Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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est ruiné, il y a un grand dérangement dans ses affaires. Cela cause du dérangement dans sa santé. Il y a bien du dérangement dans son esprit. Le dérangement de ses affaires, de sa santé. Le dérangement des saisons.

DÉRANGER. v. a. Ôter une chose de son rang, de sa place; mettre en désordre ce qui était arrangé. Déranger quelque pièce d'une machine. Déranger des papiers, des livres, des meubles.

Déranger une chambre, un cabinet, etc., Y causer quelque désordre dans la disposition habituelle des meubles, des objets qui s'y trouvent. Vous avez dérangé toute ma chambre.

Déranger quelqu'un, Faire qu'il soit obligé de quitter sa place, de se lever de son siége, etc. Il dérangea tout le monde pour aller à sa place. Je ne veux point déranger ces dames. Il signifie aussi, figurément, Détourner quelqu'un d'une occupation, de ses affaires, etc. J'étais à travailler; il est venu me déranger. Pourvu que cela ne vous dérange point. (Voyez plus loin les autres sens de cette phrase.)

DÉRANGER signifie aussi, tant au propre qu'au figuré, Faire qu'une chose n'aille plus aussi bien, altérer, troubler, brouiller. Cela peut déranger la machine. Cela lui a dérangé le cerveau, l'estomac. Déranger la santé. Cet orage va déranger le temps. Cela dérangea tellement ses affaires, qu'il fut sur le point de faire faillite. Cet événement dérangea le plan qu'ils avaient formé, dérangea tous leurs projets.

Déranger quelqu'un, Déranger sa santé. J'ai mangé hier un peu plus qu'à l'ordinaire, et cela m'a dérangé. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Chagriner quelqu'un, le contrecarrer. Cet événement les dérange un peu.

Déranger quelqu'un, signifie encore, Faire que la conduite de quelqu'un ne soit plus aussi réglée qu'elle l'était auparavant. Les mauvaises compagnies l'ont dérangé. C'est lui qui a dérangé ce jeune homme.

DÉRANGER s'emploie aussi avec le pronom personnel, dans la plupart des sens qui viennent d'être indiqués. Rien de ce qui était dans la malle ne s'est dérangé pendant le voyage. Je me suis dérangé pour le faire mieux placer. Si vous êtes occupé, ne vous dérangez pas; je reviendrai plus tard. Cette machine s'est un peu dérangée. Sa santé, son cerveau se dérange. Ses affaires commençaient à se déranger. Ce jeune homme se dérange depuis qu'il voit mauvaise compagnie.

DÉRANGÉ, ÉE. participe Il y a quelque chose de dérangé dans cette machine. Un estomac dérangé. Il a le cerveau dérangé. Être dérangé dans sa conduite, dans ses affaires, ou absolument, Être dérangé.

Être dérangé chez soi, dans sa maison, N'avoir pas ses effets, ses meubles rangés proprement et avec ordre. Cette manière de parler est peu usitée.

DÉRATER. v. a. Ôter, retrancher la rate. On a quelquefois dératé des chiens, pour voir s'ils en seraient plus agiles.

DÉRATÉ, ÉE. participe Un chien dératé.

Il s'emploie substantivement dans les phrases suivantes:

Fam., Courir comme un dératé, Courir comme on suppose que le ferait une personne à laquelle on aurait ôté la rate.

Fig. et fam., C'est un dératé, une dératée, se dit D'une personne gaie, alerte, étourdie, sans retenue.

DERECHEF. adv. Une seconde fois, de nouveau. Il vieillit.

DÉRÉGLEMENT. s. m. Désordre, état d'une chose déréglée. Le déréglement des saisons. Le déréglement du pouls. Le déréglement des humeurs. Le déréglement d'une montre, d'une horloge. Le déréglement de l'esprit.

Il se dit particulièrement Du désordre dans la conduite, de l'opposition aux règles de la morale. Vivre dans le déréglement, dans un étrange déréglement. Le déréglement de sa vie, de ses moeurs. Il trouva cette maison dans un grand déréglement. Les déréglements de ce jeune homme ont ruiné sa famille.

DÉRÉGLÉMENT. adv. Sans règle. Vivre déréglément. Il est peu usité.

DÉRÉGLER. v. a. Faire oublier, faire négliger la règle de vie, de conduite, les règles du devoir. Il nous a tous déréglés. Prov., Il ne faut qu'un mauvais moine pour dérégler tout le couvent. Ce sens vieillit.

Il signifie plus ordinairement, Faire qu'une chose ne soit plus réglée, n'ait plus sa marche, son cours accoutumé, n'exerce plus son action avec régularité. Le froid, le chaud, l'humidité, dérèglent les horloges, les pendules, les montres. On l'emploie souvent avec le pronom personnel. Le temps se dérègle. Une montre qui se dérègle. Son estomac se dérègle aisément. Son pouls s'est déréglé.

DÉRÉGLÉ, ÉE. participe Avoir le pouls déréglé. Une horloge, une montre déréglée. Temps déréglé.

Il est aussi adjectif, et signifie, Qui n'a point de règle, qui n'est pas dans la règle. Appétit déréglé. Esprit déréglé. Imagination déréglée. Désirs déréglés.

Il se dit particulièrement De ce qui est contraire aux règles de la morale. C'est un homme fort déréglé dans ses moeurs. Ses moeurs sont fort déréglées. Mener une vie déréglée. Une conduite déréglée.

DÉRIDER. v. a. Ôter les rides, faire passer les rides. Pommade pour dérider la peau, pour dérider. La joie déride le front. On l'emploie quelquefois avec le pronom personnel. Sa peau se déride.

Il signifie, figurément, Égayer, réjouir. C'est un homme si sévère, que rien ne saurait le dérider. On l'emploie dans ce sens avec le pronom personnel. Il ne se déride jamais. On dit dans le même sens: Se dérider le front. Dérider son front. Son front ne se déride jamais.

DÉRIDÉ, ÉE. participe

DÉRISION. s. f. Moquerie souvent accompagnée de mépris. Tourner en dérision. Faire quelque chose en dérision. Dire quelque chose par dérision. C'est un homme qui tourne tout en dérision. C'est une dérision, une dérision amère que de prêcher l'abstinence aux gens dépourvus de tout.

DÉRISOIRE. adj. des deux genres Qui tient de la dérision, où il y a de la dérision. Proposition dérisoire. Offres dérisoires.

DÉRIVATIF, IVE. adj. T. de Médec. Qui sert à opérer, à déterminer une dérivation. Un topique dérivatif. Saignée dérivative. Moyens dérivatifs.

Il s'emploie aussi comme substantif, au masculin. Un dérivatif.

DÉRIVATION. s. f. Action de dériver des eaux. Canal de dérivation.

Il signifie également, en Médecine, L'action de détourner une irritation, une cause morbide, de l'attirer d'une partie vers une autre où ses effets sont moins dangereux. Appliquer un vésicatoire pour opérer une dérivation.

Il signifie, en termes de Grammaire, La manière dont les mots naissent les uns des autres, ou L'origine d'un mot tiré d'un autre. Les lois, les règles de la dérivation. La dérivation de ces mots est incertaine.

DÉRIVE. s. f. T. de Marine. Déviation de la route d'un bâtiment, occasionnée par l'obliquité des voiles, orientées au plus près du vent. L'angle de la dérive, ou simplement, La dérive, L'angle que la quille du bâtiment fait avec la direction réelle de sa route. La dérive est de tant.

Ce bâtiment va en dérive, Le vent, les courants le détournent de sa route. Nous nous laissâmes aller à la dérive.

Il y a de la dérive, se dit Quand on se trouve assez loin d'une côte ou d'un écueil, pour n'avoir pas à craindre d'y être poussé par la dérive. On dit de même, Avoir belle dérive.

La dérive vaut la route, se dit Lorsque, étant en panne ou à la cape, le bâtiment éprouve une dérive qui le pousse du côté où il doit aller.

Être en dérive, se dit De ce qui flotte abandonné au gré du vent, du courant, etc. Ce bateau est en dérive.

DÉRIVER. v. n. S'éloigner du bord, du rivage. Dès que le bateau eut dérivé. Il est temps de partir; dérive.

Il signifie aussi, Suivre le courant, le fil de l'eau. Un bateau qui dérive.

Il signifie également, en termes de Marine, S'écarter plus ou moins de la route qu'on voudrait tenir en mer. Nous trouvâmes que les courants avaient fait dériver le vaisseau de tant de lieues. Le pilote, pour ne pas donner sur un rocher, fut obligé de laisser dériver le bâtiment.

DÉRIVER se dit en outre Des eaux qui sont forcées d'abandonner leur cours naturel. On a pratiqué des rigoles qui font dériver en partie les eaux du fleuve dans ce canal.

Il signifie encore figurément, Venir de, tirer son origine de. Les conséquences qui en dérivent. C'est de là que dérivent tous nos malheurs. De là sont dérivées tant d'erreurs, tant d'hérésies, etc. Il faut remonter à la source d'où dérivent tant de préjugés.

Il se dit particulièrement, en termes de Grammaire, Des mots qui tirent leur origine de quelque autre. Tel mot dérive de celui-là. D'où faites-vous dériver ce mot? Ce mot est dérivé de l'arabe.

Il s'emploie aussi comme actif, dans le sens de Faire dériver, mais seulement en parlant Des eaux, et en termes de Grammaire. On a dérivé les eaux des sources voisines pour les amener dans ce canal. D'où dérivez-vous ce mot-là? Je le dérive du grec.

DÉRIVÉ, ÉE. participe Il se dit substantivement, en termes de

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