Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 775

FOURNIR signifie aussi, Achever, parfaire. Il faut encore vingt écus pour fournir la somme entière.

On dit en termes de Manége, qu'Un cheval a bien fourni la carrière, pour dire, qu'Il a fait une belle course. Et on dit figurément, qu'Un homme a bien fourni sa carrière, sa course, pour dire, qu'Il a vécu avec honneur & avec estime jusqu'à la fin.

FOURNIR signifie aussi, Subvenir, contribuer en tout ou en partie. Fournir à la dépense. Fournir aux frais. Fournir à l'appointement, aux appointemens.

Il signifie encore Suffire; & alors il s'emploie neutralement. Il n'y peut fournir. Il ne sauroit fournir à tout. Ce cheval fournit bien au travail.

FOURNI, IE, participe .

On dit, Un bois bien fourni, pour dire, Un bois fort touffu, fort épais. Une boutique bien fournie. Une table bien fournie. Une Bibliothèque bien fournie.

FOURNISSEMENT. s.m. Terme de Commerce. Fonds que chaque associé doit mettre dans une société.

FOURNISSEUR. s.m. Celui qui entreprend de faire la fourniture de quelque marchandise. Les fournisseurs des troupes.

FOURNITURE. s.f. Provision. fourniture de blé, de vin, de bois, d'avoine, &c. Il y a encore assez de blé, de vin & d'huile pour ma fourniture. Ce marchand fait les fournitures d'une telle maison.

Il signifie aussi Ce qui est fourni. Ce Banquier a fait depuis peu une grosse fourniture d'argent en Italie, c'est-à-dire, A fourni, a fait tenir une grosse somme d'argent en Italie.

Il se dit aussi De ce que les Tailleurs, Tapissiers, & autres semblables Artisans ont accoutumé de fournir en employant la principale étoffe. Le Tapissier a pris tant pour façon & fourniture. Le Tailleur veut tant pour ses fournitures.

On appelle aussi Fourniture, Les petites herbes dont on accompagne les salades. La fourniture de cette salade est excellente.

FOURRAGE. s. m. collectif La paille & l'herbe qu'on donne l'hiver aux bestiaux. Donner du fourrage au bétail. Quand les bestiaux ne vont plus à la campagne, il faut les nourrir de fourrage. Fourrage verd, fourrage sec. De bon fourrage, de mauvais fourrage. Du beurre qui sent le fourrage. Ration de fourrage.

[alt p. 542] Il se dit aussi De toute l'herbe qu'on coupe & qu'on amasse à l'armée pour la nourriture des chevaux. Une trousse de fourrage. Un pays abondant en fourrage. Faire provision de fourrage. L'armée manquoit de fourrage.

On dit, Mettre de la cavalerie en quartier de fourrage, pour dire, L'établir dans un quartier, dans un pays où il y a abondance de fourrage.

FOURRAGE se dit aussi De l'action de couper le fourrage. Faire un bon fourrage. On fit un grand fourrage en présence des ennemis. Il fut tué au fourrage. Envoyer au fourrage. Aller au fourrage. Revenir du fourrage.

Il se dit aussi Des troupes commandées pour soutenir ceux qui vont au fourrage. Le Maréchal de Camp qui commandoit le fourrage. Les ennemis attaquèrent le fourrage.

FOURRAGER. v.n. Couper & amasser du fourrage. Fourrager dans un champ. L'armée a fourragé dans ce pays-là. On étoit contraint d'aller fourrager bien loin.

Il se prend aussi pour Ravager; & alors il est actif. Fourrager tout un pays. Le troupeau a fourragé toute cette pièce de blé.

FOURRAGÉ, ÉE, participe .

FOURRAGEUR. s.m. Celui qui va au fourrage. Soutenir les fourrageurs. Enlever des fourrageurs. Les ennemis tombèrent sur les fourrageurs.

FOURREAU. s.m. Gaine, étui, enveloppe. Fourreau de velours. Fourreau de cuir. Fourreau d'épée. Le bout du fourreau. Tirer l'épée hors du fourreau. Les fourreaux des colonnes d'un lit. Fourreau de siège. Fourreau de chaise. Fourreau de pistolet. Le fourreau de la robe d'un enfant.

On dit proverbialement, Coucher dans son fourreau, pour dire, Coucher tout vétu.

On dit proverbialement & figurément De ceux qui on l'esprit trop vif & trop inquiet, que L'épée use le fourreau.

FOURREAU se dit aussi De la peau qui couvre le membre d'un cheval. Un cheval qui a mal au fourreau.

FAUX-FOURREAU s.m. Ce qui se met sur le véritable fourreau de l'épée pour le garantir de la pluie.

FOURRER. v.a. Mettre en quelque endroit parmi d'autres choses. Fourrez cela dans votre cassette. Fourrez ce livre avec les autres. Fourrer les bras dans le lit. Fourrer la main dans sa poche. Se fourrer sous un lit. Fourrer sa tête dans un trou. Il lui a fourré son épée dans le ventre. Il s'est fourré une écharde dans le doigt. Cette étoffe, cette tapisserie est toute perdue, il y a des trous à y fourrer la main.

On dit proverbialement d'Un homme qui a fait ou dit quelque chose de mal-à-propos, & qui en a de la confusion, Il est si honteux, qu'il ne sait où se fourrer, pour dire, qu'Il ne sait où se cacher. Et l'on dit proverbialement & populairement d'Un gourmand, qu'Il fourre tout dans son ventre.

FOURRER signifie aussi Donner en cachette & souvent, comme fait une mère à quelqu'un de ses enfans qu'elle aime plus que les autres. Cette mère fourre toujours de l'argent à sa fille. Elle gâte cet enfant, elle lui fourre toujours à manger. Cette Gouvernante gâtera ses enfans, elle ne fait que leur fourrer des confitures & du fruit.

FOURRER signifie aussi, Insérer hors de propos. Fourrer quelque chose dans son discours. Il a fait un livre où il a fourré tout ce qu'il savoit, bien ou mal. Il fourre toujours du Latin & du Grec dans ses Plaidoyers.

On dit figurément, Fourrer quelque chose dans l'esprit, dans la tête de quelqu'un, pour dire, Lui faire comprendre quelque chose avec peine. Il est si stupide, si hébété, qu'on ne lui sauroit rien fourrer dans la tête, dans l'esprit. On eut bien de la peine à lui fourrer dans la tête qu'il falloit.... Vous vous fourrez dans la tête mille choses qui ne sont pas.

FOURRER signifie aussi, Introduire quelqu'un dans une maison, le faire entrer dans une affaire. En ce sens il se prend ordinairement en mauvaise part. Je ne sais qui l'a fourré dans cette maison, dans cette affaire.

Il se met aussi avec le pronom personnel.

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