ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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deux bancs, l'un à droite & l'autre à gauche: pour
cela, il ne faut que jetter l'oeil sur la premiere vignette
de la Planche premiere; quand on a épuisé l'un,
ce qui se fait toûjours par les enferrures, on passe à
l'autre banc. Du côté de la figure 11. tous les bancs
sont épuisés: mais pour faire une no>elle foncée,
on n'attend pas que tous les bancs soient épuisés,
parce que les ouvriers qui fabriquent l'ardoise manqueroient
de matiere; les travaux du fond de la carriere,
& ceux du dessus, doivent marcher de concert.
Nous voilà sortis de la carriere. Voyons maintenant
ce que deviendront les morceaux d'ardoise que
le bassicot a enlevés sous le nom de crenons, après
avoir été détachés de la piece enferrée, avec un instrument
qu'on voit Planche premiere en V, & qu'on
appelle ciseau d'en - bas, parce qu'on ne s'en sert qu'au
fond de la carriere.
Quand on a déchargé les crenons, en ôtant le
lucet du bassicot, il y a des ouvriers tout prêts avec
des hottes qu'on appelle hottes à quartier, pour les
distinguer de celles dont on se sert dans la carriere,
& qu'on appelle hottes à vuidanges, voyez Planche I.
vig. I. La fig. A est une hotte à vuidange, & Pl. II.
figure 1. vig. I. hotte à quartier; d'autres ouvriers
prennent le crenon chacun par un bout, & le posent
sur la hotte; les hottiers chargés vont déposer leurs
fardeaux autour des ouvriers qui fabriquent l'ardoise:
c'est ce que fait la fig. 1. de la IIe vig. de la Planche I.
la fig. FE, fe, représente assez bien les crenons quand
déposés autour des ouvriers, ils travaillent à les repartir.
Voyez Planche I.
Pour repartir, les ouvriers se servent du ciseau CI,
qu'on voit Planche I. & qu'ils appellent ciseau à crenet; ils l'inserent dans le crenon, comme on le voit
dans la fig. F E, fe, même Planche, ou comme on le
voit faire à la fig. 2. vig. II. Planc. I. Les morceaux g
qui sont autour de cette fig. 2. sont des divisions du
crenon, & ces divisions s'appellent repartons. Le morceau
qu'on voit entre ses jambes est un portion de
crenon qu'il faut achever de débiter en repartons. Les
repartons passent à un ouvrier, qu'on voit fig. 4. qui
avec le ciseau C2 appellé ciseau moyen, même Planche, pousse la division des repartons en contrefendis.
Quand l'ardoise est en contrefendis, les mêmes ouvriers
prennent le passe - partout ou ci>eau C3, ou
ceux de la même espece C4, C4, & mettent le contrefendis
en fendis ou ardoise brute. Toutes les divisions
du reparton en crenons, en contrefendis & en
fendis ou ardoise brute, se font d'épaisseur seulement;
les fendis passent entre les mains des ouvriers 3 & 5;
ces ouvriers sont assis à terre derriere des paillassons
soûtenus par des fourches, qui les garantissent de la
chaleur & du mauvais tems; on les appelle tue - vents;
ils ont les jambes couvertes des guêtres qu'on voit
Planche I. fig. AB, &c. & entr'elles une sorte de billot
cylindrique OPQ, dont on a enlevé une portion;
ce billot ou espece d'établi s'appelle le chaput: c'est
sur le chaput que l'ouvrier pose le fendis, & c'est la
surface verticale de la section qui dirige le mouvement
du doleau ou de l'instrument tranchant dont il
se sert pour terminer l'ardoise, & lui donner la forme
qu'il desire. Selon la forme que l'on donne au chaput,
on a la commodité de façonner diversement l'ardoise: quant au doleau, vous en avez la représentation
en T & en V, même Planche I. il a une surface
platte comme celle d'un ciseau à deux branches, &
son autre surface est arrondie.
Le fendis, au sortir des mains de ceux qui se servent
du doleau, est ardoise, mais d'une qualité telle
que le permet le morceau de fendis, tant par la nature
de la pierre dont il est venu, que par la figure
qu'on lui a donnée sur le chaput: comme toutes les
couches de l'ardoise ne sont pas exactement paralle<cb->
les, les petits angles qu'elles forment entr'elles font
perdre beaucoup de matiere; une portion d'ardoise ou
un contrefendis dont on espere deux fendis, se divisera
souvent obliquement, & au lieu de deux ardoises
on n'en aura qu'une avec un morceau ou sragment
dont on ne fera qu'une qualité d'ouvrage subalterne:
mais ce n'est pas seulement en passant de l'état de
contrefendis à celui de fendis que l'ouvrage se détériore;
toutes les divisions de la pierre ont leurs inconvéniens.
Exemple: soit, Planche I. fig. FE, fE, un morceau
de pierre que l'ouvrier d'en - bas a mis en crenon
avec l'alignouet & le pic moyen, que le ciseau C y
ait été inséré pour en tirer les repartons EF, fE,
il peut arriver que son épaisseur totale soit traversée
de chauve ou de finne, ou qu'il s'y rencontre de petits
chats qui empêcheront une exacte division; ces
chats & la finne s'apperçoivent à merveille dans le
fendis, fig. M, même Planche: si, même Planche I. il y
a une finne dans la direction Z Z, il n'en viendra
qu'une ardoise, & &. Ces finnes ne s'apperçoivent
que par l'effet, quand on travaille la pierre au haut.
On insere son ciseau dans un crenon F E f E; on en
espere quatre contrefendis, & il arrive qu'on n'en
tire qu'un entier, la finne arrêtant toûjours la division.
Les ouvriers d'en - bas ne sont pas si surpris des
finnes; aussi - tôt qu'ils ont entamé un banc, elles se
montrent distinctement, s'il y en a; alors ils songent
à en tirer parti pour avoir des morceaux de pierre
plus petits, ce qu'ils font en appliquant deux ou trois
coups de pic moyen sur la finne; ces coups donnent
lieu à une division qui se continue dans une même
direction que la finne, sur la surface de la pierre où
la finne se rencontre, au lieu que sans elle ils auroient
été obligés de recourir à l'enferrure, qui est un
moyen qui demande plus de peine & de précision.
A mesure que les ouvriers fabriquent leur ardoise,
il y a un ouvrier, qu'on appelle le conteur, qui prend
l'ardoise dans une espece de broüette, la transporte
en un endroit où il la range, & sépare chaque qualité;
c'est ce que fait la fig. 6. Planche l. vig. II. les
ardoises élevées marquent les cents. L'endroit où l'ardoise est séparée par qualité & rangée par cent, s'appelle
magasin.
Le conteur met l'ouvrage de chaque ouvrier à part,
avec le nom & la quantité sur la derniere ardoise. On
voit, au bas de la Planche, des piles séparées par cent.
De toutes les qualités de l'ardoise, la plus belle &
la plus estimée est la quarrée; elle est faite du coeur
de la pierre; elle a la figure rectangulaire qu'on lui
voit Planche I. fig. 2. elle porte environ huit pouces
de large sur onze pouces de long, & doit être sans
rousseur. La seconde qualité est celle du gros noir: le
gros noir n'a ni tache ni rousseur, non plus que l'ardoise quarrée; la seule différence qu'il y ait entre ces
deux sortes d'ardoise, c'est que le gros noir n'a pas
été tiré d'un morceau de pierre qui pût fournir les dimensions
requises dans l'ardoise quarrée. La troisieme
est le poil noir, qui a la même qualité & la même figure
que le gros noir, mais qui est plus mince & plus
légere. La quatrieme est le poil taché, qui a les mêmes
dimensions que le gros noir, mais qui n'a pas la
même netteté: on lui remarque des endroits roux.
La cinquieme est le poil roux; cette ardoise est en effet
toute rousse; ce sont les premieres soncées qui la
donnent, & ce n'est proprement que de la cosse. Il
n'en est pas de même du poil taché, il se trouve partout;
il n'y a gueres de foncées où il ne s'en rencontre.
La sixieme est la carte, qui a la même figure &
la même qualité que la quarrée, mais qui est plus petite
d'aire & plus mince. La septieme est l'héridelle,
ardoise étroite & longue, dont les côtés seulement
ont été taillés, mais dont on a laissé les deux autres
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