ARBRE, s. m. (Hist. nat. bot.) Les arbres sont les
plus élevés, les plus gros & par conséquent les plus
apparens de tous les végétaux. Ce sont des plantes
ligneuses & durables; elles n'ont qu'un seul & principal
tronc qui s'éleve, se divise & s'étend par quantité
de branches & de rameaux, dont le volume &
l'apparence varient en raison de l'âge, du climat, du
terrein, de la culture, & principalement de la nature
de chaque arbre. En comparant la hauteur & la consistance
de toutes les plantes, on va par des nuances
insensibles depuis l'hyssope jusqu'au cedre du Liban; je
veux dire depuis la plante la plus basse, jusqu'à l'arbre le plus élevé, depuis l'herbe la plus tendre jusqu'au bois le plus dur: ainsi quoique les herbes soient
les plus petites des plantes, on auroit pû confondre
certaines especes d'herbes avec les arbres, si on
n'étoit convenu de donner les noms d'arbrisseaux &
de sous - arbrisseaux (Voyez Arbrisseau, Sous - Arbrisseau) aux plantes de grandeur & de consistance
moyenne entre les herbes & les arbres: cependant
il est encore assez difficile de distinguer les arbres des arbrisseaux. Quelle différence y a - t - il entre
le plus petit des arbres & le plus grand des arbrisseaux?
Il n'est pas possible de la déterminer précisément: mais on peut dire, en général, qu'un arbre
doit s'élever à plus de dix ou douze piés. Cette hauteur
est bien éloignée de celle des chênes ou des sapins,
dont le sommet s'éleve à plus de cent piés; c'est
pourquoi on peut diviser les arbres en grands, en
moyens & en petits arbres; le chêne, le sapin, le
maronnier d'Inde, &c. sont du premier rang; l'aune,
le chêne verd, le prunier, &c. peuvent être du second;
le pêcher, le laurier, le neflier, &c. sont du
nombre des petits arbres.
Les Botanistes ont rapporté les différentes especes
d'arbres à différens genres qu'ils ont caractérisés comme
toutes les autres plantes, par le nombre, la figure
& la position de certaines parties, principalement
des fleurs & des fruits; & dans cet arrangement la
plûpart ont confondu les herbes avec les arbres. On a
mis sous le même ordre, ou dans la même section,
la capucine avec l'érable, la filipendule avec le poirier,
le pourpier avec le tilleul, &c. Ces méth odes
pourroient donner une fausse idée de certains arbres
lorsqu'on les voit sous le même genre, c'est - à - dire
sous un nom commun avec des plantes qui ne sont
que des sous - arbrisseaux: par exemple, le chêne &
le saule sont deux grands arbres; cependant, selon
les méthodes de Botanique, il y a des chênes &
des saules nains. Les méthodistes, qui se font si peu
de scrupule de changer les noms des plantes les plus
usités, & qui leur en substituent de nouveaux à leur
gré, devroient bien plûtôt donner à certains arbrisseaux
des noms différens de ceux que portent de
grands arbres; par ce moyen on ôteroit toute équivoque dans la signification du mot arbre, autrement
on ne s'entend pas: car on a nécessairement l'idée
d'un arbre lorsqu'il s'agit d'un chêne ou d'un saule;
cependant pour se prêter aux conventions des méthodistes,
& pour se faire à leur langage, il faut
prendre de petits arbrisseaux pour des chênes & pour
des saules, & donner le nom d'arbre a des plantes
que l'on ne doit regarder que comme des sous - arbrisseaux. Toute méthode arbitraire nous induit nécessairement
en erreur; celle que M. de Tournefort a
donnée pour la distribution des plantes est une des
meilleures que nous ayons sur cette matiere; il a
senti le ridicule des méthodistes qui mêlent indifféremment
les herbes & les arbres, & il a tâché de
l'éviter en rangeant les arbres & les arbrisseaux dans
des classes particulieres; cependant comme sa méthode
est arbitraire, il a été obligé, pour la suivre,
de s'éloigner quelquefois de l'ordre naturel: par
exemple, en réunissant sous le même genre l'yeble
avec le sureau, l'althoea frutex avec la guimauve, &c.
La nature se refusera toûjours à nos conventions;
elle ne s'y soûmettra jamais, pas même à la meilleure
des méthodes arbitraires. Voyez Méthode.
Les Jardiniers & tous ceux qui ont cultivé des arbres, n'ont donné aucune attention aux calices & aux
pétales, ni aux pistils & aux étamines des fleurs: mais
ils ont observé soigneusement la nature des différens
arbres, pour savoir la façon de les cultiver; ils se
sont efforcés de multiplier ceux qui méritoient de
l'être par la qualité du bois, la bonté des fruits, la
beauté des fleurs & du feuillage. Aussi ont - ils distingué
les arbres en arbres robustes & en arbres délicats;
arbres qui quittent leurs feuilles; arbres toûjours
verds; arbres cultivés; arbres de forêt; arbres fruitiers;
arbres d'avenues, de bosquets, de palissades,
arbres fleurissans, &c.
Tous les arbres ne peuvent pas vivre dans le même
climat. Nous voyons que pour les arbres étrangers, le climat est en France le plus grand obstacle à
leur multiplication; il y a peu de ces arbres qui se refusent
au terrein, mais la plûpart ne peuvent pas résister
au froid. La serre & l'étuve sont une foible ressource
pour suppléer à la température du climat; les
arbres délicats n'y végetent que languissamment.
Les arbres qui quittent leurs feuilles sont bien plus
nombreux que ceux qui sont toûjours verds; les premiers
croissent plus promptement, & se multiplient
plus aisément que les autres, parmi lesquels d'ailleurs
il ne s'en trouve qu'un très - petit nombre, dont le fruit
soit bon à manger.
On ne seme pas toûjours les arbres pour les multiplier,
il y a plusieurs autres façons qui sont préférables
dans certains cas. La greffe perfectionne la fleur
& le fruit: mais c'est aux dépens de la hauteur & de
l'état naturel de l'arbre. La bouture est une voie facile,
qui réussit plus communément pour les arbrisseaux
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