Nicot, Thresor de la langue francoyse
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Page 433
de Monas, qui signifie unité, et est nombre de solitude, comme
tous les autres nombres sont de societé et compagnie, dont vient
monos,
qui signifie seul, et solitaire, et monadzô, qui veut
dire herberger et vivre
seul, ainsi que monakhos celuy qui habite en solitude.
Laquelle solitude
est entenduë à cause du lieu où elle fait et accomplit son voeu et
saincte promesse (qui estoit anciennement et devroit estre en contrée
et assiete champestre arriere des villes et bourgs, et solitaire, pour ne
voir ce pourquoy la Nonain peut rebourser de coeur et avoir regard au
monde qu'elle a quitté, et par ce moyen estre plus affectée et encline
à la poursuite de sa saincte vie) et non à cause de la compagnie, veu
qu'en un monastere les Nonains sont ordinairement en grand nombre,
Monacha. Car quand à l'appeler Sacra, et Consecrata virgo,
Tels mots ne font estat si n'est de la ceremonie observée quand elle est
renduë religieuse. Elle est aussi appelée Religieuse, qui est un mot lequel
comprend et le lieu et le voeu, et l'habit et l'exercice de religion,
ausquels
la Nonain s'est appliquée. Il y en a de maints et divers ordres, habits
et reigles dissemblables.
none
None, f. penac. Signifie ores une Nonain, et ores
l'heure Canonique, qui
se dit environ midi. Selon ce on dit, Prime, Tierce, Sixte, et None, chacune
desdictes heures distinguée par temps, Hymnes, Pseaumes, et autres
choses. Lesquelles heures sont dictes entre Matines et vespres, Nona.
L'Italien dit aussi La Nona. pour la haute heure du jour en
laquelle
le Soleil eschauffe le plus, parce que telle heure canonique se dit
communéement à telle heure du jour.
Heure de nonne. Hora nona diei naturalis.
nopces
Nopces, Nuptiae.
Nopces malheureuses et detestables, Funestae nuptiae.
Faire nopces, Nuptias conficere.
Nopces qui se font à bon escient, Nuptiae verae.
Nopces asseurées, Firmae nuptiae.
Nopces qui ne sont point de tenuë, Infirmae nuptiae.
Nopces qui sont contre droit, et esquelles les loix et solennitez de
mariage
n'ont esté gardées et observées, Nuptiae innuptae.
Semondre aux nopces, Ad nuptias vocare.
Un banquet de nopces, Nuptialis coena.
Arrester jour pour faire nopces, Diem dicere nuptiis.
Ce jour est prins pour les nopces, Hic nuptiis dictus est dies.
Que je ne retarde moy-mesme mes nopces, Ne mora meis nuptiis
egomet siem.
Certaine solennité usitée anciennement és nopces de ceux qui pretendoyent
les enfans issans du mariage venir à la dignité sacerdotale,
Confarreatio.
norden
NORDEN, ou North,
voyez Septentrion.
nore
Nore, Nurus. Ma nore est la femme de mon fils,
autrement Ma bru,
et vient dudit Latin Nurus.
normandie
Normandie, f. penac. Est une Province de
France, qui fait le cul de
sac du costé de la mer de Nort, dont elle prent le nom. Ores Duché et
l'un des membres signalez de la Couronne, numereuse en grosses villes
et bourgs, plantureuse et abondante en tous vivres, peuplée d'hommes
grands et esclamez, et assortie de si grande quantité de bons pastis,
qu'en grosse et moyenne chair elle est la pourvoyeuse des païs ses
circonvoisins.
Le mot est derivé de cetuy Nortman, si qu'il le faudroit escrire
Nortmannie, c'est à dire païs ou contrée, où ceux qui sont du Nort
font leur demeure. Mais le François addoucit le premier dont cedit mot
est composé, et au dernier change la lettre N posterieure en D. tout
ainsi qu'il fait en Banderole de Bannerole. Anciennement cette province
cy estoit partie de Neustrie, et non toute la Neustrie, ainsi que
Nicole cuide, et dit en maint endroit de ses Annales; et nullement
Westrich, comme sans propos ne raison estime l'auteur de l'histoire
de Normandie. Car le mot Westrich est significatif du Ponent qui fait
un quadrant du globe du monde distinct de celuy du Nort. Parquoy s'abuse
grandement ledit Historien de Normandie. voyez Neustrie.
norman
Norman m. acut. Est celuy qui est originaire du pays
de Normandie. On
le deust escrire Nortman, selon ce qu'escrit le chroniqueur de Normandie
en ces termes, Par ce que le Roy Charles le simple ne mettoit nul
remede à la defense de son Royaume, Rou estant venu à Roüen assit en
ce lieu son principal demeure et refuge. Et pour ce que Rou et ses gens
estoient venus de Dennemarche, qui sont les parties vers le Nort, les
appelerent les gens du païs et d'ailleurs Nortmans, c'est a dire hommes
du Nort. Car Man en langage d'Alemagne et de Dennemarche est à
dire en François homme. Et pour cette cause a esté depuis le païs appelé
Normandie, qui auparavant estoit appelé Neustrie. Si ledit chroniqueur
se fust teu à tant, il n'eust pas du tout mal dit, veu que la Normandie
est partie de la Neustrie, mais adjoustant, ou Westrich, il a
grandement erré, voyez Neustrie et Normandie.
nostre
Nostre, Noster.
Cetuy nostre ne sçavoit qu'il devoit faire, Noster quid ageret
nesciebat.
Il est tout nostre, Totus noster est.
Ils mangent souvent du nostre, De nostro saepe edunt.
notable
Notable, Notabilis, Insignis.
notablement
Notablement, Notabiliter, Insigniter.
notaire
Notaire, Perscriptor, Grammateus.
Notaire ou autre qui reçoit et escrit un testament, Testamentarius.
Celuy qui reçoit l'instrument, et redige par escrit les conventions des
contractans,
que nous appelons aujourd'huy Notaire, Perscriptor.
Notaires, Perscriptores pactorum. B.
Les notaires et secretaires du Roy, Amanuenses regij, B.
Les quatre notaires et secretaires de la Cour, Amanuenses Curiae
quatuor,
Quator viri a secretis Curiae. B.
notamment
Notamment.
noter
Noter, Notare, Annotare, Insignire.
Noter et marquer tacitement, ou reprendre couvertement, Subnotare.
Qui note, marque, et prend garde à quelque chose, Annotator.
Cela fait bien à noter, Et sane hic quoque in conditionibus deligendis
ponendus est calculus. B. ex Plin. iun.
Estre noté, Notari ignominia.
note
Une note et marque, Nota.
La note et marque des Censeurs, quand ils reprenoient les vices
d'aucun,
Notatio, Censoria.
Qui n'a point de note, Integri status homo, Integra persona. Bud.
ex Paulo et Vlp.
Reserver de n'encourir note d'infamie, Adimere ignominiae notam,
additamento clausulae receptitiae. B.
Sauver l'honneur du condamné, par cette clause commune, Sans encourir
note d'infamie, Notae stigmaticae eximere vel notae ab ignominiosa
actione inurendae, et gratiam facere ignominiae asseclae
iudicij infamantis. B.
notice
Notice, Notitia.
notifier
Notifier, C'est faire à sçavoir à aucun
quelque chose avoir esté faicte, comme,
Le vassal est tenu notifier ses offres au seigneur feodal ou à l'un de ses
officiers, Notum facere. Dont le mot est composé, id est, Certiorem
facere patronum se praesto officiis clientelaribus praestandis
fuisse.
notoire
Notoire, com. gen. penac. Notorius.
La chose est toute notoire, Manifestaria res est.
notoirement
Notoirement, adverb. acut. Manifeste, Manifesto.
nou
A Nou, Natando, Natatu.
novales
Novales, f. penacut. plur. num. Sont friches
n'agueres reduictes en
labour, Noualia. Virg. 1. Eclog.
nouailleux
Nouailleux, plein de neuds, Nodosus.
noüel
Noüel, voyez Noel.
novembre
Novembre, m. penac. Mensis Nouember.
noüer
Noüer, Noüement, Cerchez Neud.
nourrir
Nourrir, act. pen. Nutrire, Adnutrire,
Enutrire, Innutrire, Cibare,
Educare, Educere, Alere, Exhibere, Tollere, Sustollere,
Tolerare, Fouere, Nutricare.
Nourrir son enfant, Attollere partum.
Nourrir et entretenir, Alere.
Se nourrir à peine, Tolerare sese. B.
Nourrir petitement sans grand estat, Cultu humili aliquem educare.
Bailler et faire nourrir à chaque mere son faon, Submittere foetum
matribus.
Nourrir et entretenir la malice d'aucun par dons, Malitiam praemiis
exercere.
Qui nourrit, Altor, Educator.
Un homme qui se nourrit en procez, qui aime fort à plaider, Homo litium
alumnus. B.
Qui est nourri, Altus, Nutritus.
Toute beste qu'on a nourri pour engraisser, Altilis.
Nourrir à rien faire, Alumnus otij. B.
Nourrir à la guerre, Alumnus belli. B.
Il est nourri à cela, Ita natus est, Ita educatus est. B.
Nourrir en practique, Bon praticien, Homo fori alumnus. B.
Nourri au labeur et travail, Alumnus laboris. B.
nourrisseur
Nourrisseur, Nutritor.
nourrissier
Nourrissier, Nutritius.
nourrisse
Nourrisse, ou Nourrice, Nutrix, Educatrix.
Il faut qu'une nourrisse baille plus d'abandon qu'une mere, Nutricem
indulgentiorem
esse quam matrem saepe conuenit.
nourrissante
Chose fort nourrissante, Alibilis.
nourrisson
Un nourrisson, m. acut. Alumnus. C'est l'enfant
baillé à nourrice.
nourriture
Nourriture, f. penac. Signifie proprement ce
qu'estant pris par la bouche
nourrit l'homme, ou la beste, Nutrimentum alimonia. Selon ce on
dit, Cette viande est de bonne nourriture, Laudabilis nutrimenti cibus
est hic, Boni succi. Il se prend aussi pour toute sorte de bestes
qu'on nourrit. Et selon ce on dit que le proufit du laboureur est de faire
force nourritures, Bene pascere. Comme disoit Caton, Pecudum
pascuarum
numero abundare. Avoir beaucoup de nourriture, Pecudum
greges permultos possidere. Les Grecs en cette signification,
par mesme energie du mot appellent thrémma, et
boskêma, ce que les
Latins Pecus, qui signifie toutes sortes de bestes qui sous garde
d'homme
paissent sur la terre.
Nourriture ordinaire, Conuictus.
La nourriture qu'on baille aux bestes sans le grain, Pabulum.
Avoir faute de nourriture, Alimento deficere.
Prendre nourriture, Frui, Adolescere.
Appartenant à nourritures et vivres, Cibarius.
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