Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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l'idée que je m'en faisais. Cela est au-dessus de ses forces, au-dessus de son génie, ou simplement, au-dessus de lui. Cela est au-dessus de tout éloge. Cet homme est au-dessus des louanges. Elle montra une fermeté au-dessus de son sexe.

Être au-dessus de sa place, etc., Avoir plus de mérite, de capacité qu'il n'en faut pour la place que l'on occupe. Être au-dessus de sa condition, Avoir des sentiments, des qualités qui se trouvent rarement chez les personnes de la même condition. On dit aussi, Avoir une mise au-dessus de son état.

AU-DESSUS se dit particulièrement, dans le sens qui précède, pour marquer Une supériorité de nombre, de durée, de valeur, etc. On enrôla tous les citoyens au-dessus de dix-huit ans. Les nombres au-dessus de mille. Au-dessus du cours, du taux ordinaire. Vendre une chose au-dessus de sa valeur.

AU-DESSUS se dit encore figurément, en parlant De ce dont une personne se dégage, s'affranchit, est dégagée, affranchie. S'élever au-dessus des faiblesses humaines. Une âme au-dessus de l'ambition. C'est un homme au-dessus de l'intérêt, au-dessus de toute passion vile. Il est au-dessus de toutes ces vaines craintes.

Il se dit pareillement en parlant De ce qu'une personne dédaigne ou brave, de ce dont elle ne se met point en peine. Se mettre au-dessus des événements. Son courage est au-dessus des périls, au-dessus de tout. C'est un homme au-dessus des louanges, de la flatterie. Être au-dessus de l'opinion. Ils peuvent m'injurier à leur aise, je suis au-dessus de tout cela. Il s'est mis au-dessus de tout ce qu'on peut dire de lui. Il s'est mis au-dessus des bienséances, au-dessus de tout.

Il se dit aussi, tant au sens physique qu'au sens moral, en parlant De ce qui est nuisible en soi, mais dont l'effet ou l'influence ne saurait atteindre la personne ou la chose dont on parle. Être au-dessus du besoin. Être au-dessus des vicissitudes de la fortune. Cet homme est au-dessus de l'envie. de la calomnie. Cet ouvrage est au-dessus de la critique.

Fam., Être au-dessus de ses affaires, Avoir une fortune bien établie, avoir plus de bien qu'on n'en dépense.

AU-DESSUS est souvent employé comme adverbe. Au-dessus étaient écrits ces mots. Il occupe le premier étage, et ses domestiques logent au-dessus. On exempta les hommes de soixante ans et au-dessus. Cela est admirable, et je ne connais rien qui soit au-dessus.

EN DESSUS. loc. adv. Du côté de dessus, vers ou dans la partie de dessus. Cela est noir en dessus, et blanc en dessous. J'ai mis en dessus les effets dont on a le plus souvent besoin. Ces cordons se nouent en dessus.

LÀ-DESSUS. loc. adv. Sur cela. Mettez ce livre là-dessus.

Il signifie figurément, Sur ce sujet, sur cette affaire, sur la réalité de telle ou telle chose. Pourquoi revenir toujours là-dessus? Passons là-dessus, je vous prie. Je ne sais trop que penser là-dessus. Que n'a-t-on pas écrit là-dessus? Vous pouvez compter là-dessus.

Il signifie encore, Aussitôt après cela, après ces mots. On lui déclara qu'il n'obtiendrait rien: là-dessus il se retira. Puisque vous ne voulez point venir, dit-il, je pars; et là-dessus il nous quitta.

CI-DESSUS. loc. adv. Dans ce qui a été dit, écrit, exposé plus haut. Comme nous l'avons dit ci-dessus. Voyez ci-dessus. Comme ci-dessus.

DESTIN. s. m. Fatalité, l'enchaînement nécessaire et inconnu des événements et de leurs causes. Destin irrévocable, immuable. Les païens avaient fait du destin une puissance à laquelle les dieux mêmes étaient soumis. L'ordre du destin. Les arrêts du destin. Le livre du destin. Les poëtes disent également Destin et Destins. Le destin ennemi. Les destins favorables.

Il se prend aussi pour Le sort particulier d'une personne ou d'une chose, et pour Ce qui arrive aux hommes, de bien ou de mal, indépendamment de leur volonté. On ne peut fuir son destin. Un heureux destin. Un destin funeste. Son destin le voulait ainsi. C'est le destin des grands hommes. Le destin, les destins d'un empire. Le destin des combats.

Il se dit, en poésie, pour Vie, existence. Il a terminé son destin, ses destins. Trancher, abréger le destin, les destins de quelqu'un. On ne l'emploie guère que dans ces phrases et leurs analogues.

DESTINATAIRE. s. des deux genres Il se dit, dans l'Administration des postes, de La personne à qui une lettre est adressée.

DESTINATION. s. f. L'emploi d'une personne ou d'une chose pour un objet, pour un usage déterminé; ou La détermination même de cet emploi. La destination de l'homme ici-bas Cet édifice a changé de destination. La destination des deniers. On a employé cette somme, ces fonds, suivant la destination qui en avait été faite. Remplir sa destination. Immeubles par destination.

Il s'emploie quelquefois dans le sens actif. On ne doit pas changer la destination des fondateurs.

En Jurispr., Destination du père de famille, se dit de Tout arrangement, de toute disposition que le propriétaire de plusieurs fonds a faite pour leur usage commun ou pour sa commodité. La destination du père de famille vaut titre à l'égard des servitudes continues et apparentes.

DESTINATION signifie en outre, Le lieu où on doit se rendre, le lieu où une chose est envoyée, expédiée; ou La détermination de ce lieu. Partir pour sa destination. Ce corps de troupes va se rendre à sa destination. On ne connaît pas encore la destination de cette flotte. Cette lettre n'est point parvenue à sa destination. Ces marchandises sont arrivées à leur destination. Arriver au lieu de sa destination. La destination de cette flotte est pour l'Amérique.

DESTINÉE. s. f. Le destin, ou L'effet du destin. Être soumis à la destinée. Le cours des destinées.

Il se dit aussi Du destin particulier d'une personne ou d'une chose. Il eut une singulière destinée. Heureuse, malheureuse destinée. Remplir ses destinées. Accomplir ses destinées. Il faut suivre sa destinée. S'abandonner à sa destinée. On ne peut fuir, on ne peut vaincre sa destinée. On ne peut se dérober à sa destinée.

Il s'emploie, en poésie, pour Vie, existence. Finir sa destinée. Trancher la destinée de quelqu'un. On ne l'emploie guère que dans ces phrases et leurs analogues.

Ce mot, dans ses deux premières acceptions, est plus usité en prose que son synonyme Destin.

DESTINER. v. a. Fixer, régler la destination d'une personne ou d'une chose. Savons-nous à quoi le ciel nous destine? Destiner son fils au barreau. Il destine cet argent à l'achat d'une maison. Il a destiné cet argent aux pauvres ou pour les pauvres. Cette flotte est destinée pour l'Amérique. Cet édifice est destiné au culte. Ce petit bassin est destiné à recevoir le trop-plein du grand réservoir.

Il signifie aussi, Préparer, réserver. Je sais l'accueil qu'il me destine. Le prix qui vous est destiné.

Il s'emploie avec le pronom personnel, dans le premier sens. Il se destine au barreau, à la guerre, etc.

DESTINÉ, ÉE. participe Il signifie quelquefois, Que son destin porte, conduit à. Un homme destiné à une grande fortune. Un homme destiné aux grandes choses. Il était destiné à périr de cette manière.

DESTITUABLE. adj. des deux genres Qui peut être destitué. Officier, fonctionnaire destituable, non destituable à volonté.

DESTITUER. v. a. Déposer, ôter, priver quelqu'un de la charge, de l'emploi, de la fonction qu'il exerçait. Destituer un professeur, un conseiller d'État, un employé. On l'a destitué de son emploi, de sa commission, de la tutelle de son neveu.

DESTITUÉ, ÉE. participe Il s'emploie aussi comme adjectif, dans le sens de Dépourvu, dénué. Un homme destitué de tout secours. Destitué de bon sens, de raison, etc. Une crainte destituée de fondement. En parlant Des personnes, ce sens vieillit; on dit, Dénué de secours, etc.

DESTITUTION. s. f. Déposition, privation forcée d'une charge, d'un emploi, d'une commission, etc. Depuis sa destitution, il ne se mêle de rien. Prononcer la destitution d'un administrateur, d'un employé. Le conseil de famille a prononcé la destitution de ce tuteur.

DESTRIER. s. m. Vieux mot qui signifiait, Cheval de main, de bataille. Il était opposé à Palefroi, qui se disait d'Un cheval de cérémonie.

DESTRUCTEUR. s. m. Celui qui détruit. Les Grecs furent les destructeurs de Troie.

Il se dit aussi de Ceux qui rompent, qui brisent, qui font du ravage dans une maison, dans un village, dans une ville, etc. Les soldats, livrés à la licence, sont de grands destructeurs. Quel destructeur que cet enfant!

Il se dit figurément, tant au sens physique qu'au sens moral. Ce prince voulut être le destructeur de l'hérésie. Le destructeur des abus. Cet homme a été, par ses folles dépenses, le destructeur de sa maison.

Il s'emploie aussi adjectivement. Un animal destructeur. Fléau destructeur. Un système destructeur.

DESTRUCTIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui peut être détruit. Il est peu usité.

DESTRUCTIF, IVE. adj. Qui détruit, qui cause la destruction. Cause destructive. Principe destructif. Doctrine destructive de toute morale.

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