Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Quelquefois la phrase a un tour négatif et un sens positif. Dans ce cas, le mot qui sert de complément à la préposition doit toujours être précédé de l'article. Je n'ai pas de l'argent pour le dépenser follement. N'avez-vous pas de la santé, de la fortune, des amis? que vous faut-il de plus? Il ne peut parler sans faire des fautes.

DE précédant un adjectif, un participe passif, etc., peut ordinairement se résoudre par un pronom relatif suivi du verbe Être. Il y eut mille hommes de (qui furent) tués. Il y a dans ce qu'il dit quelque chose de (qui est) vrai. Y a-t-il quelqu'un d'assez (qui soit assez) ignorant pour... Je ne vois rien là de (qui soit) bien étonnant. A-t-on jamais oui rien de (qui soit) pareil? Sa conduite n'a rien de (qui soit) noble. Rien de (qui soit) plus simple que cela. Je ne vois rien de (qui soit) mieux. Sinon, rien de fait (qui soit fait, arrêté, conclu).

DE s'emploie d'une façon particulière pour distinguer les noms propres de nobles, ordinairement empruntés au lieu d'origine, à quelque particularité locale, à une terre, etc. Henri de la Tour d'Auvergne. Madame de Maintenon. Monsieur de Caylus. Dans la plupart de ces dénominations, il y a ellipse d'un titre de noblesse (Madame la marquise de Maintenon. Monsieur le comte de Caylus.)

Il se prend quelquefois substantivement, par allusion au sens qui précède. Mettre le de devant son nom. Cet emploi est familier.

DE sert quelquefois à unir le nom commun d'une chose avec le mot ou l'expression qui la distingue de toutes les autres choses semblables. La ville de Paris. Le fleuve du Rhône. Le mois de septembre. La comédie du Misanthrope. Le mot de gueux est familier. Le cri de Vive le roi!

Il se met encore, dans le discours familier, après un substantif, ou après un adjectif qui peut être employé substantivement, pour joindre ces mots avec le nom de la personne ou de la chose qu'ils qualifient. Ce diable d'homme. Quel chien de métier! Un fripon d'enfant. Un drôle de corps. Une drôle d'affaire.

Il s'emploie dans certaines locutions consacrées, pour exprimer L'excellence d'une chose sur toutes les autres choses de même nature. Ainsi on dit, dans le style de la Bible: Le saint des saints, Le lieu le plus saint du temple. Le Cantique des cantiques, Le cantique par excellence. Vanité des vanités, La plus grande des vanités. Dans le style élevé, L'Être des êtres, L'Être suprême. Etc.

DE entre aussi dans plusieurs locutions adverbiales, ou autres, qui indiquent Une certaine époque ou Une certaine durée. Nous partîmes de nuit, de jour. Je sortis de bonne heure. De grand matin. De présent (en termes de Pratique). Du vivant d'un tel. C'était bien autre chose de mon temps. De tout temps il en fut ainsi. Il ne viendra pas d'aujourd'hui. Il ne m'a pas quitté de tout le jour. Je ne le reverrai pas de huit jours. De ma vie je n'ai vu pareille chose. De mémoire d'homme.

Il sert également dans certaines locutions à marquer Conformité. Je suis de votre avis. Cela n'est pas de mon goût. Les cérémonies d'usage (usitées). Ce mot n'est d'usage qu'en telle phrase. Cela n'est plus de mode. Cela n'est pas de la bienséance (n'est pas bienséant). Cela n'est pas du jeu. Je sais ce qui est de mon devoir. Comme de raison. Comme de juste. De l'aveu de tout le monde. C'est de mon consentement qu'il a fait cela. Il est de fait que... On dit à peu près de même: Cela est de rigueur. Être de mise. Etc.

Pour toutes les autres locutions, telles que D'avance, d'abord, d'ailleurs, du moins, de suite, du reste, de plus belle, de nouveau, d'ordinaire, de grâce, de retour, etc., voyez les différents articles des mots qui accompagnent la préposition.

La particule relative En remplace, dans plusieurs cas, la préposition De et son régime. Voyez l'article de cette particule.

DE sert à former un grand nombre de composés, et modifie plus ou moins la signification du mot simple: Découler (couler de haut en bas). Dévier (s'écarter de la voie). Démontrer (montrer, faire voir complétement). Dénouer (défaire ce qui était noué). Etc. --- Mais la particule qui entre dans la composition des mots n'est pas toujours la préposition De; elle n'est souvent qu'une alteration des particules dis ou di, comme dans Départir, désunir, analogues à Disperser, dissoudre. Dans certains cas, on peut lui attribuer indifféremment l'une ou l'autre origine: Déjoindre, dépouiller, déterminer (en latin, Dejungere ou disjungere, despoliare ou dispoliare, determinare ou disterminare).

DÉ. s. m. Petit morceau d'os ou d'ivoire, de figure cubique, ou à six faces, dont chacune est marquée d'un différent nombre de points, depuis un jusqu'à six, et qui sert à jouer. Des dés bien marqués. Des dés écornés. Une balle de dés. Jouer aux dés, aux trois dés. Tenir les dés. Un coup de dés. Piper les dés. Dés chargés. Dans les cas où ce mot pourrait être confondu avec son homonyme, on dit ordinairement, Dé à jouer.

Avoir le dé, Être le premier à jouer. Flatter le dé, Jeter doucement les dés en jouant, dans l'espoir de n'amener qu'un petit nombre de points. Rompre le dé, Arrêter les dés quand ils sortent du cornet, ce qui rend le coup nul. Faire quitter le dé, Faire abandonner les dés par le joueur qui les tient, pour qu'ils passent à un autre.

Fig. et fam., Flatter le dé, Déguiser, adoucir quelque chose de fâcheux par des termes qui en cachent une partie, ou qui font le mal moins grand. En lui annonçant cette nouvelle, il a flatté le dé. Parlez-nous franchement, ne flattez point le dé.

Fig. et fam., Tenir le dé dans la conversation, Se rendre maître de la conversation. Il veut toujours tenir le dé.

Fig. et fam., Faire quitter le dé à quelqu'un, rompre le dé, Obliger quelqu'un à céder, à renoncer à quelque entreprise.

Fig. et fam., Je jetterais cela à trois dés, je jouerais cela à trois dés, se dit Pour marquer l'indifférence où l'on est du choix qu'on peut faire entre deux ou plusieurs choses.

Prov. et fig., Le dé en est jeté, se dit en parlant D'un parti pris, de la résolution où l'on est de faire une chose, quoi qu'il puisse arriver.

Fig. et fam., C'est un coup de dés ou de dé, C'est une affaire où le hasard aura beaucoup d'influence.

Fig. et fam., À vous le dé, C'est à vous à parler, à répondre, à agir.

en termes d'Architecture, La partie cubique d'un piédestal. Le piédestal est composé d'une base, d'un dé et d'une corniche.

Il se dit également de Petits cubes de pierre qu'on place sous des poteaux, des colonnes, des vases, etc., pour les isoler de terre. Ce parterre est entouré de dés qui supportent des vases.

DÉ. s. m. Petit instrument de métal ou d'autre matière solide, dont celui ou celle qui coud se garnit le bout du doigt, ou le milieu du doigt, afin de pousser l'aiguille plus facilement et sans risquer de se blesser. Dé d'or, d'argent, d'ivoire, etc. Dé fermé. Dé ouvert. Dans les cas où ce mot pourrait être confondu avec son homonyme, on dit ordinairement, Dé à coudre.

DÉBÂCLAGE. s. m. Action de débâcler un port, des bâtiments, etc.

DÉBÂCLE. s. f. Rupture, ordinairement subite, de la glace qui couvrait une rivière, et qui se partage alors en glaçons dont la descente est plus ou moins rapide. La rivière grossit, il faut se préparer à la débâcle. La débâcle a fait périr bien des bateaux.

Il se dit, figurément et familièrement, de Tout changement brusque et inattendu qui amène du désordre, de la confusion. Ce fut une débâcle générale. Cet accident commença la débâcle de sa fortune.

DÉBÂCLE se dit aussi quelquefois pour Débâclage. Il y a un temps déterminé pour la débâcle du port.

DÉBÂCLEMENT. s. m. Le moment de la débâcle des glaces; ou L'action de débâcler un port, des navires, des bateaux. Beaucoup de bateaux ont péri par le débâclement de la rivière. Il est peu usité.

DÉBÂCLER. v. a. Débarrasser un port des navires, des bateaux vides, afin d'en rendre l'accès libre à ceux qui arrivent chargés. Débâcler un port. Débâcler des bateaux.

Il signifie populairement, Ouvrir ce qui était bâclé. Débâcler une porte, une fenêtre.

Il est aussi neutre, et se dit D'une rivière, quand les glaces viennent à se rompre et à suivre le cours de l'eau. La rivière a débâclé cette nuit.

DÉBÂCLÉ, ÉE. participe

DÉBÂCLEUR. s. m. Officier qui préside au débâclage d'un port.

DÉBAGOULER. v. n. Vomir.

Il s'emploie aussi figurément comme verbe actif, et signifie, Dire avec précipitation et diffusion tout ce qui vient à la bouche. Il débagoula un torrent d'injures. Dans les deux sens, il est bas.

DÉBAGOULÉ, ÉE. participe

DÉBAGOULEUR. s. m. Celui qui dit sans retenue toutes les injures qui lui viennent à la bouche. Il est bas.

DÉBALLAGE. s. m. Action de déballer. On vient de faire le déballage de ces marchandises.

DÉBALLER. v. a. Défaire une balle, un ballot, ôter l'emballage. Déballer des marchandises.

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