Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Il se dit spécialement, en termes de Chimie,
de la Séparation des éléments dans les alliages
métalliques et plus particulièrement dans les
alliages de métaux précieux. Le départ de
l'or d'avec l'argent se fait à l'aide de l'acide
nitrique ou de l'acide sulfurique.

DÉPARTAGER. v. tr. T. de Jurisprudence.
En donnant sa voix, faire cesser d'être égaux
en nombre les votants ou les votes de deux
avis opposés dans une délibération. On a
nommé un troisième arbitre pour départager
les voix. Départager les suffrages. Il n'y a
jamais lieu, en matière criminelle, à départager
les juges, l'avis le plus doux étant toujours
celui qui prévaut. Le juge de paix départage
les voix dans un conseil de famille. Le maire,
par son vote, a départagé le conseil municipal.

DÉPARTEMENT. n. m. Chacune des parties
des affaires d'État, distribuées entre les
ministres et dont la connaissance leur est
attribuée. Le département de la Guerre. Le
département des Affaires étrangères. Ministre,
secrétaire d'État au département de l'Intérieur,
de la Justice, etc. Cette affaire est dans son
département. On a distrait telle chose de son
département.

Il se dit aussi des Principales divisions
administratives du territoire français. La
France était divisée autrefois en provinces, elle
l'est aujourd'hui en départements. Le département
de la Seine, de la Nièvre, de Meurthe-et-
Moselle, du Finistère, etc. Le chef-lieu d'un
département. Le préfet d'un département.

Il se dit absolument, au pluriel, pour désigner
la Province, par opposition à la Capitale.
À Paris et dans les départements. Faire des
envois dans les départements.

DÉPARTEMENTAL, ALE. adj. Qui a rapport
au département. Administration départementale.
Budget départemental. Dépenses
départementales. Commission départementale.
Route départementale.

DÉPARTIR. v. tr. Séparer. Départir les
voix, les avis dans un scrutin ou une discussion
électorale. Départir l'or de l'argent.

SE DÉPARTIR signifie Se séparer de, renoncer
à, se désister de. Il s'est départi de sa demande,
de ses prétentions. Pourquoi voulez-vous qu'il
s'en départe? C'est une opinion dont il ne veut
point se départir.

Se départir de son devoir, S'éloigner, s'écarter
de son devoir, manquer à ce qu'on doit. Il
ne s'est jamais départi de son devoir. Je ne me
départirai jamais de l'obéissance, du respect
que je vous dois.

DÉPARTIR signifie encore Distribuer, attribuer
en partage. Dieu départ ses grâces avec
équité. Départir des faveurs. La nature avait
départi à ce jeune homme les plus belles qualités.

DÉPASSANT. n. m. T. de Couture. Ornement,
garniture qui dépasse à dessein la
partie du vêtement à laquelle elle est adaptée.
Un dépassant de satin.

DÉPASSEMENT. n. m. Action de dépasser
et spécialement d'outrepasser. Il s'emploie
surtout en termes de Comptabilité. Dépassement
de crédit.

DÉPASSER. v. tr. Aller au-delà de quelque
chose. Dépasser le but. Dépasser les limites.
Nous avions, sans nous en apercevoir, dépassé
l'endroit où nous voulions nous arrêter.
Fig.,
Dépasser les ordres qu'on a reçus. Dépasser
ses pouvoirs. Le succès dépassa nos espérances.

Il signifie encore Laisser derrière soi, en
allant plus vite. Le courrier qui partit après
moi m'eut bientôt dépassé. Ce cheval va plus
vite que l'autre, il le dépassera.
Fig., En temps
de révolution, les chefs de partis sont promptement
dépassés.

Il signifie aussi Excéder en longueur, en
hauteur, etc. Le vêtement de dessous dépassait
l'autre de trois doigts. Le toit de cette maison
dépasse de beaucoup ceux des maisons voisines.

DÉPAVAGE. n. m. T. d'Arts. Action de
dépaver. Le dépavage d'une rue.

DÉPAVER. v. tr. T. d'Arts. Dégarnir de
pavés. Un débordement a dépavé la chaussée.
Faire dépaver une cour, la route.

DÉPAYSER. v. tr. Faire sortir quelqu'un
d'un pays, pour qu'il en habite un autre.
C'est un jeune homme qui se perd où il est :
il faudrait le dépayser. Il l'avait dépaysée,
espérant lui faire oublier ses chagrins. Cette
famille s'est dépaysée.

Il signifie par extension Dérouter, désorienter
quelqu'un de façon qu'il ne sache plus
où il est. Le pauvre homme était si complètement
dépaysé, qu'il lui eût été impossible de
retrouver son chemin.

Fig., Se trouver dépaysé dans une société,
Y rencontrer un grand nombre de visages
nouveaux, de personnes qu'on ne connaît
pas; ne pas s'y trouver à sa place. On dit,
dans un sens analogue, Être dépaysé dans
un sujet, dans certaines matières où l'on est
incompétent.

DÉPEÇAGE ou DÉPÈCEMENT. n. m.
Action de dépecer. Le boucher fit le dépècement
d'un boeuf.

DÉPECER. (Je dépèce; nous dépeçons.) v.
tr.
Mettre en pièces, couper en quartiers.
Dépecer un mouton. Par analogie, Dépecer un
vieux bateau.

DÉPÊCHE. n. f. Communication officielle
ou privée transmise par voie plus ou moins
rapide. Service des dépêches. Sac de dépêches.

Dépêche télégraphique, ou absolument Dépêche,
Communication transmise par voie
télégraphique. Dépêche par avion. Dépêche
chiffrée. Dépêche en clair.

DÉPÊCHER. v. tr. Envoyer quelqu'un en
hâte avec des ordres, une commission. Dépêcher
un courrier en Italie.

Il signifie aussi Se débarrasser vite de
quelqu'un après en avoir fini avec lui. Il a
dépêché ses visiteurs.
Par analogie, Dépêcher
son ouvrage, sa besogne. Dépêcher son repas.
Dépêchez ce que vous avez à faire,
et absolument,
Dépêchez.

SE DÉPÊCHER s'emploie dans le sens de Se
hâter. Dépêchez-vous de partir. Absolument,
Il se dépêche le plus qu'il peut. Dépêche-toi.

DÉPEIGNER. v. tr. Déranger la coiffure
de quelqu'un.

DÉPEINDRE. v. tr. Décrire et représenter
par le discours. Il dépeint les choses si vivement,
qu'on croit les voir. On m'a bien dépeint le personnage.
Dépeindre le caractère d'un homme.

DÉPELOTONNER. v. tr. Défaire une chose
pelotonnée, un peloton.

DÉPENAILLÉ, ÉE. adj. Qui est couvert de
haillons.

Il se dit aussi d'une Personne mise négligemment,
de manière que les différentes
parties de son habillement ne paraissent pas
tenir ensemble.

Il est familier dans les deux sens.

DÉPENDAMMENT. adv. D'une manière
dépendante. L'âme agit souvent dépendamment
des organes.

DÉPENDANCE. n. f. Sujétion, subordination.
Être dans la dépendance, sous la dépendance
de quelqu'un. Les enfants sont dans la
dépendance de leurs pères. Tenir quelqu'un
dans la dépendance, en dépendance. S'affranchir
de toute dépendance.

Il se disait particulièrement, en termes de
Jurisprudence féodale, en parlant des Terres
qui relevaient, qui dépendaient d'une autre
terre, d'un seigneur. Cette terre était de la
dépendance de tel seigneur, était de sa dépendance.

Il se dit encore des Rapports qui lient
certaines choses, certains êtres, et qui les
rendent nécessaires les uns aux autres. L'étroite
dépendance qui unit toutes nos facultés. Il y a

entre ce phénomène et cet autre une dépendance
mutuelle, une telle dépendance que.
..

En termes de Grammaire, Syntaxe de dépendance,
Partie de la syntaxe qui traite des
rapports d'un mot ou d'un groupe de mots
avec tel ou tel mot dont il dépend.

Il se dit aussi, en termes de Jurisprudence,
de Tout accessoire d'une chose principale,
de tout ce qui tient ou se rattache à une chose
sans la constituer essentiellement. Toute chose
établie à perpétuelle demeure dans une maison
en est une dépendance. Vendre une terre avec
toutes ses appartenances et dépendances.

Il se dit, en langage général, des Accessoires
d'un domaine. Ce château a de fort belles
dépendances. Ce parc est une dépendance du
château que vous voyez là-bas.

DÉPENDANT, ANTE. adj. Qui dépend de,
qui est subordonné à. Vous êtes entièrement
dépendant de lui. C'est une affaire dépendante
de telle autre. Cet emploi est dépendant du
Ministère de la Guerre. Ces deux choses sont
dépendantes l'une de l'autre.
Absolument, Cet
homme est dépendant, il est dans une position
dépendante.

En termes de Marine, Gouverner en dépendant,
se dit d'un Bâtiment sous voiles qui se
dirige vers un point en courbant graduellement
sa route.

DÉPENDRE. v. tr. Détacher une chose de
l'endroit où elle était pendue. Dépendre un
tableau. Dépendre une enseigne.

Il signifie aussi Détacher une personne
pendue. Quand on le dépendit, il était déjà
raide.

DÉPENDRE. v. intr. Être assujetti à,
subordonné à. Les enfants dépendent de leur
père. Je ne dépends pas de vous. Ne dépendre
de personne. Ne dépendre que de soi.

Il signifie, figurément, Ne pouvoir être
réalisé sans l'action, sans l'intervention d'une
personne ou d'une chose. Ils faisaient dépendre
leurs résolutions de ces présages trompeurs.
Tout dépend de la manière dont on a
commencé. Mon bonheur dépend du tien. L'effet
dépend de la cause. Cela dépend des circonstances,
de la position où l'on se trouve,

ou absolument, Cela dépend.

Il signifie encore Faire partie de quelque
chose, y appartenir. Ce territoire ne dépend
point de la France. Ce bois, ce parc dépend de
ce château. Il acheta l'établissement avec tout
ce qui en dépendait.

DÉPENDRE. v. tr. Dépenser. Il est vieux
et n'est plus employé que dans le proverbe
Ami à pendre et à dépendre ou à vendre et à
dépendre,
Ami tout dévoué.

DÉPENS. n. m. pl. Ce qu'on dépense. Il
s'emploie surtout en ce sens dans la locution
prépositive, Aux dépens de quelqu'un,
Aux frais de quelqu'un, en employant ou en
prenant le bien de quelqu'un. Vivre aux dépens
d'autrui. Il vit à mes dépens. S'enrichir aux
dépens du public, des contribuables.

Fig. et fam., Faire la guerre à ses dépens,
Faire dans la poursuite d'une affaire plus de
dépense qu'on n'en retire de profit.

Fig., Devenir sage à ses dépens, Devenir
sage par quelque sévère leçon de l'expérience.
On dit de même Apprendre une chose à ses
dépens.

Fig., Se divertir, s'amuser, rire aux dépens
de quelqu'un,
S'amuser en le tournant en ridicule,
en le rendant un objet de moquerie ou
de blâme.

Fig., Aux dépens d'une chose, Au détriment,
ou par la perte, par le sacrifice de cette chose.
Faire quelque chose aux dépens de son honneur,
de sa réputation, de sa conscience. S'il est
devenu riche, c'est aux dépens de son repos et
de sa santé. Sauver quelqu'un aux dépens de
sa propre vie, aux dépens de ses jours.

Il se dit particulièrement, en termes de
Procédure, des Frais que la poursuite d'un

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