ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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de différentes pieces de marbre; la pointe en est tombée, & le reste menaçoit déja ruine il y a 60 ans. On donnoit 24 coudées de haut à l'obélisque de granit, & 58 à celui - ci.

Entre les deux obélisques, on apperçoit une colonne de bronze de 15 piés de haut, formée par trois serpens tournés en spirale, & dont les contours diminuent insensiblement jusques vers le col des serpens, dont les têtes manquent.

Quelques antiquaires pensent que ce pourroit être le serpent de bronze à trois têtes qui fut consacré à Apollon, & qui portoit le fameux trépié d'or. Du moins, Zozime & Sozomene assûrent que Constantin fit transporter dans l'hippodrome de Constantinople le trépié du temple de Delphes; & d'un autre côté, Eusebe rapporte que ce trépié, transporté par l'ordre de l'empereur, étoit soutenu par un serpent roulé en spirale. On aime aussi peut - être trop à croire que la célebre colonne de bronze dont on n'osoit approcher qu'en tremblant, qui soutenoit le trépié sacré, & qu'on avoit placé si respectueusement près de l'autel, dans le premier temple du monde, se trouve aujourd'hui toute tronquée, & couverte de rouille dans un mauvais manege de mahométans. (D. J.)

HIPPOLITE

HIPPOLITE, s. f. (Hist. nat. Litholog.) quelques auteurs se servent de ce nom pour désigner le bézoar ou la pierre qui se forme dans la vésicule du fiel, dans l'estomac & dans les intestins de quelques chevaux, & qui se trouvent quelquefois dans le crottin. Voyez Valentini historia simplicium reformata, pag. 303. M. Lémery dit qu'il s'est trouvé dans la vessie d'une cavale une pierre de cette espece de la grosseur d'un melon ordinaire, mais plus arrondie, fort pesante, inégale, & raboteuse à sa surface, & couverte d'une croûte lisse & luisante d'un brun rouge. Après avoir été séchée au soleil, elle pesoit 24 onces. Voyez Lémery, diction. des drogues. Dans le journal des savans de 1666, il est parlé d'une pierre tirée du corps d'un cheval d'Espagne, qui pesoit quatre livres quatre onces & demie, ibid. Ces sortes de pierres sont chargées d'huile & de beaucoup d'alkali volatil; on les regarde comme sudorifiques, propres à tuer tous les vers, & à résister au venin. Voyez Bézoard. ( - )

Hippolyte Ste

Hippolyte Ste. ou St. Plit, (Géog.) petite ville de France en Lorraine, sur les confins de l'Alsace, au pié du mont de Voge. La France qui l'avoit eu par le traité de Westphalie, la céda au duc de Lorraine par le traité de Paris en 1718. Elle est à deux lieues de Schelestadt. Long. 25. 6. lat. 48. 16. (D. J.)

HIPPOLYTION

HIPPOLYTION, s. m. (Hist.) c'est le temple que Phedre éleva sur une montagne près de Troène, en l'honneur de Vénus, & auquel elle donna le nom d'hippolyte, dont elle étoit éperduement amoureuse.

Cette princesse, sous prétexte d'aller offrir ses voeux dans son temple à la déesse, avoit l'occasion en s'y rendant, de voir le fils de Thésée, qui faisoit journellement ses exercices dans la plaine voisine. Dans la suite des siecles l'hippolytion de Phedre, fut nommé le temple de Vénus la spéculatrice. (D. J.)

HIPPOMANÉS

HIPPOMANÉS, sub. masc. (Hist. nat. & Littér.) I(PPOMANH\S2 de I(PPO\S2, cheval, & MAINOMA\I, étre furieux.

Ce mot signifie principalement deux choses dans les écrits des anciens: 1°. une certaine liqueur qui coule des parties naturelles d'une jument en chaleur. Voyez Aristote, Hist. anim. lib. VI. cap. xxij. & Pline, liv. XXVIII. chap. xj. 2°. une excroissance de chair que les poulains nouveaux - nés ont quelquefois sur le front, selon le même Pline, liv. VIII. chap. xlij.

Les anciens prétendent que ces deux sortes d'hip - pomanès, ont une vertu singuliere dans les philtres & autres compositions destinées à des maléfices; que la cavale n'a pas plûtôt mis bas son poulain, qu'elle lui mange cette excroissance charnue, sans quoi elle ne le voudroit pas nourrir; qu'enfin si elle donne le tems à quelqu'un d'emporter ce morceau de chair, la seule odeur la fait devenir furieuse.

Virgile a su tirer parti de ces contes, en parlant des sortileges, auxquels la malheureuse Didon eut recours dans son desespoir.

Quoeritur, & nascentis equi de fronte revulsus Et matri proereptus amor. AEnéid. lib. IV. v. 515. Encore moins pouvoit - il oublier d'en faire mention dans ses Géorgiques; mais c'est toûjours avec cet art qu'il a d'annoblir les plus petites choses.

Hinc demùm Hippomanes, vero quod nomine dicunt Pastores; lentum distillat ab inguine virus, Hippomanes quod soepè maloe legere novercoe, Miscueruntque herbas, & non innoxia verba.

Il paroît par Juvenal, satyre VI. que cette opinion étoit assez accréditée; car ce poëte attribue la plûpart des desordres de Caligula, à une potion que sa femme Caesonie lui avoit donnée, & dans laquelle elle avoit fait entrer l'hippomanés.

Cependant Ovide se moque de toutes ces niaiseries dans les vers suivans.

Fallitur AEmonias quisquis descendit ad artes, Datque quod à teneri fronte revulsit equi; Non faciunt ut vivat amor medeides herboe, Mixtaque cum magicis versa venena sonis. Sit procul omne nefas; ut amaberis, amabilis esto! Enfin, le mot hippomanés designe encore dans Théocrite une plante de l'Arcadie, qui met en fureur les poulains & les jumens; ici nos Botanistes recherchant quelle étoit cette plante, se sont épuisés en conjectures. Les uns ont pensé que c'étoit le cynocrambe ou apocynum, d'autres le suc de tithymale, & d'autres, avec Anguillard, le stramonium, fructu spinoso rotundo, semine nigricante de Tournefort, que nos François appellent pomme épineuse.

Saumaise, qui ne veut point entendre parler de cette plante, aime mieux altérer le texte de Théocrite; il soutient que ce poëte n'a point dit FUTON, mais KUTON, & par KUE(TON, il entend la cavale de bronze qui étoit auprès du temple de Jupiter Olympien. Cette cavale, au rapport de quelques écrivains, excitoit dans les chevaux les émotions de l'amour, comme si elle eût été vivante; & cette vertu, disoient - ils, lui étoit communiquée par l'hippomanés qu'on avoit mêlé avec le cuivre en la fondant. M. Bayle a très bien refuté Saumaise, dans sa dissertation sur cette matiere, que tout le monde connoît.

Les sages modernes ont entierement abandonné les anciens sur le prétendu hippomanés, comme plante, comme philtre, veneficium amoris, & comme excroissance sur le front des poulains. La description publiée par Raygerus en 1678, dans les actes des curieux d'Allemagne, ann. 8, d'une substance charnue toute fraîche, tirée du front d'un poulain, que sa mere avoit ensuite nourri, ne peut passer que pour un cas extraordinaire, un vrai jeu de la nature.

Mais, suivant M. Daubenton, l'hippomanés est une matiere semblable à de la gelée blanche qui se trouve constamment placée dans la cavité qui est entre l'amnios & l'allantoïde de la jument pleine; il peut arriver assez souvent, que cette matiere vienne au - dehors avec la tête du poulain, étant ordinairement à l'endroit le plus bas de la matrice. Cette matiere qui est flottante sans aucune attache, doit tomber dans cet endroit, & passer au - dehors aussi - tôt que les membranes sont déchirées; la for<pb->

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