémonie religieuse qui s'y pratiquoit, avoit pour but de faire décider par ces divins corbeaux les différends, soit publics, soit particuliers. Au jour marqué, les deux partis se rendoient sur les bords du lac, & jettoient aux corbeaux chacun un gâteau; heureux celui dont ces oiseaux mangeoient le gâteau de bon appétit, il avoit gain de cause. Celui au contraire dont les corbeaux ne faisoient que becqueter & éparpiller l'offrande, étoit censé condamné par la bouche même des dieux; superstition assez semblable à celle des Romains pour leurs poulets sacrés.

Lac des Iroquois

Lac des Iroquois, (Géog.) c'est le nom d'un grand lac de l'Amérique septentrionale, au Canada, dans le pays des Iroquois, au couchant de la Nouvelle Angleterre. Il est coupé dans sa pointe occidentale par le 305e degré de longitude, & dans sa partie septentrionale par le 45e degré de latitude. (D. J.)

Lac - majeur

Lac - majeur ou Lac - majour, (Géog.) ce lac, que les Italiens appellent lago maggiore, parce qu'il est le plus grand des trois lacs de la Lombardie, au duché de Milan, a beaucoup de longueur sur peu de largeur en général: c'est le Verbanus lacus des anciens. Il s'étend du nord au sud; & dans l'étendue de 10 à 12 milles il appartient à la Suisse, mais dans tout le reste il dépend du duché de Milan. Il s'élargit considérablement dans le milieu de sa longueur, & forme un golfe à l'ouest, où sont les fameuses îles Borromées. Plusieurs belles rivieres, le Tésin, la Magia ou Madia & la Verzascha se jettent dans le lac - majour. Sa longueur, du septentrion au midi, est de 39 milles sur 5 ou 6 de large. (D. J.)

Lac - Maler

Lac - Maler, (Géog.) grand lac de Suede, entre le Westmanland & l'Upland au nord, & la Sudermanie au midi. Il s'étend d'occident en orient, recoit un bon nombre de rivieres, & est coupé de plusieurs îles. (D. J.)

Lac supérieur

Lac supérieur, (Géog.) lac immense de l'Amérique septentrionale, au Canada. On l'a vraissemblablement ainsi nommé, parce qu'il est le plus septentrional des lacs de la Nouvelle France. C'est le plus grand que l'on conncisse dans le monde. On peut le considérer comme la source du fleuve de S. Laurent. On lui donne 200 lieues de l'est à l'ouest, environ 80 de large du nord au sud, & 500 de circuit. Son embouchure dans le lac Huron, est au quarante - cinquieme degré 28 minutes de latitude; il se décharge par un détroit de 22 lieues de longueur. (D. J.)

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.