ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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& Ulug - Beg, lui donnent 83d. de long. & 34 30 de latitude. (D. J.)

KERME

KERME, s. m. (Minéral.) mot dont on se sert dans quelques mines pour designer des espaces qui sont à 60 piés de distance les uns des autres, où l'on place des ouvriers, pour se relayer à porter de la mine sur leurs épaules, lorsque les galeries sont longues.

KERMEN

KERMEN, (Géog.) ville de la Turquie européenne, dans la Romanie, près d'Andrinople. Long. 44. 16. lat. 41. 46. (D. J.)

KERMES

KERMES, s. m. (Hist. nat. bot.) espece de coque ou d'excroissance grosse comme une baie de genievre qui croit sur les feuilles d'une espece de chêne vert, & qui est d'un usage considérable dans la Medecine & dans la Teinture. Voyez Teinture.

Le kermès ou écarlate, appellé coccos baphica par les Grecs, vermiculus par les Latins, & quelquefois vermillon par les François, est une espece de nid d'insecte de la grosseur environ d'une baie de genievre, rond, uni, luisant, d'un très - beau rouge, & rempli d'un suc mucilagineux de la même couleur, que l'on trouve attaché à l'écorce & aux branches d'une espece de chêne vert appellé par les Botanistes ilea aculeata cocci glandifera, qui croît en Espagne, en Languedoc, & en plusieurs autres pays chauds.

La baie de kermès a une odeur vineuse, un goût amer, assez agréable; & sa pulpe est remplie d'un nombre infini d'oeufs d'animalcules.

L'origine du kermès vient, à ce qu'on croit, d'un petit vermisseau, qui piquant ce chêne pour en tirer sa nourriture & y déposer ses oeufs, y fait naître une coque ou une vessie qui se remplit de suc, & qui en murissant devient rouge comme nous la voyons.

De - là vient que quand on fait sécher le kermès, il en sort une si grande quantité de petits vers & de moucherons presque imperceptibles, que toute sa substance intérieure semble s'être convertie en ces petits insectes. C'est pour cette raison qu'on le nomme aussi vermillon, ou parce qu'il fait la teinture du beau rouge vermeil. Pour remédier à cet accident, quelques - uns font tremper pendant un peu de tems le kermès dans du vinaigre, avant de le faire sécher.

On tire le sur ou la pulpe du kermès en le pilant dans un mortier, & le passant à - travers un tamis, on en fait du syrop en y ajoutant une quantité suffisante de sucre. On fait aussi quelquefois sécher la pulpe séparée de son écorce, & on lui donne le nom de pastel de kermès.

Le kermès est d'un grand usage dans la Medecine: il est cardiaque, dessicatif, astringent. Il fortifie l'estomac, & empêche l'avortement. C'est. avec lui que l'on fait la fameuse confection appellée alkermès. Voyez Confection.

Il est néanmoins d'un plus grand usage dans - la Teinture; & pour cet effet on le prépare de la maniere suivante. Le grain étant mûr, on l'étend sur un linge, & l'on a soin de le tourner deux ou trois fois par jour, tandis qu'il est encore humide, pour empêcher qu'il ne s'échauffe, jusqu'à ce qu'on apperçoive parmi les grains une poudre rouge; on sépare celle - ci en la passant à - travers des tamis, & l'on continue d'étendre les grains & de les tamiser jusqu'à ce qu'il ne se ramasse plus de cette poussiere sur leurs surfaces.

Lorsqu'on commence à s'appercevoir que les grains de kermès remuent, on les arrose avec du fort vinaigre, & on les frotte entre les mains. Quand on néglige cette précaution, il sort de chacun une petite mouche, qui après avoir volé autour pendant deux ou trois jours, change de couleur & meurt à la fin.

Le grain étant entierement vuide de sa pulpe ou poussiere, on le lave dans du vin, & on l'expose au soleil; après quoi on le met dans des petits sacs avec la poudre qu'il a donnée.

Suivant les expériences que M. le C. de Marsilli a faites à Montpellier, la graine de kermès, de même que la noix de galle, mêlee avec du vitriol, fait de l'encre; avec de l'huile de tartre, ou de l'eau de chaux, sa couleur, qui ressemble à celle de la brique, se change en un beau cramoisi. Dans la décoction de tournesol, elle conserve la couleur qui lui est naturelle: il n'a pas été possible d'en tirer un sel fixe essentiel, mais elle a donné dans la distillation un sel volatil, qui, au sentiment de M. de Marsilli, auroit un bien meilleur effet en Medecine pris dans quelque liquide, qu'enveloppé dans des conserves & des confections qui ne font qu'embarrasser son action.

Kermès

Kermès de Pologne, (Insectologie.) autrement dit graine d'écarlate de Pologne; mais ce n'est point une graine, c'est un véritable insecte qui s'attache à la racine du knawel; voyez Knawfl.

De - là vient que Breynius le naturaliste, qui en a parlé avec le plus de connoissance, le nomme coccus radicum. Il a été connu jusqu'ici sous le nom de graine d'écarlate de Pologne, coccus tinctorius polonicus, parce - que c'est principalement dans ce royaume qu'on prenoit soin de le ramasser.

La Pologne n'est pourtant pas le seul des pays du nord, où cet insecte naisse, & peut - être existe - t - il dans des pays très - tempérés; mais il pourroit être assez commun en quelques endroits, & y être inconnu, parce qu'il se cache si bien, qu'il n'y a que les hasards qui puissent le faire découvrir, même à ceux qui le cherchent; d'autant plus que ce n'est que dans des terreins sablonneux & arides qu'on le trouve sur le knawel.

Divers auteurs prétendent que le même insecte, ou un semblable, croît aussi sur les racines de plusieurs autres plantes, comme sur celle de la piloselle, de l'herniaire, de la pimprenelle & de la pariétaire; cependant on n'a point encore trouvé cet insecte en France, du - moins M. de Reaumur, qui le range dans la classe des progallinsectes, l'a fait chercher sans succès.

Quoi qu'il en soit, comme cet insecte n'en veut qu'aux racines du knawel, on le distingue essentiellement du kermés de Languedoc, qui ne vient que sur les tiges & les branches de l'yeuse.

C'est en Juin qu'on détache le kermés de Pologne, des racines de la plante; chaque grain est alors à peu près sphérique, & d'une couleur de pourpre violet. Les uns ne sont pas plus gros que des grains de millet ou de pavot, & les autres sont aussi gros que des grains de poivre; chacun est logé en partie dans une espece de coupe ou de calice, comme un gland l'est dans le sien; plus de la moitié de la surface extérieure du petit insecte, est recouverte par le calice. Le dehors de cette enveloppe est raboteux, & d'un brun noir, mais son intérieur est poli. Il y a telle plante de knawel, sur laquelle on ne trouve qu'un ou deux de ces grains ou insectes, & on en trouve plus de quarante sur d'autres.

A la fin de Juin, il sort un ver de chacun des plus petits grains, de ceux qui ne sont pas plus gros que des grains de pavot; entre ces vers, les uns se couvrent de duvet, tandis qu'il n'en paroît point sur d'autres; mais tous quittent une dépouille pour se transformer en une nymphe, qui, après être restée quelques jours immobile, devient une mouche à corps rouge, ayant deux ailes blanches, bordées de rouge; voilà les kermès mâles.

Les insectes, qui egalent en grosseur des grains de poivre, ne subissent point une semblable métamorphose; aucun d'eux ne se transforme en mouche; ces gros grains, ou ces gros insectes, par rapport aux

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