ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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celle qui y étoit quand on a commencé à travailler les mines, comme 288 à 1. Mais nous avons supposé que dans ce long intervalle de tems, les mines donneroient toûjours également; qu'on pourroit toûjours les travailler; que l'argent ne souffroit aucun déchet par l'usage, & que l'état de l'Europe dureroit tel qu'il est sans aucune vicissitude; suppositions dont quelques - unes sont fausses, & dont les autres ne sont pas vraissemblables. Les mines s'épuisent ou deviennent impossibles à exploiter par leur profondeur. L'argent décheoit par l'usage, & ce déchet est beaucoup plus considérable qu'on ne pense; & il surviendra nécessairement dans un intervalle de 2000 ans, à compter d'aujourd'hui, quelques - unes de ces grandes révolutions dans lesquelles toutes les richesses d'une nation disparoissent presqu'entierement, sans qu'on sache bien ce qu'elles deviennent: elles sont, ou fondues dans les embrasemens, ou enfoncées dans le sein de la terre. En un mot, qu'avons - nous aujourd'hui des thrésors des peuples anciens? presque rien. Il ne faut pas remonter bien haut dans notre histoire, pour y trouver l'argent entierement rare, & les plus grands édifices bâtis pour des sommes si modiques, que nous en sommes aujourd'hui tout étonnés. Tout ce qui subsiste d'anciennes monnoies dispersées dans les cabinets des antiquaires, rempliroit à peine quelques urnes: qu'est devenu le reste? il est anéanti ou répandu dans les entrailles de la terre, d'où les socs de nos charrues font sortir de tems en tems un Antonin, un Othon, ou l'effigie précieuse de quelqu'autre empereur. On trouvera ce que l'on peut desirer de plus sur cette matiere à l'article Monnoie. Nous ajoûterons seulement ici que nos Rois ont défendu, sous des punitions corporelles & confiscations, à quelques personnes que ce fût, d'acheter de l'argent monnoyé, soit au coin de France ou autre, pour le déformer, altérer, refondre ou recharger, & que l'argent monnoyé ne paye point de droit d'entrée, mais qu'on ne peut le faire sortir sans passeport.

Argent blanc, se dit de toute monnoie fabriquée de ce métal. Tout notre argent blanc est aujourd'hui écus de six francs, écus de trois livres, pieces de vingt - quatre sous, pieces de douze, & pieces de six.

Argent fin, se dit de l'argent à douze deniers, ou au titre le plus haut auquel il puisse être porté.

Argent bas ou bas argent, se dit de celui qui est plus de six deniers au - dessous du titre de l'argent monnoyé.

Argent faux, se dit de tout ce qui est fait de cuivre rouge, qu'on a couvert à plusieurs fois par le feu, de feuilles d'argent.

Argent tenant or, se dit de l'or qui a perdu son nom & sa qualité pour être allié sur le blanc, & au - dessous de dix - sept karats.

Argent de cendrée; c'est ainsi qu'on appelle une poudre de ce métal, qui est attachée aux plaques de cuivre mises dans de l'eau - forte, qui a servi à l'affinage de l'or, après avoir été mêlée d'une portion d'eau de fontaine; cet argent est estimé à douze deniers.

Argent - le - roi; c'est celui qui est au titre auquel les ordonnances l'ont fixé pour les ouvrages d'Orfévres & de Monnoyeurs. Par l'article 3 de l'édit de Henri II. roi de France, il fut défendu de travailler de l'argent qui ne fût à onze deniers douze grains de fin au remede de deux grains; aujourd'hui on appelle argent - le - roi celui qui passe à la monnoie & dans le commerce, à cinquante livres un sou onze deniers, & qui est au titre de onze deniers dix - huit grains de fin.

Argent en pâte, se dit de l'argent prêt à être mis en fonte dans le creuset. V. le commencement de cet article.

Argent en bain, se dit de celui qui est en fusion actuelle.

Argent de coupelle; c'est celui qui est à onze deniers vingt - trois grains.

Argent en lame; c'est l'argent trait, applati entre deux rouleaux, & disposé à être appliqué sur la soie par le moyen du moulin, ou à être employé tout plat dans les ornemens qu'on fait à plusieurs ouvrages brodés, brochés, &c. Voyez Fileur d'Or.

Argent trait; c'est celui qu'on a réduit à n'avoir que l'épaisseur d'un cheveu, en le faisant passer successivement par les trous d'une filiere.

Argent filé ou fil d'argent; c'est l'argent en lame employé, & appliqué sur la soie par le moyen du moulin.

Argent en feuille ou battu; c'est celui que les Batteurs d'or ont réduit en feuilles très - minces, à l'usage des Argenteurs & Doreurs. V. Batteur d'Or, Battre, Or .

Argent en coquille, se dit des rognures même de l'argent en feuilles ou battu; il est employé par les Peintres & les Argenteurs.

Argent fin fumé, se dit de l'argent fin, soit trait, soit en lame, soit filé, soit battu, auquel on a tâché de donner la couleur de l'or en l'exposant à la fumée; cette fraude est défendue sous peine de confiscation entiere & deux mille livres d'amende, V. pour l'intelligence de tous ces articles, Tirer, Battre, Filer l'Or .

Argent à la grosse; c'est la même chose qu'argent mis à la grosse aventure.

Argent de permission; c'est ainsi qu'on nomme l'argent de change dans la plûpart des Pays - Bas François ou Autrichiens: cet argent est différent de l'argent courant. Les cent florins de permission valent huit cent florins & un tiers courant; c'est à cette mesure que se réduisent toutes les remises qu'on fait en pays étrangers.

Argent, en Droit, s'entend toûjours de l'argent monnoyé.

Argent, se dit, en Blason, de la couleur blanche dans toute armoirie. Les barons & nobles l'appellent en Angleterre blanche perle; les princes, lune; & les héraults disent que sans or & sans argent, il n'y a point de bonnes armoiries. L'argent s'exprime, en Gravure d'armoiries, en laissant le fond tel qu'il est, tout uni & sans hachûre.

ARGENTAC

* ARGENTAC (Géog.) ville de France, dans le Limousin, sur la Dordogne. Long. 19. 33. latit. 45. 5.

ARGENTAN

* ARGENTAN (Géog.) ville de France, dans la basse Normandie, au diocese de Séez, sur les bords de l'Orne. Long. 17. 35. lat. 48. 54.

ARGENTÉ

ARGENTÉ, adj. (Manége.) gris argenté, nom d'un poil de cheval. Voyez Gris. (V)

ARGENTER

ARGENTER, v. act. c'est appliquer & fixer des feuilles d'argent sur des ouvrages en fer, en cuivre, ou d'autres métaux, en bois, en pierre, en écaille, sur la toile, sur le papier, &c. pour faire paroître ces ouvrages en tout ou en partie, comme s'ils étoient d'argent.

L'argenture sur les métaux differe totalement de l'argenture sur les autres matieres. Pour la premiere on fait usage du feu; au lieu qu'aux autres manieres d'argenter, on se sert seulement de quelques matieres glutineuses qui prennent sur les feuilles d'argent & sur les pieces qu'on veut argenter.

Pour argenter sur fer ou sur cuivre, il y a plusieurs opérations que nous allons décrire dans l'ordre qu'elles doivent se faire.

La premiere, c'est d'émorsiler; émorfiler un ouvrage, c'est, quand il a été fait au tour, en enlever le morfil ou les vives arêtes; ce qui s'exécute avec des pierres à polir, & par les apprentifs.

La seconde, c'est de recuire. Quand les pieces sont bien émorfilées, les recuire, c'est les faire rougir

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